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Archive pour octobre 2022

« Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ? »

mardi 11 octobre 2022

« Vous voilà bien, vous les Pharisiens ! Vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat. » Vous le voyez, nos corps sont désignés ici par les noms d’objets en terre et fragiles, qu’une simple chute peut briser. Et les sentiments profonds de l’âme sont désignés par les expressions et les gestes du corps, comme ce que l’intérieur de la coupe contient se fait voir au-dehors… Vous voyez donc que ce n’est pas l’extérieur de cette coupe ou de ce plat qui nous souille mais l’intérieur.

C’est pourquoi, comme un bon maître, Jésus nous a appris comment nettoyer les taches de notre corps, en disant : « Donnez en aumône ce que vous avez, et tout en vous sera pur ». Vous voyez combien il y a de remèdes ! La miséricorde nous purifie ; la parole de Dieu nous purifie aussi, selon ce qui est écrit : « Vous êtes déjà purs, grâce à la parole que je vous ai annoncée » (Jn 15,3)…

C’est le point de départ d’un très beau passage : le Seigneur nous invite à rechercher la simplicité et il condamne l’attachement à ce qui est superflu et terre-à-terre. Les Pharisiens, qui prennent les questions de la Loi matériellement, sont comparés non sans raison à la coupe et au plat, à cause de leur fragilité : ils observent des points qui n’ont aucune utilité pour nous, et ils négligent ceux où se trouve le fruit de notre espérance. Ils commettent donc une grande faute, en dédaignant le meilleur. Et pourtant le pardon est promis même à cette faute, si vient ensuite la miséricorde de l’aumône.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

« Cette génération demande un signe. »

lundi 10 octobre 2022

C’est Jonas qui décide lui-même d’être jeté hors du bateau : « Prenez-moi et jetez-moi à la mer », dit-il (Jon 1,12) — ce qui désigne la Passion volontaire du Seigneur. (…) Mais voici que surgit un monstre des profondeurs, un grand poisson s’approche, qui doit pleinement accomplir et manifester la résurrection du Seigneur, ou plutôt engendrer ce mystère. Un monstre est là, image terrifiante de l’enfer qui, alors que sa gueule affamée le jette sur le prophète, goûte et assimile la puissance de son Créateur, et en le dévorant s’oblige en fait à ne plus dévorer personne. Le séjour redoutable de ses entrailles prépare la demeure du visiteur d’en haut : si bien que ce qui avait été une cause de malheur devient la barque impensable d’une traversée nécessaire, gardant son passager et le rejetant après trois jours sur le rivage. Ainsi était donné aux païens ce qui était arraché aux ennemis du Christ. Et lorsque ceux-ci ont demandé un signe, le Seigneur a jugé que ce seul signe leur serait donné, par lequel ils comprendraient que la gloire qu’ils avaient espéré recevoir du Christ devait être donnée aussi aux païens. (…)

Par la malveillance de ses ennemis, le Christ a été plongé dans les profondeurs du chaos du séjour des morts ; pendant trois jours, il en a parcouru tous les recoins (1P 3,19). Et quand il en est ressuscité, il a fait éclater à la fois la méchanceté de ses ennemis, sa propre grandeur et son triomphe sur la mort.

Ce sera donc justice que les gens de Ninive se lèvent au jour du Jugement pour condamner cette génération, car ils se sont convertis à la proclamation d’un seul prophète naufragé, étranger, inconnu ; tandis que les gens de cette génération, après tant d’actions admirables et de miracles, avec tout l’éclat de la résurrection, ne sont pas devenus croyants ni ne se sont convertis.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

La foi qui purifie

dimanche 9 octobre 2022

Que représentent les dix lépreux sinon l’ensemble des pécheurs ?… Lorsque le Christ notre Seigneur est venu, tous les hommes souffraient de la lèpre de l’âme, même s’ils n’étaient pas tous atteints de celle du corps… Or la lèpre de l’âme est bien pire que celle du corps.

