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Archive pour la catégorie ‘Ecritures’

Toi notre Vie, Tu es ressuscité des morts !

samedi 6 avril 2024

Tu es ressuscité des morts, toi la Vie de tous, et un ange de lumière criait aux femmes : « Cessez vos larmes, portez aux apôtres la bonne nouvelle, chantez l’hymne à pleine gorge : Il est ressuscité, le Christ Seigneur qui a bien voulu, étant Dieu, sauver la race humaine ! »

J’ai ouï dire, Seigneur, le Mystère de ton Incarnation, j’ai considéré tes œuvres et j’ai glorifié ta divinité.

Une engeance de rebelles t’a cloué à la croix, Christ notre Dieu, et par cette croix tu as sauvé, dans ta miséricorde, ceux qui glorifient ta résurrection.

En me faisant manger du fruit de l’arbre, jadis, l’Ennemi m’avait banni de l’Éden : mais grâce à l’arbre de la croix, Très Bon, j’ai été rappelé à mon premier séjour.

Par ta mort, ô Maître, la Mort a été capturée et mise à mort : car, étant la Vie subsistante, tu as dispensé la vie aux habitants des tombeaux.

Ressuscité du tombeau, tu as fait ressusciter avec toi tous les morts couchés dans l’Hadès et, dans ta miséricorde, tu as illuminé ceux qui glorifient ta résurrection.

Ce Dieu que tu as enfanté, Marie immaculée, supplie de donner à tes serviteurs le pardon de leurs fautes.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

 

« Au lever du jour, Jésus était là sur le rivage. »

vendredi 5 avril 2024

Ce jour qu’a fait le Seigneur (Ps 117,24) pénètre tout ; il contient tout, il embrasse tout, ciel, terre et enfer ! … Et quel est ce jour du ciel sinon le Christ, dont parle le prophète : « Le jour au jour énonce le récit » (Ps 18,3). Oui, ce jour est le Fils à qui le Père, qui est aussi la lumière du jour, énonce le secret de sa divinité. C’est lui, ce jour qui dit par la voix du Sage : « J’ai créé un jour qui se lèvera à jamais dans le ciel » (Si 24,32)… Ainsi la lumière du Christ luit à jamais, elle rayonne, elle flamboie, et les ténèbres du péché ne peuvent l’étreindre. « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas retenue » (Jn 1,5).

À la résurrection du Christ, tous les éléments sont glorifiés ; je suis sûr que le soleil a brillé ce jour-là d’un plus vif éclat. Ne devait-il pas entrer dans la joie de la résurrection, lui qui s’était attristé à la mort du Christ ? (Mt 27,45)… Comme un serviteur fidèle, il s’est obscurci pour accompagner le Christ dans la tombe ; aujourd’hui, il doit resplendir pour saluer la résurrection… Frères, réjouissons-nous en ce saint jour ; que nul, au souvenir de son péché, ne se dérobe à la joie commune ! Que personne ne désespère du pardon. Une faveur immense l’attend. Si le Seigneur, sur la croix, a eu pitié d’un bandit…, de quels bienfaits la gloire de sa résurrection ne nous comblera-t-elle pas ?

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

 

Ressusciter dans la chair

jeudi 4 avril 2024

Voici que j’entends parler de la résurrection et je m’interroge sur le devenir de cette résurrection. Je crois, en effet, que je suis destiné à ressusciter, mais je veux qu’on me dise quel être je serai. Il faut que je sache si je ressusciterai en un autre corps, subtil peut-être, je veux dire aérien, ou bien en celui dans lequel je mourrai. Or si je ressuscite en un corps aérien, ce ne sera plus moi qui ressusciterai. Comment peut-il y avoir véritable résurrection, si ma chair ne peut pas être une vraie chair ? La raison nous suggère donc clairement que, s’il n’y a pas chair véritable, il n’y aura évidemment pas résurrection véritable. Non, on n’est pas en droit de parler de résurrection du moment que ne ressuscite pas ce qui a succombé.

Eh bien, dissipe, bienheureux Job, les brouillards de notre doute, et puisque, par la grâce qui t’est venue du Saint-Esprit, tu as commencé à nous parler de l’espérance en notre résurrection, montre-nous clairement si c’est notre chair qui doit véritablement ressusciter. Le texte dit : « Je serai de nouveau revêtu de ma peau. » (Jb 19,26 Vg) De ma peau, le mot nous ôte tout doute sur une résurrection véritable, car il n’est pas vrai que, (…) dans la gloire de la résurrection, notre corps doive être impalpable, plus subtil que le vent et que l’air. Dans cette gloire de la résurrection, en effet, sans doute notre corps sera-t-il subtil par la manifestation de son pouvoir spirituel, mais il sera palpable par la vérité de sa nature.

