ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘barque’

« Il vient à eux vers la fin de la nuit. »

mercredi 8 janvier 2025

« Après cela, il ordonna à ses disciples de monter dans la barque jusqu’à ce qu’il disperse lui-même les foules ; et, la foule dispersée, il monta pour prier et, le soir venu, il était seul » (Mt 14,22-23). Pour donner la raison de ces faits, il faut faire des distinctions de temps. S’il est seul le soir, cela montre sa solitude à l’heure de la Passion, quand la panique a dispersé tout le monde. S’il ordonne à ses disciples de monter dans la barque et de traverser la mer, pendant qu’il renvoie lui-même les foules et, celles-ci une fois renvoyées, s’il monte sur une montagne, c’est qu’il leur ordonne d’être dans l’Église et de naviguer par la mer, c’est-à-dire ce monde, jusqu’à ce que, revenant dans son avènement de gloire, il rende le salut à tout le peuple qui sera le reste d’Israël (cf Rm 11,5)…et que ce peuple rende grâce à Dieu son Père et s’établisse dans sa gloire et sa majesté…

« Il vient à eux vers la fin de la nuit, à la quatrième veille. » Dans l’expression « quatrième veille de la nuit » on trouve le nombre correspondant aux marques de sa sollicitude. En effet, la première veille a été celle de la Loi, la seconde celle des prophètes, la troisième celle de son avènement corporel, la quatrième se place à son retour glorieux. Mais il trouvera l’Église déclinante et cernée par l’esprit de l’Antéchrist et toutes les agitations de ce monde ; il viendra au plus fort de l’anxiété et des tourments… Les disciples seront dans l’effroi même à l’avènement du Seigneur, redoutant les images de la réalité déformées par l’Antéchrist et les fictions qui s’insinuent dans le regard. Mais le Seigneur qui est bon leur parlera aussitôt, chassera leur peur et leur dira : « C’est moi », dissipant, par la foi en son avènement, la crainte du naufrage menaçant.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

 

« Pourquoi avoir peur ? »

mardi 2 juillet 2024

« Mes enfants, quoi qu’il vous arrive, souvenez-vous que je suis toujours avec vous. Souvenez-vous que, visible ou invisible, paraissant agir ou paraissant dormir et vous oublier, je veille toujours, je suis partout, et je suis tout-puissant. N’ayez jamais nulle crainte, nulle inquiétude : je suis là, je veille, je vous aime (…), je suis tout-puissant. Que vous faut-il de plus ? (…) Souvenez-vous de ces tempêtes que j’ai apaisées d’un mot, leur faisant succéder un grand calme. Souvenez-vous de la façon dont j’ai soutenu Pierre marchant sur les eaux (Mt 14,28s). Je suis toujours aussi près de chaque homme que je l’étais alors de vous. (…) Ayez confiance, foi, courage ; soyez sans inquiétude pour votre corps et votre âme (Mt 6,25), puisque je suis là, tout-puissant et vous aimant.

Mais (…) que votre confiance ne naisse pas de l’insouciance, de l’ignorance des dangers, ni de la confiance en vous ou en d’autres créatures. (…) Les dangers que vous courez sont imminents : les démons, ennemis forts et rusés, votre nature, le monde, vous font constamment une guerre acharnée. (…) En cette vie, la tempête est presque continuelle, et votre barque est toujours près de sombrer. Mais moi je suis là, et avec moi elle est insubmersible. Défiez-vous de tout, et surtout de vous, mais ayez en moi une confiance totale qui bannisse toute inquiétude. »

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Survient une violente tempête. »

dimanche 23 juin 2024

Nous aussi nous naviguons sur un lac où ne manquent ni vent ni tempêtes ; les tentations quotidiennes de ce monde submergent presque notre barque. D’où cela vient-il, sinon de ce que Jésus dort ? Si Jésus ne dormait pas en toi, tu ne subirais pas ces tempêtes, mais tu jouirais d’une grande tranquillité intérieure, parce que Jésus veillerait avec toi.

