ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘Fils unique du Père’

« Le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage. » (Jn 5, 37)

jeudi 14 mars 2024

« Voici que j’ai dans le ciel mon témoin et là-haut mon confident. » (Jb 16,20 Vg) Quand le fils chancelait sur la terre il avait un témoin dans le ciel. Car le Père est le témoin du Fils, qui dit dans l’Évangile : « Et le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage. » (Jn 5,37) Mais il est aussi à juste titre appelé son confident, parce que c’est dans une volonté unique, dans un conseil unique que le Père œuvre toujours avec le Fils. Et il est aussi son témoin parce que « personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Mt 11,27). Le Fils avait donc pris un témoin dans le ciel et là-haut un confident le jour où ceux qui le voyaient mourir dans sa chair ne savaient pas apercevoir la puissance de sa divinité. Or si les hommes étaient dans l’ignorance, dans sa mort cependant le Médiateur entre Dieu et les hommes savait que le Père œuvrait avec lui. (…)

En même temps qu’au bienheureux Job ces paroles cependant peuvent convenir aussi à chacun de nous. Quiconque, en effet, aspire en chacun de ses actes aux louanges des hommes cherche son témoin sur la terre. Mais celui qui par sa conduite s’empresse de plaire à Dieu tout-puissant considère que son témoin est dans le ciel. Or il arrive souvent que nos bonnes œuvres mêmes soient critiquées en notre personne par des esprits malavisés. Mais celui qui a son témoin dans le ciel ne doit pas redouter les critiques des hommes.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Glorifier le Père dans le Fils

mardi 5 décembre 2023

Les cieux, l’air, la terre, les mers, sont revêtus de splendeur, et le cosmos tout entier doit son nom à sa magnifique harmonie. Nous apprécions cette beauté des choses d’instinct, naturellement, mais la parole qui l’exprime est toujours inférieure à ce que notre intelligence a saisi. À plus forte raison le Seigneur de la beauté est-il au-dessus de toute beauté ; et si notre intelligence ne peut concevoir sa splendeur éternelle, elle garde pourtant l’idée de splendeur. Nous devons donc confesser un Dieu d’une beauté inconcevable pour notre esprit, mais que nous ne pouvons atteindre en dehors de lui.

Telle est la vérité du mystère de Dieu, de la nature impénétrable du Père. Dieu est invisible, ineffable, infini. La parole la plus éloquente ne peut que se taire ; l’intelligence qui veut pénétrer ce mystère se sent tout engourdie, elle éprouve son étroitesse. C’est dans le nom de Père, cependant, comme nous l’avons dit, que nous avons sa vraie nature : car il est Père ; mais non pas comme les hommes le sont, car lui est incréé, éternel, et il demeure lui-même, toujours, et pour toujours. Seul le Fils est connu, car « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Mt 11,27 ; Lc 10,22). Ils se connaissent mutuellement et la science qu’ils ont l’un de l’autre est parfaite. Et parce que personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, c’est avec le Fils, seul témoin fidèle, qu’il nous faut apprendre à connaître le Père.

Mais il m’est plus facile de penser cela du Père que de le dire et je sens bien comme toute parole est impuissante à exprimer ce qu’il est. (…) La parfaite connaissance de Dieu à notre échelle humaine consiste donc à savoir que Dieu existe, qu’il ne peut être ignoré, mais qu’il reste malgré tout inexprimable et indicible. Croyons en lui, essayons de le comprendre, efforçons-nous de l’adorer ; une telle louange, voilà de notre part le témoignage que nous pouvons lui rendre.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

 

« Qui me voit, voit aussi mon Père. » (Jn 8,9)

samedi 1 mai 2021

« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48). Pourquoi notre perfection, notre sainteté doit-elle reproduire la sainteté divine, si infiniment distante de notre faiblesse humaine ? Ensuite, nous est-il donné de pouvoir connaître le mystère de cette vie divine ? La réponse à cette double question tient en ces mots : nous devons ressembler à notre Père céleste, parce que nous sommes ses enfants par adoption. Et pour connaître la perfection de ce Père, il nous suffit d’aller à Jésus-Christ.

