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Archive pour décembre 2021

Dieu désire immensément se donner à nous

vendredi 31 décembre 2021

Une des plus grandes révélations que Notre-Seigneur nous a faites par son Incarnation est celle du désir immense que Dieu éprouve de se communiquer lui-même à nos âmes pour être leur béatitude. Dieu aurait pu demeurer toute l’éternité dans la solitude féconde de sa divinité une et trine ; il n’a nul besoin de la créature, car rien ne manque à celui qui, seul, est la plénitude de l’Être et la cause première de toutes choses : « Je n’ai pas d’autre bonheur que toi » (Ps 15,2). Mais ayant décrété, dans la liberté absolue et immuable de sa volonté souveraine, de se donner à nous, le désir qu’il a de réaliser cette volonté est infini. Nous serions parfois tentés de croire que Dieu peut être « indifférent » ; que son désir de se communiquer est vague, sans efficacité ; mais ce sont là des conceptions humaines, images de la faiblesse de notre nature, trop souvent instable et impuissante. (…)

En ceci, comme en tout ce qui touche notre vie surnaturelle, nous devons nous laisser guider non par notre imagination, mais par la lumière de la Révélation. C’est Dieu lui-même que nous devons écouter quand nous voulons connaître la vie divine ; c’est vers le Christ que nous devons nous tourner, vers le Fils bien-aimé qui est toujours « dans le sein du Père » (Jn 1,18), et qui nous a révélé lui-même les secrets divins. Que nous dit-il ? Que « Dieu a tellement aimé les hommes qu’il leur a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Et pourquoi l’a-t-il donné ? Pour qu’il fût notre justice, notre rédemption, notre sainteté. (…) Parce que Dieu nous aime, il désire d’un amour sans limites et d’une volonté efficace se donner à nous.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

Hâtons-nous de nous attacher à Dieu, qui est descendu sur terre pour notre salut !

jeudi 30 décembre 2021

Hâtons-nous donc, frères, hâtons-nous avant le terme de nous attacher à Dieu, le Créateur de tout, qui est descendu sur terre pour nous malheureux, qui a incliné les cieux et s’est caché des anges, qui a habité dans le sein de la Vierge sainte, qui d’elle a pris chair, sans mutation, d’une façon ineffable, et qui en est sorti pour notre salut à tous.

Or notre salut n’est rien d’autre que ceci, – non que nous parlions de nous-mêmes mais c’est la bouche de Dieu qui a manifesté la grande lumière du siècle à venir – : le Royaume des Cieux est descendu sur terre, ou plutôt le Roi souverain des êtres d’en haut et des êtres d’en bas est venu, il a voulu nous devenir semblable afin que nous entrions en partage du Royaume des cieux, qu’en même temps nous ayons part à sa gloire et soyons héritiers des biens éternels que nul n’a jamais vus. Ces biens qui ne sont autres – c’est ma conviction, c’est ma foi que j’affirme ‒ que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, Trinité sainte : voilà la source des biens, voilà la vie de tout ce qui existe, voilà la joie inexprimable et le salut de tous ceux qui reçoivent quelque chose de son ineffable illumination et ont conscience d’être en communion avec lui.

Écoutez : la raison pour laquelle il est appelé Sauveur, c’est qu’à tous ceux à qui il s’unit, il procure le salut ; or le salut c’est d’être délivré de tous les maux et de trouver du même coup tous les biens pour toujours : la vie au lieu de la mort, la lumière au lieu des ténèbres et, au lieu de l’esclavage des passions et des actions infâmes, la liberté totale accordée à tous ceux qui se sont unis au Christ, Sauveur de tous les êtres : alors ils posséderont, sans plus pouvoir la perdre, toute joie, toute allégresse, toute béatitude (…) que nul jamais ne connaîtra, ne concevra ou ne verra s’il n’est sincèrement et ardemment attaché au Christ.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

 

 

« Syméon les bénit. »

mercredi 29 décembre 2021

Les mages, qui savent lire les signes des astres, ont reconnu dans les bras de la Vierge le Créateur des hommes ; ils ont adoré leur Maître, qui a pris la condition d’esclave (Ph 2,7). En lui offrant leurs présents, ils chantent à la Toute-Bénie :

Réjouis-toi, mère de la Lumière sans déclin
Réjouis-toi, reflet de la clarté de Dieu
Réjouis-toi, en qui s’éteint la brûlure du mensonge
Réjouis-toi, flambeau qui nous montre la Trinité

