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Archive pour le mot-clef ‘malade’

« J’étais aveugle, et je vois. » (Jn 9,25)

dimanche 19 mars 2023

Telle est l’âme pauvre en esprit. Elle reconnaît ses blessures. Elle reconnaît aussi les ténèbres des passions qui l’entourent. Elle recherche continuellement la rédemption qui vient du Seigneur. Elle porte les peines, et ne se réjouit d’aucun des biens qui sont sur la terre. Elle recherche le seul bon médecin et ne se confie qu’à ses soins.

Comment donc cette âme blessée sera-t-elle belle, gracieuse et apte à vivre avec le Christ ? Comment, sinon en retrouvant son ancienne création et en reconnaissant clairement ses propres blessures et sa pauvreté ? Car si l’âme ne se complaît pas dans les blessures et les meurtrissures des passions, si elle ne couvre pas ses propres fautes, le Seigneur ne lui impute pas la cause du mal, mais il vient la soigner, la guérir et rétablir en elle une beauté impassible et incorruptible.

Seulement, qu’elle ne choisisse pas de rester attachée à ce qu’elle fait, comme il a été dit ; qu’elle ne se complaise pas dans les passions suscitées en elle, mais que de toute sa force elle appelle le Seigneur, afin qu’il lui donne par son Esprit bon d’être délivrée de toutes les passions. Donc une telle âme est bienheureuse.

Mais malheur à celle qui ne sent pas ses blessures et qui, portée par un grand vice et un endurcissement sans mesure, ne croit pas qu’il y a du mal en elle. Cette âme-là, le bon médecin ne la visite ni ne la soigne. Car elle ne le cherche pas, ni ne se soucie de ses blessures, tant elle considère qu’elle se porte bien et qu’elle est saine. Car il est dit : « Ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais ceux qui vont mal » (Mt 9,12).

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

St Vincent

samedi 26 septembre 2009

QUAND TOUT BASCULE – 1617

Un jour de janvier, alors que Vincent accompagne Madame de Gondi au château de Folleville, en Picardie, un paysan moribond désire le voir. Vincent accourt au chevet du malade et lui fait faire une confession générale. Pour Vincent, c’est une révélation : il découvre la misère spirituelle des gens de la campagne qui représentent l’immense majorité de la population. En juillet, il se retrouve à Châtillon, comme curé. Il découvre la misère corporelle des pauvres et le peu d’organisation des secours. Pour y remédier, il crée la première Confrérie de la Charité, avec des dames de diverses conditions sociales.

En 1619, Vincent est chargé de l’aumônerie générale des galères. En 1625, grâce aux Gondi, il crée une société de prêtres missionnaires dont il sera le supérieur. Le but est simple : « Suivre le Christ évangélisateur des pauvres ». La Congrégation de la Mission est approuvée par l’archevêque de Paris et par Rome.

Installés dans l’ancienne léproserie de Saint-Lazare, on appelle ces missionnaires les lazaristes. La simplicité, l’humilité, la douceur, la mortification et le zèle sont, pour Vincent de Paul, les vertus principales de ces missionnaires: « Les cinq belles petites pierres avec lesquelles on peut vaincre l’infernal Goliath. »

AU SECOURS DU CLERGÉ FRANÇAIS

En 1628, l’évêque de Beauvais invite Monsieur Vincent à réfléchir au meilleur moyen de régénérer le clergé de France. Il inaugure des Retraites d’Ordinands pour préparer les futurs prêtres à recevoir les ordres. Il met sur pied les Conférences des mardis, destinées aux prêtres souhaitant « s’entretenir des vertus et des fonctions de leur état ». « Quand attentifs, nous l’écoutions parler dans quelque conférence, nous sentions s’accomplir en lui ce mot de l’apôtre : si quelqu’un parle, que ses paroles soient comme des paroles de Dieu », témoigne Bossuet. En 1641, Vincent ouvre un grand séminaire à Annecy. Pour lui, le prêtre a pour mission non pas de rappeler au peuple les pratiques de la religion, mais plutôt de les inviter à persévérer dans la fidélité à leurs devoirs. Entre temps, les Confréries de la Charité se sont multipliées. Pour aider les Dames dans le service corporel des pauvres, des « filles de village » se sont présentées. Louise de Marillac les regroupe en novembre 1633 ; ce seront les Filles de la Charité (appelées aussi soeurs de Saint-Vincent-de- Paul).

À partir de 1632, les guerres dévastent les provinces. Monsieur Vincent y organise les secours. Il recueille les enfants trouvés, crée un foyer pour les mendiants et les vieillards. Il se lance dans des fondations en Irlande et en Pologne. Les terres non chrétiennes l’appellent : l’Afrique du Nord, puis Madagascar. La reine Anne d’Autriche l’appelle au Conseil de Conscience qui nomme évêques et abbés.

L’oeuvre de Vincent de Paul s’est construite sans plan d’ensemble, sans illumination miraculeuse. Travaillant passionnément à partir des réalités qui

s’imposent à lui, toujours en lien avec d’autres, hommes et femmes, il cherche simplement à répondre aux besoins de son temps, notamment dans deux secteurs décisifs pour tout l’apostolat de l’Église : les pauvres et le clergé.