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Archive pour le mot-clef ‘Ste Thérèse’

« Recevoir celui que j’envoie, c’est me recevoir moi-même ; et me recevoir, c’est recevoir celui qui m’a envoyé. »

jeudi 21 avril 2016

Être ton épouse, ô Jésus, être carmélite, être par mon union avec toi la mère des âmes, cela devrait me suffire. Il n’en est pas ainsi. Sans doute, ces trois privilèges sont bien ma vocation — carmélite, épouse et mère — cependant je sens en moi d’autres vocations… Je sens le besoin, le désir d’accomplir pour toi, Jésus, toutes les œuvres les plus héroïques… Malgré ma petitesse, je voudrais éclairer les âmes comme les prophètes, les docteurs ; j’ai la vocation d’être apôtre. Je voudrais parcourir la terre, prêcher ton nom et planter sur le sol infidèle ta Croix glorieuse, mais, ô mon Bien-Aimé, une seule mission ne me suffirait pas, je voudrais en même temps annoncer l’Évangile dans les cinq parties du monde et jusque dans les îles les plus reculées. Je voudrais être missionnaire non seulement pendant quelques années, mais je voudrais l’avoir été depuis la création du monde et l’être jusqu’à la consommation des siècles…

Ô mon Jésus ! à toutes mes folies que vas-tu répondre ? Y a-t-il une âme plus petite, plus impuissante que la mienne ? Cependant à cause même de ma faiblesse tu t’es plu, Seigneur, à combler mes petits désirs enfantins, et tu veux aujourd’hui combler d’autres désirs plus grands que l’univers… J’ai compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux ; en un mot qu’il était éternel… Ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Manuscrit autobiographique B, 2v°-3v°

 

« Le règne de Dieu est au milieu de vous. »

jeudi 12 novembre 2015

3._Therese_a_13_ans-1fe56C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons, en lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux…

Je comprends et je sais par expérience que « le Royaume de Dieu est au-dedans de nous ». Jésus n’a point besoin de livres ni de docteurs pour instruire les âmes, lui le Docteur des docteurs, il enseigne sans bruit de paroles. Jamais je ne l’ai entendu parler, mais je sens qu’il est en moi ; à chaque instant, il me guide, m’inspire ce que je dois dire ou faire. Je découvre juste au moment où j’en ai besoin des lumières que je n’avais pas encore vues ; ce n’est pas le plus souvent pendant mes oraisons qu’elles sont le plus abondantes, c’est plutôt au milieu des occupations de ma journée.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Manuscrit autobiographique A, 84 r°

 

 

 

 

Eucharistie

dimanche 25 octobre 2015

adoration mains eveque

(…) Le doute lui-même n’est pas un manque de foi et fait partie d’une relation vivante que l’on entretient avec le Seigneur : « Moi, je mets autant de ferveur dans “je doute” que dans “je crois” », disait le savant Jean Rostand. (…)
Pourquoi avoir honte de ne pas s’attacher aux miracles ? Ils ne sont pas (…) une exception aux lois physiques, mais un signe personnel donné par Jésus à une personne, un geste divin qui vient récompenser la foi.
(…) Si nous croyons en Dieu, nous devons normalement admettre la toute-puissance créatrice de Dieu, qui est transcendante à toute cause située dans notre espace et notre temps. Admettre la Création, c’est admettre que notre monde n’est pas enfermé dans un système clos, mais qu’il reste toujours ouvert à l’intervention de son Créateur.
Il est tout aussi difficile (ou facile !) de croire à la conception virginale de Jésus que de croire à la création du monde. Cette activité est pour nous irreprésentable et au-delà de toute détermination scientifique.
Il en va de même pour la Résurrection. Au plan des phénomènes, elle se manifeste par une disparition : c’est le tombeau vide. Mais aux yeux de la foi, elle est le passage absolument transcendant du Corps du Christ de notre espace-temps à la gloire de Dieu. Entre le corps humain du Jésus prépascal et le corps glorifié du Christ, il y a à la fois continuité et discontinuité.
(…)
Croire, c’est dire « oui » en dépit de tout ce qui nous pousse à dire « non » ; c’est une manière de vivre qui ne se construit pas dans la certitude. Au contraire, la foi plonge l’homme tour à tour dans le doute et la lumière, elle lui fait traverser des remises en question et des contradictions troublantes. Difficile chemin à suivre que celui qui mène au Seigneur.
Pourquoi alors se priver de l’eucharistie ? Dans la Bible, connaître, c’est aimer. Et aimer, c’est décider de faire confiance, de croire la parole de l’autre : c’est le rencontrer. Et communier est l’une des façons de rencontrer et d’aimer le Christ. Ne plus communier, c’est risquer de distendre le lien, c’est ne plus lui parler « comme un ami parle à son ami »…
Pour lutter contre les doutes épouvantables qui la traversaient, sainte Thérèse avait trouvé une parade : l’eucharistie. « Communie souvent, bien souvent… Voilà le seul remède si tu veux guérir. Jésus n’a pas mis pour rien cet attrait dans ton âme. Vivre d’amour, c’est bannir toute crainte. »
La communion fréquente est le seul remède à toutes formes de doutes obsessionnels et récurrents.

