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Archive pour le mot-clef ‘vigne’

Chacun à son heure

mercredi 22 août 2018

« Allez, vous aussi, à ma vigne. » Frères, vous vous demandez peut-être pourquoi on ne fait pas venir tous ces ouvriers en même temps dans la vigne du Seigneur ? Je vous répondrai que le dessein de Dieu a été de les appeler tous en même temps. Mais ils ne veulent pas venir dès qu’ils sont appelés à la première heure et cela tient à leur refus. C’est pourquoi Dieu lui-même vient les appeler en particulier…, à l’heure où il pensait qu’ils se rendraient et qu’ils répondraient à son invitation. C’est ce que remarque clairement l’apôtre Paul à son propre sujet : « Quand il a plu à celui qui m’a mis à part dès le sein maternel, il m’a appelé » (Ga 1,15). Quand est-ce que cela a plu à Dieu, sinon quand il a vu que Paul se rendrait à son appel ? Bien sûr, Dieu aurait voulu l’appeler dès le commencement de sa vie, mais parce que Paul ne se serait pas rendu à sa voix, Dieu a décidé de ne l’appeler que lorsqu’il a vu qu’il lui répondrait. C’est ainsi que Dieu n’a appelé le bon larron qu’à la dernière heure (Lc 23,43), bien qu’il aurait pu le faire plus tôt, s’il avait prévu que cet homme se serait rendu à son appel… Donc si les ouvriers de la parabole disent que personne ne les a embauchés, il faut se souvenir de la patience de Dieu… Lui, il montre bien qu’il a fait tout ce qu’il a pu de son côté afin que tous puissent venir dès la première heure du jour. Ainsi la parabole de Jésus nous fait voir que les hommes se donnent à Dieu à des âges très différents. Et Dieu veut à tout prix empêcher les premiers appelés de mépriser les derniers.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église

 

 

 

« Va aujourd’hui travailler à ma vigne ! » (Mt 21,28)

lundi 4 juin 2018

De tout mon cœur, je bénis Dieu de m’avoir fait connaître des âmes vraiment bonnes. J’ai pu leur annoncer qu’elles sont elles aussi la vigne du Seigneur : la citerne, c’est leur foi ; la tour, c’est leur espérance ; le pressoir, leur charité ; la haie, c’est la loi de Dieu, qui les démarque des enfants des ténèbres.

Je m’arrête là, parce que la cloche m’appelle ; je vais au pressoir de l’église, à l’autel. C’est là que ruisselle continuellement le vin sacré du sang de ce raisin délicieux et unique dont bien peu ont la chance de pouvoir s’enivrer. Là, vous le savez, car je ne puis agir autrement, je vous présenterai au Père des Cieux, uni à son Fils ; c’est en lui et avec lui que je suis tout entier vôtre dans le Seigneur.

Seigneur Jésus, sauve-les tous. Je m’offre en victime pour eux tous. Rends-moi plus fort ; prends ce cœur, emplis-le de ton amour, puis demande-moi tout ce que tu veux.

Saint [Padre] Pio de Pietrelcina (1887-1968), capucin
Ep 3 ; 586,588,62 (trad. Une pensée, Médiaspaul 1991, p. 67)

 

 

 

« Je suis la vraie vigne, » dit Jésus (Jn 15,1)

vendredi 2 mars 2018

« Je suis la vraie vigne, » dit Jésus (Jn 15,1)… On creuse des tranchées autour de cette vigne, c’est-à-dire on creuse des embûches par la ruse. Quand on complote pour faire tomber quelqu’un dans un piège, c’est comme si on creusait une fosse devant lui. C’est pourquoi il s’en lamente en disant : « Ils ont creusé une fosse devant moi » (Ps 56,7)… Voici un exemple de ces pièges : « Ils ont amené une femme adultère » au Seigneur Jésus « en disant : ‘Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ?’ » (Jn 8,3s)… Et un autre : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? » (Mt 22,17)…