Saint Jean nous dit : « Personne n’a jamais vu Dieu » : (Jn 1,18). Alors, faut-il désespérer de le connaître jamais ? Non, car le disciple ajoute aussitôt la vérité lumineuse : « Le Fils unique, celui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a révélé ». Saint Paul, enthousiasmé par cette même révélation, s’écrie : « Dieu habite une clarté inaccessible » (cf. 1 Tm 6,16) ; mais lui, « qui, par sa parole, fit jaillir la lumière des ténèbres, il a illuminé nos cœur par la clarté resplendissante de la face de Jésus-Christ » (cf. 2 Co 4,6). (…) Le Christ est Dieu mis à notre portée, sous une forme humaine. Après la dernière cène, Philippe dit à Jésus : « Seigneur, montrez-nous le Père » (Jn 14,8). Et Notre-Seigneur de répondre par une parole solennelle qui contient comme la clé du mystère : « Philippe, qui me voit, voit aussi mon Père » (Jn 14,9).

En Jésus-Christ, tout est donc une révélation de Dieu. (…) Aux pieds de Jésus, nous apprendrons à connaître les perfections de Dieu ; c’est par la méditation de ses paroles, de ses actions, de ses souffrances, de sa mort, que nous pénétrons les secrets de la miséricorde infinie.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

« Car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13).

jeudi 17 octobre 2019

Ceux qui ont versé le sang du Christ ne l’ont pas fait pour effacer les péchés du monde. (…) Mais inconsciemment ils ont servi le plan du salut. Le salut du monde, qui s’ensuivait, ne tenait ni à leur puissance, ni à leur volonté, ni à leur intention, ni à leur acte, mais est venu de la puissance, de la volonté, de l’intention, de l’acte de Dieu. Dans cette effusion de sang, en effet, la haine des persécuteurs n’était pas seule à l’œuvre, mais aussi l’amour du Sauveur. La haine a fait son œuvre de haine, l’amour a fait son œuvre d’amour. Ce n’est pas la haine, mais l’amour qui a réalisé le salut.

En versant le sang du Christ, la haine s’est déversée elle-même, « pour que soient révélées les pensées d’un grand nombre de cœurs » (Lc 2,35). L’amour, lui aussi, en répandant le sang du Christ, se répandait lui-même, pour que l’homme sache combien Dieu l’aimait : « au point de ne pas épargner son propre Fils » (Rm 8,32). « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16).

Ce Fils unique a été offert, non parce que ses ennemis ont prévalu, mais parce que lui-même l’a voulu. « Il a aimé les siens, il les a aimés jusqu’à la fin » (Jn 13,1). La fin, c’est la mort acceptée pour ceux qu’il aime : voilà la fin de toute perfection, la fin de l’amour parfait. « Car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).

Baudouin de Ford (?-v. 1190)

 

 

« Que tous, ils soient un, comme toi, tu es en moi et moi en toi. »

jeudi 1 juin 2017

22146

Vous devez glorifier en toute manière Jésus Christ, qui vous a glorifiés vous-mêmes, afin que, unis dans une même obéissance, soumis à l’évêque et à ses prêtres, vous soyez pleinement sanctifiés. Je ne vous donne pas d’ordres, comme si j’étais un personnage. Je suis bien, il est vrai, chargé de fers pour le nom de chrétien, mais je n’ai pas encore atteint la perfection en Jésus Christ. Je ne fais que débuter à son école, et si je m’adresse à vous, c’est comme à des condisciples. C’est moi plutôt qui aurais eu besoin d’être préparé au combat par votre foi, vos exhortations, votre patience, votre longanimité. Mais puisque la charité ne me permet pas de garder le silence, je prends les devants, et je vous exhorte à marcher d’accord avec l’esprit de Dieu. Car Jésus Christ, l’inséparable Principe de notre vie, est lui-même la pensée du Père, comme les évêques, établis jusqu’aux extrémités du monde, ne sont qu’un avec l’esprit de Jésus Christ.

