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Archive pour le mot-clef ‘humilité’

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. »

samedi 20 août 2022

Frères, la divine Écriture nous crie : « Tout homme qui s’élève sera abaissé et qui s’abaisse sera élevé ». En disant cela, elle nous montre donc que tout élèvement est une forme d’orgueil. Le psalmiste témoigne qu’il s’en préserve quand il dit : « Seigneur, mon cœur n’est pas hautain ni mon regard altier ; je n’ai marché ni dans le faste, ni dans les splendeurs qui me dépassent » (Ps 130,1). (…) Il s’ensuit, frères, que si nous voulons atteindre le sommet de l’humilité suprême et si nous voulons parvenir rapidement à cette hauteur céleste où l’on monte par l’humilité de la vie présente, il nous faut dresser et gravir par nos actes cette échelle qui apparut en songe à Jacob, où il vit « des anges descendre et monter » (Gn 28,12). Sans nul doute, cette descente et cette montée ne signifient rien d’autre pour nous sinon qu’on descend par l’élèvement et qu’on monte par l’humilité. Or cette échelle dressée, c’est notre vie en ce monde que le Seigneur élève jusqu’au ciel quand notre cœur s’humilie. (…)

Le premier degré de l’humilité consiste à garder toujours présent à l’esprit la crainte de Dieu et à éviter de jamais l’oublier. On se souviendra toujours de tout ce que Dieu a commandé (…). Pour être vigilant sur la malignité de ses pensées, le frère vraiment humble répètera sans cesse en son cœur : « Je serai sans tache devant Dieu si je me garde de mon péché » (Ps 17,24). Quant à faire notre volonté propre, l’Écriture nous l’interdit quand elle nous dit : « Détourne-toi de tes volontés » (Si 18,30). De même nous demandons à Dieu dans le Notre Père que sa volonté soit faite en nous. (…) « Les yeux du Seigneur considèrent les bons et les méchants ; le Seigneur jette constamment du haut du ciel ses regards sur les fils des hommes pour voir s’il en est un de sensé qui cherche Dieu » (Pr 15,3; Ps 13,2). (…)

Ayant gravi tous les degrés de l’humilité, le moine parviendra donc bientôt à cet amour de Dieu, qui, devenu parfait, chasse la crainte (1Jn 4,18). Grâce à cet amour, tout ce qu’auparavant il observait non sans frayeur, il commencera à l’observer sans aucune peine, comme naturellement et par habitude (…), par amour du Christ, par habitude du bien et par goût de la vertu. Voilà ce que, dès lors, le Seigneur daignera manifester par l’Esprit Saint en son ouvrier.

Saint Benoît (480-547)

 

 

 

« Mon joug est facile à porter. »

jeudi 14 juillet 2022

Dieu porte en lui une très grande humilité. Il peut s’abaisser vers des gens comme nous et devenir dépendant de nous pour des actes comme vivre, grandir, porter des fruits. Il aurait tout à fait pu le faire sans nous. Pourtant, il s’est abaissé jusqu’à nous, a mené chacun d’entre nous ici, pour nous appeler ensemble et former cette communauté. Si vous aviez refusé, il n’aurait pas pu le faire. En effet, nous aurions pu refuser ; chacun aurait pu dire non. Dieu aurait patiemment attendu que quelqu’un dise oui.

Ce qui me fait comprendre cela, c’est lorsque Jésus dit : « Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur. » Il a vraiment voulu que nous retenions que notre appel à chacun est vraiment un don de Dieu lui-même.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

 

 

 

« Le messager n’est pas plus grand que celui qui l’envoie. »

jeudi 12 mai 2022

Comme c’est dans la pauvreté et la persécution que le Christ a opéré la rédemption, l’Église elle aussi est appelée à entrer dans cette même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut. Le Christ Jésus, « qui était de condition divine s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave » (Ph 2,6), pour nous « s’est fait pauvre, de riche qu’il était » (2Co 8,9). Ainsi l’Église, qui a cependant besoin pour remplir sa mission de ressources humaines, n’est pas faite pour chercher une gloire terrestre mais pour répandre, par son exemple aussi, l’humilité et l’abnégation. Le Christ a été envoyé par le Père « pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, … guérir les cœurs meurtris » (Lc 4,18), « chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10). De même l’Église enveloppe de son amour ceux que l’infirmité humaine afflige ; bien plus, dans les pauvres et les souffrants, elle reconnaît l’image de son fondateur pauvre et souffrant, elle s’efforce de soulager leur misère et en eux c’est le Christ qu’elle veut servir. (…)

