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Ressusciter dans la chair

4 avril 2024

Voici que j’entends parler de la résurrection et je m’interroge sur le devenir de cette résurrection. Je crois, en effet, que je suis destiné à ressusciter, mais je veux qu’on me dise quel être je serai. Il faut que je sache si je ressusciterai en un autre corps, subtil peut-être, je veux dire aérien, ou bien en celui dans lequel je mourrai. Or si je ressuscite en un corps aérien, ce ne sera plus moi qui ressusciterai. Comment peut-il y avoir véritable résurrection, si ma chair ne peut pas être une vraie chair ? La raison nous suggère donc clairement que, s’il n’y a pas chair véritable, il n’y aura évidemment pas résurrection véritable. Non, on n’est pas en droit de parler de résurrection du moment que ne ressuscite pas ce qui a succombé.

Eh bien, dissipe, bienheureux Job, les brouillards de notre doute, et puisque, par la grâce qui t’est venue du Saint-Esprit, tu as commencé à nous parler de l’espérance en notre résurrection, montre-nous clairement si c’est notre chair qui doit véritablement ressusciter. Le texte dit : « Je serai de nouveau revêtu de ma peau. » (Jb 19,26 Vg) De ma peau, le mot nous ôte tout doute sur une résurrection véritable, car il n’est pas vrai que, (…) dans la gloire de la résurrection, notre corps doive être impalpable, plus subtil que le vent et que l’air. Dans cette gloire de la résurrection, en effet, sans doute notre corps sera-t-il subtil par la manifestation de son pouvoir spirituel, mais il sera palpable par la vérité de sa nature.

Voilà pourquoi notre Rédempteur aussi a montré à ses disciples, qui doutaient de sa résurrection, ses mains et son côté, et leur a offert de palper ses os et sa chair : « Palpez et voyez, leur dit-il, car un esprit n’a ni chair, ni os, comme vous voyez que j’en ai. » (Lc 24,39)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Trouve ton réconfort dans le partage du pain

3 avril 2024

Quand le Seigneur a-t-il voulu se manifester ? « À la fraction du pain » (Lc 24,35). Nous pouvons en être sûrs : en partageant le pain, nous reconnaissons le Seigneur. Il n’a voulu être reconnu qu’à ce moment à cause de nous qui ne le verrions pas dans la chair et mangerions pourtant sa chair. Qui que tu sois, croyant qui ne portes pas en vain le nom de chrétien et qui n’entres pas pour rien à l’église, toi qui écoutes avec crainte et espérance la Parole de Dieu, trouve ton réconfort dans le partage du pain.

L’absence du Seigneur n’est pas une absence. Crois seulement, et celui que tu ne vois pas est avec toi. Quand Jésus leur parlait, les disciples n’avaient pas la foi ; et parce qu’ils ne le croyaient pas ressuscité, eux-mêmes n’espéraient pas pouvoir revivre. Ils avaient perdu la foi ; ils avaient perdu l’espérance. Morts, ils marchaient avec un vivant ; morts, ils marchaient avec la Vie. La Vie marchait avec eux, mais leurs cœurs n’étaient pas encore revenus à la vie.

Et toi, si tu veux la vie, fais ce qu’ils ont fait, et tu reconnaîtras le Seigneur. Ils ont reçu l’étranger : le Seigneur était comme un voyageur qui va au loin, mais ils ont su le retenir. « Lorsqu’ils arrivèrent à destination, ils lui dirent : “Reste ici avec nous, car le soir approche” » (Lc 24,29). Retiens l’étranger, si tu veux reconnaître le Sauveur. Ce que le doute avait fait perdre, l’hospitalité l’a rendu. Le Seigneur a manifesté sa présence au partage du pain.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Le mardi de Pâques

2 avril 2024

« Marie », je te reconnais par ton nom ; apprends à me connaître par la foi. « Rabbouni, dit-elle, c’est-à-dire Maître », apprends-moi à te chercher, apprends-moi à te toucher. « Ne me touche pas, répond Jésus, car je ne suis pas encore monté vers mon Père » (Jn 20,16-17) : tu ne crois pas encore que je suis égal, coéternel et consubstantiel au Père. Crois-le, et tu m’auras touché.

Ta vue s’arrête à l’homme, aussi tu ne crois pas, car on ne croit pas ce qu’on voit. Tu ne vois pas Dieu ; crois et tu verras. Par ta foi, tu me toucheras, comme cette femme qui toucha la frange de mon manteau et fut subitement guérie (cf. Mt 9,20-22). Pourquoi ? Parce qu’elle m’a touché par sa foi. Touche-moi de cette main-là, cherche-moi de ces yeux-là, cours vers moi avec ces jambes-là.

Je ne suis pas loin de toi ; je suis le Dieu tout proche (cf. Dt 4,7), parole dans ta bouche et dans ton cœur. Et quoi de plus proche de l’homme que son cœur ? C’est là, tout à l’intérieur, que m’ont découvert tous ceux qui m’ont trouvé. Car ce qui est dehors ne concerne que la vue. Mes œuvres sont réelles, et cependant demeurent fragiles et passagères ; tandis que moi, leur Créateur, j’habite au plus profond des cœurs purs.

