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Archive pour novembre 2016

« Comme dans les jours de Noé »

vendredi 11 novembre 2016

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Le sage Noé… s’embarqua dans l’arche sur l’ordre de Dieu, avec ses fils et leurs femmes, en tout huit âmes seulement. Sans cesser de gémir, ce serviteur priait ainsi : « Ne me fais pas périr avec les pécheurs, mon Sauveur, car je vois déjà le chaos s’emparer de la création et les éléments sont ébranlés par la peur… Les nuages sont tout prêts, le ciel est brouillé, les anges accourent en avant-garde de ta colère ». Sur ces mots, Dieu ferma l’arche et la scella, pendant que son fidèle criait : « Sauve tous les hommes de la colère, par l’amour que tu nous gardes, rédempteur de l’univers ».

Du haut du ciel le juge alors donne un ordre ; aussitôt s’ouvrent les écluses, précipitant pluies, torrents d’eau et grêle, d’un bout du monde à l’autre ; et la peur fit jaillir les sources de l’abîme, inondant la terre en tout lieu… Tel fut l’effet de la colère de Dieu, parce que les humains avaient persévéré dans leur endurcissement et ne s’étaient pas empressés de lui crier avec foi : « Sauve tous les hommes de la colère, par l’amour que tu nous gardes, rédempteur de l’univers »…

Ensuite le chœur des anges, voyant détruits les hommes charnels, s’écria : « Maintenant, que les justes possèdent toute l’étendue de la terre ! » Car le Créateur aime voir ceux qu’il a faits à son image (Gn 1,26) ; c’est pourquoi il met à part ses saints pour les sauver. Noé…lâche la colombe et elle revient vers le soir avec un rameau d’olivier dans le bec, qui annonçait symboliquement la miséricorde de Dieu. Alors Noé sort de l’arche, comme de sa tombe, selon l’ordre qu’il avait reçu…, non comme jadis Adam, qui avait mangé d’un arbre qui donne la mort, car Noé avait produit un fruit de pénitence en disant : « Sauve tous les hommes de la colère, par l’amour que tu nous gardes, rédempteur de l’univers ».

Mortes sont la corruption et l’iniquité ; l’homme au cœur droit triomphe par sa foi, car il a trouvé grâce… Alors le juste (Gn 6,9) offrit au Seigneur un sacrifice sans tache… ; le Créateur en respira l’agréable parfum et… déclara : « Jamais plus l’univers ne périra dans un déluge, même si tous les hommes mènent une vie mauvaise. Aujourd’hui je conclus avec eux une alliance irrévocable. Je montre mon arc à tous les habitants de la terre pour leur servir de signe, afin qu’ils m’invoquent ainsi : ‘Sauve tous les hommes de la colère, par l’amour que tu nous gardes, rédempteur de l’univers’ ».

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560), compositeur d’hymnes
Hymne de Noé, str. 11s (trad. SC 99, p.117s rev.)

 

 

 

 

« Le règne de Dieu est au milieu de vous. »

jeudi 10 novembre 2016

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Les démons redoutent, mais Dieu et ses anges désirent l’homme qui cherche Dieu dans son cœur jour et nuit avec ferveur, et qui repousse loin de lui les agressions de l’ennemi. Le pays spirituel de cet homme pur en son âme est au-dedans de lui : le soleil qui brille en lui est la lumière de la Sainte Trinité ; l’air que respirent les pensées qui l’habitent est le Saint Esprit consolateur. Et les saints anges demeurent avec lui. Leur vie, leur joie, leur réjouissance sont le Christ, lumière de la lumière du Père. Un tel homme se réjouit à toute heure de la contemplation de son âme, et il s’émerveille de la beauté qu’il y voit, cent fois plus lumineuse que la splendeur du soleil.

C’est Jérusalem. Et c’est « le Royaume de Dieu caché au-dedans de nous », selon la parole du Seigneur. Ce pays est la nuée de la gloire de Dieu, où seuls entrerons les cœurs purs pour contempler la face de leur Maître (Mt 5,8), et leur entendement sera illuminé par les rayons de sa lumière.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série (trad. DDB 1981 rev.)

