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Archive pour mars 2015

« Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

lundi 23 mars 2015

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« Ils se retirèrent tous, l’un après l’autre. » Ils ne restèrent plus que deux, la misérable et la Miséricorde. Mais le Seigneur, après les avoir frappés avec le trait de la justice, ne daigna pas non plus regarder leur chute ; détournant d’eux son regard, « il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol ».

Cette femme étant restée seule, tous les autres étant partis, il leva les yeux vers elle. Nous avons entendu la voix de la justice, écoutons aussi celle de la bonté… Cette femme s’attendait à être punie par celui en qui on ne pouvait trouver de péché. Mais lui, qui avait repoussé ses ennemis par la voix de la justice, levant sur elle les yeux de la miséricorde, l’interrogea : « Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Il lui dit : « Moi non plus, je ne te condamnerai pas. Tu as pu craindre d’être condamnée par moi parce que tu n’as pas trouvé de péché en moi ; moi non plus je ne te condamnerai pas. »

Qu’est-ce à dire, Seigneur ? Tu favorises donc les péchés ? Non, pas du tout. Remarque ce qui suit : « Va, et désormais ne pèche plus. » Le Seigneur a donc condamné, mais il a condamné le péché, non le pécheur… Qu’ils fassent donc attention, ceux qui dans le Seigneur aiment sa bonté, et qu’ils craignent sa vérité… Le Seigneur est bon, le Seigneur est lent à la colère, le Seigneur est miséricordieux, mais le Seigneur aussi est juste et le Seigneur est plein de vérité (Ps 85,15). Il t’accorde le temps de te corriger, mais tu aimes mieux jouir de ce délai que te réformer. Tu as été méchant hier, sois bon aujourd’hui ; tu as passé cette journée dans le mal, demain au moins change ta conduite.

C’est donc le sens des paroles qu’il adresse à cette femme : « Moi non plus, je ne te condamnerai pas, mais, assurée pour le passé, sois en garde pour l’avenir. Moi non plus, je ne te condamnerai pas, j’ai effacé ce que tu as commis ; observe ce que j’ai prescrit pour obtenir ce que j’ai promis. »

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur l’évangile de Jean, n°33, 5-8 (trad. Bibliothèque augustinienne, DDB 1977, t.72, p.705s)

 

 

 

« S’il meurt il donne beaucoup de fruit. »

dimanche 22 mars 2015

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Être chrétien, c’est d’abord et toujours s’arracher à l’égoïsme qui ne vit que pour soi, afin d’entrer dans une grande orientation foncière de la vie les uns pour les autres. Au fond, toutes les grandes images scripturaires traduisent cette réalité. L’image de la Pâque…, l’image de l’Exode…, qui commence avec Abraham et qui reste une loi fondamentale tout au long de l’histoire sainte : tout cela est l’expression de ce même mouvement fondamental qui consiste à se détacher d’une existence repliée sur elle-même.

Le Seigneur Jésus a énoncé cette réalité de la façon la plus profonde dans la loi du grain de blé, qui montre en même temps que cette loi essentielle ne domine pas seulement toute l’histoire, mais marque dès le commencement la création entière de Dieu : « En vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il portera beaucoup de fruits. »

Dans sa mort et sa résurrection, le Christ a accompli la loi du grain de blé. Dans l’eucharistie, dans le pain de blé, il est devenu véritablement le fruit centuple (Mt 13,8) dont nous vivons encore et toujours. Mais dans le mystère de la sainte eucharistie où il demeure à jamais celui qui est vraiment et pleinement « pour nous », il nous invite à entrer jour après jour dans cette loi qui n’est finalement que l’expression de l’essence de l’amour véritable… : sortir de soi-même pour servir les autres. Le mouvement fondamental du christianisme n’est, en dernière analyse, que le simple mouvement de l’amour par lequel nous participons à l’amour créateur de Dieu lui-même.