Que veut dire ceci : Jésus dort ? Cela signifie que ta foi en Jésus est en sommeil. Les tempêtes du lac se soulèvent : tu vois prospérer les méchants et les bons souffrir ; c’est une tentation, un choc des flots. Et tu dis dans ton âme : « Ô Dieu, est-ce donc là ta justice, que les méchants prospèrent et que les bons soient abandonnés à la souffrance ? » Oui, tu dis à Dieu : « Est-ce donc là ta justice ? » Et Dieu te répond : « Est-ce donc là ta foi ? Que t’ai-je promis en effet ? Est-ce que tu t’es fait chrétien pour réussir en ce monde ? Tu es tourmenté par le sort des méchants ici-bas, alors que tu ne connais pas leur sort dans l’autre monde ? »

D’où vient que tu parles ainsi et que tu sois secoué par les flots du lac et par la tempête ? C’est que Jésus dort, je veux dire que ta foi en Jésus s’est endormie dans ton cœur. Que feras-tu pour être délivré ? Réveille Jésus et dis-lui : « Maître, nous sommes perdus ». Les incertitudes de notre traversée du lac nous troublent ; nous sommes perdus. Mais lui s’éveillera c’est-à-dire que ta foi reviendra en toi ; et avec l’aide de Jésus, tu réfléchiras en ton cœur et tu remarqueras que les biens accordés aujourd’hui aux méchants ne dureront pas. Ces biens leur échappent pendant leur vie ou ils devront les abandonner au moment de leur mort. Pour toi, au contraire, ce qui t’est promis te restera pour l’éternité… Tourne donc le dos à ce qui tombe en ruine, et tourne ton visage vers ce qui demeure. Quand le Christ se réveillera, la tempête ne secouera plus ton cœur, les flots ne submergeront pas ta barque, parce que ta foi commandera aux vents et aux flots, et que le danger disparaîtra.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Aussitôt, la barque atteignit le rivage où ils se rendaient. »

samedi 13 avril 2024

Le Christ monte dans une barque : n’est-ce pas lui qui a découvert le lit de la mer après avoir rejeté ses eaux, afin que le peuple d’Israël passe à pied sec comme en une vallée ? (Ex 14,29) N’est-ce pas lui qui a affermi les vagues de la mer sous les pieds de Pierre, de sorte que l’eau fournisse à ses pas un chemin solide et sûr ? (Mt 14,29)

Il monte dans la barque. Pour traverser la mer de ce monde jusqu’à la fin des temps, le Christ monte dans la barque de son Église pour conduire ceux qui croient en lui jusqu’à la patrie du ciel par une traversée paisible, et faire citoyens de son Royaume ceux avec qui il communie en son humanité. Certes, le Christ n’a pas besoin de la barque, mais la barque a besoin du Christ. Sans ce pilote venu du ciel, en effet, la barque de l’Église agitée par les flots n’arriverait jamais au port.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

 

Garde les âmes du naufrage, ô Jésus !

mardi 4 juillet 2023

Dans le terrible désert de la vie
Ô mon doux Jésus,
Garde les âmes du naufrage,
Car Tu es source de miséricorde.

Que la clarté de Tes rayons,
Ô doux Chef de nos âmes,
Que Ta miséricorde change le monde,
Et qu’ayant connu Ta grâce, il serve Jésus.

Je dois traverser une longue route rocailleuse,
Mais je n’ai peur de rien,
Car pour moi jaillit la source pure de la miséricorde,
Et avec elle coule la force pour l’humble.

Je suis tourmentée et fatiguée,
Mais ma conscience me rend témoignage,
Que je fais tout pour la plus grande gloire du Seigneur,
Le Seigneur est mon repos et mon héritage.

