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Archive pour le mot-clef ‘Notre Père’

« Vous donc, priez ainsi. »

mardi 23 février 2021

Pour tout ce qui concerne la prière et les exercices de dévotion, attachons-nous seulement aux rites ou manières de prier enseignés par le Christ. Il est évident que lorsque les disciples ont demandé à notre Seigneur de leur apprendre à prier (Lc 11,1), il leur a sûrement dit tout ce qu’il fallait pour être exaucés du Père éternel, dont il connaissait parfaitement la volonté. Or, il ne leur a enseigné que les sept demandes du Notre Père, où est contenue l’expression de toutes nos nécessités corporelles et spirituelles. Il ne leur a pas enseigné une foule de prières et de cérémonies ; au contraire, il leur a dit dans une autre circonstance de ne pas multiplier les paroles en priant, parce que notre Père céleste sait très bien ce dont nous avons besoin.

La seule chose qu’il leur a recommandée avec la plus vive insistance, c’est de persévérer dans la prière, c’est-à-dire dans la récitation du Notre Père. Car il a dit aussi : « Il faut toujours prier, et ne jamais se lasser » (Lc 18,1). Ainsi, il ne nous a pas enseigné à multiplier nos demandes, mais à les redire souvent avec ferveur et attention. Car, je le répète, ces demandes du Notre Père renferment tout ce qui est conforme à la volonté de Dieu et tout ce qui nous est utile. Voilà pourquoi quand le divin Maître s’est adressé par trois fois au Père éternel, il a répété chaque fois les mêmes paroles du Notre Père, comme le rapportent les évangélistes : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite » (Mt 26,42).

Quant aux rites que nous devons suivre à la prière, le Christ nous en a donné deux seulement : ou bien « se retirer au fond de notre maison » (Mt 6,6) ; là, loin de tout bruit et en toute liberté, nous pouvons le prier avec un cœur plus pur et plus dégagé (…). Ou bien rechercher les lieux solitaires, comme il le faisait lui-même, pour y prier au temps le plus favorable et le plus silencieux de la nuit (Lc 6,12).

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

 

 

« Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? » (Lc 18,7)

samedi 14 novembre 2020

En vous contemplant ici réunis autour de nous, il nous semble faire nôtre en la revivant cette scène grandiose et émouvante que nous présente la Sainte Écriture : nous y voyons, tandis que le peuple de Dieu combat dans la plaine, Moïse, monté sur la cime du Mont Horeb, priant les bras et les mains élevés, image prophétique et inconsciente du grand Médiateur aux mains étendues sur la Croix. Aux côtés du chef en prière, de crainte que les forces ne viennent à lui manquer en cet acte éprouvant d’imploration, voici deux de ses plus fidèles, lui soutenant les bras avec une sollicitude filiale, pleins de foi dans l’efficacité de la prière de leur chef (Ex 17, 8).

Nous aussi, du haut de cette colline du Vatican, nous assistons à un grand conflit incomparablement plus vaste et plus important que celui-là, conflit vraiment immense, qui met aux prises, les uns avec les autres, les peuples de la terre ; conflit spirituel, qui n’est qu’un épisode de la lutte permanente et intense du mal contre le bien, de Satan contre le Christ. Nous, les mains étendues vers le ciel, nous sentons peser sur nos épaules le poids d’une indicible responsabilité, et une douleur profonde étreindre notre cœur, qui trouve un réconfort en vous, si fidèles à vous tenir tout près de nous, unissant votre prière à la nôtre, vos sacrifices à nos souffrances, vos travaux à nos fatigues. (…)

La vraie prière du chrétien, enseignée à tous par Jésus, mais qui, à un titre spécial, est la vôtre, est une prière essentiellement apostolique. Elle inclut en elle la sanctification du Nom de Dieu, la venue et l’extension de son Règne, la fidèle adhésion aux dispositions de son amoureuse Providence et à sa volonté rédemptrice et béatifiante ; ainsi que tous les intérêts spirituels et matériels des hommes, le pain quotidien, le pardon des péchés, l’union fraternelle qui ne connaît ni haine ni rancune, les secours nécessaires pour ne pas succomber à la tentation, la délivrance de tout mal. (…) Immense dans sa brièveté l’oraison dominicale comprend et embrasse l’universalité des besoins du monde ; et tous ces besoins, le Sauveur les prend en considération et les recommande à son Père céleste dans les moindres détails, car chacun lui est particulièrement présent. (…) Tel est votre modèle.