Homélie monastique anonyme du 13e siècle

 

 

 

Le lundi de Pâques

1 avril 2024

« Voici que Jésus vint à leur rencontre et dit : “Salut” (Réjouissez-vous), et celles-ci s’avançant saisirent ses pieds » (Mt 28,9). Elle le saisirent pour que soit accomplie cette parole : « Je le saisirai et ne le lâcherai pas » (Ct 3,4). Faibles sans doute étaient physiquement les femmes, mais viril était leur courage. L’abondance des eaux ne put éteindre leur amour, ni les fleuves l’engloutir. Mort était celui qu’elles cherchaient, mais leur espérance de la résurrection n’était pas éteinte.

Et l’ange s’adressant encore à elles : « Ne craignez pas » (Mt 28,5), vous autres. Ce n’est pas aux soldats, c’est à vous que je dis ce « ne craignez pas ». Eux, qu’ils craignent pour qu’instruits par l’expérience, ils soient témoins et disent : « Vraiment c’était le Fils de Dieu » (Mt 27, 54). Vous, au contraire, il ne faut pas craindre, car « le parfait amour jette la crainte dehors » (1Jn 4,18).

« Allez dire à ses disciples qu’il est ressuscité » (Mt 28,7). Celles-ci s’en vont dans une crainte mêlée de joie. Cela encore n’est-il pas écrit ? Eh bien oui, le Psaume deuxième, racontant la passion du Christ dit ceci : « Servez le Seigneur dans la crainte et devant lui exultez en tremblant » (Ps 2,11.12). « Exultez » de ce que le Seigneur est ressuscité, mais « en tremblant » de ce que la terre a tremblé et de ce que l’ange vous est apparu comme l’éclair.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Réjouissez-vous, le Christ est ressuscité du tombeau !

31 mars 2024

Écoute, Adam, et réjouis-toi avec Ève, car celui qui vous avait jadis dépouillés tous deux et par sa tromperie vous avait faits captifs, sur la Croix du Christ a été réduit à l’impuissance.

Aujourd’hui, ô Christ, tu as aboli par ta puissance l’empire de la mort et tu as délivré, Donateur de vie, les âmes des hommes, grâce à ta résurrection, toi notre Sauveur.

Comme la multitude des anges dans le ciel, ainsi le genre humain sur terre fête la toute sainte Résurrection de ta bonté, Seigneur.

Aujourd’hui le Christ est ressuscité du tombeau, dont il fait jaillir l’incorruptibilité pour tous les mortels, et dans sa miséricorde il inaugure avec les Porteuses de parfum la joie de la Résurrection.

Réveille-nous de la tombe du péché, nous qu’une foule de passions avait mis à mort, Sauveur, qui par ta résurrection as détruit la tyrannie de la Mort, vrai Ami de l’homme.

Réjouissez-vous, sages Porteuses de parfum, Femmes qui les premières avez vu la résurrection du Christ et avez annoncé à ses apôtres la résurrection du monde entier.

Je t’adore, Père sans commencement qui es vie, j’adore avec toi ton Fils Éternel qui est vie, vie et source vive est l’Esprit Saint : je glorifie l’unique Vie véritable.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

 

Le samedi saint (Veillée Pascale)

30 mars 2024

« Prodige effrayant, comment la tombe te retient-elle, mon enfant, toi que les limites du monde ne contiennent pas ? », demandait la Vierge, « la lumière de mes yeux s’obscurcit, je ne comprends pas comment, Soleil sans couchant, je peux te voir disparaître sous la terre ! » (…)

Le soleil se revêtait de ténèbres en te voyant, toi l’Un de la Trinité, cacher tes rayons sous la terre et dépouiller les cavernes de l’Enfer, rachetant de vive force le condamné aux fers et lui remettant sa peine.

Accourez toutes, âmes des fidèles qui vous hâtez vers le tombeau avec des parfums, car voici qu’éclate la bonne nouvelle de la joie et de l’allégresse : le Christ Sauveur est ressuscité avec puissance, délivrant de la corruption tous les enchaînés.

Rejetant toute la tristesse qui nous étreint, allons résolument former des chœurs pour la résurrection du Christ, clamons nous aussi à pleine voix son salut « Réjouissez-vous ! » et prenons-le pour nous-mêmes dans une pensée de foi, car voici qu’il est ressuscité, emplissant l’univers de joie.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

 

Message du 28 mars 2024

29 mars 2024

 

Message reçu le 28 mars 2024 (Jeudi Saint) à 15h avant le chapelet

 

Mes enfants,

Ma parole est lumière,

ma parole est Amour et Paix,

ma parole est un feu qui embrase le monde, qui doit réchauffer vos cœurs.

Mes enfants, la Croix de mon Fils est dressée de nouveau sur votre humanité enténébrée par le malin, enténébrée par votre aveuglement et votre surdité aux cris d’Amour et de Miséricorde de votre Rédempteur, à Son Sacrifice.

Comprenez-vous la vraie portée de ce don ? Comprenez-vous sa valeur ?