Mais ils ont découvert que ces embûches ne nuisaient pas à la vigne ; au contraire, en creusant ces fosses, ce sont eux-mêmes qui sont tombés dedans (Ps 56,7)… Alors, ils ont encore creusé : non seulement les mains et les pieds (Ps 21,17), mais ils ont percé son côté avec une lance (Jn 19,34) et ont mis à découvert l’intérieur de ce cœur très saint, qui avait déjà été blessé par la lance de l’amour. Dans le cantique de son amour, l’Époux dit : « Tu as blessé mon cœur, ma sœur, mon épouse » (Ct 4,9 Vulg). Seigneur Jésus, ton cœur a été blessé d’amour par ton épouse, ton amie, ta sœur. Pourquoi donc fallait-il que tes ennemis le blessent encore ? Que faites-vous, ennemis ?… Ne saviez-vous pas que ce cœur du Seigneur Jésus, déjà frappé, est déjà mort, déjà ouvert, et ne peut plus être atteint par une autre souffrance ? Le cœur de l’Époux, du Seigneur Jésus, a déjà reçu la blessure de l’amour, la mort de l’amour. Quel autre mort pourrait l’atteindre ?… Les martyrs aussi rient quand on les menace, se réjouissent quand on les frappe, triomphent quand on les tue. Pourquoi ? Parce qu’ils sont déjà morts par amour dans leur cœur, « morts au péché » (Rm 6,2) et au monde…

Le cœur de Jésus donc a été blessé et mis à mort pour nous… ; la mort physique a triomphé un moment, mais pour être vaincue à jamais. Elle a été anéantie quand le Christ est ressuscité des morts, parce que « sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir » (Rm 6,9).

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
La Vigne mystique, ch. 3, § 5-10

 

 

En union de prière, tous les vendredis soir, à la demande de Marie Mère des hommes, de 21h30 à 22h00.

 

 

Porter de beaux fruits

mercredi 28 juin 2017

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Dans une vigne, on retourne la terre autour des pieds de vigne et on sarcle les mauvaises herbes. L’homme aussi doit se sarcler, profondément attentif à ce qu’il pourrait y avoir encore à arracher dans le fond de son être, pour que le Soleil divin puisse s’en approcher plus immédiatement et y briller. Si tu laisses la force d’en haut faire son œuvre…, le soleil devient éclatant, il darde ses rayons brûlants sur les fruits et les rend de plus en plus transparents. La douceur s’y fixe toujours davantage, les peaux qui les enveloppent deviennent très minces. Ainsi en va-t-il dans le domaine spirituel. Les obstacles intermédiaires deviennent finalement si ténus qu’on reçoit sans cesse les touches divines de tout près. Aussi souvent et aussitôt qu’on se tourne vers lui, on trouve toujours à l’intérieur le divin Soleil brillant avec beaucoup plus d’éclat que tous les soleils qui ont jamais brillé au firmament. Et ainsi tout dans l’homme est déifié à tel point qu’il ne ressent, ne goûte et ne connaît rien aussi vraiment que Dieu, d’une connaissance foncière, et cette connaissance surpasse de beaucoup le mode de connaissance de notre raison.

Enfin on arrache les feuilles des sarments pour que le soleil puisse se répandre sur les fruits sans rencontrer aucun obstacle. Il en est de même chez ces hommes : tout intermédiaire tombe et ils reçoivent tout d’une façon immédiate. Voici que tombent prières, représentations des saints, pratiques de dévotion, exercices. Mais que l’homme se garde pourtant de rejeter ces pratiques avant qu’elles ne tombent d’elles-mêmes. À ce degré alors, le fruit devient si indiciblement doux qu’aucun raisonnement ne peut le comprendre… On ne fait plus qu’un avec la douceur divine, si bien que notre être est tout pénétré de l’Être divin et qu’il s’y perd comme une goutte d’eau dans un grand fût de vin… Ici les bonnes intentions, l’humilité, ne sont plus qu’une simplicité, un mystère si essentiellement paisible qu’on en peut à peine prendre conscience.

Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 7 (trad. Cerf 1991, p. 54)

 

 

 

Le maître de la vigne

lundi 5 juin 2017

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[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire] : « Toute créature douée de raison possède en elle-même une vigne, qui est la vigne de son âme. C’est la volonté, par le libre arbitre, qui est l’ouvrier de cette vigne durant le temps de la vie ; passé ce temps, elle n’y peut plus faire aucun travail ni bon ni mauvais, mais pendant la vie, elle peut cultiver sa vigne dans laquelle je l’ai envoyée. Cet ouvrier de l’âme a reçu de moi une telle force qu’il n’est ni démon ni autre créature qui puisse la lui enlever, s’il s’y oppose. C’est dans le baptême qu’il a reçu cette force et en même temps le glaive de l’amour de la vertu et de la haine du péché. C’est pour cet amour et cette haine, pour l’amour de vous et en haine du péché, qu’est mort mon Fils unique, en répandant pour vous tout son sang. Et c’est cet amour de la vertu et cette haine du péché que vous trouvez dans le saint baptême qui vous rend la vie par la force de son sang…

« Arrachez donc les ronces des péchés mortels et plantez des vertus…, ayez la contrition, le dégoût du péché et l’amour de la vertu ; alors vous recevrez les fruits du sang de mon Fils. Vous ne pourrez pas les recevoir si vous ne vous disposez pas à devenir de bons sarments unis au cep de la vigne, mon Fils, qui a dit : « Moi, je suis la vraie vigne, mon Père est le vigneron, et vous, les sarments » (Jn 15,1.5).

« Telle est la vérité. C’est bien moi qui suis le vigneron, puisque toute chose qui possède l’être est venue et vient de moi. Ma puissance est insondable et par ma puissance et ma force je gouverne tout l’univers, si bien que rien n’est fait ni ordonné en dehors de moi. Oui, je suis le vigneron ; c’est moi qui ai planté la vraie vigne, mon Fils unique, dans la terre de votre humanité pour que vous, les sarments unis à cette vigne, vous portiez des fruits. »

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), tertiaire dominicaine, docteur de l’Église, copatronne de l’Europe
Le Dialogue, 23 (trad. cf Hurtaud, et Guigues, Seuil 1953)

 

 

 

Demeurez en moi, comme moi en vous

mercredi 17 mai 2017

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Il n’est pas possible de s’engager dans l’apostolat direct si l’on n’est pas une âme de prière. Nous devons être conscients de notre union avec le Christ, comme il était conscient d’être un avec son Père. Notre activité n’est véritablement apostolique que dans la mesure où nous le laissons travailler en nous et à travers nous avec sa puissance, son désir et son amour. Nous devons devenir saints, non pas pour nous sentir en état de sainteté, mais pour que le Christ puisse pleinement vivre en nous. Nous sommes appelés à devenir pleinement l’amour, la foi, la pureté, pour les pauvres que nous servons. Et quand nous aurons appris à chercher Dieu et sa volonté, nos rapports avec les pauvres deviendront un moyen de grande sanctification pour nous et pour autrui.

Aimez prier : au cours de la journée éprouvez souvent le besoin de prier et prenez la peine de prier. La prière dilate le cœur jusqu’à la capacité de ce don que Dieu nous fait de lui-même. « Demandez, cherchez » (Lc 11,9), et votre cœur s’agrandira jusqu’à pouvoir l’accueillir et le garder en vous.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
Something Beautiful for God, p. 64 (trad. cf La Joie du don, p. 70)

 

 

 

Le mystère de la vigne de Dieu

vendredi 17 mars 2017

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Frères, si dans la vigne du Seigneur nous voyons l’Église, ce n’est pas une mince prérogative de l’Église que d’avoir étendu ses limites sur toute la terre…