« L’Église avance dans son pèlerinage à travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu » (St Augustin), annonçant la croix et la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne (Cf. 1Co 11,26). La vertu du Seigneur ressuscité est sa force pour lui permettre de vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de révéler fidèlement au milieu du monde le mystère du Seigneur, encore enveloppé d’ombre, jusqu’au jour où, finalement, il éclatera dans la pleine lumière.

Concile Vatican II

 

 

 

« Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

samedi 26 mars 2022

Si nous nous sentons pressés du désir de plaire au Roi des cieux, efforçons-nous de ne goûter que la gloire d’en-haut. En effet, celui qui l’a goûtée méprisera toute gloire terrestre. Mais je ne serais surpris que quelqu’un puisse mépriser cette dernière s’il n’a pas goûté la première. (…)

Celui qui demande à Dieu des dons pour prix de ses efforts a posé des fondations instables. Celui qui se regarde comme un débiteur recevra soudain une richesse inattendue. (…) Il est une gloire qui vient du Seigneur ; il a dit en effet : « Ceux qui me glorifient, je les glorifierai » (1 R 2,30). Et il en est une qui dérive des artifices du diable, car il est dit : « Malheur à vous quand tout le monde dira du bien de vous » (Lc 6,26). Tu reconnaîtras clairement la première à ce que, la considérant comme un dommage, tu la repousseras par tous les moyens, et que partout où tu iras, tu cacheras ta manière de vivre ; la seconde, à ce que tu feras même les moindres choses pour être vu des hommes (cf. Mt 6,1). L’impure vaine gloire nous suggère de feindre la vertu que nous n’avons pas, en nous disant : « Qu’ainsi votre lumière brille aux yeux des hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres » (Mt 5,6). (…)

Quand nos flatteurs, ou plutôt nos séducteurs, commencent à nous louer, remettons-nous brièvement en mémoire la multitude de nos péchés, et nous nous reconnaîtrons indignes de ce qui se dit ou se fait en notre honneur. (…) Les hommes simples ne sont pas souvent contaminés par le poison de la vaine gloire, parce que celle-ci est le rejet de la simplicité et l’hypocrisie de la conduite.

Saint Jean Climaque (v. 575-v. 650)

 

 

 

« Laissez les enfants venir à moi ! »

samedi 26 février 2022

Le Christ aime l’enfance qu’il a d’abord assumée dans son âme comme dans son corps. Le Christ aime l’enfance, qui enseigne l’humilité, qui est la norme de l’innocence, le modèle de la douceur. Le Christ aime l’enfance : vers elle il oriente la conduite des adultes, vers elle il ramène les vieillards, il attire à son propre exemple ceux qu’il élève au royaume éternel.

Mais pour comprendre comment il est possible de parvenir à une conversion si admirable, et par quelle transformation il nous faut revenir à une attitude d’enfants, laissons saint Paul nous instruire et nous dire : « Pour ce qui est du bons sens, ne soyez pas des enfants, mais soyez de petits enfants pour ce qui est de la malice » (1Co 14,20). Il ne s’agit donc pas pour nous de revenir aux jeux de l’enfance, ni aux maladresses des débuts, mais de lui prendre quelque chose qui convient aux années de la maturité, c’est-à-dire apaiser rapidement les agitations intérieures, retrouver vite le calme, oublier totalement les offenses, être complètement indifférent aux honneurs, aimer se retrouver ensemble, garder l’égalité d’humeur comme étant naturelle. En effet, c’est un grand bien que de ne pas savoir nuire et ne pas avoir de goût pour le mal…; ne rendre à personne le mal pour le mal (Rm 12,17), c’est la paix intérieure des enfants qui convient aux chrétiens… C’est cette forme d’humilité que nous enseigne le Sauveur enfant quand il a été adoré par les mages.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