Réjouis-toi, car tu as chassé le tyran de son royaume
Réjouis-toi, tu nous montres le Christ Seigneur, Ami des hommes (Sg 1,6)
Réjouis-toi, en qui les idoles païennes sont renversées
Réjouis-toi, tu nous donnes d’être libérés de nos œuvres du néant

Réjouis-toi, en qui s’éteint le culte du feu païen
Réjouis-toi, en qui nous sommes affranchis du feu des passions
Réjouis-toi, tu conduis les croyants vers le Christ, Sagesse de Dieu (1Co 1,24)
Réjouis-toi, allégresse de toutes les générations

Réjouis-toi, Épouse inépousée…

Quand Syméon était sur le point de quitter ce monde, toi Seigneur, tu lui as été présenté comme un petit enfant. Mais il a reconnu en toi la perfection de la divinité, et plein d’admiration pour toi, qui n’as pas de fin, il s’est écrié : « Alléluia, alléluia, alléluia ! »…

Sans cesser d’être Dieu, le Verbe que rien ne peut contenir a pris chair dans notre condition humaine. Sans quitter les réalités d’en haut, il est venu habiter le monde d’en bas, descendant tout entier dans le sein d’une Vierge digne d’acclamation :

Réjouis-toi, temple du Dieu de toute immensité
Réjouis-toi, porche du mystère caché depuis les siècles
Réjouis-toi, incroyable nouvelle pour les incroyants
Réjouis-toi, Bonne Nouvelle pour les croyants

Réjouis-toi, char de celui qui siège sur les Chérubins (Ps 79,2)
Réjouis-toi, trône de celui qui surpasse les Séraphins (cf Is 6,2)
Réjouis-toi, en qui les contraires sont conduits à l’unité
Réjouis-toi, en qui se joignent la virginité et la maternité

Réjouis-toi, en qui la transgression reçoit le pardon
Réjouis-toi, en qui le Paradis s’ouvre à nouveau
Réjouis-toi, clef du Royaume du Christ et porte du ciel
Réjouis-toi, espérance des biens éternels

Réjouis-toi, Épouse inépousée

Tous les anges dans le ciel ont été frappés de stupeur devant ton Incarnation, Seigneur, car toi le Dieu que les hommes n’ont jamais vu, tu t’es rendu visible aux mortels et tu as demeuré parmi nous (Jn 1,18.14). Tous nous t’acclamons : « Alléluia, alléluia, alléluia ! »

Liturgie byzantine

 

 

Fête des saints Innocents, martyrs

mardi 28 décembre 2021

Pourquoi crains-tu, Hérode, d’entendre qu’un roi est né ? Il n’est pas venu pour te détrôner mais pour vaincre le démon. Mais toi, tu ne le comprends pas, et tu prends peur et tu entres en fureur. Pour perdre le seul enfant que tu recherches, tu deviens le cruel assassin d’un grand nombre. Ni l’amour des mères en larmes, ni le deuil des pères pleurant leurs fils, ni les cris et les gémissements des enfants ne te retiennent. Tu massacres ces petits dans leurs corps parce que la peur te tue en ton cœur. Et tu penses que, si tu arrives à tes fins, tu pourras vivre longtemps, alors que c’est la Vie elle-même que tu cherches à tuer. Celui qui est la source de la grâce, à la fois petit et grand, qui est couché dans une crèche, fait trembler ton trône. Il réalise son dessein par toi mais à ton insu. Il a reçu les fils de rebelles au nombre de ses enfants d’adoption.

Ces petits sont morts pour le Christ sans le savoir ; leurs parents pleurent la mort de martyrs. Alors qu’ils ne savaient pas encore parler, le Christ les a rendus capables d’être ses témoins. Voilà comment règne ce Roi. Déjà il opère la libération et donne le salut. Mais toi, Hérode, tu ignores tout cela ; tu prends peur et tu entres en fureur. Et quand tu t’irrites contre un petit enfant, tu te mets déjà à son service sans le savoir.

Qu’il est grand le don de la grâce ! Par quels mérites ces enfants ont-ils gagné la victoire ? Ils ne parlent pas encore, et déjà ils confessent le Christ. Leurs corps sont encore incapables d’engager le combat, et déjà ils remportent les palmes de la victoire.

