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Archive pour le mot-clef ‘Jéricho’

« Il est descendu du ciel. » (Credo)

dimanche 10 juillet 2022

« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. » Le Christ (…) n’a pas dit « quelqu’un descendait » mais « un homme descendait », car le passage concerne toute l’humanité. Celle-ci, par suite de la faute d’Adam, a quitté le séjour élevé, calme, sans souffrance et merveilleux du paradis, nommé à bon droit Jérusalem — nom qui signifie « la Paix de Dieu » — et est descendu vers Jéricho, pays creux et bas, où la chaleur est étouffante. Jéricho, c’est la vie fiévreuse de ce monde, vie qui sépare de Dieu. (…) Une fois donc que l’humanité s’est détournée du bon chemin vers cette vie (…), la troupe des démons sauvages vient l’attaquer à la manière d’une bande de brigands. Ils la dépouillent des vêtements de la perfection, ils ne lui laissent aucune trace de la force d’âme, ni de la pureté, ni de la justice, ni de la prudence, ni de rien de ce qui caractérise l’image divine (Gn 1,26), mais la frappant ainsi par les coups répétés des divers péchés, ils l’abattent et la laissent enfin à demi morte. (…)

La Loi donnée par Moïse a passé (…), mais elle a manqué de force, elle n’a pas conduit l’humanité à une guérison complète, elle n’a pas relevé celle qui gisait. (…) Car la Loi offrait des sacrifices et des offrandes « qui ne pouvaient pas rendre parfaits, sous le rapport de la conscience, ceux qui pratiquaient ce culte » parce que « le sang des taureaux et des boucs était impuissant à ôter les péchés » (He 10,1.4). (…)

Enfin un Samaritain vint à passer. Le Christ se donne exprès le nom de Samaritain. Car (…) c’est lui-même qui est venu, accomplissant le dessein de la Loi et faisant voir par ses œuvres « qui est le prochain » et qu’est-ce que « aimer les autres comme soi-même ».

Saint Sévère d’Antioche

« Il criait de plus belle. »

jeudi 27 mai 2021

Que tout homme qui connaît les ténèbres qui font de lui un aveugle (…) crie de tout son esprit : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ». Mais écoutons aussi ce qui fait suite aux cris de l’aveugle : « Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour lui imposer silence » (Lc 18,39). Qui sont-ils ? Ils sont là pour représenter les désirs de notre condition en ce monde, fauteurs de trouble, les vices de l’homme et leur tumulte, qui, voulant empêcher la venue de Jésus en nous, perturbent notre pensée en y semant la tentation et veulent couvrir la voix de notre cœur en prière. Il arrive souvent, en effet, que notre volonté de nous tourner vers Dieu à nouveau (…), notre effort pour éloigner nos péchés par la prière, soit contrarié par leur image : la vigilance de notre esprit se relâche à leur contact, ils jettent la confusion dans notre cœur, ils étouffent le cri de notre prière (…)

Qu’a donc fait cet aveugle pour recevoir la lumière malgré ces obstacles ? « Il criait de plus belle : ‘Fils de David, aie pitié de moi !’ » (…) Oui, plus le tumulte de nos désirs nous accable, plus nous devons rendre notre prière insistante. (…) Plus la voix de notre cœur est couverte, plus elle doit insister vigoureusement, jusqu’à couvrir le tumulte des pensées envahissantes et toucher l’oreille fidèle du Seigneur. Chacun se reconnaîtra, je pense, dans cette image : au moment où nous nous efforçons de détourner notre cœur de ce monde pour le ramener à Dieu (…), ce sont autant d’importuns qui pèsent sur nous et que nous devons combattre. C’est un essaim que le désir de Dieu a du mal à écarter des yeux de notre cœur. (…) Mais en persistant vigoureusement dans la prière, nous arrêtons en notre esprit Jésus qui passait. D’où le récit de l’Évangile : « Jésus s’arrêta et ordonna qu’on le lui amène » (v. 40).

