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Archive pour le mot-clef ‘veillez’

« Tenez-vous prêts ! »

mercredi 25 octobre 2017

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« C’est à l’heure que vous ne pensez pas que le Fils de l’homme viendra. » Jésus leur dit cela pour que les disciples restent éveillés, qu’ils soient toujours prêts. S’il leur dit qu’il viendra quand ils ne s’y attendront pas, c’est qu’il veut les pousser à pratiquer la vertu avec zèle et sans relâche. C’est comme s’il leur disait : « Si les gens savaient quand ils vont mourir, ils seraient parfaitement prêts pour ce jour »… Mais le moment de la fin de notre vie est un secret qui échappe à chaque homme…

Voilà pourquoi le Seigneur exige deux qualités de son serviteur : qu’il soit fidèle, pour qu’il ne s’attribue à lui-même rien de ce qui appartient à son maître, et qu’il soit avisé, pour administrer convenablement tout ce qu’on lui a confié. Il nous faut donc ces deux qualités pour être prêts à l’arrivée du Maître… Car voici ce qui arrive du fait que nous ne connaissons pas le jour de notre rencontre avec lui : on se dit : « Mon maître tarde à venir ». Le serviteur fidèle et avisé n’a pas de pensée semblable. Malheureux, sous prétexte que ton Maître tarde, tu t’imagines qu’il ne va pas venir du tout ? Son arrivée est certaine. Pourquoi ne restes-tu donc pas sur tes gardes ? Non, le Seigneur n’est pas lent à venir ; ce retard n’est que dans l’imagination du mauvais serviteur.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie 77 sur St Matthieu (trad. cf Véricel, Les Pères commentent, p. 252)

 

 

 

« Gardez vos lampes allumées ! »

mardi 24 octobre 2017

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La prière offerte au temps de la nuit possède un grand pouvoir, plus que celle qui est offerte pendant le jour. C’est pourquoi tous les saints ont eu l’habitude de prier la nuit, combattant l’assoupissement du corps et la douceur du sommeil et dépassant leur nature corporelle. Le prophète disait lui aussi : « Je me suis fatigué à gémir ; chaque nuit, je baigne ma couche de mes larmes » (Ps 6,7) pendant qu’il soupirait du fond du cœur dans une prière passionnée. Et ailleurs : « Je me lève au milieu de la nuit pour te louer à cause de tes jugements, toi le Juste. » (Ps 118,62). Pour chacune des requêtes que les saints voulaient adresser à Dieu avec force, ils s’armaient de la prière pendant la nuit et aussitôt ils recevaient ce qu’ils demandaient.

Satan lui-même ne craint rien autant que la prière que l’on offre pendant les veilles. Même si elles s’accompagnent de distractions, elle ne revient pas sans fruit, à moins qu’on ne demande ce qui ne convient pas. C’est pourquoi il engage de sévères combats contre ceux qui veillent, afin de les détourner si possible de cette pratique, surtout s’ils se montrent persévérants. Mais ceux qui sont quelque peu fortifiés contre ses ruses pernicieuses et ont goûté les dons que Dieu accorde durant les veilles, et qui ont expérimenté personnellement la grandeur de l’aide que Dieu leur accorde, le méprisent complètement, lui et tous ses stratagèmes.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques (trad. Deseille, La fournaise de Babylone, Eds. Présence 1974, p. 90)

 

 

 

« Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! »

mardi 29 novembre 2016

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Pendant des siècles, avant que Jésus ne vienne sur terre, tous les prophètes, l’un après l’autre, étaient à leur poste, au sommet de la tour ; tous l’attendaient et guettaient sa venue à travers l’obscurité de la nuit. Ils veillaient sans cesse pour surprendre la première lueur de l’aurore… : « Dieu, toi mon Dieu, je te cherche dès l’aurore. Mon âme a soif de toi, dans une terre desséchée, épuisée, sans eau » (Ps 62,2)… « Ah, si tu déchirais les cieux et descendais ! Les montagnes fondraient en ta présence, comme sous l’action du feu… Depuis l’origine du monde l’œil n’a rien pu voir, mon Dieu, des merveilles que tu as préparées pour ceux qui sont attachés à toi dans l’attente » (Is 64,1 ;1Co 2,9).