Voilà pourquoi notre Rédempteur aussi a montré à ses disciples, qui doutaient de sa résurrection, ses mains et son côté, et leur a offert de palper ses os et sa chair : « Palpez et voyez, leur dit-il, car un esprit n’a ni chair, ni os, comme vous voyez que j’en ai. » (Lc 24,39)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Le mardi saint

mardi 26 mars 2024

Le Verbe du ciel, descendu
Sans abdiquer sa gloire immense,
Accomplit son labeur ardu,
Puis vient au soir de l’existence.

Un disciple va le livrer
A ceux que mord la jalousie ;
Mais lui se livre le premier
A ses disciples, Pain de vie (Jn 6,35).

Pour nourriture et pour boisson,
Son Corps, son Sang il leur présente ;
Il veut apaiser par ce don
La faim, la soif qui les tourmentent.

En naissant, notre compagnon,
Notre nourriture à sa table,
En croix, il est notre rançon,
Dans le ciel, vision délectable.

Ô notre Sauveur immolé,
Qui du ciel nous ouvres les portes,
L’ennemi nous tient accablés :
Que ton aide nous réconforte.

A l’unique et trine Seigneur
Appartient la gloire éternelle ;
Qu’un jour il ouvre dans nos cœurs
Les sources de joie immortelle.

Liturgie latine

 

 

 

« À partir de ce jour-là, le grand conseil fut décidé à le faire mourir. »

samedi 23 mars 2024

Ô Seigneur, tout ce que tu nous enseignes pourrait sembler trop difficile, trop lourd, si tu parlais d’une autre tribune ; mais puisque tu nous instruis plus par l’exemple que par la parole, toi qui es « Seigneur et Maître » (Jn 13,14), comment oserons-nous dire le contraire, nous qui sommes les serviteurs et les élèves ? Ce que tu dis est parfaitement vrai, ce que tu ordonnes parfaitement juste ; cette croix d’où tu parles l’atteste. Ce sang qui coule à flots témoigne aussi ; il crie de toutes ses forces (Gn 4,10). Et enfin, cette mort même : si elle a pu déchirer à distance le voile du Temple et fendre les pierres les plus dures (Mt 27,51), comment ne ferait-elle pas de même, et plus encore, pour le cœur des croyants ; comment ne les amènerait-elle pas à se soumettre ?

Seigneur, nous voulons te rendre amour pour amour ; et si le désir de te suivre ne procède pas encore de notre amour pour toi, car il est bien faible, qu’il vienne du moins de notre amour de ton amour. Si tu nous attires après toi, « nous courrons à l’odeur de tes parfums » (Ct 1,4 LXX) : nous ne désirons pas seulement t’aimer, te suivre, mais nous sommes résolus à mépriser ce monde… lorsque nous voyons que toi, notre chef, tu n’as pas accaparé les joies de cette vie. Nous te voyons affronter la mort, non dans un lit, mais sur le bois qui rend la justice ; bien que roi, tu ne veux pas avoir d’autre trône que ce gibet… Entraînés par ton exemple de roi plein de sagesse, nous repoussons l’appel de ce monde et de son luxe, et prenant ta croix sur nos épaules, nous nous proposons de te suivre, toi seul… Accorde-nous seulement l’aide nécessaire ; rends-nous assez forts pour te suivre.

Saint Robert Bellarmin (1542-1621)

 

 

 

Le Christ donne sa vie pour ses ennemis

vendredi 22 mars 2024

Méditons profondément sur l’amour du Christ notre Sauveur, qui « a aimé les siens jusqu’au bout » (Jn 13,1), à tel point que pour leur bien, volontairement, il a souffert une mort douloureuse et a manifesté le plus haut degré d’amour qui puisse exister. Car il a dit lui-même : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Oui, c’est bien là le plus grand amour qu’on ait jamais montré. Et pourtant notre Sauveur en donna un plus grand encore, car il donna cette preuve d’amour à la fois pour ses amis et pour ses ennemis.

Quelle différence entre cet amour fidèle et les autres formes d’amour faux et inconstant que l’on trouve dans notre pauvre monde !… Qui peut être sûr, dans l’adversité, de garder beaucoup de ses amis, quand notre Sauveur lui-même, lorsqu’il a été arrêté, est resté seul, abandonné des siens? Quand vous partez, qui voudra partir avec vous? Seriez-vous roi, votre royaume ne vous laisserait-il pas partir seul pour vous oublier aussitôt? Même votre famille ne vous laisserait-elle pas partir, comme une pauvre âme abandonnée qui ne sait où aller?