Tout donner parce que le Christ a tout donné

dimanche 7 novembre 2021

François, petit pauvre et père des pauvres, voulait vivre en tout comme un pauvre ; il souffrait de rencontrer plus pauvre que lui, non pas par vanité mais à cause de la tendre compassion qu’il leur portait. Il ne voulait qu’une tunique de tissu rêche et très commun ; encore lui arrivait-il bien souvent de la partager avec un malheureux. Mais il était, lui, un pauvre très riche, car poussé par sa grande charité à secourir les pauvres comme il le pouvait, il s’en allait chez les riches de ce monde au temps des plus grands froids et leur demandait de lui prêter un manteau ou une pelisse. On les lui apportait avec plus d’empressement encore qu’il n’en avait mis à les demander. « J’accepte, disait-il alors, à condition que vous ne vous attendiez plus à les revoir. » Au premier pauvre rencontré, François, le cœur en fête, offrait ce qu’il venait de recevoir.

Rien ne lui causait plus de peine que de voir insulter un pauvre ou maudire une créature quelconque. Un frère s’était un jour laissé aller à des paroles blessantes contre un pauvre qui demandait l’aumône : « Est-ce que, par hasard, lui avait-il dit, tu ne serais pas riche tout en faisant semblant d’être pauvre ? » Ces paroles ont fait très mal à François, le père des pauvres ; il a infligé au délinquant une terrible semonce, puis lui a ordonné de se dépouiller de ses vêtements en présence du pauvre et de lui baiser les pieds en lui demandant pardon. « Celui qui parle mal à un pauvre, disait-il, injurie le Christ, dont le pauvre présente au monde le noble symbole, puisque le Christ, pour nous, s’est fait pauvre en ce monde » (2Co 8,9).

Thomas de Celano

 

 

Dieu donne aux humbles la grâce de la contemplation

samedi 30 octobre 2021

La contemplation surnaturelle est un don gratuit de la miséricorde divine. Dieu seul en effet peut mettre en action les dons du Saint-Esprit qui la produisent en perfectionnant la foi en son exercice. (…)

L’humilité seule peut prétendre attirer les dons de la miséricorde divine, car Dieu résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles. Pour parvenir à la contemplation, une attitude humble sera plus utile que les efforts les plus violents. Cette attitude d’humilité consistera pratiquement à « nous tenir comme des pauvres nécessiteux, en présence d’un grand et riche monarque », à nous porter aux formes modestes des oraisons actives et à y attendre dans un patient et paisible labeur que Dieu nous élève aux oraisons passives : « Lorsque vous êtes invités à un repas de noces, dit Notre-Seigneur, ne vous mettez pas à la première place… mais à la dernière, afin que lorsque votre hôte viendra, il vous dise : Mon ami, montez plus haut ! Alors vous serez honoré devant tous les invités. Car celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera exalté. » (Lc 14, 8-11) La parabole évangélique s’applique à la lettre à la vie d’oraison : pour mériter d’être élevé à la contemplation il faut humblement se mettre à la dernière place parmi les spirituels. En cette dernière place il est bon de désirer les moyens plus élevés et plus rapides pour parvenir à l’union parfaite, mais en se gardant de tout effort présomptueux pour se les procurer soi-même. (…)

Telle fut l’oraison parfaite de la Vierge Marie, tout illuminée et embrasée des feux divins, mais dont la foi paisible et ardente semblait ignorer les richesses qu’elle possédait, pour aller toujours plus loin dans l’ombre lumineuse de l’Esprit Saint qui l’enveloppait et la pénétrait.

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus

 

 

« Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. »

dimanche 17 octobre 2021

Quelle nécessité y avait-il à ce que le Fils de Dieu souffre pour nous ? Une grande nécessité, que l’on peut résumer en deux points : nécessité de remède à l’égard de nos péchés, nécessité d’exemple pour notre conduite. (…) Car la Passion du Christ nous fournit un modèle valable pour toute notre vie. (…) Si tu cherches un exemple de charité : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). (…) Si tu cherches la patience, c’est sur la croix qu’on la trouve au maximum. (…) Le Christ a souffert de grands maux sur la croix, et avec patience, puisque « couvert d’insultes il ne menaçait pas » (1P 2,23), « comme une brebis conduite à l’abattoir, il n’ouvrait pas la bouche » (Is 53,7). (…) « Courons donc avec constance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de notre foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix » (He 12,1-2).

