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Archive pour le mot-clef ‘Bienheureux John Henry Newman’

Saint Luc, évangéliste, « serviteur de la Parole » (Lc 1,2)

mercredi 18 octobre 2017
http://www.pitts.emory.edu/dia/detail.cfm?ID=14229 L'Histoire du Vieux et du Nouveau Testament, représentée avec des figures et des explications édifiantes, Author: Le Maistre de Sacy, Isaac-Louis, 1613-1684 Image Title: Luke Scripture Reference: Description: St. Luke writes his gospel with his attribute, the bull, nearby.

http://www.pitts.emory.edu/dia/detail.cfm?ID=14229
L’Histoire du Vieux et du Nouveau Testament, représentée avec des figures et des explications édifiantes,
Author: Le Maistre de Sacy, Isaac-Louis, 1613-1684
Image Title: Luke
Scripture Reference:
Description: St. Luke writes his gospel with his attribute, the bull, nearby.

Bonne est toute parole du Christ, elle a sa mission et son but, elle ne tombe pas à terre. Il est impossible qu’il ait jamais prononcé de paroles éphémères, lui, le Verbe de Dieu, exprimant selon son bon plaisir les conseils profonds et la volonté sainte du Dieu invisible. Toute parole du Christ est bonne. Même si ses propos nous avaient été transmis par des gens ordinaires, nous pouvons être sûrs que rien de ce qui nous a été conservé — qu’il s’agisse de paroles à un disciple ou à un contradicteur, ou bien d’avertissements, d’avis, de réprimandes, de réconfort, de persuasion ou de condamnation — rien de tout cela n’a une signification purement accidentelle, une portée limitée ou partielle…

Au contraire, toutes les paroles sacrées du Christ, bien que revêtues d’un habillement temporaire et ordonnées à un but immédiat, difficiles de ce fait à dégager de ce qu’il y a en elles de momentané et de contingent, n’en gardent pas moins toute leur force à chaque siècle. Demeurant dans l’Église, elles sont destinées à durer pour toujours dans les cieux (cf Mt 24,35) ; elles se prolongent jusque dans l’éternité. Elles sont notre règle sainte, juste et bonne, la « lampe pour nos pieds, lumière sur notre route » (Ps 118,105), aussi pleinement et aussi intimement pour notre temps que lorsqu’elles ont été d’abord prononcées.

Cela aurait été vrai même si un simple soin humain avait recueilli ces miettes de la table du Christ. Mais nous avons une assurance beaucoup plus grande, parce que nous les recevons non pas des hommes mais de Dieu (1Th 2,13). L’Esprit Saint, qui est venu glorifier le Christ et donner aux évangélistes l’inspiration d’écrire, n’a pas tracé pour nous un Évangile stérile. Loué soit-il d’avoir choisi et sauvegardé pour nous les paroles qui devaient être particulièrement utiles dans les temps à venir, les paroles pouvant servir de loi à l’Église, pour la foi, la morale et la discipline. Non pas une loi écrite sur des tables de pierre (Ex 24,12), mais une loi de foi et d’amour, de l’esprit non de la lettre (Rm 7,6), une loi pour des cœurs généreux qui acceptent de « vivre de toute parole », si modeste et si humble soit-elle, « qui sort de la bouche de Dieu » (Dt 8,3 ; Mt 4,4).

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
PPS, vol. 3 no. 22 : « The Good Part of Mary »,

 

 

 

Ascension du Seigneur, solennité

jeudi 25 mai 2017

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Le Christ, qui avait promis de rendre tous ses disciples un en Dieu avec lui, qui avait promis que nous serions en Dieu et Dieu en nous, a réalisé cette promesse. D’une façon mystérieuse il a accompli pour nous cette grande œuvre, ce privilège stupéfiant. Il semble que ce soit en montant vers le Père qu’il l’a fait, que son ascension corporelle est sa descente spirituelle, que son assomption de notre nature jusqu’à Dieu est en même temps la descente de Dieu jusqu’à nous. On pourrait dire qu’il nous a vraiment, quoique dans le sens caché, emportés jusqu’à Dieu et qu’il a amené Dieu jusqu’à nous, selon le point de vue que nous adoptons.

