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Archive pour mars 2014

« Que ton nom soit sanctifié. »

mardi 11 mars 2014

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Nous devons nous rappeler, frères bien-aimés, lorsque nous appelons Dieu notre Père, que nous devons nous comporter en enfants de Dieu… Nous devons être comme les temples de Dieu (1Co 3,16), pour que les hommes puissent voir que Dieu habite en nous ; nos actes ne doivent pas être indignes de l’Esprit… L’apôtre Paul a déclaré dans sa lettre : « Vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car le Seigneur a payé le prix de votre rachat. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps » (1Co 6,19).

Nous prions : « Que ton nom soit sanctifié. » Ce n’est pas parce que nous souhaitons que Dieu soit sanctifié par nos prières, mais parce que nous demandons au Seigneur que son nom soit sanctifié en nous. Par qui Dieu pourrait-il être sanctifié, puisque c’est lui qui sanctifie ? Il a dit lui-même : « Soyez saints parce que je suis saint » (Lv 20,26). C’est pourquoi nous demandons instamment, puisque nous avons été sanctifiés par le baptême, de persévérer dans ce que nous avons commencé d’être. Et nous prions pour cela chaque jour.

Saint Cyprien (v. 200-258), évêque de Carthage et martyr
La Prière du Seigneur, 11-12 (trad. cf bréviaire 11e mar. rev.)

 

 

 

 

Prochaine rencontre

lundi 10 mars 2014

careme1-ae357Dimanche 16 mars : Magalas (34)

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Messe à St Joseph de Montrouge à 11h.
Pique Nique et rosaire chez M. et Mme Valette.

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« Vous êtes une vague. Aujourd’hui, une petite vague, une de ces petites vagues annonciatrices de la vague définitive qui va déferler sur le monde, qui va inonder le monde le l’Amour incommensurable du Père. Et s’il advenait une tempête avant cet événement, n’ayez pas peur. Nous sommes toujours présents à vos côtés. »

Marie, Mère des hommes – février 2014

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« De même que tous sont devenus pécheurs parce qu’un seul homme a désobéi, de même tous deviendront justes parce qu’un seul homme a obéi. » (Rm 5,19)

dimanche 9 mars 2014

En examinant le déroulement de la tentation du Seigneur, nous pourrons comprendre avec quelle ampleur nous avons été délivrés de la tentation. L’ennemi des origines s’est dressé contre le premier homme, notre ancêtre, par trois tentations : il l’a tenté par la gourmandise, la vaine gloire et l’avarice… C’est par la gourmandise qu’il lui a montré le fruit défendu de l’arbre et l’a persuadé de le manger. Il l’a tenté par la vaine gloire en disant : « Vous serez comme des dieux » (Gn 3,5). Et c’est en y ajoutant l’avarice qu’il l’a tenté en disant : « Vous connaîtrez le bien et le mal. » En effet, l’avarice n’a pas seulement pour objet l’argent, mais aussi les honneurs…

Mais quand il a tenté le second Adam (1Co 15,47), les mêmes moyens qui lui avaient servi à terrasser le premier homme ont vaincu le diable. Il le tente par la gourmandise en lui demandant : « Ordonne que ces pierres deviennent des pains » ; il le tente par la vaine gloire en lui disant : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas » ; il le tente par le désir avide des honneurs lorsqu’il lui montre tous les royaumes du monde en déclarant : « Tout cela, je te le donnerai si, tombant à mes pieds, tu m’adores »… Ayant ainsi fait prisonnier le diable, le second Adam l’expulse de nos cœurs par le même accès qui lui avait permis d’y entrer et de les tenir en son pouvoir.

Il y a autre chose que nous devons considérer dans la tentation du Seigneur… : il pouvait précipiter son tentateur dans l’abîme, mais il n’a pas manifesté son pouvoir personnel ; il s’est limité à répondre au diable par des préceptes de la Sainte Écriture. Il l’a fait pour nous donner l’exemple de sa patience, et nous inviter ainsi à recourir à l’enseignement plutôt qu’à la vengeance… Voyez quelle est la patience de Dieu, et quelle est notre impatience ! Nous sommes emportés de fureur dès que l’injustice ou l’offense nous atteignent… ; le Seigneur, lui, a endure l’hostilité du diable, et il ne lui a répondu qu’avec des paroles de douceur.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélies sur l’Evangile, n°16 (trad. Le Barroux rev.)

