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Archive pour le mot-clef ‘Ste Thérèse d’Avila’

« Si tu veux être parfait. »

lundi 19 août 2019

Ô Jésus ! s’en trouvera-t-il une seule parmi nous pour dire qu’elle ne veut pas aller jusqu’au bout ? (…) Nulle ne le dira, certainement. Toutes nous assurons le vouloir. Mais il faut quelque chose de plus pour que Dieu soit maître absolu d’une âme, et le dire ne suffit pas. Le jeune homme à qui Notre Seigneur demanda s’il voulait être parfait en est la preuve. (…)

Entrez, entrez à l’intérieur de vous, mes filles, dépassez vos petits actes de vertu. Comme chrétiennes, vous êtes tenues à tout cela, et à bien davantage. Contentez-vous d’être les servantes de Dieu, et ne portez pas vos prétentions si haut, que vous risquiez de tout perdre. Considérez les saints qui sont entrés dans la chambre de ce Roi (Ct 1,4), et vous verrez quelle distance nous sépare d’eux. Ne demandez pas ce que vous n’avez pas mérité. Après avoir offensé Dieu comme nous l’avons fait, il ne devrait même pas nous venir à l’esprit que nous pourrons jamais, quels que soient nos services, mériter la faveur accordée aux saints. Ô humilité ! humilité ! (…) Je suis un peu tentée de croire que si certaines personnes s’affligent tant de leurs sécheresses, c’est qu’elles manquent un peu de cette vertu. (…) Éprouvons-nous nous-mêmes, mes sœurs, ou laissons Dieu nous éprouver : il sait bien le faire, quoique souvent nous nous refusions à le comprendre. (…)

Si, au moment où il nous dit ce que nous avons à faire pour être parfaits, nous lui tournons le dos et nous en allons tout tristes, comme le jeune homme de l’Évangile, que voulez-vous qu’il fasse, lui qui doit mesurer la récompense sur l’amour que nous lui portons ? Cet amour, mes filles, ne doit pas être un vain fruit de l’imagination, mais se prouver par les œuvres. Ne vous figurez pas cependant que Dieu ait besoin de nos œuvres ; ce qu’il lui faut, c’est la détermination de notre volonté. (…) C’est même indubitable : si l’on persévère dans ce dépouillement et cet abandon de tout, on obtiendra ce qu’on désire. À une condition cependant, comprenez-le bien, c’est qu’on se considérera comme un serviteur inutile (Lc 12,48).

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

« Reconnaissant la gloire de l’éternelle Trinité, en adorant son unité toute puissante. » (Collecte)

dimanche 16 juin 2019

La vérité sur la très sainte Trinité m’avait été exposée par des théologiens mais je ne l’avais pas comprise comme je le fais à présent, après ce que Dieu m’a montré. (…) Ce qui me fut représenté, ce sont trois Personnes distinctes, que l’on peut considérer et entretenir séparément. Je me suis dit ensuite que le Fils seul s’est incarné, ce qui montre clairement la réalité de cette distinction. Ces Personnes se connaissent, s’aiment et communiquent entre elles. Mais si chaque Personne est distincte, comment disons-nous qu’elles n’ont toutes trois qu’une seule essence ? De fait, c’est là ce que nous croyons ; c’est une vérité absolue, pour laquelle je souffrirais mille fois la mort. Ces trois Personnes n’ont qu’un seul vouloir, un seul pouvoir, une seule souveraineté, de sorte qu’aucune d’elles ne peut rien sans les autres et qu’il n’y a qu’un seul Créateur de tout ce qui est créé. Le Fils pourrait-il créer une fourmi sans le Père ? Non, parce qu’ils n’ont qu’un même pouvoir. Il en est de même du Saint-Esprit.

Ainsi, il n’y a qu’un seul Dieu tout-puissant, et les trois Personnes ne forment qu’une seule Majesté. Quelqu’un pourrait-il aimer le Père, sans aimer le Fils et l’Esprit Saint ? Non, mais celui qui se rend agréable à l’une de ces trois Personnes, se rend agréable à toutes les trois, et celui qui offense l’une d’elles offense les deux autres. Le Père peut-il exister sans le Fils et sans l’Esprit Saint ? Non, parce qu’ils n’ont qu’une même essence, et là où se trouve une des Personnes se trouvent les deux autres, parce qu’elles ne peuvent pas se séparer.