Sainte Faustine Kowalska (1905-1938)

 

 

 

« Aussitôt, la barque atteignit le rivage. »

samedi 22 avril 2023

Prions le Verbe, la Parole de Dieu : Sois propice à tes petits enfants, Maître, Père, guide d’Israël, Fils et Père, un et deux à la fois, Seigneur ! Donne-nous, puisque nous suivons tes commandements, de parvenir à la pleine ressemblance de l’image (Gn 1,26), de comprendre selon nos forces le Dieu de bonté, le juge sans dureté. Accorde-nous tout toi-même : de vivre dans ta paix, d’être transportés dans ta cité, de traverser sans sombrer les tempêtes du péché ; d’être emportés sur des eaux paisibles par le Saint-Esprit, par la Sagesse inexprimable. Accorde-nous de dire la nuit, le jour, jusqu’au dernier jour, nos louanges et nos actions de grâces à l’Unique — Père et Fils, Fils et Père, Fils, Pédagogue (1Co 4,15) et Maître et en même temps au Saint-Esprit.

Tout est à l’Unique, en qui est le tout, par qui tout est un, par qui est l’éternité, de qui nous sommes tous membres (1Co 12,27). À lui sont la gloire et les siècles ; tout au Bon, tout au Beau, tout au Sage, tout au Juste ! À lui la gloire maintenant et dans les siècles, amen !

Saint Clément d’Alexandrie (150-v. 215)

 

 

Monter sur la barque de la sainte Croix

samedi 28 janvier 2023

Il faut nous dépouiller de nous-mêmes, nous revêtir de Jésus crucifié, monter sur la barque de la très sainte Foi, et voguer sans crainte sur la mer orageuse du monde. Car celui qui est dans cette barque ne doit pas avoir de crainte servile ; sa barque est fournie de toutes les provisions que l’âme peut désirer. Lorsque les vents contraires viennent nous attaquer et nous empêcher de satisfaire sur-le-champ nos désirs, il ne faut pas nous en inquiéter, mais avoir une foi vive ; car nous avons de quoi nous nourrir, et la barque est si forte, que les vents les plus terribles, en la poussant sur les écueils, ne pourront jamais la briser.

Il est vrai que souvent la barque sera couverte par les flots de la mer, mais ce n’est pas pour que nous perdions courage ; c’est pour que nous nous connaissions mieux, et que nous distinguions plus parfaitement le calme de la tempête. Dans le calme, nous ne devons pas avoir une confiance déréglée, mais nous devons, avec une sainte crainte, avoir recours aux humbles et continuelles prières, et rechercher avec un ardent désir l’honneur de Dieu et le salut des âmes, dans cette barque de la Croix. C’est pour cela que Dieu permet aux démons, à la chair et au monde, de nous persécuter et de nous couvrir de leurs flots tumultueux.

Mais si l’âme qui est sur cette barque ne se tient pas sur le bord, mais se place au centre, dans l’abîme de l’ardent amour de Jésus crucifié, elle n’en recevra aucun mal : elle en deviendra, au contraire, plus forte, plus courageuse à supporter les peines, les fatigues et les injustes reproches du monde, parce qu’elle aura éprouvé et goûté le secours de la Providence divine. Dépouillez-vous donc de l’amour-propre, et revêtez-vous de la doctrine de Jésus crucifié. Je vous en conjure, je veux que vous entriez dans cette barque de la très sainte Croix, et que vous traversiez cette mer orageuse à la lumière d’une foi vive.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui. »

mardi 2 août 2022

« Ils se prosternaient, ils adoraient et jetaient leurs couronnes devant le trône, en disant : ‘ Tu es digne, Seigneur, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance ‘ » (Ap 4,10s). Comment imiter dans le ciel de mon âme cette occupation des bienheureux dans le ciel de la gloire ? Comment poursuivre cette louange, cette adoration ininterrompues ? Saint Paul me donne une lumière là-dessus lorsqu’il souhaite pour les siens que « le Père les fortifie par son Esprit, en sorte que Jésus Christ habite par la foi en leurs cœurs et qu’ils soient enracinés et fondés dans l’amour » (cf Ep 3,16s). Être enraciné et fondé dans l’amour : telle est, me semble-t-il, la condition pour remplir dignement son office de « louange de gloire » (Ep 1,6.12.14). L’âme qui pénètre et demeure en ces profondeurs de Dieu…, qui fait par conséquent tout « en lui, avec lui, par lui et pour lui »…, cette âme s’enracine plus profondément en Celui qu’elle aime, par chacun de ses mouvements, de ses aspirations, comme par chacun de ses actes, quelque ordinaires qu’ils soient. Tout en elle rend hommage au Dieu trois fois saint : elle est pour ainsi dire un Sanctus perpétuel, une louange de gloire incessante !