 

 

dimanche 9 mars 2014

 

 

« Je suis venu appeler…les pécheurs, pour qu’ils se convertissent. »

samedi 8 mars 2014

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Dieu m’a montré un seigneur assis solennellement dans la paix et le repos ; avec douceur il a envoyé son serviteur accomplir sa volonté. Le serviteur a couru en grande hâte, par amour ; mais voilà qu’il est tombé dans un ravin et s’est blessé gravement… Dans ce serviteur, Dieu m’a montré le mal et l’aveuglement provoqués par la chute d’Adam ; et dans ce même serviteur la sagesse et la bonté du Fils de Dieu. Dans le seigneur, Dieu m’a montré sa compassion et sa pitié pour le malheur d’Adam, et dans ce même seigneur la haute noblesse et la gloire infinie à laquelle l’humanité est élevée par la Passion et la mort du Fils de Dieu. C’est pourquoi notre Seigneur se réjouit beaucoup de sa propre chute [dans ce monde et dans sa Passion], à cause de l’exaltation et de la plénitude de bonheur auxquelles parvient le genre humain, surpassant certainement celui que nous aurions eu si Adam n’était pas tombé…

Ainsi nous avons une raison de nous affliger, car notre péché est la cause des souffrances du Christ, et nous avons constamment une raison de nous réjouir, car c’est son amour infini qui l’a fait souffrir… S’il arrive que par aveuglement et faiblesse nous tombions, alors relevons-nous promptement, sous le doux toucher de la grâce. De toute notre volonté corrigeons-nous en suivant l’enseignement de la sainte Église, selon la gravité du péché. Avançons vers Dieu dans l’amour ; ne nous laissons jamais aller au désespoir, mais ne soyons pas trop téméraires, comme si cela n’avait pas d’importance. Reconnaissons franchement notre faiblesse, sachant que, à moins que la grâce ne nous garde, nous ne tiendrons pas le temps d’un clin d’œil…

Il est légitime que notre Seigneur désire que nous nous accusions et que nous reconnaissions, loyalement et en vérité, notre chute et tout le mal qui s’ensuit, conscients que nous ne pourrons jamais les réparer. Il veut en même temps que nous reconnaissions, loyalement et en vérité, l’amour éternel qu’il a pour nous et l’abondance de sa miséricorde. Voir et connaître l’un et l’autre ensemble par sa grâce, voilà l’humble confession que notre Seigneur attend de nous et qui est son œuvre dans notre âme.

Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise
Révélations de l’amour divin, ch. 51-52

 

 

 

 

« Alors ils jeûneront. »

vendredi 7 mars 2014

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« Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » Jésus leur avait répondu : « Les invités à la noce peuvent-ils être en deuil tant que l’époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’époux leur aura été enlevé : c’est alors qu’ils jeûneront. » Le temps du carême, en effet, nous rappelle que l’époux nous a été enlevé. Il a été enlevé, arrêté, emprisonné, souffleté, flagellé, couronné d’épines, crucifié. Le jeûne du carême est l’expression de notre solidarité avec le Christ… « Mon amour a été crucifié, et la flamme du désir pour les choses matérielles est éteinte en moi », écrivait saint Ignace, évêque d’Antioche [au tournant des 1er et 2e siècles]…

La nourriture et la boisson sont indispensables à l’homme pour vivre. Il s’en sert et il doit s’en servir, mais il ne lui est pas permis d’en abuser d’une façon ou d’une autre. L’abstention traditionnelle de nourriture et de boisson a non seulement pour but de donner à la vie de l’homme l’équilibre qui lui est nécessaire, mais aussi de le détacher de ce que l’on pourrait appeler « la mentalité de consommation ». Cette mentalité est devenue aujourd’hui une des caractéristiques de la civilisation et, en particulier, de la civilisation occidentale… L’homme orienté vers les biens matériels…en abuse bien souvent.