Mais voyons la suite. « Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : ‘Jésus, Maître, prends pitié de nous’ ». Ces hommes se tenaient à distance car ils n’osaient pas, étant donné leur état, s’avancer plus près de lui. Il en va de même pour nous : tant que nous demeurons dans nos péchés, nous nous tenons à l’écart. Donc, pour retrouver la santé et guérir de la lèpre de nos péchés, supplions d’une voix forte et disons : « Jésus, Maître, prends pitié de nous ». Cette supplication ne doit toutefois pas venir de notre bouche, mais de notre cœur, car le cœur parle d’une voix plus forte. La prière du cœur pénètre dans les cieux et s’élève très haut, jusqu’au trône de Dieu.

Saint Bruno de Segni (v. 1045-1123)

 

 

Heureux ceux qui accueillent la Parole de Dieu, son Verbe

samedi 8 octobre 2022

Il appartient à la Vierge Marie d’avoir conçu le Christ en son sein, mais c’est le partage de tous les élus de le porter avec amour dans leur cœur. Heureuse, oui, très heureuse la femme qui a porté Jésus en elle durant neuf mois (Lc 11,27). Heureux, nous aussi, lorsque nous veillons à le porter sans cesse en notre cœur. Certes, la conception du Christ dans le sein de Marie a été une grande merveille, mais ce n’est pas une moindre merveille que de le voir devenir l’hôte de notre poitrine. C’est le sens de ce témoignage de Jean : « Me voici à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, et je souperai avec lui et lui avec moi » (Ap 3,20). (…) Ici encore, mes frères, considérons quelle est notre dignité et notre ressemblance avec Marie. La Vierge a conçu le Christ dans ses entrailles de chair, et nous le portons dans celles de notre cœur. Marie a nourri le Christ en donnant à ses lèvres le lait de son sein, et nous pouvons lui offrir le repas varié des bonnes actions qui font ses délices.

Saint Pierre Damien (1007-1072)

 

 

 

Le Saint Esprit triomphe en nous des esprits du mal

vendredi 7 octobre 2022

C’est une lumière de vraie connaissance que de discerner sans erreur le bien du mal… En effet, ceux qui combattent doivent garder sans cesse le calme de la pensée ; ainsi l’esprit pourra discerner les suggestions qui la traversent et il déposera celles qui sont bonnes et viennent de Dieu dans le trésor de la mémoire, tandis qu’il rejettera celles qui sont mauvaises et diaboliques. Lorsque la mer est calme, les pêcheurs aperçoivent le mouvement de ses profondeurs à tel point que presque aucun des êtres qui en parcourent les sentiers ne leur échappe ; mais quand elle est agitée par les vents, elle cache dans sa sombre agitation ce qu’elle montre volontiers dans sa tranquillité…

C’est seulement au Saint Esprit qu’il appartient de purifier l’esprit, car à moins qu’un plus fort n’entre pour dépouiller le voleur, le butin ne sera pas du tout repris. Il faut donc par tous les moyens, et spécialement par la paix de l’âme, offrir un gîte au Saint Esprit, afin d’avoir la lampe de la connaissance toujours brillante en nous. Car si elle rayonne sans cesse dans les replis de l’âme, non seulement toutes les insinuations dures et sombres des démons deviennent évidentes, mais encore elles s’affaiblissent considérablement, déjouées par cette sainte et glorieuse lumière. C’est pourquoi l’apôtre Paul dit : « N’éteignez pas l’Esprit » (1Th 5,19).

Diadoque de Photicé (v. 400-?)

 

 

 

« Pour celui qui frappe, la porte s’ouvre. »

jeudi 6 octobre 2022

Le Christ dit aux docteurs de la Loi : « Malheureux êtes-vous parce que vous avez enlevé la clef de la connaissance »(Lc 11,52). Qu’est-ce que la clef de la connaissance sinon la grâce du Saint-Esprit donnée par la foi, qui par l’illumination produit la pleine connaissance, et qui ouvre notre esprit fermé et voilé ? (..). Et je dirai encore : la porte, c’est le Fils : « Je suis la porte, » dit-il. La clef de la porte, l’Esprit Saint : « Recevez l’Esprit Saint, dit-il ; ceux à qui vous remettez les péchés, ils leur sont remis, ceux à qui vous les retenez, ils sont retenus ». La maison, c’est le Père : « Car dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures ». Fais donc soigneusement attention au sens spirituel de ces paroles. (…) Si la porte ne s’ouvre pas, personne n’entre dans la maison du Père, comme dit le Christ : « Personne ne vient au Père, sinon par moi ».

