ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘Eglise’

« Quand viendra le Défenseur, l’Esprit de vérité, il rendra témoignage en ma faveur. »

lundi 15 mai 2023

C’est grâce à l’appui du Saint Esprit que l’Église s’accroît. Il est l’âme de cette Église. C’est lui qui explique aux fidèles le sens profond de l’enseignement de Jésus et son mystère. Il est celui qui, aujourd’hui comme aux débuts de l’Église, agit en chaque évangélisateur qui se laisse posséder et conduire par lui, et met dans sa bouche les mots qu’il ne pourrait trouver seul, tout en prédisposant aussi l’âme de celui qui écoute pour le rendre ouvert et accueillant à la Bonne Nouvelle et au Règne annoncé.

Les techniques d’évangélisation sont bonnes mais les plus perfectionnées ne sauraient remplacer l’action discrète de l’Esprit. La préparation la plus raffinée de l’évangélisateur n’opère rien sans lui. Sans lui, la dialectique la plus convaincante est impuissante sur l’esprit des hommes. Sans lui, les schémas sociologiques ou psychologiques les plus élaborés se révèlent vite dépourvus de valeur.

Nous vivons dans l’Église un moment privilégié de l’Esprit. On cherche partout à le connaître mieux, tel que l’Écriture le révèle. On est heureux de se mettre sous sa mouvance. On s’assemble autour de lui. On veut se laisser conduire par lui. Or, si l’Esprit de Dieu a une place éminente dans toute la vie de l’Église, c’est dans la mission évangélisatrice de celle-ci qu’il agit le plus. Ce n’est pas par hasard que le grand départ de l’évangélisation a eu lieu le matin de Pentecôte, sous le souffle de l’Esprit.

On peut dire que l’Esprit Saint est l’agent principal de l’évangélisation… Mais l’on peut dire également qu’il est le terme de l’évangélisation : lui seul suscite la nouvelle création, l’humanité nouvelle à laquelle l’évangélisation doit aboutir, avec l’unité dans la diversité que l’évangélisation voudrait provoquer dans la communauté chrétienne. A travers lui l’Évangile pénètre au cœur du monde car c’est lui qui fait discerner les signes des temps — signes de Dieu — que l’évangélisation découvre et met en valeur à l’intérieur de l’histoire.

Saint Paul VI

 

 

 

Les évêques, successeurs des apôtres

mercredi 3 mai 2023

Chaque évêque est le principe visible et le fondement de l’unité de son église particulière, formée à l’image de l’Église universelle ; et c’est dans toutes ces églises particulières et par elles qu’est constituée l’Église catholique, une et unique. Par conséquent chaque évêque représente sa propre église et tous ensemble avec le Pape représentent l’Église entière dans le lien de la paix, de l’amour et de l’unité.

Chaque évêque, préposé à une église particulière, exerce son gouvernement pastoral sur la portion du Peuple de Dieu qui lui a été confiée et non sur les autres églises ni sur l’Église universelle. Mais, en tant que membres du Collège épiscopal et successeurs légitimes des apôtres, tous les évêques sont tenus, par une disposition et un commandement du Christ, d’avoir pour toute l’Église une sollicitude qui, sans s’exercer par un acte de juridiction, contribue considérablement au bien de l’Église universelle. Tous les évêques, en effet, doivent promouvoir et défendre l’unité de la foi et la discipline commune à toute l’Église, inculquer aux fidèles l’amour de tout le Corps mystique du Christ, particulièrement des membres pauvres et souffrants, l’amour de ceux qui sont persécutés pour la justice (cf Mt 5,10) ; et enfin, promouvoir toute activité commune à l’Église entière, spécialement celle qui tend à accroître la foi et à faire briller aux yeux de tous les hommes la lumière de la pleine vérité…

Le soin d’annoncer l’Évangile dans tous les coins du monde incombe au corps des pasteurs : c’est à lui que le Christ en a donné l’ordre, lui imposant une charge commune… Chaque évêque donc, pour autant que le permet l’accomplissement de sa charge particulière, est tenu de collaborer avec ses semblables et avec le successeur de Pierre, auquel a été confiée tout spécialement la charge suprême de propager le nom chrétien.