Saint Quodvultdeus

 

 

Bon bout d’an !

lundi 27 décembre 2021

 

 

 

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste

lundi 27 décembre 2021

En proportion de la grâce qui faisait que Jésus l’aimait et qui l’a fait reposer sur la poitrine de Jésus à la Cène (Jn 13,23), Jean a reçu avec abondance [les dons de l’Esprit] l’intelligence et la sagesse (Is 11,2) — l’intelligence pour comprendre les Écritures ; la sagesse pour rédiger ses propres livres avec un art admirable. À vrai dire, il n’a pas reçu ce don dès le moment où il a reposé sur la poitrine du Seigneur, même si par la suite il a pu puiser dans ce cœur « où sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2,3). Lorsqu’il dit qu’en entrant dans le tombeau « il vit et il crut », il reconnaît « qu’ils ne connaissaient pas encore les Écritures, et qu’il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20,9). Comme les autres apôtres, Jean a reçu sa pleine mesure lorsque l’Esprit Saint est venu [à la Pentecôte], lorsque la grâce a été donnée à chacun « selon la mesure du don du Christ » (Ep 4,7). (…)

Le Seigneur Jésus a aimé ce disciple plus que les autres (…), et il lui a ouvert les secrets du ciel (…) pour faire de lui l’écrivain du mystère profond dont l’homme ne peut rien dire par lui-même : le mystère du Verbe, la Parole de Dieu, du Verbe qui s’est fait chair. C’est le fruit de cet amour. Mais, même s’il l’aimait, ce n’est pas à lui que Jésus a dit : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16,18). (…) Tout en aimant tous ses disciples et surtout Pierre d’un amour de l’esprit et de l’âme, notre Seigneur a aimé Jean d’un amour du cœur. (…) Dans l’ordre de l’apostolat, Simon Pierre a reçu la première place et « les clés du Royaume des cieux » (Mt 16,19) ; Jean, lui, a obtenu un autre héritage : l’esprit d’intelligence, « un trésor de joie et d’allégresse » (Si 15,6).

Rupert de Deutz (v. 1075-1130)

 

 

Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

dimanche 26 décembre 2021

En disant à Joseph : « Prends sans crainte avec toi Marie, ta femme » (Mt 1,20), l’ange ne se trompait pas. (…) Le titre de « femme » n’était ni vain, ni mensonger, car cette Vierge faisait le bonheur de son mari, d’une manière d’autant plus parfaite et admirable qu’elle devenait mère sans la participation de ce mari, féconde sans lui, mais fidèle avec lui. C’est à cause de ce mariage authentique qu’ils ont mérité d’être appelés l’un et l’autre « parents du Christ » — non seulement elle, « sa mère », mais lui aussi « son père », en tant qu’époux de sa mère, père et époux selon l’esprit, non selon la chair. Tous les deux — lui seulement par l’esprit, elle jusque dans sa chair — sont parents de son humilité, non de sa noblesse, parents de sa faiblesse, non de sa divinité. Voyez l’Évangile, qui ne saurait mentir : « Sa mère lui a dit : ‘Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi nous te cherchions, angoissés’ ».

Lui, voulant montrer qu’il avait aussi en dehors d’eux un Père qui l’avait engendré sans mère, leur a répondu : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » Et, pour qu’on ne pense pas qu’en parlant ainsi, il reniait ses parents, l’évangéliste ajoute : « Il redescendit avec eux et revint à Nazareth, et il leur demeurait soumis ». (…) Pourquoi se soumettait-il à ceux qui étaient si inférieurs à sa nature divine ? Parce que « s’anéantissant lui-même, il s’était fait une nature de serviteur » (Ph 2 7), selon laquelle ils étaient ses parents. S’ils n’avaient pas été unis par un mariage véritable, bien que sans commerce charnel, ils n’auraient pas pu être appelés tous deux les parents de cette nature de serviteur.

Prenons donc à partir de Joseph la généalogie du Christ : époux dans la chasteté, il est père de la même manière. (…) Il n’a pas, direz-vous, engendré Jésus par l’opération de la nature ? Mais Marie elle-même, l’a-t-elle conçu par l’opération de la nature ? Eh bien : ce que le Saint-Esprit a opéré, il l’a fait pour les deux ensemble. Car Joseph était, nous dit Matthieu (1,19), « un homme juste ». Ils étaient justes, mari et femme. L’Esprit Saint a reposé dans leur commune justice, et leur a donné un fils à tous deux.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Solennité de la Nativité du Seigneur (messe du jour)

samedi 25 décembre 2021

Écoutez, bergers, le son des trompettes ; (…) Le Verbe est enfanté, Dieu est manifesté au monde ! Et vous, filles de rois, entrez dans la joie de la Mère de Dieu (cf Ps 44,10). Peuples, disons : « Béni sois-tu, notre Dieu nouveau-né, gloire à toi ! »