Comment donc voyons-nous trois Personnes distinctes ? Comment le Fils s’est-il incarné, et non le Père ou l’Esprit Saint ? Je ne l’ai pas saisi ; les théologiens le savent. Ce que je sais, c’est que les trois Personnes ont concouru à cette œuvre merveilleuse. Au reste, je ne m’arrête pas longtemps à des questions de ce genre ; mon esprit s’attache aussitôt à cette vérité que Dieu est tout-puissant, que l’ayant ainsi voulu, il l’a pu, et qu’il pourra de même tout ce qu’il voudra. Moins je comprends ces choses, plus je les crois, et plus elles me donnent de dévotion. Dieu soit à jamais béni ! Amen.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

 

Dieu ne conduit pas toutes les âmes par un même chemin.

samedi 8 juin 2019

Dieu ne conduit pas toutes les âmes par un même chemin. Celui qui croit marcher par la voie la plus humble est peut-être le plus élevé aux yeux du Seigneur. Ainsi, parce que dans ce monastère toutes s’adonnent à l’oraison, il ne s’ensuit pas que toutes doivent être contemplatives. C’est impossible, et l’ignorance de cette vérité pourrait jeter dans la désolation celles qui ne le sont pas. (…)

J’ai passé plus de quatorze ans sans même pouvoir méditer, si ce n’est en lisant, et il doit y avoir bien des personnes dans ce cas. D’autres sont impuissantes à méditer, même à l’aide d’un livre. Elles ne sont capables que de prier vocalement : cela les fixe davantage. (…) Il y a bien des personnes semblables. Mais si elles sont humbles, je crois qu’en fin de compte elles ne seront pas les moins bien loties : elles iront de pair avec les âmes inondées de consolations. D’une certaine manière, leur voie est même plus sûre, car nous ignorons si ces consolations viennent de Dieu ou si le démon en est l’auteur…

Ces personnes qui n’ont pas de consolations marchent dans l’humilité, craignant toujours qu’il y ait de leur faute, et elles ont un soin continuel de s’avancer. Si elles voient d’autres verser une larme, aussitôt il leur semble que, si elles n’en répandent pas, c’est le signe qu’elles sont bien en retard dans le service de Dieu, alors que peut-être devancent-elles les autres de beaucoup. En effet, les larmes, quoique bonnes, ne sont pas toutes parfaites, et il y a toujours plus de sécurité dans l’humilité, la mortification, le détachement et les autres vertus. Ainsi ne craignez rien, et dites-vous que vous ne manquerez pas d’arriver à la perfection, aussi bien que les grands contemplatifs.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

 

« Quant à nous, nous croyons. »

samedi 11 mai 2019

Demande qui voudra le pain matériel ! Pour nous, demandons au Père éternel que nous méritions de recevoir notre pain céleste avec des dispositions telles que, si nous n’avons pas la joie de le contempler des yeux du corps, tant il se cache, il se dévoile du moins aux yeux de l’âme et se manifeste à elle. C’est là une tout autre nourriture pleine de joie et de délices ; elle est le soutien de la vie…

Je connais une personne à qui le Seigneur avait donné une foi si vive, que quand elle entendait quelqu’un dire qu’il aurait voulu vivre au temps où le Christ, notre Bien, était en ce monde, elle riait en elle-même. Puisque nous le possédons, se disait-elle, dans le Saint Sacrement aussi véritablement qu’alors, que désirons-nous de plus ? … Elle se considérait à ses pieds ; elle y pleurait en compagnie de Madeleine, absolument comme si elle l’avait vu des yeux du corps dans la maison du pharisien (Lc 7,36s). Alors même qu’elle ne sentait pas de dévotion, la foi lui disait qu’il était vraiment là.