Il ne s’agit pas ici que de nourriture et de boisson. Lorsque l’homme est orienté exclusivement vers la possession et l’usage des biens matériels, c’est-à-dire vers les choses, c’est alors toute la civilisation qui est mesurée selon la quantité et la qualité des choses qu’elle peut fournir à l’homme, et non selon l’homme, à la mesure de l’homme. Cette civilisation, en effet, fournit les biens matériels non seulement pour qu’ils servent à l’homme, à ses activités créatrices et utiles mais, et toujours plus, pour satisfaire et exciter ses sens, pour le plaisir d’un instant, pour des sensations de plus en plus multiples, [par exemple, par] les médias audiovisuels… L’homme d’aujourd’hui doit donc jeûner c’est-à-dire s’abstenir non seulement de nourriture et de boisson, mais de beaucoup d’autres moyens de consommation, de stimulations et de satisfactions des sens.

Bienheureux Jean-Paul II (1920-2005), pape
Audience générale du 21/03/1979 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

Marcher à sa suite

jeudi 6 mars 2014

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Le « moment favorable » (2Co 6,2) et de grâce du carême nous montre sa signification spirituelle à travers l’antique formule : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière », que le prêtre prononce lorsqu’il impose un peu de cendres sur notre tête. Nous sommes ainsi renvoyés aux débuts de l’histoire humaine, quand le Seigneur a dit à Adam, après la faute des origines : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front, jusqu’à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise » (Gn 3,19 ; 2,7)…

L’homme est poussière et il retournera à la poussière, mais il est une poussière précieuse aux yeux de Dieu, parce que Dieu a créé l’homme en le destinant à l’immortalité. Ainsi, cette formule liturgique…trouve la plénitude de son sens en référence au nouvel Adam, le Christ (1Co 15,45). Le Seigneur Jésus lui aussi a librement voulu partager avec chaque homme le sort de la fragilité, en particulier à travers sa mort sur la croix ; mais cette mort précisément, pleine de son amour pour le Père et pour l’humanité, a été le chemin de la résurrection glorieuse, à travers laquelle le Christ est devenu la source d’une grâce donnée à tous ceux qui croient en lui et participent à la vie divine elle-même.

Cette vie qui n’aura pas de fin est déjà en acte dans la phase terrestre de notre existence, mais elle sera portée à son accomplissement après la résurrection de la chair. Le petit geste de l’imposition des cendres nous révèle donc la richesse de sa signification : c’est une invitation à parcourir le temps du carême comme une immersion plus consciente et plus intense dans le mystère pascal du Christ, dans sa mort et sa résurrection, à travers la participation à l’eucharistie et à la vie de charité. Nous renouvelons notre engagement à suivre Jésus, à nous laisser transformer par son mystère pascal, pour l’emporter sur le mal et faire le bien, pour faire mourir notre « vieil homme » lié au péché et faire naître l’« homme nouveau » (Ep 4,22s) transformé par la grâce de Dieu.

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Audience générale du 17/02/2010 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

 

Mercredi des Cendres

mercredi 5 mars 2014

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1. « Sonnez du cor à Sion ! Prescrivez un jeûne, publiez une solennité, réunissez le peuple, convoquez la communauté » (Jl 2, 15-16).

Ces paroles du prophète Joël mettent en lumière la dimension communautaire de la pénitence. Certes, le repentir ne peut provenir que du cœur, siège, selon l’anthropologie biblique, des intentions profondes de l’homme. Toutefois, les actes de pénitence exigent d’être vécus également avec les membres de la communauté.

En particulier dans les moments difficiles, suite à des difficultés ou face à un danger, la Parole de Dieu, à travers la bouche des prophètes, appelait les croyants à une mobilisation pénitentielle : tous sont convoqués, sans aucune exception, des personnes âgées aux enfants ; tous unis pour implorer de Dieu la compassion et le pardon (cf. Jl 2, 16-18).

2. La communauté chrétienne écoute cette puissante invitation à la conversion, au moment où elle s’apprête à entreprendre l’itinéraire quadragésimal, qui est inauguré par l’antique rite de l’imposition des cendres. Ce geste, que certains pourraient considérer comme appartenant à d’autres temps, contraste certainement avec la mentalité de l’homme moderne, mais cela nous pousse à en approfondir le sens en découvrant sa force et son impact particuliers.