Vénérable Pie XII

 

 

L’Esprit de Dieu prie en toi

mercredi 7 octobre 2020

Si tu veux prier, tu as besoin de Dieu qui donne la prière à celui qui prie. Invoque-le en disant : Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne (Mt 6,9-10), c’est-à-dire l’Esprit Saint et ton Fils unique, car c’est ce qu’il a enseigné quand il a dit d’adorer le Père en esprit et en vérité (cf. Jn 4,24).

Celui qui prie en esprit et en vérité ne glorifie plus le Créateur à partir des créatures, mais c’est de Dieu même qu’il loue Dieu. […] Le Saint-Esprit compatissant à notre faiblesse, nous visite même non encore purifiés ; pourvu seulement qu’il trouve notre intelligence priant avec sincérité, il survient en elle et dissipe toute la phalange des raisonnements et des pensées qui l’assiège et la porte à l’amour de la prière spirituelle. […]

Sache que les saints anges nous poussent à la prière et se tiennent alors à nos côtés, joyeux et priant pour nous. Si donc nous sommes négligents et accueillons des pensées étrangères, nous les irritons grandement de ce que, pendant qu’ils luttent si fort pour nous, nous ne voulons même pas supplier Dieu pour nous-mêmes ; méprisant leurs services, nous abandonnons Dieu leur Seigneur.

Prie comme il faut et sans trouble ; psalmodie avec attention et harmonie, et tu seras comme le petit de l’aigle planant dans les hauteurs.

Évagre le Pontique (345-399)

 

 

 

Charmer le Cœur de Dieu

jeudi 18 juin 2020

Gravez, âme dévote, gravez très profondément dans votre esprit cet enseignement, commun aux maîtres de la vie spirituelle : il faut, après vos infidélités, revenir tout de suite à Dieu, alors même que vous tomberiez cent fois le jour ; et, cela fait, vous remettre aussitôt dans la paix. (…) Entre amis qui s’aiment du fond du cœur, il n’est pas rare qu’un froissement réparé par d’humbles excuses, resserre encore l’amitié. Faites qu’il soit ainsi entre Dieu et vous : utilisez vos fautes pour rendre plus étroite votre union d’amour avec lui.

Il vous arrive d’être embarrassé devant une décision à prendre ou un conseil à donner. Ici encore, ne craignez pas et ne manquez pas d’agir avec Dieu comme font entre eux les amis fidèles. En toute occasion, ils se consultent : consultez Dieu, priez-le de vous suggérer la solution qui sera davantage à son gré : « Seigneur, mettez sur mes lèvres la parole à dire, et dans mon cœur la résolution à prendre ! » (Jdt 9,18 Vg). Suggérez-moi ce qu’il faut que je fasse ou réponde, et je ferai ainsi. « Parlez, Seigneur, car votre serviteur écoute » (1 Sm 3,10).

Donnez encore à Dieu ce témoignage d’amicale confiance de l’entretenir, non seulement de vos affaires personnelles, mais aussi de celles du prochain. Quel grand plaisir vous procurerez à son cœur si, allant même parfois jusqu’à oublier vos propres soucis, vous lui rappelez les intérêts de sa gloire et les infortunes d’autrui ! (…) « Ô Dieu, si digne de tout amour, faites-vous connaître et faîtes-vous aimer. Que votre règne soit adoré et béni par tous, que votre amour règne dans tous les cœurs ! » (…)

Concluons. Si vous voulez charmer le Cœur aimant de votre Dieu, appliquez-vous à lui parler le plus souvent possible, et en quelque sorte, continuellement, avec la plus entière et la plus confiante liberté. Il ne dédaignera pas de vous répondre et d’entretenir pour sa part la conversation

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)

 

 

 

 

L’amour de Dieu est infini

mardi 3 mars 2020

À présent, il y a si peu de foi dans le monde que l’on espère trop, ou que l’on désespère.

Il y en a qui disent : « J’ai trop fait de mal, le Bon Dieu ne peut pas me pardonner. » Mes enfants, c’est un gros blasphème ; c’est mettre une borne à la Miséricorde de Dieu et elle n’en a point : elle est infinie. Vous auriez fait autant de mal qu’il en faut pour perdre une paroisse, si vous vous confessez, si vous êtes fâché d’avoir fait ce mal et que vous ne vouliez plus le refaire, le Bon Dieu vous l’a pardonné.