Sophie de Villeneuve, rédactrice en chef de croire.com
« Que faire face aux doutes? » (extraits)
Les cahiers croire, septembre 2015

 

 

 

Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, carm. et docteur de l’Église

jeudi 1 octobre 2015

https://youtu.be/9xrROLHnfYE

 

 

Thérèse Martin naît à Alençon, en France, le 2 janvier 1873. Elle fut baptisée deux jours plus tard en l’église Notre-Dame, recevant les noms de Marie Françoise Thérèse. Ses parents étaient Louis Martin et Zélie Guérin (béatifiés le 19 octobre 2008 à Lisieux). Après la mort de sa mère, le 28 août 1877, Thérèse s’installa avec toute sa famille à Lisieux. Vers la fin de 1879, elle s’approche pour la première fois du sacrement de la Pénitence.

Le jour de la Pentecôte 1883, elle reçoit la grâce insigne de la guérison d’une grave maladie, par l’intercession de Notre-Dame des Victoires. Formée par les Bénédictines de Lisieux, elle fait sa première communion le 8 mai 1884, après une préparation intense, couronnée par une expérience très vive de la grâce de l’union intime avec le Christ. Quelques semaines après, le 14 juin de la même année, elle reçoit le sacrement de la confirmation, accueillant en toute conscience le don de l’Esprit Saint dans une participation personnelle à la grâce de la Pentecôte. Elle avait le désir d’entrer dans la vie contemplative, comme ses sœurs Pauline et Marie, au Carmel de Lisieux, mais son jeune âge l’en empêchait.

Pendant un voyage en Italie, après avoir visité la Maison de Lorette et la Ville éternelle, au cours de l’audience accordée par le Pape aux pèlerins du diocèse de Lisieux le 20 novembre 1887, elle demanda à Léon XIII (Vincenzo Pecci, 1878-1903), avec une audace filiale, de pouvoir entrer au Carmel à l’âge de quinze ans. Le 9 avril 1888, elle entra au Carmel de Lisieux. Elle prit l’habit le 10 janvier de l’année suivante et fit sa profession religieuse le 8 septembre 1890, en la fête de la Nativité de la Vierge Marie.

Au Carmel, elle s’engage sur le chemin de perfection tracé par la Mère fondatrice, Thérèse de Jésus, avec une ferveur et une fidélité authentiques, par l’accomplissement des divers services communautaires qui lui sont confiés. Éclairée par la Parole de Dieu, éprouvée très vivement par la maladie de son père bien-aimé, Louis Martin, qui meurt le 29 juillet 1894, elle avance vers la sainteté, inspirée par la lecture de l’Évangile, plaçant au centre de tout l’amour.

Dans ses manuscrits autobiographiques, Thérèse nous a laissé non seulement les souvenirs de son enfance et de son adolescence, mais aussi le portrait de son âme, la description de ses expériences les plus intimes. Elle découvre et communique aux novices qui lui sont confiées la petite voie de l’enfance spirituelle ; elle reçoit comme un don spécial la charge d’accompagner par le sacrifice et la prière deux «frères missionnaires». Elle pénètre toujours plus le mystère de l’Église et sent croître en elle sa vocation apostolique et missionnaire, pour attirer tout le monde à sa suite, saisie par l’amour du Christ, son unique Époux.

thereseLe 9 juin 1895, en la fête de la Très Sainte Trinité, elle s’offre en victime d’holocauste à l’Amour miséricordieux de Dieu. Elle rédige alors le premier manuscrit autobiographique qu’elle remet à Mère Agnès le jour de la fête de celle-ci, le 21 janvier 1896. Quelques mois après, le 3 avril, dans la nuit entre le jeudi et le vendredi saints, elle souffre d’une hémoptysie, première manifestation de la maladie qui la conduira à sa mort et qu’elle accueille comme une mystérieuse visite de l’Époux divin. Elle entre alors dans une épreuve de la foi qui durera jusqu’à sa mort et dont elle donnera un témoignage bouleversant dans ses écrits. Au mois de septembre, elle achève le manuscrit B qui illustre de manière impressionnante la maturité dans la sainteté à laquelle elle est parvenue, en particulier par la découverte de sa vocation au cœur de l’Église.