Concile Vatican II

 

 

 

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, Je Suis. »

mardi 28 mars 2023

Veux-tu savoir quelle force est cachée dans le sang du Christ ? Vois d’où il a commencé à couler et d’où il a pris sa source : il descend de la croix, du côté du Seigneur. Comme Jésus déjà mort, dit l’Évangile, était encore sur la croix, le soldat s’approcha, « lui ouvrit le côté d’un coup de sa lance et il en jaillit de l’eau et du sang » (Jn 19,33-34). Cette eau était le symbole du baptême, et le sang, celui des mystères eucharistiques… C’est donc le soldat qui lui a ouvert le côté ; il a percé la muraille du temple saint ; et moi, j’ai trouvé ce trésor et j’en ai fait ma richesse…

« Et il jaillit de son côté de l’eau et du sang. » Ne passe pas avec indifférence auprès du mystère… J’ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des mystères eucharistiques. Or, l’Église est née de ces deux sacrements : par ce bain de la renaissance et de la rénovation dans l’Esprit, par le baptême donc, et par les mystères. Or, les signes du baptême et des mystères sont issus du côté. Par conséquent le Christ a formé l’Église à partir de son côté, comme il a formé Ève à partir du côté d’Adam (Gn 2,22).

C’est pourquoi Paul dit : « Nous sommes de sa chair et de ses os » (cf Ac 17,29; Gn 2,23), désignant par là le côté du Seigneur. De même en effet que le Seigneur a pris de la chair dans le côté d’Adam pour former la femme, ainsi le Christ nous a donné le sang et l’eau de son côté pour former l’Église. Et de même qu’alors il a pris de la chair du côté d’Adam pendant l’extase de son sommeil, ainsi maintenant il nous a donné le sang et l’eau après sa mort…, car désormais la mort n’est plus qu’un sommeil. Vous avez vu comment le Christ s’est uni son épouse ? Vous avez vu quel aliment il nous donne à tous ? C’est de ce même aliment que nous sommes nés et que nous sommes nourris. Ainsi que la femme engendre de son propre sang et nourrit de son lait ses enfants, de même le Christ nourrit constamment de son sang ceux qu’il a engendrés.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Monter sur la barque de la sainte Croix

samedi 28 janvier 2023

Il faut nous dépouiller de nous-mêmes, nous revêtir de Jésus crucifié, monter sur la barque de la très sainte Foi, et voguer sans crainte sur la mer orageuse du monde. Car celui qui est dans cette barque ne doit pas avoir de crainte servile ; sa barque est fournie de toutes les provisions que l’âme peut désirer. Lorsque les vents contraires viennent nous attaquer et nous empêcher de satisfaire sur-le-champ nos désirs, il ne faut pas nous en inquiéter, mais avoir une foi vive ; car nous avons de quoi nous nourrir, et la barque est si forte, que les vents les plus terribles, en la poussant sur les écueils, ne pourront jamais la briser.

Il est vrai que souvent la barque sera couverte par les flots de la mer, mais ce n’est pas pour que nous perdions courage ; c’est pour que nous nous connaissions mieux, et que nous distinguions plus parfaitement le calme de la tempête. Dans le calme, nous ne devons pas avoir une confiance déréglée, mais nous devons, avec une sainte crainte, avoir recours aux humbles et continuelles prières, et rechercher avec un ardent désir l’honneur de Dieu et le salut des âmes, dans cette barque de la Croix. C’est pour cela que Dieu permet aux démons, à la chair et au monde, de nous persécuter et de nous couvrir de leurs flots tumultueux.