En effet, il faudrait se faire plus stupide qu’on n’est et s’aveugler volontairement pour avoir le moindre doute ici. Ce n’est point là un travail de l’imagination, comme quand nous considérons notre Seigneur sur la croix ou dans une autre circonstance de sa Passion ; nous nous représentons alors la chose en nous-mêmes telle qu’elle s’est passée. Ici, elle a lieu réellement ; c’est une vérité certaine, et il ne faut pas aller chercher notre Seigneur ailleurs, bien loin de nous. Nous le savons, en effet, tant que la matière du pain n’est pas consumée par la chaleur naturelle du corps, le bon Jésus est en nous ; par conséquent, approchons-nous de lui. Quand il était en ce monde, le simple contact de ses vêtements guérissait les malades ; pourquoi douter, si nous avons la foi, qu’il ne fasse encore des miracles, quand il nous est si intimement uni ? Pourquoi ne nous donnerait-il pas ce que nous lui demandons, puisqu’il est dans notre propre maison ?

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

 

Écouter dans le château construit sur le roc

jeudi 28 juin 2018

Quand Dieu nous en accorde la grâce, elle nous aide singulièrement à le chercher en nous-mêmes. En effet, on le trouve mieux et de manière plus profitable en soi que dans les choses créées ; c’est là que saint Augustin l’a trouvé, comme il nous le raconte, après l’avoir cherché en beaucoup d’endroits. N’allez pas croire cependant que vous l’obtiendrez par la simple réflexion, en considérant que Dieu est au-dedans de vous, ou à l’aide de l’imagination, en vous le représentant en vous. Cette méthode est bonne, c’est là une excellente méthode de méditer, elle est fondée sur la vérité, puisque de fait Dieu est au-dedans de nous ; mais il ne s’agit pas de cette façon de faire qui est au pouvoir de chacun, avec le secours de Dieu, bien entendu ! Ce dont je parle est différent : quelquefois on n’a même pas encore commencé à penser à Dieu que déjà on se trouve à l’intérieur de notre « château intérieur » sans savoir comment on y est entré…

Ce recueillement surnaturel n’a pas lieu quand nous le voulons, mais seulement quand il plaît à Dieu de le donner. Je suis persuadée que si le Seigneur l’accorde, c’est à des personnes qui ont renoncé aux choses de ce monde…, du moins dans leurs désirs. Ces gens-là, Dieu les appelle d’une manière toute particulière à la vie intérieure ; s’ils savent correspondre à ses avances, il ne se bornera pas à leur accorder cette grâce, dès lors qu’il commence à les faire monter.

Qu’ils louent le Seigneur grandement, car il n’est que trop juste de reconnaître cette grâce, et leur reconnaissance les dispose à recevoir encore mieux. Car ce recueillement est une disposition à écouter Dieu : l’âme doit donc éviter de discourir pour être attentive à ce que le Seigneur opère en elle… À ce qu’il me semble, dans cette œuvre spirituelle, celui-là fait plus qui est moins porté à penser et à vouloir agir. Ce que nous avons à faire, c’est de nous tenir comme des pauvres très nécessiteux en présence d’un Roi qui est riche et puissant : ils élèvent la voix pour demander, puis ils baissent les yeux et attendent humblement. Quand il nous semble que Dieu, secrètement, nous fait comprendre qu’il nous écoute, il est bon alors de nous taire, dès lors qu’il nous a permis de nous approcher de lui.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l’Église
Le Château intérieur, 4èmes demeures, ch. 3

 

 

« Si tu le veux, tu peux. »

dimanche 11 février 2018
Sainte Therese d'Avila (1515-1582) religieuse et reformatrice monastique ici contemplant le Sacre Coeur de Jesus, alors que son propre coeur est transperce d'une fleche, chromolithographie, vers 1897 --

Sainte Therese d’Avila (1515-1582) religieuse et reformatrice monastique ici contemplant le Sacre Coeur de Jesus, alors que son propre coeur est transperce d’une fleche, chromolithographie, vers 1897 —

 

Mon tendre maître, tu es bien l’ami véritable ! Étant tout-puissant, ce que tu veux, tu le peux. Et jamais tu ne manques de vouloir, envers ceux qui t’aiment. Que tout ce qui est ici-bas te loue, Seigneur ! Comment faire retentir ma voix dans tout l’univers, pour annoncer combien tu es fidèle à tes amis ? Toutes les créatures peuvent nous manquer : toi qui en es le maître, tu ne nous manques jamais.