Vous ne devez donc avoir avec votre évêque qu’une seule et même pensée ; c’est d’ailleurs ce que vous faites. Vos prêtres, vraiment dignes de Dieu, sont unis à l’évêque comme les cordes à la lyre ; c’est ainsi que, du parfait accord de vos sentiments et de votre charité, s’élève vers Jésus Christ un concert de louanges. Que chacun de vous entre dans ce chœur ; alors dans l’harmonie de la concorde, vous prendrez par votre unité même, le ton de Dieu et vous chanterez tous d’une seule voix, par la bouche de Jésus Christ, les louanges du Père… C’est donc votre avantage de vous tenir dans une unité irréprochable ; c’est par là que vous jouirez d’une constante union avec Dieu lui-même.

Saint Ignace d’Antioche (?-v. 110), évêque et martyr
Lettre aux Ephésiens (trad. coll. Icthus, vol. 2, p. 77)

 

 

 

 

« Le Père et moi, nous sommes un. »

mardi 19 avril 2016

Coeur-de-jesus-Paray-500x209

Le Père est ce qu’il est et on doit le croire ainsi. Quant au Fils, notre esprit se décourage à l’atteindre, et toute parole hésite à se faire entendre. Il est en effet la génération de l’inengendré, l’unique né de l’unique, le vrai issu du vrai, le vivant né du vivant, le parfait venant du parfait, la puissance de la puissance, la sagesse de la sagesse, la gloire de la gloire, « l’image du Dieu invisible » (Col 1,15)…

Comment allons-nous comprendre la génération du Fils unique par l’Inengendré ? … Cette génération n’est pas une brisure ou une division… : « Le Père est en moi, et je suis dans le Père » (Jn 10,38). Ce n’est pas une adoption, car le Fils est le vrai Fils de Dieu et dit « Qui me voit voit le Père » (Jn 14,9). Il n’est pas venu à l’existence comme les autres êtres, pour obéir à un ordre, car…il a en lui-même la vie, comme celui qui l’a engendré a la vie en lui-même (Jn 5,26)… Il est parfait, celui qui vient du Parfait, puisque celui qui possède tout lui a tout donné. Le Père et le Fils possèdent chacun le secret de cette naissance.

Saint Hilaire (v. 315-367), évêque de Poitiers et docteur de l’Église
De Trinitate II, 8 (trad. Soleil levant et DDB, 1981, p. 70)

 

 

 

Le doigt de Dieu

jeudi 15 mars 2012

« Que ta main intervienne pour me secourir ! » (Ps 118,173) C’est le Fils unique du Père qu’on appelle la main de Dieu, lui par qui Dieu a tout créé. Cette main est intervenue quand elle a pris notre chair, non seulement en ne causant aucune blessure à sa mère, mais encore, selon le témoignage du prophète, en prenant sur elle nos maladies, en se chargeant de nos souffrances (Is 53,4).

Oui vraiment, cette main toute pleine de remèdes et de médicaments a guéri toute maladie. Elle a écarté tout ce qui conduit à la mort ; elle a ressuscité des morts ; elle a brisé les portes de l’enfer ; elle a enchaîné le fort et l’a dépouillé de ses armes ; elle a ouvert le ciel ; elle a répandu l’Esprit d’amour dans le cœur des siens. Cette main délivre les prisonniers et éclaire les aveugles ; elle relève ceux qui sont tombés ; elle aime les justes et garde les étrangers ; elle accueille l’orphelin et la veuve. Elle arrache à la tentation ceux qui sont menacés d’y succomber ; elle restaure par son réconfort ceux qui souffrent ; elle redonne la joie aux affligés ; elle abrite sous son ombre ceux qui peinent ; elle écrit pour ceux qui veulent méditer sa Loi ; elle touche et bénit le cœur de ceux qui prient ; elle les affermit dans l’amour par son contact ; elle les fait progresser et persévérer dans leurs œuvres. Enfin, elle les conduit à la patrie ; elle les ramène au Père.

Car si elle s’est faite chair, c’est pour attirer l’homme par un homme, unissant notre chair à sa chair, pour ramener dans son amour la brebis errante à Dieu, le Père tout-puissant et invisible. Puisque cette brebis, pour avoir quitté Dieu, était tombée dans la chair, il était nécessaire que le mystère de l’Incarnation de cette main la conduise, pour la soulever et pour la ramener au Père (Lc 15,4s).

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159), moine cistercien, puis évêque
4e Homélie mariale ; SC 72 (trad. SC, p. 115 rev.)

.

.