Mais si l’âme qui est sur cette barque ne se tient pas sur le bord, mais se place au centre, dans l’abîme de l’ardent amour de Jésus crucifié, elle n’en recevra aucun mal : elle en deviendra, au contraire, plus forte, plus courageuse à supporter les peines, les fatigues et les injustes reproches du monde, parce qu’elle aura éprouvé et goûté le secours de la Providence divine. Dépouillez-vous donc de l’amour-propre, et revêtez-vous de la doctrine de Jésus crucifié. Je vous en conjure, je veux que vous entriez dans cette barque de la très sainte Croix, et que vous traversiez cette mer orageuse à la lumière d’une foi vive.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« Beaucoup de gens de Galilée le suivirent ; et beaucoup de gens de Judée, de Jérusalem, d’Idumée, de Transjordanie…vinrent à lui. »

jeudi 19 janvier 2023

« Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange » (Ps 50,17). (…) Quand on pense que ces paroles sont répétées chaque jour pendant la prière du matin, au nom de la sainte Église qui prie pour elle-même et pour le monde entier, par les milliers et les centaines de milliers de bouches ouvertes par la grâce ainsi demandée, notre vision s’élargit et se complète. Voici l’Église qui s’annonce, non comme un monument historique du passé, mais comme une institution vivante. La sainte Église n’est pas comme un palais qui se construit en un an. C’est une ville très vaste qui doit contenir l’univers entier. « La montagne de Sion est fondée sur la joie de toute la terre ; la cité du grand Roi s’étend vers le nord » (Ps 47,3 Vulg).

La fondation est commencée depuis vingt siècles mais elle se poursuit, et elle s’étend à toute la terre jusqu’à ce que le nom du Christ soit adoré partout. À mesure qu’elle se poursuit, les nouveaux peuples à qui le Christ est annoncé exultent de joie : « Les peuples sont dans la joie à cette annonce » (Ac 13,48). Et elle est belle aussi cette pensée (…), elle est édifiante pour tout prêtre qui récite son bréviaire : il faut que chacun s’applique à fonder cette Église sainte.

Que celui qui s’applique à cette belle œuvre par la prédication dise au Seigneur, en tant que messager de son Évangile : « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange ». Et celui qui n’est pas missionnaire, qu’il désire ardemment coopérer lui aussi à la grande tâche de la mission, et lorsqu’il psalmodie en privé, tout seul dans sa cellule, qu’il dise lui aussi : « Seigneur, ouvre mes lèvres ». Car, par la communion de la charité, il doit considérer comme sienne toute langue qui est alors en train d’annoncer l’Évangile, qui est la louange divine suprême.

Saint Jean XXIII (1881-1963)

 

 

 

« Parcourant du regard ceux qui étaient assis autour de lui, Jésus dit : ‘ Voici ma mère et mes frères ‘. » (Mc 3,34)

mardi 20 septembre 2022

La Vierge Marie occupe à bon droit la première place dans l’assemblée des justes, elle qui a engendré véritablement le premier d’entre eux tous. Le Christ en effet est « le premier-né d’un grand nombre de frères » (Rm 8,29)… C’est à juste titre que, dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit en général de cette vierge mère qu’est l’Église s’applique en particulier à la Vierge Marie ; et ce qui est dit en particulier de la vierge mère qu’est Marie se comprend en général de l’Église vierge mère. Lorsqu’un texte parle de l’une ou de l’autre, il peut être appliqué presque sans distinction à l’une et à l’autre.

Chaque âme croyante est également, à sa manière, épouse du Verbe de Dieu, mère, fille et sœur du Christ, à la fois vierge et féconde. La Sagesse même de Dieu, le Verbe du Père, désigne à la fois l’Église au sens universel, Marie dans un sens très spécial et chaque âme croyante en particulier… L’Écriture dit : « Je demeurerai dans l’héritage du Seigneur » (Si 24,12). L’héritage du Seigneur, au sens universel, c’est l’Église, plus spécialement c’est Marie, et c’est l’âme de chaque croyant en particulier. En la demeure du sein de Marie, le Christ est resté neuf mois, en la demeure de la foi de l’Église, il restera jusqu’à la fin de ce monde, et dans la connaissance et l’amour de l’âme du croyant, pour les siècles des siècles.