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

« Ceux qui marchaient en tête l’interpellaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle. »

lundi 16 novembre 2020

Entendant le grand bruit que faisait la foule, l’aveugle a demandé : Que se passe-t-il ? On lui a répondu : C’est Jésus de Nazareth. Aussitôt son âme a été embrasée d’une foi dans le Christ si vive qu’il s’est mis à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! » Toi que voilà arrêté au bord du chemin de la vie, qui est si courte, n’as-tu pas envie de crier, toi aussi ? toi qui manques de lumières, qui as besoin de nouvelles grâces pour te décider à rechercher la sainteté. Ne ressens-tu pas un besoin irrésistible de crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi » ? Une belle prière courte et fervente, à répéter souvent !

Je vous conseille de méditer lentement les instants qui précèdent ce miracle, afin de bien graver dans votre esprit cette idée si claire : quelle différence entre le Cœur miséricordieux de Jésus et nos pauvres cœurs ! Cette pensée vous aidera toujours, et plus particulièrement à l’heure de l’épreuve, de la tentation, à l’heure aussi où il faut répondre généreusement aux humbles exigences de la vie quotidienne, à l’heure de l’héroïsme. Car « beaucoup rabrouaient cet aveugle pour lui imposer silence ». Toi aussi, quand tu as senti que Jésus passait près de toi, ton cœur a battu plus fort et tu t’es mis à crier, en proie à une agitation profonde. Mais alors tes amis, tes habitudes, ton confort, ton milieu t’ont conseillé de te taire, de ne pas crier : « Pourquoi appeler Jésus ? Ne le dérange pas ! »

Cet aveugle malheureux, lui, ne les écoute pas. Il crie au contraire encore plus fort : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Le Seigneur, qui l’avait entendu dès le début, le laisse persévérer dans sa prière. Il en va de même pour toi. Jésus perçoit instantanément l’appel de notre âme, mais il attend. Il veut que nous soyons bien convaincus que nous avons besoin de lui. Il veut que nous le suppliions, avec obstination, comme cet aveugle au bord du chemin. Comme le dit saint Jean Chrysostome : « Imitons-le. Même si Dieu ne nous accorde pas à l’instant ce que nous lui demandons, même si la multitude essaie de nous détourner de notre prière, ne cessons pas de l’implorer ».

Saint Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975)

 

 

« Jésus, fils de David, aie pitié de moi. »

lundi 18 novembre 2019

Remarquons-le, c’est quand Jésus approche de Jéricho que l’aveugle recouvre la vue. Jéricho signifie « lune », et dans l’Écriture Sainte la lune est le symbole de la chair vouée à disparaître ; à tel moment du mois elle décroît, symbolisant le déclin de notre condition humaine vouée à la mort. C’est donc en approchant de Jéricho que notre Créateur rend la vue à l’aveugle. C’est en se faisant notre proche par la chair, qu’il a revêtue avec sa mortalité, qu’il rend au genre humain la lumière que nous avions perdue. C’est bien parce que Dieu endosse notre nature que l’homme accède à la condition divine.

Et c’est très justement l’humanité qui est représentée par cet aveugle, assis au bord du chemin et mendiant, car la Vérité dit d’elle-même : « Je suis le chemin » (Jn 14,6). Celui qui ne connait pas l’éclat de la lumière éternelle est bien un aveugle, mais s’il commence à croire au Rédempteur, alors il est « assis au bord du chemin ». Si, tout en croyant en lui, il néglige d’implorer le don de la lumière éternelle, s’il refuse de le prier, il reste un aveugle au bord du chemin ; il ne se fait pas demandeur. (…) Que tout homme qui reconnaît les ténèbres qui font de lui un aveugle, que tout homme qui comprend que la lumière éternelle lui fait défaut, crie du fond de son cœur, qu’il crie de tout son esprit : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi. »

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

 

« Maître, que je voie. »

dimanche 28 octobre 2018

En toi, Dieu vivant, mon cœur et ma chair ont tressailli, et mon âme s’est réjouie en toi, mon vrai salut. Quand mes yeux te verront-ils, Dieu des dieux, mon Dieu ? Dieu de mon cœur, quand me réjouiras-tu de la vue de la douceur de ton visage ? Quand combleras-tu le désir de mon âme par la manifestation de ta gloire ?