Ainsi donc lorsque saint Paul dit que « notre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3,3), nous pouvons comprendre qu’il veut dire par là que notre principe d’existence n’est plus un principe mortel et terrestre, tel que celui d’Adam après la chute, mais que nous sommes baptisés et cachés de nouveau dans la gloire de Dieu, dans cette lumière pure de sa présence que nous avons perdue lors de la chute d’Adam. Nous sommes créés à nouveau, transformés, spiritualisés, glorifiés dans la nature divine. Par le Christ nous recevons, comme par un canal, la vraie présence de Dieu, au dedans de nous et au dehors ; nous sommes imprégnés de sainteté et d’immortalité.

Et c’est là notre justification : notre montée par le Christ jusqu’à Dieu ou la descente de Dieu par le Christ jusqu’à nous, nous pouvons le dire d’une façon ou de l’autre… Nous sommes en lui, il est en nous ; le Christ est « l’unique Médiateur » (1Tm 2,5), « la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6), joignant la terre avec le ciel. Et c’est là notre vraie justification — pas seulement le pardon ou la faveur, pas seulement une sanctification intérieure —…mais l’habitation en nous de notre Seigneur glorifié. Tel est le grand don de Dieu.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Lectures on Justification, n° 9,9

 

 

 

 

Le mercredi saint

mercredi 12 avril 2017

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Lorsqu’il s’est séparé de sa mère, Jésus s’est choisi des amis humains — les douze apôtres — comme s’il avait désiré mettre en eux sa sympathie. Il les a choisis, dit-il, pour être « non pas des serviteurs, mais des amis » (Jn 15,15). Il en a fait ses confidents ; il leur a confié des choses qu’il n’a pas dites aux autres. C’était sa volonté de les favoriser, de leur montrer toute sa générosité, comme un père envers des enfants préférés. Par ce qu’il leur a révélé, il les a comblés plus que les rois, les prophètes, les sages de l’Ancienne Alliance. Il les a appelés « ses petits enfants » (Jn 13,33) ; pour leur conférer ses dons, il les a préférés « aux sages et aux savants » de ce monde (Mt 11,25). Il a manifesté sa joie et il les a loués de ce qu’ils sont restés avec lui dans ses épreuves (Lc 22,28), et comme signe de reconnaissance, il leur annonce qu’ils siégeront un jour sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël (v. 30). Il a trouvé un réconfort dans leur amitié à l’approche de son épreuve suprême.

Il les a rassemblés autour de lui à la dernière Cène, comme pour être soutenu par eux à cette heure solennelle. « J’ai désiré d’un grand désir, leur dit-il, manger cette Pâque avec vous avant de souffrir » (Lc 22,15). Il y avait donc entre le Maître et ses disciples un échange d’affection, une sympathie profonde. Mais c’était sa volonté que ses amis l’abandonnent, le laissent seul — une volonté vraiment digne d’adoration. L’un l’a trahi ; l’autre l’a renié ; le reste s’est enfui, le laissant aux mains de ses ennemis… Il a donc été seul quand il a foulé le pressoir. Oui, Jésus tout-puissant et bienheureux, envahi dans son âme par la pleine gloire de la nature divine, a voulu soumettre son âme à toutes les infirmités de notre nature. Comme il s’était réjoui de l’amitié des siens, il a accepté la désolation de leur abandon. Et quand il l’a voulu, il a choisi de se priver de la lumière de la présence de Dieu.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Méditations et Prières, Part III, 2, 2 « Our Lord refuses sympathy », § 15

 

 

Psaume 69

 

 

 

 

 

« Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! »

mardi 29 novembre 2016

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Pendant des siècles, avant que Jésus ne vienne sur terre, tous les prophètes, l’un après l’autre, étaient à leur poste, au sommet de la tour ; tous l’attendaient et guettaient sa venue à travers l’obscurité de la nuit. Ils veillaient sans cesse pour surprendre la première lueur de l’aurore… : « Dieu, toi mon Dieu, je te cherche dès l’aurore. Mon âme a soif de toi, dans une terre desséchée, épuisée, sans eau » (Ps 62,2)… « Ah, si tu déchirais les cieux et descendais ! Les montagnes fondraient en ta présence, comme sous l’action du feu… Depuis l’origine du monde l’œil n’a rien pu voir, mon Dieu, des merveilles que tu as préparées pour ceux qui sont attachés à toi dans l’attente » (Is 64,1 ;1Co 2,9).