Que tu laisses souffrir peu de temps ceux qui t’aiment ! Ô mon maître, quelle délicatesse, quelle attention, quelle tendresse tu montres envers eux ! Oui, heureux celui qui n’a jamais rien aimé hors de toi ! Il est vrai, tu traites tes amis avec rigueur, mais c’est, je crois, pour mieux faire éclater dans l’excès de la souffrance, l’excès plus grand encore de ton amour. Mon Dieu, que n’ai-je de l’intelligence, du talent, que n’ai-je un langage nouveau, pour parler de tes œuvres telles que mon âme les conçoit ! Tout me fait défaut, mon Seigneur. Mais pourvu que tu ne m’abandonnes pas, moi je ne t’abandonnerai jamais…

Je sais par expérience avec quels avantages tu fais sortir de l’épreuve ceux qui ne mettent qu’en toi leur confiance. Tandis que j’étais dans [une] affliction amère…, ces seules paroles que j’ai entendues… ont suffi pour dissiper ma peine et me mettre dans une tranquillité parfaite : « Ne crains rien, ma fille ; c’est moi, je ne t’abandonnerai pas. Ne crains rien »… Et voici qu’à ces seules paroles, le calme se fait en moi, je me trouve forte, courageuse, rassurée ; je sens renaître la paix et la lumière. En un instant mon âme est transformée.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l’Église
Vie écrite par elle-même, ch. 25 (trad. OC, Cerf 1995, p. 189 rev.)

 

 

« Tous ceux qui le touchaient étaient sauvés. »

lundi 5 février 2018

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Quand Jésus était en ce monde, le simple contact de ses vêtements guérissait les malades. Pourquoi douter, si nous avons la foi, qu’il ne fasse encore des miracles en notre faveur quand il est si intimement uni à nous dans la communion eucharistique ? Pourquoi ne nous donnera-t-il pas ce que nous lui demandons puisqu’il est dans sa propre maison ? Sa Majesté n’a pas coutume de mal payer l’hospitalité qu’on lui donne en notre âme, si on lui fait bon accueil. Éprouvez-vous de la peine de ne pas contempler notre Seigneur avec les yeux du corps ? Dites-vous que ce n’est pas ce qui vous convient actuellement…

Mais dès que notre Seigneur voit qu’une âme va profiter de sa présence, il se découvre à elle. Elle ne le verra pas, certes, des yeux du corps, mais il se manifestera à elle par de grands sentiments intérieurs ou par bien d’autres moyens. Restez donc avec lui de bon cœur. Ne perdez pas une occasion aussi favorable pour traiter de vos intérêts que l’heure qui suit la communion.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l’Église
Le Chemin de la perfection, ch. 34 (trad. Seuil 1961, p. 201 ; cf OC, Cerf 1995, p. 833)

 

 

Les soucis du monde et les séductions de la richesse étouffent la Parole

dimanche 16 juillet 2017

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Ô Seigneur mon Dieu, tes paroles sont des paroles de vie où tous les mortels trouveront ce qu’ils désirent, pourvu qu’ils acceptent de l’y chercher. Mais quoi d’étonnant, mon Dieu, que nous oubliions tes paroles, frappés comme nous le sommes de folie et de langueur par suite de nos mauvaises actions ? Ô mon Dieu…, auteur de tout ce qui est créé, que serait cette création si tu voulais, Seigneur, créer plus encore ? Tu es tout-puissant, tes œuvres sont incompréhensibles. Fais, Seigneur, que tes paroles ne s’éloignent jamais de ma pensée.

Tu dis : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai » (Mt 11,28). Que voulons-nous de plus, Seigneur ? Que demandons-nous ? Que cherchons-nous ? Pourquoi les gens du monde s’égarent-ils, sinon parce qu’ils sont en quête de bonheur ? Ô Dieu…, quel aveuglement profond ! Nous le cherchons, ce bonheur, là où il est impossible de le trouver.

Ô Créateur, prends pitié de tes créatures ! Vois, nous ne nous comprenons pas nous-mêmes, nous ne savons pas ce que nous désirons, et ce que nous demandons nous échappe. Donne-nous la lumière, Seigneur ! Vois, elle nous est plus nécessaire qu’à l’aveugle né. Lui désirait voir la lumière et ne le pouvait pas, et maintenant, Seigneur, on refuse de voir. Est-il un mal plus incurable ? C’est ici, mon Dieu, qu’éclatera ta puissance, ici que brillera ta miséricorde… Je te prie d’aimer ceux qui ne t’aiment pas, d’ouvrir à ceux qui ne frappent pas, de donner la santé à ceux qui prennent plaisir à être malades… Tu as dit, ô mon Maître, que tu venais chercher les pécheurs (Mt 9,13) ; les voilà, Seigneur ! Et toi, mon Dieu, oublie notre aveuglement, considère uniquement le sang que ton Fils a répandu pour nous. Que ta miséricorde resplendisse au sein d’un tel malheur ; souviens-toi, Seigneur, que nous sommes ton œuvre, et sauve-nous par ta bonté, par ta miséricorde.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l’Église
Exclamations, n° 8 (trad. OC, Cerf 1995, p.881 rev.)