Mon Dieu, tu es mon héritage choisi entre tous, ma force et ma gloire ! Quand entrerai-je en ta puissance pour voir ta force et ta gloire ? Quand donc au lieu de l’esprit de tristesse me revêtiras-tu du manteau de la louange, pour qu’unie aux anges, tous mes membres t’offrent un sacrifice d’acclamation ? Dieu de ma vie, quand entrerai-je dans le tabernacle de ta gloire, afin de te chanter en présence de tous les saints, et de proclamer d’âme et de cœur que tes miséricordes pour moi ont été magnifiques ? Quand est-ce que le filet de cette mort se brisera, pour que mon âme puisse te voir sans intermédiaire ?…

Qui se rassasiera à la vue de ta clarté ? Comment l’œil pourra-t-il suffire à voir et l’oreille à entendre, dans l’admiration de la gloire de ton visage ?

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301), moniale bénédictine

 

(Références bibliques : Ps 83,3 ; Ps 70,16 ; Lc 1,47 ; Is 61,10 ; Ps 26,6 ; Gn 19,19)

« Il le vit et fut saisi de pitié. »

lundi 8 octobre 2018

Ô Seigneur Jésus, puisses-tu avoir la bonté de t’approcher de moi, poussé par la pitié. Descendant de Jérusalem à Jéricho, tu tombes des hauteurs en nos bas-fonds, d’un lieu où les êtres sont pleins de vie, dans un pays de malades. Vois : je suis tombé entre les mains des anges de ténèbres qui non seulement m’ont ôté le vêtement de la grâce, mais après m’avoir roué de coups, m’ont laissé à demi-mort. Puisses-tu panser les plaies de mes péchés, après m’avoir donné l’espérance de retrouver la santé, de peur qu’elles n’empirent si je venais à perdre l’espoir de la guérison. Puisses-tu m’oindre de l’huile de ton pardon et verser sur moi le vin de la componction. Si tu me chargeais sur ta propre monture, c’est alors que tu « relèverais le faible de la terre », que tu « retirerais le pauvre du fumier » (Ps 112,7). Car tu es celui qui a porté nos péchés, celui qui a payé pour nous une dette que tu n’avais pas contractée. Si tu me conduisais dans l’auberge de ton Église, tu m’y nourrirais du repas de ton Corps et de ton Sang. Si tu prenais soin de moi, je ne désobéirais plus à tes ordres, je n’attirerais plus sur moi la rage des bêtes en fureur. Car j’ai grand besoin de tes soins, tant que je porte cette chair sujette au péché. Écoute-moi donc, moi le Samaritain dépouillé et blessé, pleurant et gémissant, t’appelant et criant avec David : « Pitié pour moi, ô Dieu, selon ta grande tendresse ! » (Ps 50,3)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église

 

 

 

 

« Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

mardi 18 novembre 2014

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Non content de nous appeler à lui par sa grâce, et de nous fournir tous les moyens pour nous sanctifier, voyez comment Jésus Christ court après ses brebis égarées ; voyez comment il parcourt les villes et les campagnes pour les chercher, et les ramener dans le lieu de sa miséricorde. Voyez comment il quitte ses apôtres pour aller attendre la Samaritaine auprès du puits de Jacob, où il savait qu’elle viendrait (Jn 4,6s)… Voyez-le dans la maison de Simon le lépreux : ce n’est pas pour y manger qu’il y va ; mais il savait qu’il y viendrait une Madeleine pécheresse (Mc 14,3s)… Voyez-le prendre la route de Capharnaüm pour aller trouver un autre pécheur dans son bureau : c’était saint Matthieu ; c’est pour en faire un zélé apôtre (Mt 9,9).

Demandez-lui pourquoi il prend la route de Jéricho : il vous dira qu’il y a un homme nommé Zachée, qui passe pour un pécheur public, et qu’il veut aller voir s’il pourra le sauver. Afin d’en faire un parfait pénitent, il fait comme un bon père qui a perdu son enfant, il l’appelle : « Zachée, lui crie-t-il, descendez ; car c’est chez vous que je veux aller loger aujourd’hui. Je viens vous accorder votre grâce. » C’est comme s’il lui disait : « Zachée, quittez cet orgueil et cet attachement aux biens de ce monde ; descendez, c’est-à-dire, choisissez l’humilité et la pauvreté. » Pour bien le faire comprendre, il dit à tous ceux qui étaient avec lui : « Cette maison reçoit aujourd’hui le salut. » Ô mon Dieu ! que votre miséricorde est grande pour les pécheurs !…