Cependant si jamais des hommes ont eu le droit de s’attacher à ce monde et de ne pas s’en désintéresser, c’étaient bien ces serviteurs de Dieu ; la terre leur avait été donnée en partage, et d’après les promesses mêmes du Très-Haut, elle devait être leur récompense. Mais notre récompense à nous concerne le monde à venir… Et eux aussi, ces grands serviteurs de Dieu, ont dépassé le don terrestre de Dieu, malgré sa valeur, pour s’attacher à des promesses plus belles encore ; ils ont sacrifié ce dont ils avaient la possession pour cette espérance. Ils ne se contentaient de rien de moins que la plénitude de leur Créateur ; ils cherchaient à voir la face de leur Libérateur. Et s’il faut que pour cela la terre se brise, que les cieux se déchirent, que les éléments du monde viennent à se dissoudre pour qu’il apparaisse enfin, que tout croule, plutôt que de continuer à vivre sans lui ! Telle était l’intensité du désir des adorateurs de Dieu en Israël, qui attendaient ce qui devait venir… Leur persévérance prouve qu’il y avait quelque chose à attendre.

Les apôtres aussi, une fois leur Maître venu et reparti, ne sont pas restés en deçà des prophètes dans l’acuité de leur perception et dans l’ardeur de leurs aspirations. Le miracle de l’attente dans la persévérance a continué.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
« Waiting for Christ », Sermons Preached on Various Occasions, n°3

 

 

 

« Je te suivrai. »

mercredi 28 septembre 2016

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Jésus a renoncé d’abord à Marie et à Joseph, ainsi qu’à ses amis secrets dont il avait la sympathie ; quand le temps est arrivé, il a dû y renoncer… Demeurons quelques instants près de Marie, avant de suivre la marche de son Fils, notre Seigneur. Il est arrivé à Jésus de refuser à quelqu’un qui voulait le suivre la permission de prendre congé des siens. Et telle a été, à ce qu’il semble, sa manière d’agir avec sa mère…

Ô Marie, nous pensons à ta… douleur de mère : celle-ci, causée par le départ de ton fils, n’est-elle pas l’une des plus grandes ?… Comment as-tu supporté cette première séparation et passé ces premiers jours, loin de lui ?… Comment as-tu pu vivre les trois longues années de son ministère ? Une fois, vers le début, tu as essayé de l’approcher (Mc 3,31) ; après on n’entend plus parler de toi avant de te trouver debout au pied de sa croix.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Meditations and Devotions, Part III, 2,2 « Our Lord refuses sympathy »

 

 

Présentation du Seigneur au Temple, fête

mardi 2 février 2016

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Aujourd’hui nous est rappelée l’action silencieuse de la Providence de Dieu. Elle accomplit tranquillement dans le cours du temps des événements prévus depuis longtemps ; en même temps, les visites du Seigneur demeurent soudaines et mystérieuses. Considérez ce qui se passe ici…

Ici, rien d’extraordinaire ni d’impressionnant. Nous savons ce que le monde pense des gens comme les parents de cet enfant, si pauvres, et ces deux vieillards : on les regarde sans intérêt et on passe. Pourtant il s’agit là de la réalisation solennelle d’une prophétie ancienne et prodigieuse. L’enfant qu’on porte sur les bras, c’est le Sauveur du monde, l’héritier authentique, qui vient sous les traits d’un inconnu visiter sa propre maison. L’Écriture avait dit : « Soudain il entrera dans son Temple, le Seigneur que vous cherchez. Qui pourra soutenir le jour de sa venue ?… » (Ml 3,2), et voilà qu’il vient en prendre possession. En plus, le vieillard qui prend l’enfant dans ses bras est comblé des dons de l’Esprit… : joie, action de grâce, espérance, mélangées mystérieusement de crainte, d’effroi et de douleur. Anne aussi…devient prophétesse, et ces témoins auxquels elle s’adresse sont l’authentique Israël qui attend avec foi la rédemption du monde selon les promesses… : « La gloire à venir de ce Temple dépassera celle de l’ancien », avait annoncé un autre prophète (Ag 2,9). La voilà, cette gloire : un petit enfant avec ses parents, deux vieillards et une assemblée sans nom et sans suite. « La venue du Royaume de Dieu ne vient pas de manière visible » (Lc 17,20).