Alors, apprenons à aimer en tout temps, comme nous devrions aimer : Dieu par-dessus toute chose, et toutes les autres choses à cause de lui. Car tout amour qui ne se rapporte pas à cette fin, c’est-à-dire à la volonté de Dieu, est un amour tout à fait vain et stérile. Tout amour que nous portons à un être créé quelconque et qui affaiblit notre amour envers Dieu est un amour détestable et un obstacle à notre marche vers le ciel… Donc, puisque notre Seigneur nous a tant aimés pour notre salut, implorons assidûment sa grâce, de crainte qu’en comparaison de son grand amour, nous soyons trouvés remplis d’ingratitude.

Saint Thomas More (1478-1535)

 

 

 

 

« Je Suis »

jeudi 21 mars 2024

« Abraham, votre père, a exulté à la pensée de voir mon jour ; il l’a vu, et il s’est réjoui. » Abraham a vu le jour du Seigneur quand il a reçu chez lui les trois anges qui représentent la sainte Trinité : trois hôtes auxquels il s’est adressé comme à un seul (Gn 18,2-3)… Mais l’esprit terre à terre des auditeurs du Seigneur n’élève pas leur regard au-dessus de la chair…, et ils lui disent : « Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ? » Alors, doucement, notre Rédempteur détourne leur regard de son corps de chair pour l’élever à la contemplation de sa divinité, en déclarant : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham ait existé, moi, je suis ». « Avant » indique le passé, et « je suis » le présent. Parce que sa divinité n’a ni passé ni futur, mais existe toujours, le Seigneur ne dit pas « avant Abraham, j’étais », mais « avant Abraham, je suis ». C’est pourquoi Dieu a déclaré à Moïse : « Je suis celui qui suis… Tu diras aux enfants d’Israël : ‘ Celui-qui-est ‘ m’a envoyé vers vous » (Ex 3,14).

Abraham a eu un avant et un après ; il est venu en ce monde…et il l’a quitté, emporté par la course de sa vie. Mais il appartient à la Vérité d’exister toujours (Jn 14,6), car pour elle rien ne commence dans un premier temps et ne se termine par un temps suivant. Mais ces incroyants, qui ne pouvaient pas supporter ces paroles d’éternité, courent ramasser des pierres pour lapider celui qu’ils ne pouvaient pas comprendre…

« Jésus se déroba et sortit du Temple. » Il est étonnant que le Seigneur ait échappé à ses persécuteurs en se cachant, alors qu’il aurait pu exercer la puissance de sa divinité… Pourquoi donc s’est-il caché ? Parce que s’étant fait homme parmi les hommes, notre Rédempteur nous dit certaines choses par sa parole et d’autres par son exemple. Et que nous dit-il par cet exemple, sinon de fuir avec humilité la colère des orgueilleux, même quand nous pouvons y résister ?… Que personne donc ne regimbe en recevant des affronts, que personne ne rende insulte pour insulte. Car il est plus glorieux, à l’exemple d’un Dieu, d’éviter une injure en se taisant que de prendre le dessus en ripostant.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

 

« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »

lundi 18 mars 2024

« Nul n’a jamais vu Dieu », écrit saint Jean pour donner plus de relief à la vérité selon laquelle « le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a révélé » (Jn 1,18)… Telle qu’elle est révélée dans le Christ, la vérité sur Dieu « Père des miséricordes » (2Co 1,3) nous permet de le voir particulièrement proche de l’homme, surtout quand il souffre, quand il est menacé dans le fondement même de son existence et de sa dignité. Et c’est pourquoi, dans la situation actuelle de l’Église et du monde, bien des hommes et bien des milieux, guidés par un sens aigu de la foi, s’adressent, je dirais quasi spontanément, à la miséricorde de Dieu. Ils y sont certainement poussés par le Christ, dont l’Esprit est à l’œuvre au fond des cœurs. En effet, dans le contexte des menaces actuelles contre l’homme, le mystère de Dieu comme « Père des miséricordes » que le Christ nous a révélé devient un appel particulier adressé à l’Église.