Cependant si jamais des hommes ont eu le droit de s’attacher à ce monde et de ne pas s’en désintéresser, c’étaient bien ces serviteurs de Dieu ; la terre leur avait été donnée en partage, et d’après les promesses mêmes du Très-Haut, elle devait être leur récompense. Mais notre récompense à nous concerne le monde à venir… Et eux aussi, ces grands serviteurs de Dieu, ont dépassé le don terrestre de Dieu, malgré sa valeur, pour s’attacher à des promesses plus belles encore ; ils ont sacrifié ce dont ils avaient la possession pour cette espérance. Ils ne se contentaient de rien de moins que la plénitude de leur Créateur ; ils cherchaient à voir la face de leur Libérateur. Et s’il faut que pour cela la terre se brise, que les cieux se déchirent, que les éléments du monde viennent à se dissoudre pour qu’il apparaisse enfin, que tout croule, plutôt que de continuer à vivre sans lui ! Telle était l’intensité du désir des adorateurs de Dieu en Israël, qui attendaient ce qui devait venir… Leur persévérance prouve qu’il y avait quelque chose à attendre.

Les apôtres aussi, une fois leur Maître venu et reparti, ne sont pas restés en deçà des prophètes dans l’acuité de leur perception et dans l’ardeur de leurs aspirations. Le miracle de l’attente dans la persévérance a continué.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
« Waiting for Christ », Sermons Preached on Various Occasions, n°3

 

 

 

« Restez éveillés et priez en tout temps ! »

samedi 26 novembre 2016

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Prie avant que ton corps ne repose au lit. Et puis vers le milieu de la nuit, lève-toi, lave-toi les mains avec de l’eau et prie. Si ta femme est présente, priez tous les deux ensemble. Si cependant elle n’est pas encore croyante, retire-toi dans une autre chambre pour prier, puis retourne dans ton lit. Ne sois pas paresseux pour la prière… Il faut prier à cette heure car les anciens de qui nous tenons cette tradition nous ont appris qu’à cette heure toute la création se repose un moment pour louer le Seigneur. Les étoiles, les arbres et les eaux s’arrêtent un instant, et toute la troupe des anges qui le sert loue Dieu à cette heure avec les âmes des justes. C’est pourquoi les croyants doivent s’empresser de prier à cette heure-là.

Rendant également témoignage de cela, le Seigneur dit : « Voici qu’un cri se fit entendre au milieu de la nuit ; on disait : ‘Voici l’époux qui vient, levez-vous pour aller à sa rencontre’ » (Mt 25,6). Et il continue en disant : « C’est pourquoi, veillez, car vous ne savez pas à quelle heure il vient » (25,13). Au chant du coq le matin, quand tu te lèves, prie aussi.

Saint Hippolyte de Rome (?-v. 235), prêtre et martyr
La Tradition apostolique, 41 (trad. SC11, p.129s)

 

 

Tout moment est propice

vendredi 26 août 2016

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Frères, il y a un temps pour les semailles et un autre pour la moisson, un temps pour la paix et un autre pour la guerre, un temps pour l’occupation et un autre pour le loisir (cf Qo 3). Mais pour le salut de l’âme, tout moment est propice, et toute journée est favorable, si du moins nous le voulons. Ainsi donc, soyons toujours en mouvement vers le bien, faciles à mouvoir, pleins de fraîcheur, mettant les paroles en actes. « Car, dit l’apôtre Paul, ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ceux qui mettent la loi en pratique qui seront justifiés » (Rm 2,13)… Est-ce le temps de la guerre spirituelle ? Il faut combattre avec ardeur et poursuivre avec l’aide de Dieu les pensées démoniaques qui se lèvent en nous… ; si, au contraire, c’est le temps de la moisson spirituelle, il faut moissonner avec ardeur et rassembler dans les greniers spirituels les provisions de la vie éternelle…

C’est toujours le temps de la prière, le temps des larmes, le temps de la réconciliation après les fautes, le temps de ravir le Royaume des cieux. Pourquoi tarder désormais ? Pourquoi remettre à plus tard ? Pourquoi renvoyons-nous de jour en jour l’amélioration ? « Ce monde tel que nous le voyons n’est-il pas en train de passer ? » (1Co 7,31)… Durerons-nous indéfiniment ? … L’exemple des dix vierges ne vous effraie-t-il pas ? « Voici l’époux, dit l’Evangile, sortez à sa rencontre ». Et les vierges sages sont allées à sa rencontre avec des lampes brillantes et elles sont entrées pour les noces ; tandis que les vierges folles retardées par l’absence de bonnes œuvres, criaient : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous. Mais il a répondu : En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas » et il ajoute : « Veillez donc car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». Il faut donc veiller et éveiller l’âme à la sobriété, à la componction, à la sanctification, à la purification, à l’illumination, pour éviter que la mort ne nous ferme la porte et qu’il n’y ait personne pour nous ouvrir ou nous aider.