D’après tout ce que nous voyons que Jésus Christ a fait pour nous sauver, comment pourrions-nous désespérer de sa miséricorde, puisque son plus grand plaisir est de nous pardonner ? De sorte que, quelque multipliés que soient nos péchés, si nous voulons les quitter et nous en repentir, nous sommes sûrs de notre pardon.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), prêtre, curé d’Ars
Sermon pour le 3e dimanche après la Pentecôte

 

« L’homme se mit à voir, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. »

lundi 17 novembre 2014

 

Je possède un si grand trésor. Je voudrais crier de joie et le proclamer à toute la création : louez le Seigneur, aimez le Seigneur qui est si grand, qui est Dieu… Le monde ne voit pas ; le monde est aveugle et Dieu a besoin d’amour. Dieu a besoin de beaucoup d’amour. Je ne peux pas lui donner tout ce qu’il demande, je suis petit, je deviens fou, je voudrais que le monde l’aime, mais le monde est son ennemi. Seigneur, quel supplice si grand ! Je le vois et je ne peux pas y apporter le remède. Je suis trop petit, insignifiant. L’amour que j’ai pour toi m’écrase, je voudrais que mes frères, tous mes amis, tout le monde, t’aime beaucoup…

Quelle pitié me font les hommes qui, voyant le cortège de Jésus et de ses disciples, demeurent insensibles. Quelle joie devaient ressentir les apôtres et les amis de Jésus chaque fois qu’une âme ouvrait les yeux, se détachait de tout et les rejoignait à la suite du Nazaréen, lui qui ne demandait rien d’autre qu’un peu d’amour. Allons-nous le suivre, ma chère sœur? Il voit notre intention et nous regarde, sourit et nous aide. Il n’y a rien à craindre ; nous irons pour être les derniers dans le cortège qui parcourt les terres de Judée, en silence, mais nourris d’un amour énorme, immense. Il n’a pas besoin de paroles. Nous n’avons pas à nous mettre à sa portée pour qu’il nous voie. Nous n’avons pas besoin de grandes œuvres, ni de rien qui attire l’attention : nous serons les derniers amis de Jésus, mais ceux qui l’aiment le plus.

Saint Raphaël Arnáiz Barón (1911-1938), moine trappiste espagnol
Écrits spirituels, lettre à sa tante, 16/11/1935 (trad. Cerf 2008, p. 156)

 

 

 

Le bon Samaritain

dimanche 14 juillet 2013

goodsamaritan« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho »… Jéricho est le symbole de ce monde où, après avoir été chassé du Paradis, c’est-à-dire de la Jérusalem céleste, Adam est descendu… C’est le changement non pas de lieu mais de conduite qui a fait son exil. Quel changement ! Cet Adam qui jouissait d’un bonheur sans inquiétude, dès qu’il s’est abaissé aux fautes de ce monde, a rencontré des larrons… Qui sont ces larrons, sinon des anges de la nuit et des ténèbres, qui se déguisent parfois en anges de lumière (2Co 11,14), mais qui ne peuvent pas y demeurer ? Ils commencent par nous dépouiller des vêtements de grâce spirituelle que nous avons reçus : c’est ainsi qu’ils font d’habitude pour nous blesser… Prends donc garde à ne pas te laisser dépouiller, comme Adam, privé de la protection du commandement de Dieu et dépourvu du vêtement de la foi. Voilà pourquoi il a reçu la blessure mortelle à laquelle tout le genre humain aurait succombé, si le Samaritain n’était descendu guérir ses blessures affreuses.

Ce n’est pas n’importe qui, ce Samaritain : celui que le prêtre et le lévite avaient dédaigné, lui ne l’a pas dédaigné… Ce Samaritain descendait : « Qui est descendu du ciel, sinon celui qui est monté au ciel, le Fils de l’homme, qui est au ciel ? » (Jn 3,13) Voyant à demi mort cet homme que personne avant lui n’avait pu guérir…, il s’est approché de lui ; c’est-à-dire qu’en acceptant de souffrir avec nous, il s’est fait notre prochain et qu’en exerçant la miséricorde envers nous, il s’est fait notre voisin.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, 7,73 ; SC 52 (trad. cf SC, p. 33)