Je voudrais…répondre à cet appel ; je voudrais reprendre le langage éternel — et en même temps incomparable de simplicité et de profondeur — de la révélation et de la foi pour exprimer encore une fois, en face de Dieu et des hommes, les grandes angoisses de notre temps. En effet, la révélation et la foi nous apprennent moins à méditer sur le mystère de Dieu comme « Père des miséricordes » de manière abstraite qu’à recourir à cette miséricorde au nom du Christ et en union avec lui. Le Christ ne nous a-t-il pas enseigné que notre Père, « qui voit dans le secret » (Mt 6,4), attend continuellement que nous recourions à lui dans tous nos besoins et que nous scrutions toujours son mystère, le mystère du Père et de son amour ? Je désire donc que mes réflexions rendent ce mystère plus proche pour tous, et qu’elles soient en même temps un vibrant appel de l’Église à la miséricorde dont l’homme et le monde contemporain ont un si grand besoin. Car ils en ont besoin, même si souvent ils ne le savent pas.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Regarder le Christ avec les yeux du Père

dimanche 17 mars 2024

Croire, c’est participer à la connaissance que Dieu a de lui-même et de toutes choses en lui. Par l’exercice de cette vertu, notre vie est comme un reflet de sa vie. Quand l’âme est remplie de foi, elle voit, pour ainsi dire, par les yeux de Dieu. Or, que contemple éternellement le Père ? Son Fils. Il connaît, il aime tout en Lui. Ce regard et cet amour lui sont essentiels. En ce moment, que regarde-t-il ? Le Verbe, son égal, devenu homme par amour.

Le Père apprécie son Fils infiniment, divinement, comme lui seul peut le faire ; c’est pourquoi il est tout entier à lui ; tout ce qu’il fait est ordonné à sa gloire : « Je l’ai glorifié et je vais le glorifier encore » (Jn 12,28). Il tient à ce que son Fils soit reconnu par les créatures raisonnables avec la révérence due à sa divinité. Quand il l’a introduit en ce monde, il a voulu que « tous les anges l’adorent » (He 1,6). Il réclame des hommes le même hommage. Le Père veut « que chacun honore le Fils à l’égal de lui-même » (Jn 5, 23). Et, au Thabor, n’a-t-il pas exigé de tous de « croire aux paroles de Jésus, puisqu’elles étaient celles du Fils de sa dilection » (Mt 17, 5) ?

Si nous regardions le Christ par les yeux du Père, le prix que nous attacherions à la dignité de sa personne, à l’étendue de ses mérites, à la puissance de sa grâce, serait sans limite. Quelle que soient la multitude de nos fautes et notre indigence, nous possédons dans le Christ une suppléance miséricordieuse inépuisable. Dans notre misère, nous sommes riches du Christ (cf. 1 Co 1,5). La surabondance des mérites d’un Dieu est, pour l’Église qui les possède, une source sans cesse jaillissante de gratitude, de louange, de paix et de joie indicibles.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

« S’il emprisonne, nul ne pourra ouvrir. » (Jb 12,14)

samedi 16 mars 2024

« S’il détruit, nul ne pourra bâtir ; s’il emprisonne, nul ne pourra ouvrir. » (Jb 12,14 Vg) Dieu tout-puissant détruit le cœur de l’homme lorsqu’il l’abandonne ; il le bâtit quand il l’emplit. Ce n’est pas en effet de haute lutte que Dieu détruit l’âme de l’homme, c’est en se retirant : la voilà perdue, si seulement elle est renvoyée à elle-même. De là vient très souvent qu’au moment où, en sanction de ses fautes, la grâce de Dieu tout-puissant n’emplit pas le cœur d’un auditeur, c’est en vain que du dehors le prédicateur tente de l’instruire, car muette est toute bouche qui parle si ne crie pas au fond du cœur celui qui inspire les paroles qui résonnent. Et il ne faut pas s’étonner qu’un cœur de réprouvé n’entende pas un prédicateur alors que le Seigneur lui-même, quand il parle, rencontre parfois la résistance d’une existence perverse. (….)

Job ajoute avec raison : « S’il emprisonne quelqu’un, nul n’ouvrira. » Si un homme se conduit mal, que se construit-il d’autre que la prison de sa conscience, en sorte que l’accusation de son cœur le charge, même si du dehors ne lui vient aucune inculpation. Car lorsque la justice de Dieu l’abandonne dans l’aveuglement de sa malignité, il est comme enfermé à l’intérieur de lui-même, sans trouver un moyen d’évasion qu’il ne mérite pas de trouver. Souvent, en effet, on voit des êtres désirer sortir de la perversité de leurs actes, mais parce qu’ils sont en même temps écrasés sous le poids de ces actes, enfermés dans une prison d’habitudes coupables, ils sont incapables de sortir eux-mêmes.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)