Saint Théodore le Studite (759-826), moine à Constantinople
Petites Catéchèses, n° 130 (trad. Migne 1993, p. 279)

 

 

 

« Tenez-vous prêts ! »

dimanche 7 août 2016

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C’est à notre temps que songeait le Seigneur quand il a dit : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Lc 18,8) Nous voyons cette prophétie se réaliser. La crainte de Dieu, la loi de la justice, la charité, les bonnes œuvres, on n’y croit plus… Tout ce que craindrait notre conscience, si elle y croyait, elle ne le craint pas, parce qu’elle n’y croit pas. Car si elle y croyait, elle serait vigilante ; et si elle était vigilante, elle se sauverait.

Réveillons-nous donc, frères très chers, autant que nous en sommes capables. Secouons le sommeil de notre inertie. Veillons à observer et à pratiquer les préceptes du Seigneur. Soyons tels qu’il nous a prescrit d’être, quand il a dit : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller ».

Oui, restons en tenue de service, de peur que, quand viendra le jour du départ, il ne nous trouve embarrassés et empêtrés. Que notre lumière brille et rayonne de bonnes œuvres, qu’elle nous achemine de la nuit de ce monde à la lumière et à la charité éternelles. Attendons avec soin et prudence l’arrivée soudaine du Seigneur, afin que, lorsqu’il frappera à la porte, notre foi soit en éveil pour recevoir du Seigneur la récompense de sa vigilance. Si nous observons ces commandements, si nous retenons ces avertissements et ces préceptes, les ruses trompeuses de l’Accusateur ne pourront pas nous accabler pendant notre sommeil. Mais reconnus serviteurs vigilants, nous régnerons avec le Christ triomphant.

Saint Cyprien (v. 200-258), évêque de Carthage et martyr
De l’unité, 26-27 (trad. cf. DDB 1979, p. 49 et AELF)

 

 

 

La nuit qui nous délivre du sommeil de la mort

samedi 26 mars 2016

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Frères, veillons, car jusqu’à cette nuit le Christ est demeuré dans la tombe. C’est en cette nuit qu’est survenue la résurrection de sa chair. Sur la croix elle a été en butte aux railleries ; aujourd’hui, les cieux et la terre l’adorent. Cette nuit fait partie déjà de notre dimanche. Il fallait bien que le Christ ressuscite la nuit, car sa résurrection a illuminé nos ténèbres… Comme notre foi, fortifiée par la résurrection du Christ, chasse tout sommeil, ainsi cette nuit, illuminée par nos veilles, se remplit de clarté. Elle nous fait espérer, avec l’Église répandue sur toute la terre, de ne point être surpris dans la nuit. (Mc 13,33)

Chez tant de peuples que cette fête, partout si solennelle, rassemble au nom du Christ, le soleil s’est couché — mais le jour n’est pas tombé ; les clartés du ciel ont fait place aux clartés de la terre… Celui qui nous a donné la gloire de son nom (Ps 28,2) a aussi illuminé cette nuit. Celui à qui nous disons « Tu illumines mes ténèbres » (Ps 18,29), répand sa clarté dans nos cœurs. Comme nos yeux éblouis contemplent ces flambeaux brillants, ainsi notre esprit éclairé nous fait voir combien cette nuit est lumineuse –- cette sainte nuit où le Seigneur a commencé en sa propre chair la vie qui ne connaît ni sommeil ni mort !

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
2ème homélie pour la Nuit Sainte ; PLS 2, 549-552 ; Sermon Morin Guelferbytanus 5 (trad. coll. Icthus 10, p. 197s)

 

 

 

« Bien avant l’aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert. »

mercredi 13 janvier 2016

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Rien ne rend l’âme pure et joyeuse, ni ne l’illumine et en éloigne les pensées mauvaises, autant que les veilles. Pour cette raison, tous nos pères ont persévéré dans ce labeur des veilles et ont adopté pour règle de rester éveillés la nuit durant tout le cours de leur vie ascétique. Ils l’ont fait spécialement parce qu’ils avaient entendu notre Sauveur nous y inviter instamment en divers endroits par sa vivante Parole : « Veillez et priez en tout temps » (Lc 21,36) ; « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation » (Mt 26,41) ; et encore : « Priez sans cesse » (1Th 5,17).