Or, que l’Esprit Saint le premier ouvre notre esprit et nous enseigne ce qui concerne le Père et le Fils, c’est encore lui qui l’a dit : « Quand viendra l’Esprit de vérité qui procède du Père, il témoignera à mon sujet, et il vous guidera dans la vérité tout entière ». Tu vois comment, par l’Esprit ou plutôt dans l’Esprit, le Père et le Fils se donnent à connaître inséparablement. (…)

En effet, si on appelle clef le Saint-Esprit, c’est que par lui et en lui d’abord nous avons l’esprit éclairé et, purifiés, nous sommes illuminés de la lumière de la connaissance et baptisés d’en-haut, régénérés et rendus enfants de Dieu, comme dit Paul : « L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables », et encore : « Dieu a donné son Esprit en nos cœurs, qui crie : ‘Abba, Père’ ». C’est donc lui qui nous montre la porte, porte qui est lumière, et la porte nous apprend que celui qui habite dans la maison est lui aussi lumière inaccessible.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

(Références bibliques : Lc 11,52; Jn 10,7.9; 20,22-23; 14,2; 10,3; 14,6; 15,26; 6,13; Rm 8,26; Ga 4,6)

 

 

« Un jour, quelque part, Jésus était en prière. »

mercredi 5 octobre 2022

« Jésus priait à l’écart » (Lc 9,18). La prière trouve sa source dans le silence et la paix intérieure ; c’est là que se manifeste la gloire de Dieu (cf Lc 9,29). Car, lorsque nous fermerons les yeux et les oreilles, que nous nous trouverons au-dedans en présence de Dieu, lorsque libérés de l’agitation du monde extérieur nous serons à l’intérieur de nous-mêmes, alors nous verrons clairement en nos âmes le Royaume de Dieu. Car le Royaume des cieux ou, si l’on préfère, le Royaume de Dieu, est en nous-mêmes : c’est Jésus notre Seigneur qui nous l’a dit (Lc 17,21).

Pourtant, les croyants et le Seigneur prient d’une façon différente. Les serviteurs, en effet, s’approchent du Seigneur dans leur prière avec une crainte mêlée de désir, et la prière devient pour eux voyage vers Dieu et vers l’union avec lui, les nourrissant de sa propre substance et les fortifiant. Mais pour le Christ dont l’âme sainte est unie au Verbe de Dieu, comment va-t-il prier ? Comment le Maître va-t-il se présenter dans une attitude de demande ? S’il le fait, n’est-ce pas qu’après avoir revêtu notre nature, il veut nous instruire et nous montrer le chemin qui, par la prière, nous fait monter vers Dieu ? Ne veut-il pas nous apprendre que l’oraison abrite en son sein la gloire de Dieu ?

Saint Jean de Damas (v. 675-749)

 

 

 

« Marie a choisi la meilleure part. »

mardi 4 octobre 2022

Une âme embrasée d’amour ne peut rester inactive ; sans doute comme Sainte Madeleine elle se tient aux pieds de Jésus, elle écoute sa parole douce et enflammée. Paraissant ne rien donner, elle donne bien plus que Marthe qui se tourmente de beaucoup de choses et voudrait que sa sœur l’imite. Ce ne sont point les travaux de Marthe que Jésus blâme ; ces travaux, sa divine Mère s’y est humblement soumise toute sa vie puisqu’il lui fallait préparer les repas de la Sainte Famille. C’est l’inquiétude seule de son ardente hôtesse qu’il voulait corriger.