La Vierge, qui ne connaît pas d’homme (Lc 1,34), a mis au monde la joie, la tristesse ancestrale a cessé. Aujourd’hui l’Incréé est enfanté, celui que le monde ne peut contenir entre dans le monde. Aujourd’hui, la joie s’est manifestée aux hommes ; aujourd’hui l’erreur est jetée dans l’abîme. Peuples, disons : « Béni sois-tu, notre Dieu nouveau-né, gloire à toi ! »

Bergers (…), chantez le Maître qui est né à Bethléem (…), celui qui rachète le monde. Voici que la malédiction d’Ève est rompue, grâce à celui qui est né de la Vierge. (…) « Battons des mains avec des acclamations » (Ps 46,2) ; formons un chœur avec les anges. Le Seigneur est né de la Vierge Marie pour « relever ceux qui sont tombés et redresser ceux qui sont abattus » (Ps 144,14), ceux qui crient avec foi : « Béni sois-tu, notre Dieu nouveau-né, gloire à toi ! » (…)

L’auteur de la Loi s’est incarné sous la Loi (Ga 4,4), le Fils intemporel est né de la Vierge, le Créateur de l’univers est couché dans la crèche. Celui que le Père engendre éternellement, sans mère dans les cieux, est né de la Vierge, sans père sur la terre. Peuples, disons : « Béni sois-tu, notre Dieu nouveau-né, gloire à toi ! »

En vérité, la joie vient de naître dans l’étable. Aujourd’hui les chœurs angéliques se réjouissent ; toutes les nations célèbrent la Vierge immaculée ; notre ancêtre Adam danse de joie, car aujourd’hui est né le Sauveur. Peuples, disons : « Béni sois-tu, notre Dieu nouveau-né, gloire à toi ! »

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560)

 

 

 

Nativité du Seigneur Jésus-Christ (messe de la nuit)

vendredi 24 décembre 2021

J’ai vu briller l’étoile lumineuse

J’ai vu briller l’étoile lumineuse
Qui m’indiquait le berceau de mon Roi
Et dans la nuit calme et mystérieuse
Elle semblait s’orienter vers moi.
Puis j’entendis, pleine de charme,
La voix de l’Ange qui me dit :
« Recueille-toi, c’est en ton âme
Que le mystère est accompli.
Jésus, Splendeur du Père,
En toi s’est incarné.
Avec la Vierge Mère
Étreins ton Bien Aimé,
Il est à toi. »

Sainte Élisabeth de la Trinité (1880-1906)

 

 

 

 

« Il parlait et il bénissait Dieu. »

jeudi 23 décembre 2021

Par sa naissance, saint Jean
mit fin au silence de Zacharie :
désormais ne pouvait plus se taire
celui qui engendra la Voix criant dans le désert (Mt 3,3)
et annonçant d’avance la venue du Christ.
Mais comme l’incrédulité à son sujet
avait enchaîné la langue du père tout d’abord,
sa manifestation lui redonne la liberté ;
ainsi fut annoncée, puis enfantée
la Voix du Verbe, le Précurseur de la Clarté,
qui intercède pour nos âmes.

En ce jour la Voix du Verbe délie
la voix paternelle enchaînée par son manque de foi ;
de l’Église elle manifeste la fécondité,
faisant cesser la maternelle stérilité.
Devant la lumière s’avance le chandelier,
du Soleil de justice voici le reflet (Ml 3,20),
le rayon qui annonce sa venue
pour l’universelle restauration
et le salut de nos âmes.

Voici que s’avance, d’un sein stérile,
le Messager du Verbe divin
qui lui-même devait naître d’un sein virginal,
de tous les fils de femme le plus grand (Mt 11,11),
le Prophète qui n’a pas d’égal ;
car les choses divines ont besoin d’un début merveilleux,
que ce soit la fécondité d’un âge avancé (Lc 1,7)
ou que sans semence s’opère la conception.
Dieu qui fais des merveilles pour notre salut, gloire à toi. (…)

Apôtre universel,
objet de l’annonce de Gabriel (Lc 1,36),
rejeton de la Stérile et plus beau fleuron du désert,
ami intime de l’Époux (Jn 3,29),
prophète digne d’acclamation,
prie le Christ de prendre nos âmes en pitié.

Liturgie byzantine