Cardinal Joseph Ratzinger [Benoît XVI, pape de 2005 à 2013]
Vom Sinn des Christseins 1965 (trad. Un Seul Seigneur, Mame 1971, p. 43)

 

 

Simplicité du coeur

samedi 21 mars 2015

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Le Carême est maintenant bien commencé. Il nous faut poursuivre la marche. D’un bon pas, si possible, mais ce n’est pas toujours évident. Le message du pape François pour le Carême 2015 peut redonner souffle à notre marche. C’est un « temps de grâce », rappelle-t-il d’emblée, invitant aussitôt à élargir le regard, car répète-t-il, « un des défis les plus urgents est celui de la mondialisation de l’indifférence. L’indifférence envers son prochain et envers Dieu est une tentation réelle, même pour nous, chrétiens… C’est pour cela que nous avons besoin d’entendre, lors de chaque Carême, le cri des prophètes qui haussent la voix et qui nous réveillent. » Pour que « les lieux où se manifeste l’Église, en particulier nos paroisses et nos communautés, deviennent des îles de miséricorde au milieu de la mer de l’indifférence ! » Le Carême, c’est « un parcours de formation du cœur » pour « dépasser l’indifférence et nos prétentions de toute-puissance ».
Le programme est sportif, peut-être, mais en tout cas accessible et concret : « Avoir un cœur miséricordieux ne veut pas dire avoir un cœur faible. Celui qui veut être miséricordieux a besoin d’un cœur fort, solide, fermé au tentateur et ouvert à Dieu. Un cœur qui se laisse pénétrer par l’Esprit et porter sur les voies de l’amour, qui conduisent à nos frères et à nos sœurs. » La conclusion, alors, est limpide : « Au fond, dit François, un cœur pauvre, qui connaisse en fait ses propres pauvretés et qui se dépense pour l’autre. »
Allier ainsi faiblesse et force, conversion et tendresse, accueil de notre propre pauvreté et ouverture à autrui. Voilà le bon chemin ! Aimer et « se dépenser pour l’autre » guérit de l’indigence même. Voilà le bonheur d’un cœur pauvre !

P. Jacques Nieuviarts, conseiller éditorial de Prions en Église
Éditorial mars 2015
actu.bayardweb.com

escapamargue.blogspot.fr

 

« Joseph, fils de David » (Mt 1,20)

vendredi 20 mars 2015

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On ne peut douter que Joseph ait été un homme très saint et très digne de confiance, puisque la Mère du Sauveur devait être son épouse. Il a été le « serviteur fidèle et prudent » (Mt 24,45) puisque Dieu l’a établi pour être le soutien de sa Mère, le nourricier de sa chair et l’auxiliaire de son dessein de salut.

Il faut nous rappeler qu’il était de la maison de David. Il était fils de David non seulement par la chair, mais encore par la foi, la sainteté et la piété. Le Seigneur a trouvé en lui un second David à qui il a pu, en toute sûreté, confier ses desseins les plus secrets. Il lui a révélé, comme à un autre David, les mystères de sa sagesse et lui a découvert ce que ne connaissait aucun des maîtres de ce monde. Il lui a permis de voir et d’entendre ce que tant de rois et de prophètes, malgré leur désir, ne purent voir ni entendre (Mt 13,17) ; mieux encore, il le lui a fait porter, conduire, embrasser, nourrir, protéger. Marie et Joseph appartenaient donc tous deux à la race de David ; en Marie s’accomplissait la promesse faite jadis par le Seigneur à David, tandis que Joseph était le témoin de cet accomplissement.

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Homélies sur ces paroles de l’Évangile : « L’ange fut envoyé », n°2,16 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 404)

 

 

 

Solennité de la Saint-Joseph, Époux de Marie

jeudi 19 mars 2015

 

1. Nous célébrons aujourd’hui la solennité de la Saint-Joseph, Epoux de Marie (Mt 1, 24; Lc 1, 27). La liturgie nous l’indique comme le « père » de Jésus (Lc 2, 27.33.41.43.48), prêt à réaliser les desseins divins, même lorsque ceux-ci échappent à la compréhension humaine. A travers lui, « fils de David » (Mt 1, 20; Lc 1, 27), les Écritures se sont accomplies et le Verbe Eternel s’est fait homme, par l’œuvre de l’Esprit Saint, dans le sein de la Vierge Marie. Saint Joseph est défini dans l’Évangile comme un « homme juste » (Mt 1, 19), et il est pour tous les croyants un modèle de vie dans la foi.