Telle a toujours été la manière de Dieu en ses visites… : le silence, la soudaineté, la surprise au regard du monde, malgré des prédictions connues de tous, celles dont l’Église véritable saisit le sens et attend l’accomplissement… Il ne peut en être autrement. Les avertissements de Dieu sont clairs, mais le monde continue sa course ; engagés dans leurs activités, les hommes ne savent pas discerner le sens de l’histoire… À toute époque le monde reste profane et aveugle ; Dieu cache sa Providence, mais la réalise jour après jour.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Secrecy and Suddenness of Divine Visitations » PPS t. 2, n° 10

 

 

« Restez éveillés et priez en tout temps. »

samedi 28 novembre 2015

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« Veillez ! », nous dit Jésus avec insistance… Nous n’avons pas seulement à croire, mais à veiller ; pas simplement à aimer, mais à veiller ; pas uniquement à obéir, mais à veiller. À veiller pour quoi ? Pour ce suprême événement : la venue du Christ… Il semble bien y avoir là un appel spécial, un devoir dont l’idée ne nous serait jamais venue à l’esprit autrement.

Nous avons une idée générale de ce que veut dire croire, aimer et obéir, mais qu’est-ce donc que veiller ?… Celui-là veille dans l’attente du Christ, qui garde l’esprit sensible, ouvert, sur le qui-vive, qui reste vif, éveillé, plein de zèle à le chercher et à l’honorer. Il désire trouver le Christ dans tout ce qui arrive… Et celui-là veille avec le Christ (Mt 26,38) qui, tout en regardant l’avenir, regarde aussi le passé, contemplant ce que son Sauveur a acquis pour lui et n’oubliant pas ce que le Christ a souffert pour lui. Il veille avec le Christ celui qui remémore et renouvelle en sa propre personne la croix et à l’agonie du Christ, qui porte joyeusement la tunique que le Christ a portée jusqu’à la croix et qu’il a laissée après son Ascension.

Souvent dans les épîtres, les écrivains inspirés expriment leur désir du second avènement, mais ils n’oublient jamais le premier : la crucifixion et la résurrection… Ainsi saint Paul invite les Corinthiens à attendre la venue du Seigneur Jésus Christ(1Co 1,7-8) et ne manque pas de leur dire de « toujours porter dans notre corps la mort du Seigneur, pour que la vie du Christ Jésus se manifeste en nous » (2Co 4,10)… La pensée de ce qu’est le Christ aujourd’hui ne doit pas effacer le souvenir de ce qu’il a été pour nous… Ainsi dans la sainte communion nous voyons en même temps la mort et la résurrection du Christ ; nous nous souvenons de l’une, nous nous réjouissons de l’autre. Nous nous offrons nous-mêmes et recevons une bénédiction.

Veiller, c’est donc vivre détaché de ce qui est présent, vivre dans l’invisible, vivre dans la pensée du Christ tel qu’il est venu une première fois et tel qu’il doit venir, désirer son deuxième avènement à partir de notre souvenir aimant et reconnaissant du premier.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Watching », PPS vol. 4, n°22

 

 

 

 

Sainte Marthe, mémoire

mercredi 29 juillet 2015

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Le Christ est venu pour ressusciter Lazare, mais l’éclat de ce miracle sera la cause immédiate de son arrestation et de sa crucifixion (Jn 11,46s)… Il sentait bien que Lazare revenait à la vie au prix de son propre sacrifice ; il se sentait lui-même descendre au tombeau d’où il allait faire sortir son ami ; il sentait que Lazare devait vivre et que lui-même devait mourir. Les apparences allaient se renverser : il y aurait un festin chez Marthe (Jn 12,1s), mais la dernière pâque de tristesse lui revenait à lui. Et Jésus savait qu’il acceptait totalement ce renversement : il était venu du sein de son Père pour racheter par son sang tout le péché des hommes et ainsi faire remonter tout croyant de sa tombe comme son ami Lazare — les ramener à la vie, non pour un temps, mais pour toujours…

Face à l’ampleur de ce qu’il envisageait de faire dans cet unique acte de miséricorde, Jésus a dit à Marthe : « Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais ». Faisons nôtre cette parole de réconfort, à la fois face à notre propre mort et à celle de nos amis : là où il y a foi en Christ, le Christ est là en personne. « Le crois-tu ? » demande-t-il à Marthe. Là où un cœur peut répondre comme Marthe : « Oui, je le crois », là le Christ se rend miséricordieusement présent. Bien qu’invisible, il se tient là, même devant un lit de mort ou une tombe, que ce soit nous-mêmes qui dépérissons ou ceux que nous aimons. Que son nom soit béni ! Rien ne peut nous enlever cette consolation. Par sa grâce, nous sommes aussi sûrs qu’il est là avec tout son amour que si nous le voyions. Après notre expérience de ce qui est arrivé à Lazare, nous ne douterons pas un instant qu’il est plein d’égards pour nous et qu’il se tient à nos côtés.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « The Tears of Christ at the Grave of Lazarus » PPS, vol. 3, n°10