« Ils se prosternent, ils adorent, ils jettent leurs couronnes. » D’abord l’âme doit se prosterner, se plonger dans l’abîme de son néant, s’y enfoncer si profondément qu’elle…trouve la paix véritable, immuable et parfaite que rien ne trouble, car elle s’est précipitée si bas que personne n’ira la chercher là. Alors elle pourra adorer.

Sainte Élisabeth de la Trinité (1880-1906)

 

 

 

Battus par le vent et les vagues

samedi 1 février 2020

Je vais, avec la grâce du Seigneur, vous entretenir de l’évangile de ce jour. Je veux aussi, avec l’aide de Dieu, vous encourager à ne pas laisser la foi dormir dans vos cœurs au milieu des tempêtes et des houles de ce monde. Le Seigneur Jésus Christ exerçait sans aucun doute son pouvoir sur le sommeil non moins que sur la mort, et quand il naviguait sur le lac, le Tout-Puissant n’a pas pu succomber au sommeil sans le vouloir. Si vous pensez qu’il n’avait pas cette maîtrise, c’est que le Christ dort en vous. Si, au contraire, le Christ est éveillé en vous, votre foi aussi est éveillée. L’apôtre Paul dit : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi » (Ep 3,17).

Donc le sommeil du Christ est le signe d’un mystère. Les occupants de la barque représentent les âmes qui traversent la vie de ce monde sur le bois de la croix. En outre, la barque est la figure de l’Église. Oui, vraiment, tous les fidèles sont des temples où Dieu habite, et le cœur de chacun d’eux est une barque naviguant sur la mer ; elle ne peut sombrer si l’esprit entretient de bonnes pensées. On t’a fait injure : c’est le vent qui te fouette. Tu t’es mis en colère : c’est le flot qui monte. Ainsi, quand le vent souffle et que monte le flot, la barque est en péril. Ton cœur est en péril, ton cœur est secoué par les flots. L’outrage a suscité en toi le désir de la vengeance. Et voici : tu t’es vengé, cédant ainsi sous la faute d’autrui, et tu as fait naufrage. Pourquoi ? Parce que le Christ s’est endormi en toi, c’est-à-dire que tu as oublié le Christ. Réveille-donc le Christ, souviens-toi du Christ, que le Christ s’éveille en toi ; pense à lui.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

 

« Confiance ! C’est moi… »

mercredi 8 janvier 2020

Les navires ont tous une aiguille marine [une boussole], laquelle étant touchée de l’aimant regarde toujours l’étoile polaire, et encore que la barque s’en aille du côté du midi, l’aiguille marine ne laisse pourtant pas de regarder toujours à son nord.

Ainsi (…) que la fine pointe de l’esprit regarde toujours à son Dieu, qui est son nord. (…) Vous allez prendre la haute mer du monde ; ne changez pas pour cela de patron [cadran], ni de mât, ni de voile, ni d’ancre, ni de vent. Ayez toujours Jésus Christ pour patron, sa croix pour arbre, sur lequel vous étendez vos résolutions en guise de voile ; que votre ancre soit une profonde confiance en Lui, et allez à la bonne heure. Veuille à jamais le vent propice des inspirations célestes enfler de plus en plus les voiles de votre vaisseau et vous faire heureusement surgir au port de la sainte éternité ! (…)

Que tout se renverse sens dessus dessous, je ne dis pas seulement autour de nous, mais je dis en nous, c’est-à-dire que notre âme soit triste, joyeuse, en douceur, en amertume, en paix, en trouble, en clarté, en ténèbres, en tentations, en repos, en goût, en dégoût, en sécheresse, en tendreté, que le soleil la brûle ou que la rosée la rafraîchisse, ah, il faut pourtant qu’à jamais et toujours la pointe de notre cœur, notre esprit, notre volonté supérieure, qui est notre boussole, regarde incessamment et tende perpétuellement à l’amour de Dieu.

Saint François de Sales (1567-1622)