En déposant les cendres sur le front des fidèles, le célébrant répète : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». Retourner à la poussière est le destin qui apparemment lie les hommes et les animaux. Toutefois, l’être humain n’est pas seulement chair, mais également esprit ; si la chair a pour destin la poussière, l’esprit est voué à l’immortalité. En outre, le croyant sait que le Christ est ressuscité, remportant également dans son corps une victoire sur la mort. Lui aussi marche dans l’espérance vers cette perspective.

3. Recevoir les cendres sur le front signifie donc se reconnaître comme créatures, faites de glaise et destinées à la glaise (cf. Gn 3, 19) ; cela signifie dans le même temps se proclamer pécheurs, ayant besoin du pardon de Dieu pour pouvoir vivre selon l’Évangile (cf. Mc 1, 15) ; cela signifie, enfin, raviver l’espérance de la rencontre définitive avec le Christ dans la gloire et dans la paix du Ciel.

Cette perspective de joie engage les croyants à faire tout leur possible pour anticiper dans le temps présent une partie de la paix future. Cela suppose la purification du cœur et l’affermissement de la communion avec Dieu et les frères. C’est à cela que visent la prière et le jeûne auxquels, face aux menaces de guerre qui pèsent sur le monde, j’ai invité les fidèles.

À travers la prière, nous nous plaçons entièrement entre les mains de Dieu, et ce n’est que de Lui que nous attendons la paix authentique. À travers le jeûne, nous préparons notre cœur à recevoir la paix du Seigneur, don par excellence et signe privilégié de la venue de son Royaume.

4. La prière et le jeûne doivent donc être accompagnés par des œuvres de justice ; la conversion doit se traduire en accueil et en solidarité. À ce sujet, l’ancien prophète admoneste : « N’est-ce pas plutôt ceci le jeûne que je préfère: défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug; renvoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs? » (Is 58, 6).

Il n’y aura pas de paix sur terre tant que perdureront les oppressions des peuples, les injustices sociales et les déséquilibres économiques encore existants. Mais pour les grands changements structurels souhaités, les initiatives et les interventions extérieures ne suffisent pas ; il faut avant tout une conversion commune des cœurs à l’amour.

5. « Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2, 12). Nous pourrions dire que le message de la célébration d’aujourd’hui se résume dans cette exhortation implorante de Dieu à la conversion du cœur.

Cette invitation est répétée par l’apôtre Paul dans la seconde lecture: « Nous vous en supplions au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu […] Le voici maintenant le moment favorable; le voici maintenant le jour du salut » (2 Co 5, 20; 6, 2).

Chers frères et sœurs, voici le moment favorable pour revoir notre attitude à l’égard de Dieu et de nos frères.

Voici le jour du salut, au cours duquel nous examinons profondément les critères qui nous orientent dans notre conduite quotidienne.

Seigneur, aide-nous à retourner de tout cœur à Toi, Chemin qui conduis au salut, Vérité qui rends libres, Vie qui ne connais pas la mort.

Célébration pénitentielle du mercredi des Cendres
Basilique Sainte-Sabine sur l’Aventin

Homélie du bienheureux Jean-Paul II

Mercredi des Cendres, 5 mars 2003

Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

 

 

Tout quitter pour le suivre

mardi 4 mars 2014

pauvresLes richesses, qu’elles soient matérielles ou spirituelles, peuvent nous asphyxier si on n’en a pas un juste usage. Car Dieu lui-même ne peut rien placer dans un cœur déjà plein à craquer. Un jour ou l’autre, inévitablement, il en ressort un appétit d’argent et une avidité de tout ce que l’argent peut procurer — la recherche du superflu, du luxe pour ce qui est de se nourrir, se vêtir ou s’amuser. Les besoins vont alors croissant, une chose appelant l’autre. Mais au terme on trouve un sentiment incontrôlable d’insatisfaction. Demeurons aussi vides que possible afin que Dieu puisse nous remplir.

Notre Seigneur en est un vivant exemple : dès le premier jour de son existence humaine, il a connu une pauvreté dont aucun être humain ne fera jamais l’expérience car, « étant riche, il se rendit lui-même pauvre » (2Co 8,9). Le Christ s’est vidé lui-même de toute sa richesse. C’est là que surgit la contradiction : si je veux être pauvre comme le Christ qui est devenu pauvre alors qu’il était riche, que dois-je faire ? Ce serait une honte pour nous d’être plus riches que Jésus qui à cause de nous a enduré la pauvreté.