J’entends par là cette foule des premiers croyants dont il est dit « qu’ils n’étaient tous ensemble qu’un cœur et qu’une âme » (Ac 4,32)… Car la persécution ne l’a pas si brutalement déracinée quelle n’ait pu être replantée ailleurs et louée à d’autres vignerons, qui, la saison venue, lui ont fait porter des fruits. Elle n’a pas péri, elle a changé de sol ; mieux, elle y a gagné en force ainsi qu’en étendue, comme la vigne bénie du Seigneur. Frères, levez donc les yeux, et vous verrez « que son ombre a couvert les collines, que ses pampres sont des cèdres de Dieu, qu’elle a étendu ses sarments jusqu’à la mer et ses rejetons jusqu’au fleuve » (Ps 79,11-12).

Ce n’est pas surprenant : elle est l’édifice de Dieu, le champ de Dieu (1Co 3,9). C’est lui qui la féconde, qui la propage, la taille et l’émonde, afin qu’elle produise davantage. Il ne va pas laisser sans soins une vigne que sa main droite a plantée (Ps 79,16) ; il ne va pas abandonner une vigne dont les pampres sont les apôtres, dont le cep est Jésus Christ, et dont lui, le Père, est le vigneron (Jn 15,1-5). Plantée dans la foi, elle plonge ses racines dans la charité ; labourée par l’obéissance, fertilisée des larmes du repentir, arrosée par la parole des prédicateurs, elle regorge d’un vin qui inspire la joie et non l’inconduite, vin de toute douceur, qui réjouit vraiment le cœur de l’homme (Ps 103,15)… Fille de Sion, console-toi en contemplant ce grand mystère ; ne pleure pas ! Ouvre ton cœur pour accueillir toutes les nations de la terre !

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermon 30 sur le Cantique des Cantiques (trad. Beguin, Seuil 1953, p. 362 rev.)

 

 

 

Les ouvriers de la vigne du Seigneur

mercredi 17 août 2016

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Le Royaume des cieux est comparé à un père de famille qui embauche des ouvriers pour cultiver sa vigne. Or qui peut être plus justement comparé à ce père de famille que notre Créateur, qui gouverne ceux qu’il a créés, et exerce en ce monde le droit de propriété sur ses élus comme un maître sur les serviteurs qu’il a chez lui ? Il possède une vigne, l’Église universelle, qui a poussé, pour ainsi dire, autant de sarments qu’elle a produit de saints, depuis Abel le juste jusqu’au dernier élu qui naîtra à la fin du monde.

Ce Père de famille embauche des ouvriers pour cultiver sa vigne, dès le point du jour, à la troisième heure, à la sixième, à la neuvième et à la onzième heure, puisqu’il n’a pas cessé, du commencement du monde jusqu’à la fin, de réunir des prédicateurs pour instruire la foule des fidèles. Le point du jour, pour le monde, c’était d’Adam à Noé ; la troisième heure, de Noé à Abraham ; la sixième, d’Abraham à Moïse ; la neuvième, de Moïse jusqu’à la venue du Seigneur ; et la onzième heure, de la venue du Seigneur jusqu’à la fin du monde. Les saints apôtres ont été envoyés pour prêcher en cette dernière heure, et bien que tard venus, ils ont reçu un plein salaire.

Le Seigneur ne cesse donc en aucun temps d’envoyer des ouvriers pour cultiver sa vigne, c’est-à-dire pour enseigner son peuple. Car tandis qu’il faisait fructifier les bonnes mœurs de son peuple par les patriarches, puis par les docteurs de la Loi et les prophètes, enfin par les apôtres, il travaillait, en quelque sorte, à cultiver sa vigne par l’entremise de ses ouvriers. Tous ceux qui, à une foi droite, ont joint les bonnes œuvres ont été les ouvriers de cette vigne.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélies sur l’Évangile, n°19 (trad. Le Barroux)

 

 

 

« Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. »

mercredi 27 avril 2016

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En ce qui concerne l’Eglise, la conception la plus accessible à l’esprit humain est celle d’une communauté de croyants. Quiconque croit en Jésus Christ et en son Évangile et espère en l’accomplissement de ses promesses, quiconque lui est attaché par un sentiment d’amour et obéit à ses commandements, doit être uni à tous ceux qui partagent le même esprit par une profonde communion spirituelle et un attachement d’amour. Ceux qui ont suivi le Seigneur pendant son séjour sur terre étaient les jeunes premières pousses de la communauté chrétienne ; ce sont eux qui l’ont répandue et qui ont transmis en héritage dans la suite des temps et jusqu’à nos jours les richesses de foi d’où ils tiraient leur cohésion.

Mais même une communauté humaine naturelle peut être déjà bien plus qu’une simple association d’individus distincts, elle peut être une entente étroite allant jusqu’à l’unité organique ; ceci est encore plus vrai de la communauté surnaturelle de l’Église. L’union de l’âme avec le Christ est autre chose que la communion entre deux personnes terrestres ; cette union, commencée par le baptême et constamment renforcée par les autres sacrements, est une intégration et une poussée de sève — comme nous le dit le symbole de la vigne et du cep. Cet acte d’union avec le Christ entraîne un rapprochement de membre à membre entre tous les chrétiens. Ainsi l’Église prend la figure du corps mystique du Christ. Ce corps est un corps vivant et l’esprit qui l’anime est l’Esprit du Christ qui, partant de la tête, s’écoule vers tous les membres (Ep 5,23.30) ; l’esprit qui émane du Christ est le Saint Esprit et l’Église est donc le temple du Saint Esprit (Ep 2,21-22).

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l’Europe
La Femme et sa destinée, recueil de six conférences (trad. Amiot, Paris 1956, p. 124 ; cf Orval)

 

 

 

 

La parabole de la vigne

vendredi 26 février 2016

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La vigne est notre symbole, parce que le peuple de Dieu, enraciné sur le cep de la vigne éternelle (Jn 15,5), s’élève au-dessus de la terre. Foisonnement d’un sol ingrat, tantôt elle bourgeonne et fleurit, tantôt elle se revêt de verdure, tantôt elle ressemble au joug aimable de la croix, quand elle a grandi et que ses bras étendus forment les sarments d’un vignoble fécond… On a donc raison d’appeler vigne le peuple du Christ, soit parce qu’il marque son front du signe de la croix (Ez 9,4), soit parce qu’on récolte ses fruits à la dernière saison de l’année, soit parce que, comme pour les rangs d’un vignoble, pauvres et riches, humbles et puissants, serviteurs et maîtres, tous dans l’Église sont d’une égalité parfaite…

Quand on attache la vigne, elle se redresse ; quand on l’émonde, ce n’est pas pour l’amoindrir, mais pour la faire croître. Il en est de même du peuple saint : si on le lie, il se libère ; si on l’humilie, il se redresse ; si on le taille, on lui donne en fait une couronne. Bien mieux : de même que le rejeton, prélevé sur un vieil arbre, est greffé sur une autre racine, de même ce peuple saint…, nourri sur l’arbre de la croix…, se développe. Et l’Esprit Saint, comme répandu dans les sillons d’un terrain, se déverse dans notre corps, lavant tout ce qui est immonde et redressant nos membres pour les diriger vers le ciel.

Cette vigne, le Vigneron a l’habitude de la sarcler, de l’attacher, de la tailler (Jn 15,2)… Tantôt il brûle de soleil les secrets de notre corps et tantôt il les arrose de pluie. Il aime sarcler son terrain, pour que les ronces ne blessent pas les bourgeons ; il veille à ce que les feuilles ne fassent pas trop d’ombre…, ne privent pas de lumière nos vertus, et n’empêchent pas la maturation de nos fruits.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, 9, 29-30 (trad. Véricel, L’Evangile commenté, p. 290 rev. ; cf SC 52, p. 150)