Isaac de l’Étoile (?-v. 1171)

 

 

 

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

samedi 3 septembre 2022

jesus-champ-ble

« En vertu d’une tradition apostolique qui remonte au jour même de la résurrection du Christ, l’Église célèbre le mystère pascal chaque huitième jour, qui est nommé à juste titre le jour du Seigneur, ou dominical, dimanche » (Vatican II SC 106). Le jour de la résurrection du Christ est à la fois le « premier jour de la semaine » (Jn 20,1), mémorial du premier jour de la création, et le « huitième jour » où le Christ, après son repos du grand sabbat, inaugure le jour « que fait le Seigneur », le « jour qui ne connaît pas de soir » (Ps 117; liturgie byzantine). Le « repas du Seigneur » (1Co 11,20) est son centre, car c’est ici que toute la communauté des fidèles rencontre le Seigneur ressuscité qui les invite à son banquet (Jn 21,12; Lc 24,30).

« Le jour du Seigneur, le jour de la résurrection, le jour des chrétiens, est notre jour. C’est pour cela qu’il est appelé jour du Seigneur : car c’est ce jour-là que le Seigneur est monté victorieux auprès du Père. Si les païens l’appellent jour du soleil, nous aussi, nous le disons volontiers, car aujourd’hui s’est levée la lumière du monde, aujourd’hui est apparu ‘ le soleil de justice dont les rayons apportent le salut ’ » (S. Jérôme; Ma 3,20).

Le dimanche est le jour par excellence de l’assemblée liturgique, où les fidèles se rassemblent « pour que, entendant la Parole de Dieu et participant à l’eucharistie, ils fassent mémoire de la Passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus, en rendant grâce à Dieu qui les ‘ a fait renaître pour une vivante espérance par la Résurrection de Jésus Christ d’entre les morts ’ » (SC 106; 1P 1,3). « Quand nous méditons, ô Christ, les merveilles qui ont été accomplies en ce jour du dimanche de ta sainte résurrection, nous disons : Béni est le jour du dimanche, car c’est en lui que fut le commencement de la création…, le salut du monde…, le renouvellement du genre humain… C’est en lui que le ciel et la terre se sont réjouis… Béni est le jour du dimanche, car c’est en lui que les portes du paradis ont été ouvertes pour qu’Adam et tous les bannis y entrent sans crainte » (liturgie syriaque d’Antioche).

Catéchisme de l’Église catholique
§1166-1167

 

 

 

 

« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. »

jeudi 18 août 2022

Dans ses desseins mystérieux, le Père avait préparé une Épouse pour son Fils unique et il la lui avait présentée sous les images de la prophétie. (…) Moïse a écrit dans son livre que « l’homme quitterait son père et sa mère pour s’attacher à sa femme de sorte que les deux ne fassent réellement plus qu’un » (Gn 2,24). Le prophète Moïse nous a parlé en ces termes de l’homme et de la femme pour annoncer le Christ et son Église. Avec l’œil perçant du prophète, il a contemplé le Christ devenant un avec l’Église grâce au mystère de l’eau : il a vu le Christ attirer à lui l’Église dès le sein virginal, et l’Église attirer à elle le Christ dans l’eau du baptême. L’Époux et l’Épouse ont été ainsi totalement unis d’une manière mystique ; voilà pourquoi Moïse, le visage voilé (Ex 34,33), a contemplé le Christ et l’Église ; il a appelé l’un « homme » et l’autre « femme », pour éviter de montrer aux Hébreux la réalité dans toute sa clarté. (…) Le voile devait encore recouvrir ce mystère pour un temps ; personne ne connaissait la signification de cette grande image ; on ignorait ce qu’elle représentait.

Après la célébration de leurs noces, Paul est venu. Il a vu le voile étendu sur leur splendeur, et l’a soulevé pour révéler le Christ et son Épouse au monde entier. Il a montré que c’était bien eux que Moïse avait décrits dans sa vision prophétique. Exultant d’une joie divine, l’apôtre a proclamé : « Ce mystère est grand » (Ep 5,32). Il a révélé ce que représentait cette image voilée que le prophète appelait l’homme et la femme : « Je le sais, dit-il, c’est le Christ et son Église qui ne sont plus deux mais un seul » (Ep 5,31 ).