 

 

 

Thérèse et la « petite voie »

mercredi 9 novembre 2016

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Thérèse trouve sa joie à se laisser porter par son Dieu sur une voie toute droite qui n’est plus « le rude escalier de la perfection ». Sa joie est ce « laisser-faire » en Jésus qui s’abaisse vers elle et la comble de son amour. Son seul mérite est de ne pas en avoir. La reconnaissance de son impuissance lui enlève tout désir d’héroïsme, d’extases, de choses extraordinaires qui remplissent si souvent l’âme d’orgueil. Novice, elle écrivait à sœur Agnès, bien avant sa découverte de la petite voie : « (…) Quel bonheur d’être si bien cachée que personne ne pense à vous !… d’être inconnue même aux personnes qui vivent avec vous » (Lettre 106).

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Cette petite voie découverte dans les Écritures est faite spécialement pour ceux et celles qui comprennent de l’intérieur que l’acceptation de leur misère attire la miséricorde divine. Thérèse enseignera cette petite voie avec l’autorité de celle qui ouvre un nouveau chemin dans le domaine de la vie spirituelle. Elle réalise très tôt que sa petite voie se distingue de celle des grands saints par l’utilisation des moyens ordinaires et des vertus de l’enfance spirituelle : simplicité, humilité, abandon, droiture, audace et joie.

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(…) La petite voie thérésienne, qu’on a appelée « voie d’enfance spirituelle », n’est pas réservée à une élite, aux parfaits. C’est une voie que l’on emprunte dès le début de la vie spirituelle, avec la certitude que la miséricorde divine veut se répandre en ceux et celles qui se livrent à elle. Cette petite voie bien droite mène progressivement vers les sommets de l’abandon et de l’amour, à ce point culminant du désir de Jésus d’aimer et d’être aimé. Elle monte doucement à la mesure de notre confiance. Plus on la prend, plus on apprend l’abandon, et plus on s’abandonne à cette « science d’amour », plus on s’ouvre à la miséricorde divine qui veut tout envahir.

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(…) Dans notre monde en proie à tant de peurs et de suspicions, Thérèse ne cesse de nous exhorter à tout miser sur la confiance et la miséricorde. Elle remplace l’image du Dieu justicier, que l’on devait satisfaire par d’innombrables sacrifices et bonnes œuvres, par l’image d’un Dieu miséricordieux qui élève la petite âme par l’ascenseur de l’amour. La tentation est ainsi moins grande de nous justifier par nos bonnes actions, de penser acheter le salut par la perfection, de nous enorgueillir des dons reçus comme s’ils nous appartenaient. Aucune action ou forme extérieure ne peut définir la sainteté, si ce n’est l’amour miséricordieux et ce qui en résulte : l’abandon, la confiance, l’espérance, la reconnaissance.

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(…) On le voit bien, la « petite voie » de l’enfance spirituelle n’a rien à voir avec l’infantilisme, avec les caprices de l’enfant. Ce n’est pas être crédule, passif, innocent, mais accueillir la miséricorde, s’émerveiller des actions du Seigneur, tout attendre de lui. Cela ne veut pas dire que l’on ne fait rien et qu’on se résigne au péché ; au contraire, on travaille à la transformation du monde et on s’unit à la Croix de Jésus. N’est-ce pas lui, le doux et humble de cœur, qui a balisé pour nous le chemin.

Extraits de « La petite voie de Térèse de Lisieux »
jacquesgauthier.com

 

 

 

Des serviteurs quelconques

mardi 8 novembre 2016

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La juste manière de servir rend humble celui qui agit. Il n’assume pas une position de supériorité face à l’autre, même si la situation de ce dernier peut à ce moment-là être misérable. Le Christ a pris la dernière place dans le monde –- la croix –- et, précisément par cette humilité radicale, il nous a rachetés et il nous aide constamment. Celui qui peut aider reconnaît que c’est justement de cette manière qu’il est aidé lui aussi. Le fait de pouvoir aider n’est ni son mérite ni un titre d’orgueil. Cette tâche est une grâce.