Alors que sa santé se dégrade et que le temps de l’épreuve se poursuit, elle commence au mois de juin le manuscrit C dédié à Mère Marie de Gonzague ; de nouvelles grâces l’amènent à une plus haute perfection et elle découvre de nouvelles lumières pour la diffusion de son message dans l’Église au profit des âmes qui suivront sa voie. Le 8 juillet, elle est transférée à l’infirmerie. Ses sœurs et d’autres religieuses recueillent ses paroles, tandis que s’intensifient ses souffrances et ses épreuves, supportées avec patience, jusqu’à sa mort dans l’après-midi du 30 septembre 1897. «Je ne meurs pas, j’entre dans la vie», avait-elle écrit à son frère spirituel missionnaire, l’Abbé M. Bellier. Ses dernières paroles, «Mon Dieu…, je vous aime !», scellent une existence qui s’éteint sur la terre à l’âge de vingt-quatre ans pour entrer, suivant son désir, dans une phase nouvelle de présence apostolique en faveur des âmes, dans la communion des saints, pour répandre une pluie de roses sur le monde.

Elle fut canonisée par Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939) le 17 mai 1925 et ce même Pape la proclama « Patronne universelle des missions », ainsi que St François Xavier, le 14 décembre 1927.
Sa doctrine et son exemple de sainteté ont été reçus par toutes les catégories de fidèles de ce siècle avec un grand enthousiasme, et aussi en dehors de l’Église catholique et du christianisme. De nombreuses Conférences épiscopales, à l’occasion du centenaire de sa mort, ont demandé au Pape qu’elle soit proclamée Docteur de l’Église, à cause de la solidité de sa sagesse spirituelle, inspirée par l’Évangile, à cause de l’originalité de ses intuitions théologiques où brille sa doctrine éminente, et à cause de l’universalité de la réception de son message spirituel, accueilli dans le monde entier et diffusé par la traduction de ses œuvres dans une cinquantaine de langues.

Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojty?a, 1978-2005) proclama Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face Docteur de l’Église universelle le 19 octobre 1997.

Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>> Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

Source principale : vatican.va («Rév. x gpm»).

Plus riches

jeudi 30 juillet 2015

 

A propos de la Sainte Vierge il faut que je te confie une de mes simplicités avec elle; parfois je me surprends à lui dire : « Mais ma bonne Sainte Vierge, je trouve que je suis plus heureuse que vous, car je vous ai pour Mère, et vous, vous n’avez pas de Sainte Vierge à aimer…
Il est vrai que vous êtes la Mère de Jésus mais ce Jésus vous nous l’avez donné tout entier…et lui sur la croix, il vous a donnés à nous pour Mère. Ainsi nous sommes plus riches que vous puisque nous possédons Jésus et que vous êtes à nous aussi . » ( L.T. 137 ).

Ste Thérèse

 

 

 

 

Neuvaine à Ste Thérèse

samedi 10 janvier 2015

 

 

audio

 

Ecouter la prière à Ste Thérèse au format MP3

 

 

 

 

« Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut pas être mon disciple. »

mercredi 5 novembre 2014

ste_th10Ma sœur chérie, comment pouvez-vous me demander s’il vous est possible d’aimer le Bon Dieu comme je l’aime ?… Mes désirs du martyre ne sont rien, ce ne sont pas eux qui me donnent la confiance illimitée que je sens en mon cœur. Ce sont, à vrai dire, les richesses spirituelles qui rendent injuste, lorsqu’on s’y repose avec complaisance et que l’on croit qu’ils [sic] sont quelque chose de grand… Je sens bien que…ce qui plaît au Bon Dieu dans ma petite âme c’est de me voir aimer ma petitesse et ma pauvreté, c’est l’espérance aveugle que j’ai en sa miséricorde. Voilà mon seul trésor…

Ô ma sœur chérie…, comprenez que pour aimer Jésus…plus on est faible, sans désirs, ni vertus, plus on est propre aux opérations de cet Amour consumant et transformant. Le seul désir d’être victime suffit, mais il faut consentir à rester pauvre et sans force, et voilà le difficile car « Le véritable pauvre d’esprit, où le trouver ? Il faut le chercher bien loin », a dit le psalmiste. Il ne dit pas qu’il faut le chercher parmi les grandes âmes, mais « bien loin », c’est-à-dire dans la bassesse, dans le néant.