Saint Jacques de Saroug (v. 449-521)

 

 

 

« Sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

jeudi 4 août 2022

Pierre devait recevoir les clés de l’Église, plus encore les clés des cieux ; le gouvernement d’un peuple nombreux devait lui être confié… Si Pierre, avec sa tendance à la sévérité, était resté sans péché, comment aurait-il pu faire preuve de miséricorde pour ses disciples ? Or, selon le dessein de la grâce divine, il est tombé dans le péché, si bien qu’après avoir fait lui-même l’expérience de sa misère, il a pu se montrer bon envers les autres.

Réfléchis bien : celui qui a cédé au péché, c’est bien Pierre, le chef des apôtres, le fondement solide, le rocher indestructible, le guide de l’Église, le port imprenable, la tour inébranlable, lui qui avait dit au Christ : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas » (Mt 26,35), lui qui, par une révélation divine, avait confessé la vérité : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »

Or, l’évangile rapporte que, la nuit même où le Christ a été livré…, une jeune fille a dit à Pierre : « Toi aussi, hier, tu étais avec cet homme », et Pierre lui a répondu : « Je ne connais pas cet homme » (Mt 26,69s)… Lui, la colonne, le rempart, se dérobe devant les soupçons d’une femme… Jésus a fixé sur lui son regard…; Pierre a compris, s’est repenti de sa faute et s’est mis à pleurer. Et alors le Seigneur miséricordieux lui a accordé son pardon…

Pierre est tombé dans le péché pour que la conscience de sa faute et du pardon reçu du Seigneur le conduise à pardonner aux autres par amour. Il accomplissait ainsi un dessein providentiel conforme à la manière d’agir de Dieu. Il a fallu que Pierre, lui à qui l’Église devait être confiée, la colonne des Églises (Ga 2,9), le port de la foi, celui qui allait enseigner le monde entier, se montre faible et pécheur. Oui, vraiment, c’était pour qu’il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d’exercer sa bonté envers les autres.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« M’aimes-tu ? »

vendredi 3 juin 2022

88

« Aimes-tu ? … M’aimes-tu ? … » Pour toujours, jusqu’à la fin de sa vie, Pierre devait avancer sur le chemin accompagné de cette triple question : « M’aimes-tu ? » Et il mesurait toutes ses activités à la réponse qu’il avait alors donnée. Quand il a été convoqué devant le Sanhédrin. Quand il a été mis en prison à Jérusalem, prison dont il ne devait pas sortir, et dont pourtant il est sorti. Et…à Antioche, puis plus loin encore, d’Antioche à Rome. Et lorsqu’à Rome il avait persévéré jusqu’à la fin de ses jours, il a connu la force des paroles selon lesquelles un Autre le conduisait là où il ne voulait pas. Et il savait aussi que, grâce à la force de ces paroles, l’Eglise « était assidue à l’enseignement des apôtres et à l’union fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » et que « le Seigneur ajoutait chaque jour à la communauté ceux qui seraient sauvés » (Ac 2,42.48)…

Pierre ne peut jamais se détacher de cette question : « M’aimes-tu ? » Il la porte avec lui où qu’il aille. Il la porte à travers les siècles, à travers les générations. Au milieu de nouveaux peuples et de nouvelles nations. Au milieu de langues et de races toujours nouvelles. Il la porte lui seul, et pourtant il n’est plus seul. D’autres la portent avec lui… Il y a eu et il y a bien des hommes et des femmes qui ont su et qui savent encore aujourd’hui que toute leur vie a valeur et sens seulement et exclusivement dans la mesure où elle est une réponse à cette même question : « Aimes-tu ? M’aimes-tu ? » Ils ont donné et ils donnent leur réponse de manière totale et parfaite — une réponse héroïque — ou alors de manière commune, ordinaire. Mais en tout cas ils savent que leur vie, que la vie humaine en général, a valeur et sens dans la mesure où elle est la réponse à cette question : « Aimes-tu ? » C’est seulement grâce à cette question que la vie vaut la peine d’être vécue.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Homélie à Paris 30/05/80 (trad. DC 1788, p. 556 copyright © Libreria Editrice Vaticana)