2. Le mot « juste » évoque sa rectitude morale, son attachement sincère à la pratique de la loi et l’attitude de totale ouverture à la volonté du Père céleste. Même dans les moments difficiles et parfois dramatiques, l’humble charpentier de Nazareth ne s’arroge jamais le droit de mettre en discussion le projet de Dieu. Il attend l’appel d’En-Haut et, en silence, il respecte le mystère, se laissant guider par le Seigneur. Une fois sa tâche reçue, il l’exécute avec une responsabilité docile: il écoute l’ange avec attention lorsqu’il s’agit de prendre la Vierge de Nazareth comme épouse (cf. Mt 1, 18-25), lors de la fuite en Égypte (cf. Mt 2, 13-15) et du retour en Israël (cf. Ibid. 2, 19-23). Les évangélistes le décrivent en quelques lignes, mais de façon significative, comme le gardien plein de sollicitude de Jésus, époux attentif et fidèle, qui exerce l’autorité familiale dans une attitude constante de service. Les Écritures Saintes ne nous racontent rien d’autre à son propos, mais dans ce silence est contenu le style même de sa mission: une existence vécue dans la grisaille de la vie quotidienne, mais avec une foi assurée dans la Providence.

3. Chaque jour, saint Joseph dut subvenir aux besoins de sa famille par le dur travail manuel. C’est pourquoi l’Église l’indique à juste titre comme le patron des travailleurs.
La solennité d’aujourd’hui constitue donc une occasion propice pour réfléchir également sur l’importance du travail dans l’existence de l’homme, dans la famille et dans la communauté.
L’homme est le sujet et le protagoniste du travail et, à la lumière de cette vérité, on peut bien percevoir le lien fondamental existant entre personne, travail et société. L’activité humaine – rappelle le Concile Vatican II – dérive de l’homme et a l’homme pour objectif. Selon le dessein et la volonté de Dieu, elle doit servir au bien véritable de l’humanité et permettre « à l’homme en tant qu’individu ou membre de la société de cultiver et de réaliser sa vocation intégrale » (Gaudium et spes; n. 35).
Pour mener à bien cette tâche, il est nécessaire de cultiver une « spiritualité éprouvée du travail humain » ancrée, par de solides racines, à « l’Évangile du travail » et les croyants sont appelés à proclamer et à témoigner la signification chrétienne du travail dans leurs diverses activités professionnelles (cf. Laborem exercens, n. 26).

4. Que saint Joseph, un saint si grand et si humble, soit un exemple auquel les travailleurs chrétiens s’inspirent, en l’invoquant en toute circonstance. Je voudrais aujourd’hui confier au sage gardien de la sainte Famille de Nazareth les jeunes qui se préparent à leur future profession, les chômeurs et ceux qui souffrent du fait des difficultés liées à la crise du chômage, les familles et le monde du travail tout entier avec les attentes et les défis, les problèmes et les perspectives qui le caractérisent.
Que saint Joseph, patron universel de l’Église, veille sur toute la communauté ecclésiale et, en tant qu’homme de paix qu’il était, obtienne pour toute l’humanité, en particulier pour les peuples menacées en ces heures par la guerre, le précieux don de la concorde et de la paix

Audience Générale de Saint Jean-Paul II
Mercredi 19 mars 2003

Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

Bulletin n°81

mercredi 18 mars 2015

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Avoir la Foi …

mercredi 18 mars 2015

 

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« Mon Père…est toujours à l’œuvre, et moi aussi je suis à l’œuvre. »

mercredi 18 mars 2015

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Si nous observons la conduite du Sauveur pendant sa vie mortelle, nous voyons qu’il faisait exprès de voiler la connaissance de son identité de Fils de Dieu qu’il révélait pourtant en même temps. Il semble qu’il ait voulu qu’on puisse en jouir, mais non pas sur le moment — comme si ses paroles devaient demeurer valables déjà mais aussi devaient attendre un certain temps pour recevoir leur éclaircissement, comme si elles devaient attendre sa venue, qui doit mettre en pleine lumière à la fois le Christ et ses paroles… Il était parmi ses disciples « comme celui qui sert » (Lc 22,27). Apparemment ce n’était qu’après sa résurrection et surtout après son ascension, lorsque l’Esprit Saint est descendu, que les apôtres ont compris qui avait été avec eux…