 

 

 

« Quand vous priez, dites : ‘Père’ » (Lc 11,2)

jeudi 22 juin 2017

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« Notre Père qui es aux cieux. » Ô mon Seigneur, comme il se voit bien que tu es le Père d’un tel Fils, et comme ton Fils manifeste bien qu’il est le Fils d’un tel Père ! Sois-en béni à jamais ! Cette phrase n’aurait-elle pas été une aussi grande faveur, Seigneur, si tu l’avais placée à la fin de cette prière ? Or, c’est dès le début que ta libéralité éclate par le don d’un tel bienfait. Notre esprit devrait en être tellement rempli, et notre volonté tellement pénétrée, qu’il nous soit impossible de proférer une parole. Ô mes filles, que ce serait bien ici le lieu de vous parler de la contemplation parfaite ! Comme il serait juste que l’âme rentre au-dedans d’elle-même pour s’élever au-dessus d’elle-même et apprendre du Fils béni où est ce lieu où, selon sa parole, se trouve son Père qui est dans les cieux ! …

Ô Fils de Dieu, doux maître ! Dès cette première parole…, tu t’humilies au point d’unir tes demandes aux nôtres… Ne veux-tu pas que ton Père nous regarde comme ses enfants ? … Dès lors qu’il est notre Père, il doit nous supporter, malgré la gravité de nos offenses. Il doit nous pardonner lorsque nous revenons à lui comme l’enfant prodigue. Il doit nous consoler dans nos épreuves. Il doit nous nourrir, comme il convient à un tel Père, car il est forcément meilleur que tous les pères qui sont ici-bas, puisqu’il possède nécessairement toute perfection ; et, en plus de tout cela, il doit nous rendre participants et cohéritiers de ses richesses avec toi…

Ô mon Jésus, je vois bien que tu as parlé comme un Fils chéri et pour toi et pour nous… Et vous, mes filles, n’est-il donc pas juste maintenant qu’en prononçant du bout des lèvres cette parole : « Notre Père », vous y apportiez toute votre attention pour la comprendre, et que votre cœur se brise de voir un si grand amour ?

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l’Église
Le Chemin de la perfection, ch. 27/29

 

 

Notre Père

 

 

 

 

 

« Le père et moi, nous sommes UN. »

mardi 9 mai 2017

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Le jour de la fête de Saint Augustin, au moment où je venais de communier, j’ai compris, je pourrais presque dire « j’ai vu » — je ne pourrais pas expliquer de quelle manière, je sais seulement que cela se passait dans mon intellect et était très rapide — comment les trois Personnes de la sainte Trinité, que je porte gravées dans mon âme, sont une même chose. Cela m’a été montré par une représentation tout à fait extraordinaire et dans une lumière extrêmement vive. L’effet qu’en a éprouvé mon âme a été bien différent de celui que produit en nous la vue de la foi. Depuis ce moment, je ne peux pas penser à l’une des trois divines Personnes sans voir aussitôt qu’il y en a trois.

Je me demandais comment, la Trinité formant une unité si parfaite, le Fils seul s’est fait homme. Le Seigneur m’a fait comprendre comment les trois Personnes n’étant qu’une même chose, elles sont cependant distinctes. En présence de telles merveilles, l’âme éprouve un nouveau désir d’échapper à l’obstacle du corps, qui l’empêche d’en jouir. Quoiqu’elles semblent inaccessibles à notre bassesse et que la vue en passe en un moment, l’âme en retire beaucoup plus de profit, sans comparaison, que de longues années de méditation, et sans savoir comment.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l’Église
Les Relations, 47 (trad. OC, Cerf 1995, t. 1, p.418 rev.)