Restons donc bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d’esprit et Jésus viendra nous chercher ; si loin que nous soyons il nous transformera en flammes d’amour. Oh, que je voudrais pouvoir vous faire comprendre ce que je sens ! C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour. La crainte ne conduit-elle pas à la Justice ? (À la justice sévère telle qu’on la représente aux pécheurs mais pas de cette justice que Jésus aura pour ceux qui l’aiment.) Puisque nous voyons la voie, courons ensemble. Oui, je le sens, Jésus veut nous faire les mêmes grâces, il veut nous donner gratuitement son Ciel.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Lettre 197 du 17/09/1896 (OC, Cerf DDB 1996, p. 552)

 

 

 

Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, carm. et docteur de l’Église

mercredi 1 octobre 2014

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Une semaine de prière avec la petite Thérèse

jeudi 25 septembre 2014
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Du 25 septembre au 1er octobre, le sanctuaire Sainte-Thérèse (Paris 16) et les Orphelins Apprentis d’Auteuil vous invitent à prier avec sainte Thérèse pour tous les jeunes en difficulté.
Cela tombe durant la neuvaine pour Ardouane consacrée à Thérèse.
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La petite sœur du « tout est grâce », qui a tant charmé Bernanos, accomplit dans le réel quotidien de la vie cette aspiration fondamentale que nous retrouvons au plus profond de l’âme: le désir d’aimer au-delà des frontières et des religions. Thérèse reste toujours vivante par ses écrits. On pourrait résumer sa spiritualité par dix attitudes intérieures qui sont autant de verbes d’action:

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Désirer aimer Jésus.
Supporter avec douceur nos imperfections.
Espérer en la miséricorde divine.
Grandir en petitesse.
Choisir la petite voie de la sainteté.
Revenir sans cesse à l’Évangile.
Tout faire par amour.
Nous abandonner à Dieu dans la prière.
Étancher la soif de Jésus.
Nous unir à Jésus dans la souffrance.
On peut également définir Thérèse de Lisieux par ces mots: authenticité, enfance, simplicité, confiance, espérance, abandon et miséricorde.
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Sa vie toute simple est criante d’authenticité. On se retrouve en face d’un témoin qui parle d’expérience avec une grande liberté. Elle a su garder son âme d’enfant. Tout est si simple avec elle. Il s’agit d’accueillir l’instant comme un don et d’y être totalement présent. Dans un monde en proie à tant de peurs, la jeune sainte ne cesse de nous exhorter à tout miser sur la confiance en soi, en les autres et en Dieu.
Solidaire de notre humanité, Thérèse insuffle une joyeuse espérance là où il y a toutes les raisons de s’affliger. Mais l’espérance en quoi? En la miséricorde divine, cet amour qui s’abaisse pour nous élever. Plus qu’un lâcher-prise, Thérèse s’abandonne avec ses imperfections dans le brasier de l’amour miséricordieux. Elle invite à résister au mal par cette faculté de s’en remettre en toute confiance à l’amour gratuit de Dieu manifesté en Jésus, ce nom qui est son ciel ici-bas, son amour consumant et transformant.
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jacquesgauthier.com
Présence de Thérèse de Lisieux (extrait du message 23/09/2014)

« Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi. »

jeudi 5 juin 2014

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Je voudrais pouvoir vous dire, ô mon Dieu : « Je vous ai glorifié sur la terre ; j’ai accompli l’œuvre que vous m’avez donnée à faire ; j’ai fait connaître votre nom à ceux que vous m’avez donnés… Mon Père, je souhaite qu’où je serai, ceux que vous m’avez donnés y soient avec moi, et que le monde connaisse que vous les avez aimés comme vous m’avez aimée moi-même » (Jn 17,4s). Oui, Seigneur, voilà ce que je voudrais répéter après vous, avant de m’envoler en vos bras. C’est peut-être de la témérité ? Mais non, depuis longtemps vous m’avez permis d’être audacieuse avec vous. Comme le père de l’enfant prodigue parlant à son fils aîné, vous m’avez dit : « Tout ce qui est à moi est à toi » (Lc 15,31). Vos paroles, ô Jésus, sont donc à moi et je puis m’en servir pour attirer sur les âmes qui me sont unies les faveurs du Père Céleste…

Votre amour m’a prévenue dès mon enfance, il a grandi avec moi, et maintenant c’est un abîme dont je ne puis sonder la profondeur. L’amour attire l’amour ; aussi, mon Jésus, le mien s’élance vers vous, il voudrait combler l’abîme qui l’attire, mais hélas, ce n’est pas même une goutte de rosée perdue dans l’océan ! Pour vous aimer comme vous m’aimez, il me faut emprunter votre propre amour, alors seulement je trouve le repos. Ô mon Jésus, c’est peut-être une illusion, mais il me semble que vous ne pouvez combler une âme de plus d’amour que vous n’en avez comblé la mienne ; c’est pour cela que j’ose vous demander d’aimer ceux que vous m’avez donnés comme vous m’avez aimée moi-même. Un jour, au ciel, si je découvre que vous les aimez plus que moi, je m’en réjouirai, reconnaissant dès maintenant que ces âmes méritent votre amour bien plus que la mienne ; mais ici-bas, je ne puis concevoir une plus grande immensité d’amour que celle qu’il vous a plu de me prodiguer gratuitement sans aucun mérite de ma part.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Manuscrit autobiographique C, 34-35