Plus une personne œuvre pour les autres, plus elle comprendra et fera sienne la parole du Christ : « Nous sommes des serviteurs quelconques ». En effet, elle reconnaît qu’elle agit non pas en fonction d’une supériorité ou d’une plus grande efficacité personnelle, mais parce que le Seigneur lui en fait don. Parfois, le surcroît des besoins et les limites de sa propre action pourront l’exposer à la tentation du découragement. Mais c’est alors justement que l’aidera le fait de savoir qu’elle n’est, en définitive, qu’un instrument entre les mains du Seigneur ; elle se libérera ainsi de la prétention de devoir réaliser, personnellement et seule, l’amélioration nécessaire du monde. Humblement, elle fera ce qui lui est possible de faire et, humblement, elle confiera le reste au Seigneur.

C’est Dieu qui gouverne le monde et non pas nous. Nous, nous lui offrons uniquement nos services, pour autant que nous le puissions, et tant qu’il nous en donne la force. Faire cependant ce qui nous est possible, avec la force dont nous disposons, telle est la tâche qui maintient le bon serviteur de Jésus Christ toujours en mouvement : « L’amour du Christ nous pousse » (2Co 5,14).

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Encyclique « Deus caritas est », § 35 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

Demander pardon et pardonner aux autres

lundi 7 novembre 2016

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« Toutes les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois » (Ps 24,10). Ce que dit ce psaume de l’amour et de la vérité est de première importance… Il parle de l’amour, car Dieu ne regarde pas nos mérites mais sa bonté, en vue de nous pardonner nos péchés et de nous promettre la vie éternelle. Il parle aussi de la vérité, parce que Dieu ne manque jamais de tenir ses promesses. Reconnaissons ce modèle divin et imitons Dieu qui nous a manifesté son amour et sa vérité… Comme lui, accomplissons en ce monde des œuvres pleines d’amour et de vérité. Soyons bons envers les faibles, les pauvres et même envers nos ennemis.

Vivons dans la vérité en évitant de faire le mal. Ne multiplions pas les péchés, car celui qui présume de la bonté de Dieu, laisse s’introduire en lui la volonté de rendre Dieu injuste. Il se figure que, même s’il s’obstine dans ses péchés et refuse de s’en repentir, Dieu viendra quand même lui donner une place parmi ses fidèles serviteurs. Mais serait-il juste que Dieu te mette à la même place que ceux qui ont renoncé à leurs péchés, alors que tu persévères dans les tiens ? … Pourquoi donc veux-tu le plier à ta volonté ? Soumets-toi plutôt à la sienne.

Le psalmiste dit justement à ce propos : « Qui recherchera la miséricorde et la vérité du Seigneur auprès de lui ? » (Ps 60,8 Vlg)… Pourquoi dire « auprès de lui » ? Beaucoup cherchent à s’instruire de l’amour du Seigneur et de sa vérité dans les Livres saints. Mais une fois qu’ils y sont parvenus, ils vivent pour eux, non pour lui. Ils recherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus Christ. Ils prêchent l’amour et la vérité et ne les pratiquent pas. Quant à celui qui aime Dieu et le Christ, lorsqu’il prêche la vérité et l’amour divins, il les recherche pour Dieu et non dans son propre intérêt. Il ne prêche pas pour en retirer des avantages matériels, mais pour le bien des membres du Christ, c’est-à-dire de ses fidèles. Il leur distribue ce qu’il a appris en esprit de vérité, « de sorte que celui qui vit n’ait plus sa vie centrée sur lui-même, mais sur celui qui est mort pour tous » (2Co 5,15). « Qui cherchera la miséricorde et la vérité du Seigneur ? »

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Discours sur les psaumes, Ps 60,9 ; CCL 39,771 (trad. cf. Delhougne, Les Pères commentent, p. 400)

 

 

 

Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 2,16-17.3,1-5.

dimanche 6 novembre 2016

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Que notre Seigneur Jésus Christ lui-même, et Dieu notre Père qui nous a aimés et nous a pour toujours donné réconfort et bonne espérance par sa grâce,
réconfortent vos cœurs et les affermissent en tout ce que vous pouvez faire et dire de bien.
Priez aussi pour nous, frères, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course, et que, partout, on lui rende gloire comme chez vous.
Priez pour que nous échappions aux gens pervers et mauvais, car tout le monde n’a pas la foi.
Le Seigneur, lui, est fidèle : il vous affermira et vous protégera du Mal.
Et, dans le Seigneur, nous avons toute confiance en vous : vous faites et continuerez à faire ce que nous vous ordonnons.
Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu et l’endurance du Christ.