 

 

 

« L’Esprit de vérité recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

mercredi 13 mai 2015

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Au moment de quitter ses apôtres, comme ils étaient peinés, notre Seigneur les a consolés par la promesse d’un autre guide et enseignant, en qui ils pourraient mettre leur confiance et qui serait encore plus pour eux que ce qu’il avait été lui-même… Mais ce nouveau Consolateur miséricordieux, tout en apportant une plus grande grâce, ne pouvait pas cacher ou obscurcir ce qui avait précédé… Et en se manifestant, comment pourrait-il faire autre chose que manifester le Fils, lui qui ne fait qu’un avec le Fils, lui l’Esprit qui procède du Fils ? Comment aurait-il pu ne pas jeter une lumière nouvelle sur la compassion et les perfections de celui dont la mort en croix ouvrait à l’Esprit Saint un accès miséricordieux au cœur de l’homme ?…

Le Christ a dit explicitement à ses apôtres : « Il me glorifiera »… Comment l’Esprit rend-il gloire au Fils de Dieu ? Il révèle que celui qui se donnait pour le Fils de l’homme était le Fils unique du Père (Jn 1,18)… Notre Sauveur avait bien déclaré qu’il était le Fils de Dieu…, il avait dit tout ce qu’il faut nous dire, mais ses apôtres ne l’avaient pas compris. Même en confessant leur foi avec conviction sous l’action secrète de la grâce de Dieu, ils ne comprenaient pas encore tout ce qu’ils affirmaient…

Les paroles de notre Sauveur demeurent mais attendent quelque temps leur éclaircissement ; c’est bien ce qu’il réservait pour l’heure de la venue de celui qu’il devait envoyer. C’est l’Esprit qui mettrait en pleine lumière sa personne et ses paroles… Apparemment, ce n’est qu’après sa résurrection et surtout après son ascension, lorsque l’Esprit Saint est descendu, que les apôtres ont compris qui avait été avec eux.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), Cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Christ Manifested in Remembrance », PPS t. 4, n°17

 

 

 

« L’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez. »

lundi 20 avril 2015

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Le Christ a refusé de rendre témoignage à lui-même, de dire qui il était et d’où il venait ; il a été parmi ses contemporains « comme celui qui sert » (Lc 22,27). Apparemment, ce n’était qu’après sa résurrection, et surtout après son ascension, quand l’Esprit Saint est descendu, que les apôtres ont compris qui avait été avec eux. Quand tout était fini ils l’ont su, mais non sur le moment. Or nous voyons ici, je crois, la manifestation d’un principe général qui se présente à nous souvent, à la fois dans l’Écriture et dans le monde : c’est que nous ne discernons pas la présence de Dieu au moment où elle est avec nous, mais seulement après, quand nous reportons nos regards vers ce qui s’est passé et qui n’est plus…

Des événements nous arrivent, agréables ou pénibles ; nous n’en connaissons pas sur le moment la signification ; nous ne voyons pas en eux la main de Dieu. Si nous avons bien la foi, nous confessons ce que nous ne voyons pas, et nous prenons tout ce qui nous arrive comme venant de lui. Mais, que nous l’acceptions ou non dans un esprit de foi, il n’y a certainement pas d’autre moyen de l’accepter. Nous ne voyons rien. Nous ne voyons pas pourquoi telle chose arrive, ou à quoi elle tend. Un jour, Jacob s’est écrié : « Tout est contre moi ! » (Gn 42,36) ; certainement il semblait bien que ce soit ainsi… Et pourtant tous ses malheurs devaient tourner à bien. Considérez son fils Joseph, vendu par ses frères, emmené en Égypte, emprisonné, les fers entrant même dans son âme, et qui attendait que le Seigneur jette sur lui un regard de bienveillance. Plusieurs fois le texte sacré dit : « Le Seigneur était avec Joseph »… Après coup, il a compris ce qui sur le moment était si mystérieux, et il dit à ses frères : « Dieu m’a envoyé en avant de vous pour sauver vos vies. Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, c’est Dieu » (Gn 45,7).

Merveilleuse providence, si silencieuse et pourtant si efficace, si constante et infaillible ! C’est ce qui déjoue le pouvoir de Satan ; il ne peut pas discerner la main de Dieu à l’œuvre dans le cours des événements.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), Cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
PPS IV,17 « Christ Manifested in Remembrance »