Et il ne s’est pas contenté de nous avertir seulement par ses paroles. Il nous a donné aussi l’exemple en sa personne en honorant la pratique de la prière au-dessus de toute autre chose. C’est pourquoi il s’isolait constamment pour la prière, et cela non d’une façon arbitraire, mais en choisissant pour temps la nuit et pour lieu le désert, afin que nous aussi, évitant les foules et le tumulte, nous devenions capables de prier dans la solitude.

C’est pourquoi nos pères ont reçu ce haut enseignement concernant la prière comme s’il venait du Christ lui-même. Et ils ont choisi de veiller dans la prière selon l’ordre de l’apôtre Paul, avant tout afin de pouvoir demeurer sans aucune interruption dans la proximité de Dieu par la prière continuelle… Aucune chose venant du dehors ne les atteint et n’altère la pureté de leur intellect, ce qui troublerait ces veilles qui les remplissent de joie et qui sont la lumière de l’âme.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques (trad. Deseille, La Fournaise de Babylone, Eds. Présence 1974, p. 88)

 

 

 

 

Premier dimanche de l’Avent

dimanche 29 novembre 2015

Le temps de l’Avent (du latin adventus, « venue, avènement ») s’ouvre le 4e dimanche précédant Noël.

Nativita_di_San_Giovanni_Battista_AXL’Avent dans la Bible

Pendant les messes de l’Avent, les lectures rappellent d’abord la longue attente par les Hébreux du Sauveur annoncé par Dieu : « Un rameau sortira de la souche de Jessé (père de David), un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. Il ne jugera pas d’après les apparences, il ne tranchera pas d’après ce qu’il entend dire. Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays…» (Is 11, 1-4).

Les lectures de l’Avent rappellent également comment fut conçu et attendu l’enfant Jésus : l’ange Gabriel apparaît à Marie et lui annonce qu’elle va « concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus (…) L’esprit Sain viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 26-38)

Jean-Baptiste, fils d’Elizabeth et cousin de Jésus, appelait ses prochains à la conversion et annonçait la venue imminente du Fils de Dieu en ces termes : « Moi, je vous baptise dans l’eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu » (Mc 1,1.8 et Jn 1,19.28)

De même, le temps de l’Avent appelle à la conversion intérieure. Les célébrations rappellent, en permanence et avec force, que les fidèles doivent être mobilisés spirituellement pour que la foi soit un ferment constant de renouvellement personnel et social autant que de confiance dans l’avenir.
 

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Temps de l’Avent

Dans le Calendrier liturgique catholique, le temps de l’Avent est constitué de 4 semaines, commençant chacune par un dimanche dont les noms traditionnels correspondent aux premiers mots de l’Antienne d’ouverture :
ØPremier dimanche de l’Avent : Ad Te levavi… (= Vers Toi, Seigneur, j’élève mon âme)
ØDeuxième dimanche de l’Avent : Populus Sion… (= Peuple de Dieu)
ØTroisième dimanche de l’Avent : Gaudete… (= Soyez dans la joie du Seigneur)
ØQuatrième dimanche de l’Avent : Rorate… (=Cieux, faites venir le Juste comme une rosée).

ANGÉLUS
Place Saint-Pierre
28 novembre 2010
BENOIT XVI

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, premier dimanche de l’Avent, l’Église commence une nouvelle année liturgique, un nouveau chemin de foi, qui, d’une part, fait mémoire de l’événement de Jésus Christ, et de l’autre, s’ouvre à son accomplissement final.

C’est justement de cette double perspective que vit le temps de l’Avent, en regardant vers la première venue du Fils de Dieu, lorsqu’il naît de la Vierge Marie, et vers son retour glorieux, quand il « viendra pour juger les vivants et les morts », comme nous le disons dans le Credo. Je voudrais m’arrêter maintenant brièvement sur ce thème suggestif de « l’attente », parce qu’il s’agit d’un aspect profondément humain, où la foi, pour ainsi dire, ne fait qu’un avec notre chair et notre cœur.