Notre Seigneur est comme une mère qui porte son enfant sur ses bras. Cet enfant est méchant : il donne des coups de pieds à sa mère, il la mord, il l’égratigne ; mais la mère n’y fait pas seulement attention ; elle sait que si elle le lâche, il tombera, il ne pourra pas marcher seul. (…) Voilà comment est Notre Seigneur (…). Il endure tous nos mauvais traitements ; Il supporte toutes nos arrogances ; Il nous pardonne toutes nos sottises ; Il a pitié de nous malgré nous.

Le Bon Dieu est aussi prompt à nous accorder notre pardon, quand nous Le lui demandons, qu’une mère est prompte à retirer son enfant du feu.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

 

Excellence de la prière du Notre Père

mercredi 9 octobre 2019

Le Pater, ou l’Oraison dominicale, tire sa première excellence de son auteur, qui n’est pas un homme ou un ange, mais le Roi des anges et des hommes, Jésus-Christ. Il était nécessaire, dit Saint Cyprien, que Celui qui venait nous donner la vie de la grâce comme Sauveur, nous enseignât la manière de prier comme Maître céleste.

La sagesse de ce divin Maître paraît bien dans l’ordre, la douceur, la force et la clarté de cette divine prière ; elle est courte, mais elle est riche en instructions, intelligible pour les simples et remplie de mystères pour les savants. Le Pater renferme tous les devoirs que nous devons rendre à Dieu, les actes de toutes les vertus, et les demandes de tous nos besoins spirituels et corporels. Elle contient, dit Tertullien, l’abrégé de l’Évangile. Elle surpasse, dit Thomas a Kempis, tous les désirs des saints ; elle contient en abrégé toutes les douces sentences des psaumes et des cantiques ; elle demande tout ce qui nous est nécessaire ; elle loue Dieu d’une manière excellente ; elle élève l’âme de la terre au ciel et l’unit étroitement avec Dieu.

Nous devons réciter l’Oraison dominicale avec certitude que le Père éternel l’exaucera, puisqu’elle est la prière de son Fils qu’il exauce toujours, et que nous sommes ses membres ; car que peut refuser un si bon Père à une requête si bien conçue et appuyée sur les mérites et la recommandation d’un si digne Fils ?

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716)

 

 

 

 

La meilleure manière de prier

dimanche 28 juillet 2019

Se tenir devant Dieu est commun à tous ceux qui prient ; mais la prière comporte cependant beaucoup de variété et de diversité. Certains s’adressent à Dieu comme à un ami et à un maître, lui offrant leurs louanges et leurs supplications non pour eux-mêmes mais pour d’autres. D’autres demandent un accroissement de richesses spirituelle, de gloire et de confiance filiale. Certains supplient d’être complètement délivrés de leur adversaire. D’autres supplient pour que leur soit accordée quelque faveur, et d’autres demandent d’être délivrés de tout souci à l’égard de leurs fautes. certains demandent leur libération de prison ; d’autres, la rémission de leurs crimes.

Sur le parchemin de notre prière, inscrivons avant tout autre chose l’action de grâces sincère. En second lieu, la confession de nos fautes et une contrition de l’âme profondément ressentie. Ensuite, présentons notre demande au Roi de l’univers. C’est la meilleur manière de prier.

Saint Jean Climaque (v. 575-v. 650)

 

 

La prière est une demande de ce que Dieu donne

jeudi 20 juin 2019

Comme je le disais, on trouvera que les paroles de la prière du Seigneur portent en elles la demande. Elle parle en effet du Père, du nom du Père et du Royaume. Elle montre, par ailleurs, que celui qui prie est fils de ce père dans la grâce. Elle demande que ceux qui sont dans le ciel et ceux qui sont sur la terre proviennent d’une seule volonté. Elle prescrit de demander le pain « épiousios » [quotidien]. Elle donne aux hommes la loi de la réconciliation : et, par le fait de pardonner et d’être pardonné, elle relie la nature à elle-même pour qu’elle ne soit pas coupée par la différence des volontés. Elle enseigne à s’efforcer, par la prière, de ne pas entrer dans la tentation, qui est la loi du péché. Et elle exhorte à se délivrer du malin.

