ACCUEIL

Les paroles salutaires qui réjouissent le cœur de l’homme

L’esprit humain ne saurait demeurer vide de pensées. S’il ne s’occupe des choses de Dieu, il reste fatalement engagé dans ce qu’il a précédemment appris ; tant qu’il n’a pas où revenir à tout moment et exercer son infatigable activité, une pente irrésistible l’entraîne vers les sujets dont il fut imbu dès la première enfance. (…)

Recueillies avec empressement, soigneusement déposées et étiquetées dans les retraites de l’âme, munies du cachet du silence, il en sera des paroles salutaires comme de vins au parfum suave, qui réjouissent le cœur de l’homme. Mûries par de longues réflexions et dans les lenteurs de la patience, vous les verserez du réceptacle de votre poitrine avec des flots de senteurs embaumés ; telle une fontaine sans cesse jaillissante, elles surabonderont des conduits de l’expérience et des canaux inondants des vertus ; elles sourdront de votre cœur, comme d’un abîme, en fleuves intarissables.

Il arrivera de vous, en effet, ce qui est dit dans les Proverbes à l’homme pour qui toutes ces choses sont devenues des réalités : « Bois l’eau de tes citernes et de la source de tes puits. » (Pr 5, 15 LXX) Selon la parole du prophète Isaïe, « vous serez comme un jardin bien arrosé, comme une source d’eau qui jamais ne tarit. Les lieux déserts depuis des siècles seront pour vous bâtis ; vous relèverez les fondements posés de génération en génération. » (Is 58, 11-12) La béatitude promise par le même prophète vous sera donnée en partage : « Le Seigneur ne fera plus s’éloigner de toi ton maître, et tes yeux verront ton précepteur. Tes oreilles entendront la voix de celui qui t’avertira, criant derrière toi : Voici le chemin ; marchez-y ; ne vous en détournez ni à droite ni à gauche. » (Is 30, 20-21)

Et, de la sorte, il se fera que non seulement toute la direction de votre cœur et son étude, mais les écarts mêmes de vos pensées et leur vagabondage incertain ne seront plus qu’une sainte et incessante méditation de la loi divine.

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

 

 

Mots-clefs : ,

Le commentaires sont fermés.