Si tu cherches un exemple d’humilité, regarde le crucifié. Car un Dieu a voulu être jugé sous Ponce Pilate et mourir. (…) Si tu cherches un exemple d’obéissance, tu n’as qu’à suivre celui qui s’est fait obéissant au Père « jusqu’à la mort » (Ph 2,8). « De même que la faute commise par un seul, c’est-à-dire Adam, a rendu tous les hommes pécheurs, de même tous deviendront justes par l’obéissance d’un seul » (Rm 5,19). Si tu cherches un exemple de mépris pour les biens terrestres, tu n’as qu’à suivre celui qui est le « Roi des rois et Seigneur des seigneurs », « en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (1Tm 6,15 ; Col 2,3) ; sur la croix il est nu, tourné en dérision, couvert de crachats, frappé, couronné d’épines, et enfin, abreuvé de fiel et de vinaigre.

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)

 

 

« Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11,29)

mercredi 13 octobre 2021

Mon enfant, fuis tout ce qui est mal ou ressemble au mal. Ne sois pas emporté : la colère pousse au crime. Ni jaloux, ni querelleur, ni brutal : ces passions sont la cause des meurtres. Mon enfant, ne sois pas sensuel : la sensualité est le chemin de l’adultère. Que ton langage ne soit pas grivois, ni hardi ton regard : cela aussi engendre l’adultère. (…) Garde-toi des incantations, de l’astrologie, des purifications magiques ; refuse et de les voir et de les entendre : ce serait (…) sombrer dans l’idolâtrie. Mon enfant, ne sois pas menteur, car le mensonge entraîne au vol. Ne te laisse séduire ni par l’argent ni par la vanité, qui eux aussi incitent à voler. Mon enfant, ne grommelle pas : tu en viendrais au blasphème. Ne sois ni insolent ni malveillant, cela aussi porte au blasphème.

Aie de la douceur : « les doux hériteront la terre » (Mt 5,5). Sois patient, miséricordieux, sans malice, empli de paix et de bonté. Tremble sans cesse devant les paroles que tu as entendues (Is 66,2). Tu ne t’élèveras pas toi-même, tu ne livreras pas ton cœur à l’orgueil. Tu ne t’allieras pas avec les superbes, mais tu fréquenteras les justes et les humbles. Tu recevras les événements de la vie comme des bienfaits, sachant que rien ne survient en dehors de Dieu.

La Didachè (entre 60-120)

 

 

La grandeur de Jean le Baptiste

samedi 31 juillet 2021

Ce qui a fait la grandeur de Jean, ce qui l’a rendu si grand entre les grands, c’est qu’il a mis le comble à ses vertus (…) en y ajoutant la plus grande de toutes, l’humilité. Alors qu’on le considérait comme le plus élevé de tous, il a mis au-dessus de lui, spontanément et avec l’empressement de l’amour, Celui qui est le plus humble de tous, et même tellement au-dessus de lui qu’il se déclare indigne de lui enlever ses sandales (Mt 3,11).

Que d’autres donc s’émerveillent de ce que Jean ait été prédit par les prophètes, annoncé par un ange (…), né de parents si saints et si nobles, quoique âgés et stériles (…), qu’il ait préparé la voie du Rédempteur dans le désert, qu’il ait ramené les cœurs des pères vers les fils et ceux des fils vers les pères (Lc 1,17), qu’il ait été jugé digne de baptiser le Fils, d’entendre le Père, de voir le Saint Esprit (Lc 3,22), qu’enfin, il ait combattu jusqu’à la mort pour la vérité et que, pour être précurseur du Christ jusque dans le séjour des morts, il ait été martyr du Christ avant sa Passion. Que d’autres s’émerveillent de tout cela (…)

Quant à nous, mes frères, c’est son humilité qui nous est proposée comme objet non seulement d’admiration, mais aussi d’imitation. Elle l’a incité à ne pas vouloir passer pour grand, alors qu’il le pouvait. (…) En effet, ce fidèle « ami de l’Époux » (Jn 3,29), qui aimait son Seigneur plus que lui-même, souhaitait « diminuer » pour que « lui il grandisse » (v. 30). Il s’efforçait d’augmenter la gloire du Christ en se faisant lui-même plus petit, exprimant par toute sa conduite ce que dirait l’apôtre Paul : « Ce n’est pas nous-mêmes que nous prêchons, mais le Seigneur Jésus Christ » (2Co 4,5).

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)