Tous les saints l’ont compris et plus particulièrement peut-être ceux qui remplirent l’univers de l’illumination de la doctrine évangélique. N’est-ce point dans l’oraison que les Sts Paul, Augustin, Jean de la Croix, Thomas d’Aquin, François, Dominique et tant d’autres illustres amis de Dieu ont puisé cette science divine qui ravit les plus grands génies ? Un savant a dit : « Donnez-moi un levier, un point d’appui, et je soulèverai le monde. » Ce qu’Archimède n’a pu obtenir, parce que sa demande ne s’adressait point à Dieu et qu’elle n’était faite qu’au point de vue matériel, les saints l’ont obtenu dans toute sa plénitude. Le Tout-Puissant leur a donné pour points d’appui : Lui-même et Lui seul ; pour levier : l’oraison, qui embrase d’un feu d’amour, et c’est ainsi qu’ils ont soulevé le monde. C’est ainsi que les saints encore militants le soulèvent et que, jusqu’à la fin du monde, les saints à venir le soulèveront aussi.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897)

 

 

Le Christ, bon Samaritain

lundi 3 octobre 2022

D’après un ancien qui voulait interpréter la parabole du bon Samaritain, l’homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho représente Adam, Jérusalem le paradis, Jéricho le monde, les brigands les forces hostiles, le prêtre la Loi, le lévite les prophètes, le Samaritain le Christ. Par ailleurs, les blessures symbolisent la désobéissance, la monture le corps du Seigneur. (…) Et la promesse de revenir, faite par le Samaritain, préfigure, selon cet interprète, le second avènement du Seigneur. (…)

Ce Samaritain porte nos péchés (cf Mt 8,17) et souffre pour nous. Il porte le moribond et le conduit dans une auberge, c’est-à-dire dans l’Église. Celle-ci est ouverte à tous, elle ne refuse son secours à personne et tous y sont invités par Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos » (Mt 11,28). Après y avoir conduit le blessé, le Samaritain ne part pas aussitôt, mais demeure toute la journée dans l’hôtellerie auprès du moribond. Il soigne ses blessures non seulement le jour, mais encore la nuit, l’entourant de toute sa sollicitude empressée… Vraiment ce gardien des âmes s’est montré plus proche des hommes que la Loi et les prophètes « en faisant preuve de bonté » envers celui « qui était tombé entre les mains des bandits » et il « s’est montré son prochain » moins en paroles qu’en actes.

Il nous est donc possible, en suivant cette parole : « Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même du Christ » (1Co 11,1), d’imiter le Christ et d’avoir pitié de ceux qui « sont tombés entre les mains des bandits », de nous approcher d’eux, de verser de l’huile et du vin sur leurs plaies et de les bander, de les charger sur notre propre monture et de porter leurs fardeaux. C’est pourquoi, pour nous y exhorter le Fils de Dieu a dit en s’adressant à nous tous plus encore qu’au docteur de la Loi : « Va, et toi aussi, fais de même ».

Origène (v. 185-253)

 

 

 

« Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir. »

dimanche 2 octobre 2022

Sois toujours fidèle dans les petites choses, car en elles réside notre force. Pour Dieu, rien n’est petit. Il n’entend rien diminuer. Pour lui, toutes les choses sont infinies. Pratique la fidélité dans les choses les plus minimes, non pas pour leur vertu propre, mais en raison de cette grande chose qu’est la volonté de Dieu — et que, moi-même, je respecte infiniment.

Ne recherche pas des actions spectaculaires. Nous devons délibérément renoncer à tout désir de contempler le fruit de notre labeur, accomplir seulement ce que nous pouvons, du mieux que nous le pouvons, et laisser le reste entre les mains de Dieu. Ce qui importe, c’est le don de toi-même, le degré d’amour que tu mets dans chacune de tes actions.

Ne t’autorise pas le découragement face à un échec, dès lors que tu as fait de ton mieux. Refuse aussi la gloire lorsque tu réussis. Rends tout à Dieu avec la plus profonde gratitude. Si tu te sens abattu, c’est un signe d’orgueil qui montre combien tu crois en ta propre puissance. Ne te préoccupe pas plus de ce que pensent les gens. Sois humble et rien ne te dérangera jamais. Le Seigneur m’a lié là où je suis ; c’est lui qui m’en déliera.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)