Mes enfants,

J’accompagne mon Fils sur ce chemin de douleurs et mon cœur saigne de votre si faible écoute, de votre si fragile engagement. Mon cœur de mère se consume d’amour pour Celui qui a donné Sa vie et pour mes enfants qui se détournent, renient, se moquent, négligent ou ignorent ce don suprême.

Hâtez-vous mes enfants !

Le voile du temple se déchire, la terre tremble, l’obscurité recouvre votre monde.

Il est temps d’ouvrir les portes de ma maison.

Mes enfants, mon Fils a tant aimé ce monde qu’Il a offert librement Sa vie.

Pouvez-vous m’offrir vous aussi un peu de votre temps, offrir un peu de temps à votre frère ?

Je suis Marie Mère des hommes et Mère de douleurs.

 

 

Le vendredi saint : Célébration de la Passion du Seigneur

29 mars 2024

Cette mort dont le genre humain fut frappé pour avoir mangé du fruit de l’arbre, aujourd’hui, par la croix, a été réduite à l’impuissance : en effet, la malédiction que toute notre race avait héritée de notre aïeule a été effacée grâce au Rejeton de la très pure Mère de Dieu, de celle que toutes les Puissances des cieux magnifient.

C’est par ton essence humaine que tu souffrais, à la façon d’un homme, ta Passion, non en ta nature divine, Seigneur, car, impossible par ta divinité, c’est dans la chair assumée que tu as supporté toutes tes souffrances : aussi en l’une et l’autre essence, Seigneur, nous te magnifions.

Dans un dessein de miséricorde le Maître, pour moi, s’anéantit et endure les souffrances de la chair, comblant mon néant ; par sa divinité il fait, de sa Passion, jaillir pour moi l’impassibilité et il couronne d’honneur mon déshonneur, lui que toutes les Puissances des cieux magnifient.

Par ta divine condescendance, Seigneur, l’Hadès a été réduit en captivité et les morts ont bondi hors des tombes ; car c’est toi qui est maintenant la Vie véritable, celle qui met fin au règne de la Mort et à la puissance de l’Hadès, toi que toutes les Puissances des cieux magnifient.

Même si tu as été déposé dans le tombeau comme un corps inanimé, en vertu de ta divinité, Maître, jusque parmi les morts tu t’es montré libre et, avec toi, de la corruption de l’Hadès tu as fait ressusciter le premier homme et toute sa race, grâce à ton adorable résurrection : c’est pourquoi avec les anges, toi l’Unique, le Sauveur, nous te magnifions. (…)

Toi qui as enfanté, Toute Sainte, le Verbe éternel devenu homme d’une façon extraordinaire en ton sein, celui qui par son sang précieux a recréé le monde et qui l’illumine lorsque la croix est exaltée, maintenant toutes les puissances des cieux te magnifient.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

 

Le jeudi saint

28 mars 2024

Il faut vous dire un mot de ce que l’on entend par le mot de saint sacrifice de la messe. Vous savez que le saint sacrifice de la messe est le même que celui de la croix, qui a été offert une fois sur le Calvaire. Toute la différence qu’il y a, c’est que, quand Jésus-Christ s’est offert sur le Calvaire, ce sacrifice était visible (…). Mais, à la sainte messe, Jésus-Christ s’offre à son Père d’une manière invisible ; c’est-à-dire, que nous ne voyons que des yeux de l’âme et non de ceux du corps.

Voilà, mes frères, en abrégé, ce que c’est que le saint sacrifice de la messe. Mais, pour vous donner une idée de la grandeur du mérite de la sainte messe, mes frères, il me suffit de vous dire que la sainte messe réjouit toute la cour céleste, soulage toutes les pauvres âmes du purgatoire, attire sur la terre toutes sortes de bénédictions, et rend plus de gloire à Dieu que toutes les souffrances de tous les martyrs, que les pénitences de tous les solitaires, que toutes les larmes qu’il ont répandues depuis le commencement du monde et que tout ce qu’ils feront jusqu’à la fin des siècles.

Si vous m’en demandez la raison, c’est tout clair : toutes ces actions sont faites par des pécheurs plus ou moins coupables ; tandis que dans le saint sacrifice de la messe, c’est un Homme-Dieu égal à son Père qui lui offre le mérite de sa mort et passion. Vous voyez, d’après cela, mes frères, que la sainte messe est d’un prix infini.

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

 

 

Le mercredi saint

27 mars 2024

Voyez de quelle compassion le Christ a fait preuve à l’égard de Judas, l’homme qui a reçu tant d’amour et pourtant a trahi son propre Maître, ce Maître qui a gardé un silence sacré sans le trahir auprès de ses compagnons. Jésus, en effet, aurait pu facilement parler ouvertement et dire aux autres les intentions cachées de Judas et ses agissements ; mais non. Il a préféré faire preuve de miséricorde et de charité ; au lieu de le condamner, il l’a appelé ami (Mt 26,50). Si seulement Judas avait regardé Jésus dans les yeux comme Pierre l’a fait (Lc 22,61), Judas aurait été l’ami de la miséricorde de Dieu. Jésus a toujours éprouvé de la miséricorde.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)