Il fallait, en effet, que celui qui accomplit lui-même les biens et les donne à ceux qui croient en lui et imitent sa conduite dans la chair, soit aussi celui qui leur enseigne comme à ses disciples, et leur offre tels les fondements de cette vie, les mots de la prière, ces mots par lesquels il révélait les trésors cachés de la sagesse et de la connaissance (cf. Col 2,3) qui demeurent spécifiquement en lui, dès lors qu’il portait de toute évidence vers la jouissance de ces trésors le désir de ceux qui demandent.

C’est pourquoi, je pense, le Verbe a appelé prière cet enseignement qui porte en lui la demande des dons que, par grâce, Dieu accorde aux hommes. Ainsi nos Pères inspirés par Dieu ont exposé et défini la prière en disant que la prière est une demande de ce que Dieu donne naturellement aux hommes comme il lui convient.

Saint Maxime le Confesseur (v. 580-662)

 

 

 

« Si vous demandez quelque chose à mon Père en invoquant mon nom, il vous le donnera. »

samedi 1 juin 2019

« Ne permets pas que nous entrions en tentation » (Mt 6,13)… Quand nous prions pour ne pas entrer en tentation, nous nous souvenons de notre faiblesse, afin que personne ne se regarde avec complaisance, que personne ne s’élève avec insolence, que personne ne s’attribue la gloire de sa fidélité ou de son épreuve, alors que le Seigneur lui-même nous enseigne l’humilité quand il dit : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation. L’esprit est ardent mais la chair est faible » (Mc 14,38). Si nous faisons profession d’humilité d’abord, nous rendons à Dieu tout ce que nous demandons avec crainte et révérence, et nous pouvons être assurés que sa bonté nous l’accordera.

Cette prière s’achève avec une conclusion qui ramasse brièvement toutes les demandes. À la fin nous disons : « Mais délivre-nous du mal ». Nous comprenons par là ce que l’ennemi peut machiner contre nous en ce monde, mais nous sommes assurés d’avoir un appui puissant si Dieu nous délivre, s’il accorde son secours à ceux qui l’implorent. Quand donc nous disons : « Délivre-nous du mal », il ne nous reste plus rien à demander… Nous sommes affermis contre toutes les machinations du démon et du monde. Qui peut redouter le monde, si Dieu est son protecteur en ce monde ?

Pourquoi s’étonner que Dieu nous ait appris ainsi à prier, en nous enseignant en une formule brève tout ce que nous devons demander pour notre salut ?… Quand la Parole de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ, est venu à tous les hommes, il a rassemblé les savants et les ignorants, il a fourni les préceptes de salut pour tout sexe et tout âge. Il a fait un condensé concis de ses préceptes… Ainsi quand il a voulu enseigner en quoi consiste la vie éternelle, il a ramassé tout le mystère de la vie en une formule d’une merveilleuse concision : « La vie éternelle est qu’ils te connaissent, toi le seul et vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17,3).

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

 

Le Notre Père

jeudi 21 juin 2018

« Notre Père qui êtes aux cieux » : que c’est beau, mes enfants, d’avoir un Père dans le ciel ! – « Que votre règne arrive ». Si je fais régner le Bon Dieu dans mon cœur, Il me fera régner avec Lui sans sa Gloire. – « Que votre volonté soit faite ». Il n’y a rien de si doux que de faire la Volonté de Dieu, et rien de si parfait. Pour bien faire les choses, il faut les faire comme Dieu veut, en toute conformité avec ses Desseins. – « Donnez-nous aujourd’hui notre pain ». Nous avons en nous deux parties, l’âme et le corps. Nous demandons à Dieu de nourrir notre pauvre corps, et Il nous répond en faisant produire à la terre tout ce qui est nécessaire à notre subsistance. Mais nous Lui demandons [aussi] de nourrir notre âme, qui est la plus belle partie de nous-mêmes ; et la terre est trop petite pour fournir à notre âme de quoi la rassasier : elle a faim de Dieu, il n’y a que Dieu qui puisse la remplir. Aussi le Bon Dieu n’a pas cru trop faire en demeurant sur la terre et en prenant un Corps, afin que ce Corps devînt l’aliment de nos âmes. Lorsque le prêtre présente l’hostie et vous la montre, votre âme peut dire : Voilà ma Nourriture ! Ô mes enfants, nous avons trop de bonheur ! Nous ne le comprendrons qu’au ciel !

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), prêtre, curé d’Ars
Esprit du Curé d’Ars dans ses Catéchismes, ses Sermons, ses Conversations (Abbé Monnin, Eds. Téqui 2007, p. 84 ; rev.)