« Si vous n’avez pas été digne de confiance avec l’argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ? »

samedi 5 novembre 2016

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Mes frères et mes amis, ne soyons pas les gérants malhonnêtes des biens qui nous ont été confiés (Lc 16,1s). Ne risquons pas d’entendre saint Pierre nous dire : « Ayez honte, vous qui retenez le bien d’autrui. Imitez l’équité de Dieu, et il n’y aura plus de pauvre ». Ne nous donnons pas tant de peine pour amasser quand d’autres souffrent de la pauvreté ; car autrement nous subirons les remontrances sévères du prophète Amos : « Prenez garde, vous qui dites : Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée pour que nous puissions vendre, et le sabbat, pour que nous puissions ouvrir nos magasins ? » (8,5)…

Pratiquons nous-mêmes cette loi sublime et primordiale de Dieu, qui fait pleuvoir pour les justes et les pécheurs et qui fait lever son soleil également pour tous (Mt 5,45). Il déploie pour tous les immenses étendues de la terre en friche, les sources, les fleuves et les forêts ; aux oiseaux il donne l’air, et l’eau à toutes les bêtes aquatiques. Il donne généreusement les ressources nécessaires à la vie de tous ; celles-ci ne sont pas confisquées par les puissants, limitées par une loi, rationnées. Elles sont communes, abondantes et par conséquent Dieu les offre sans que personne ne soit frustré. Car il veut honorer par cette égalité dans ses dons l’égale dignité de la nature, et montrer toute la générosité de sa bienfaisance.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390), évêque et docteur de l’Église
Homélie 14, sur l’amour des pauvres, 24-25 ; PL 35, 887 (trad. bréviaire 1er lun. carême rev.)

 

 

 

Le bon usage des richesses

vendredi 4 novembre 2016

 

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Ô Jésus, je le sais, l’amour ne se paie que par l’amour, aussi j’ai cherché, j’ai trouvé le moyen de soulager mon cœur en te rendant Amour pour Amour. « Employez les richesses qui rendent injustes à vous faire des amis qui vous reçoivent dans les tabernacles éternels » (Lc 16,9). Voilà, Seigneur, le conseil que tu donnes à tes disciples après leur avoir dit que « les enfants de ténèbres sont plus habiles dans leurs affaires que les enfants de lumière ». Enfant de lumière, j’ai compris que mes désirs d’être tout, d’embrasser toutes les vocations, étaient des richesses qui pourraient bien me rendre injuste, alors je m’en suis servie à me faire des amis. Me souvenant de la prière d’Élisée à son père Élie lorsqu’il osa lui demander son « double esprit » (2R 2,9), je me suis présentée devant les anges et les saints, et je leur ai dit : « Je suis la plus petite des créatures, je connais ma misère et ma faiblesse, mais je sais aussi combien les cœurs nobles et généreux aiment à faire du bien, je vous supplie donc, ô bienheureux habitants du Ciel, je vous supplie de m’adopter pour enfant. À vous seuls sera la gloire que vous me ferez acquérir, mais daignez exaucer ma prière ; elle est téméraire, je le sais, cependant j’ose vous demander de m’obtenir votre double Amour. »

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Manuscrit autobiographique B, 4r°

 

 

 

 

« Il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

jeudi 3 novembre 2016

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La conduite que Jésus Christ tenait pendant sa vie mortelle nous montre la grandeur de sa miséricorde pour les pécheurs. Nous voyons qu’ils viennent tous lui tenir compagnie ; et lui, bien loin de les rebuter ou du moins de s’éloigner d’eux, au contraire, il prend tous les moyens possibles pour se trouver parmi eux, afin de les attirer à son Père. Il va les chercher par les remords de conscience ; il les ramène par sa grâce et les gagne par ses manières amoureuses. Il les traite avec tant de bonté, qu’il prend même leur défense contre les scribes et les pharisiens qui veulent les blâmer, et qui semblent ne pas vouloir les souffrir auprès de Jésus Christ.