À maintes reprises dans l’Écriture comme dans le monde, nous ne discernons pas la présence de Dieu au moment même où elle est avec nous, mais seulement après, quand nous regardons en arrière, constatant alors ce qui s’est passé autrefois… Quelle providence merveilleuse, qui se fait si silencieuse tout en étant si efficace, si constante, et surtout si infaillible ! Voilà ce qui est complètement déroutant pour le pouvoir de Satan ; il est incapable de discerner la main de Dieu à l’œuvre dans le déroulement des événements…; ses moyens multiples ne servent à rien devant le silence majestueux et serein, le calme imperturbable et saint qui règne dans la providence de Dieu…

La main de Dieu veille toujours sur les siens et il les conduit par un chemin qu’ils ignorent. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de croire ; ce qu’ils ne voient pas maintenant ils le verront plus tard. Et par cette foi, ils collaborent aux intentions de Dieu.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Christ Manifested in Remembrance », PPS t. 4, n°17

 

 

« L’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. » (Jn 4,14)

mardi 17 mars 2015

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Le Seigneur s’est fait mieux connaître. Il s’emploie à faire mieux connaître les dons reçus de sa grâce. Il nous a donné de louer son nom ; nos esprits chantent son Esprit Saint. Car un ruisseau a jailli ; il est devenu un torrent large et puissant (Ez 47,1s). Il a inondé et brisé l’univers et l’a emporté vers le Temple. Les obstacles des hommes n’ont pu l’arrêter, pas même l’artifice de ceux qui endiguent l’eau. Car il est venu sur toute la terre et l’a remplie entièrement.

Ils ont bu, tous les assoiffés de la terre ; leur soif a été étanchée, car le Très Haut a désaltéré les siens. Heureux les serviteurs à qui il a confié ses eaux ; ils ont pu y calmer leurs lèvres desséchées et redresser leur volonté paralysée. Les âmes mourantes ont été arrachées à la mort ; les membres épuisés ont été redressés et sont debout. Ils ont donné la force à leurs démarches et la lumière à leurs yeux. Tous les ont connus dans le Seigneur ; ils vivent par l’eau vivante pour l’éternité.

Odes de Salomon (texte chrétien hébraïque du début du 2e siècle)
N°6 (tr. Hamman, coll. Ichtus 1957 I, p. 26 ; DDB 1981, p.21)

 

 

 

« Vous ne pourrez donc pas croire à moins d’avoir vu des signes et des prodiges ? »

lundi 16 mars 2015

 

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« Si vous ne voyez pas des signes et des prodiges, vous ne croirez pas ! » Le fonctionnaire royal semble ne pas croire que Jésus a la puissance de ressusciter les morts : « Descends, avant que mon fils ne meure ! » Il semble croire que Jésus ignore la gravité de la maladie de son enfant. C’est pourquoi Jésus lui fait ce reproche, pour lui montrer que les miracles se font surtout pour gagner et guérir les âmes. Ainsi Jésus guérit le père qui est malade d’esprit non moins que le fils qui est malade de corps, pour nous apprendre qu’il faut s’attacher à lui non à cause des miracles, mais pour son enseignement que les miracles confirment. Car il opère les miracles non pour les croyants, mais pour les incroyants…

De retour chez lui, « il crut, avec tous les gens de sa maison ». Des gens qui n’ont ni vu ni entendu Jésus…croient en lui. Quel enseignement en retirer ? Il faut croire en lui sans exiger des miracles ; il ne faut pas exiger de Dieu des preuves de sa puissance. De nos jours combien de gens montrent un plus grand amour de Dieu lorsque leurs enfants ou leur femme ont reçu quelque soulagement dans leur maladie. Même si nos vœux ne sont pas exaucés, il faut persévérer tout autant dans l’action de grâce et la louange. Restons attachés à Dieu dans l’adversité autant que dans la prospérité.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Jean, n°35