Sur la croix, le Christ a été privé de tout. La croix elle-même lui avait été donnée par Pilate ; les clous et la couronne, par les soldats. Il était nu. Quand il est mort, on l’a dépouillé de la croix, on lui a retiré les clous et la couronne. Il a été enveloppé dans un morceau de toile, donné par une âme charitable, et il a été enterré dans un tombeau qui ne lui appartenait pas. Et cela, alors que Jésus aurait pu mourir comme un roi ou même s’épargner la mort. Mais il a choisi la pauvreté car il savait que c’est le vrai moyen de posséder Dieu et d’apporter son amour sur la terre.

Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
No Greater Love, p. 95 (trad. Il n’y a pas de plus grand amour, Lattès 1997, p. 102 rev.)

 

 

 

La gratuité de Dieu

lundi 3 mars 2014
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Dieu nous sauve gratuitement. Il n’attend pas de nous des mérites, des efforts… La morale chrétienne, les bonnes actions que nous pouvons faire ne sont pas des conditions préalables à la bonté de Dieu, c’est un remerciement de notre part à Dieu. C’est parce que nous sommes sauvés que nous avons envie de remercier Dieu enétant le plus justes possible, et pas l’inverse, comme on le pense souvent. Ce n’est pas très neuf, l’Evangile le dit volontiers.
Jésus dit : « Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé« . Jn, 3. C’est écrit noir sur blanc. Et plus loin, au chapitre 17, alors que Pierre vient de le trahir et que Judas vient de le vendre, Jésus dit à son Père : « Ils ont gardé ta Parole », il prend leur défense. Il nous fait confiance, il est sûr de nous alors même que nous ne sommes pas sûrs de lui. (…)
La gratuité de Dieu, cela veut dire que c’est pour rien. Vous n’aimez pas vos enfants pour qu’ils prennent soin de vous plus tard, quand vous serez vieux. Vous les aimez pour rien, parce qu’ils sont là et que leur existence justifie la vôtre. Je pense que l’amour de Dieu est du même ordre, sans condition. La meilleure preuve, c’est qu’il choisit d’être du côté des coupables pour que tous les coupables puissent croire que l’amour de Dieu pour les coupables est sans condition. [La gratuité de Dieu] est plus tangible qu’ailleurs dans l’univers carcéral. Je ne suis pas aumônier, à chacun sa place, mais je suis convaincue que des gens font un chemin de vérité en prison, s’ils sont accompagnés et s’ils ont une relation possible avec une personne de confiance, qui peut être l’aumônier, un soignant, une personne de leur famille. Des gens font un chemin de vérité, et ce chemin a clairement quelque chose à voir avec l’Evangile, et certains savent très bien que le Christ est de leur côté, du côtédes coupables, d’autant plus qu’eux-mêmes sont coupables.
Quand on voit des gens grandir, s’épanouir, être heureux, on est témoin de la grâce de Dieu qui les aide à vivre. Même en prison. Dans et hors de la prison, il y a les mêmes gens.
La grâce de Dieu, c’est très simple. C’est accepter d’être accepté par Dieu. Cela demande beaucoup d’humilité. Etre simple, être ce qu’on est, ne pas vouloir être autre chose que ce qu’on est, profiter de la présence des autres, d’être là avec eux, sans se projeter dans ce qu’on va faire demain, sans regretter ce qu’on a fait hier. Une attitude de l’ordre de la reconnaissance et de l’émerveillement. […] Le mot-clé, c’est la présence. Quand on est présent aux autres, on est présent à soi-même, et non l’inverse. C’est dans la relation aux autres qu’on est présent à soi-même. Par exemple il ne faut pas attendre de s’aimer soi-même pour aimer les autres. C’est en aimant l’autre qu’on aura quelque chance de s’aimer soi-même.
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Anne Lécu, dominicaine, théologienne, médecin de prison, répond aux questions de Sophie de Villeneuve dans l’émission « Mille questions à la foi » sur Radio Notre-Dame. 
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