Il va encore plus loin : il veut se justifier de la conduite qu’il tient à leur égard par une parabole qui leur dépeint, comme l’on ne peut pas mieux, la grandeur de son amour pour les pécheurs, en leur disant : « Un bon pasteur qui avait cent brebis, en ayant perdu une, laisse toutes les autres pour courir après celle qui s’est égarée, et, l’ayant retrouvée, il la met sur ses épaules pour lui éviter la peine du chemin. Puis, l’ayant rapportée à son bercail, il invite tous ses amis à se réjouir avec lui d’avoir retrouvé la brebis qu’il croyait perdue ». Il ajoute encore cette parabole d’une femme qui, ayant dix drachmes et en ayant perdu une, allume sa lampe pour la chercher dans tous les coins de sa maison, et l’ayant retrouvée, elle invite toutes ses amies pour s’en réjouir. « C’est ainsi, leur dit-il, que tout le ciel se réjouit du retour d’un pécheur qui se convertit et qui fait pénitence. Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs ; ceux qui sont en santé n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui sont malades » (Lc 5,31-32).

Nous voyons que Jésus Christ s’applique à lui-même ces vives images de la grandeur de sa miséricorde envers les pécheurs. Quel bonheur pour nous de savoir que la miséricorde de Dieu est infinie ! Quel violent désir ne devons-nous pas sentir naître en nous d’aller nous jeter aux pieds d’un Dieu qui nous recevra avec tant de joie !

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), prêtre, curé d’Ars
Sermon pour le 3ème dimanche après Pentecôte, 1er sur la miséricorde

 

 

 

Notre demeure véritable

mercredi 2 novembre 2016

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Il convient de ne jamais perdre de vue, chers frères, que nous avons renoncé au monde et que nous vivons ici-bas comme des hôtes de passage, comme des étrangers (He 11,13). Bénissons le jour qui assigne à chacun sa demeure véritable, et qui, après nous avoir arrachés à ce monde et dégagés de ses liens, nous rend au paradis et au Royaume des cieux. Quel est celui qui ne se hâterait pas de regagner sa patrie après quelque temps passé à l’étranger ? Quel est celui qui…ne souhaiterait pas un vent favorable pour voguer pour embrasser les siens plus rapidement ? Notre patrie, c’est le paradis ; dès le début, nous avons eu les patriarches pour pères.

Pourquoi ne nous hâtons-nous donc pas de voir notre patrie, pourquoi ne courons-nous pas saluer nos parents ? Une foule d’êtres chers nous attendent là-bas : des parents, des frères, des enfants, sûrs déjà de leur propre salut mais préoccupés encore par le nôtre ; ils aspirent à nous voir parmi eux… C’est là que se trouvent le chœur glorieux des apôtres, la foule animée des prophètes, l’armée innombrable des martyrs couronnés de leurs succès contre l’ennemi et la souffrance…; c’est là que rayonnent les vierges…; c’est là enfin que sont récompensés les hommes qui ont fait preuve de compassion, qui ont multiplié les actes de charité en subvenant aux besoins des pauvres et qui, fidèles aux préceptes du Seigneur, sont parvenus à s’élever des biens terrestres aux trésors du ciel.

Hâtons-nous donc de satisfaire notre impatience de les rejoindre et de comparaître au plus vite devant le Christ. Que Dieu découvre en nous cette aspiration…, lui qui accorde la récompense suprême de sa gloire à ceux qui l’auront désiré avec le plus d’ardeur.

Saint Cyprien (v. 200-258), évêque de Carthage et martyr
Sur la mort ; PL 4, 583s (trad. DDB 1980, coll. Pères dans la foi n° 14, p. 35 rev.)