L’attente, le fait d’attendre, est une dimension qui traverse toute notre existence personnelle, familiale et sociale. L’attente est présente dans mille situations, des plus petites et banales, aux plus importantes, qui nous touchent totalement et au plus profond de nous-mêmes. Nous pensons entre autres à l’attente d’un enfant par des époux ; à l’attente d’un parent ou d’un ami qui vient de loin pour nous rendre visite ; nous pensons, pour un jeune, à l’attente du résultat d’un examen décisif, ou d’un entretien d’embauche ; dans les relations affectives, l’attente de la rencontre d’une personne aimée, de la réponse à une lettre, ou de l’accueil d’un pardon… On pourrait dire que l’homme est vivant tant qu’il attend, tant que l’espérance est vivante en son cœur. C’est à ses attentes que l’on reconnaît l’homme : notre «stature» morale et spirituelle peut être mesurée à partir de ce que nous attendons, de ce en quoi nous espérons.

Chacun de nous peut donc, spécialement en ce Temps qui nous prépare à Noël, se demander : « Moi, qu’est-ce que j’attends? A quoi, en ce moment de ma vie, mon cœur aspire-t-il? ». On peut se poser la même question au niveau familial, communautaire, national. Qu’est-ce que nous attendons, tous ensemble ? Qu’est-ce qui unit nos aspirations, qu’est-ce que nous avons en commun ? Dans le temps qui a précédé la naissance de Jésus, l’attente du Messie était très forte en Israël, l’attente d’un Consacré, descendant du roi David, qui aurait finalement libéré le peuple de tout esclavage moral et politique et instauré le Royaume de Dieu. Mais personne n’aurait jamais imaginé que le Messie puisse naître d’une humble jeune fille comme Marie, promise en mariage au juste Joseph. Elle non plus n’y aurait jamais pensé, et pourtant, dans son cœur, l’attente du Sauveur était si grande, sa foi et son espérance étaient si ardentes, qu’Il a pu trouver en elle une mère digne. Du reste, Dieu lui-même l’avait préparée, avant tous les siècles. Il y a une correspondance mystérieuse entre l’attente de Dieu et celle de Marie, la créature « pleine de grâce », totalement transparente au dessein d’amour du Très Haut. Apprenons d’elle, la Femme de l’Avent, à vivre les gestes quotidiens avec un esprit nouveau, avec le sentiment d’une profonde attente, que seule la venue de Dieu peut combler.

Je souhaite à tous un dimanche serein et un bon chemin de l’Avent.

© Copyright 2010 – Libreria Editrice Vaticana
Sources principales : eglise.catholique.fr ; lachiesa.it ; vatican.va (« Rév. x gpm»).

 

 

 

 

« Restez éveillés et priez en tout temps. »

samedi 28 novembre 2015

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« Veillez ! », nous dit Jésus avec insistance… Nous n’avons pas seulement à croire, mais à veiller ; pas simplement à aimer, mais à veiller ; pas uniquement à obéir, mais à veiller. À veiller pour quoi ? Pour ce suprême événement : la venue du Christ… Il semble bien y avoir là un appel spécial, un devoir dont l’idée ne nous serait jamais venue à l’esprit autrement.

Nous avons une idée générale de ce que veut dire croire, aimer et obéir, mais qu’est-ce donc que veiller ?… Celui-là veille dans l’attente du Christ, qui garde l’esprit sensible, ouvert, sur le qui-vive, qui reste vif, éveillé, plein de zèle à le chercher et à l’honorer. Il désire trouver le Christ dans tout ce qui arrive… Et celui-là veille avec le Christ (Mt 26,38) qui, tout en regardant l’avenir, regarde aussi le passé, contemplant ce que son Sauveur a acquis pour lui et n’oubliant pas ce que le Christ a souffert pour lui. Il veille avec le Christ celui qui remémore et renouvelle en sa propre personne la croix et à l’agonie du Christ, qui porte joyeusement la tunique que le Christ a portée jusqu’à la croix et qu’il a laissée après son Ascension.

Souvent dans les épîtres, les écrivains inspirés expriment leur désir du second avènement, mais ils n’oublient jamais le premier : la crucifixion et la résurrection… Ainsi saint Paul invite les Corinthiens à attendre la venue du Seigneur Jésus Christ(1Co 1,7-8) et ne manque pas de leur dire de « toujours porter dans notre corps la mort du Seigneur, pour que la vie du Christ Jésus se manifeste en nous » (2Co 4,10)… La pensée de ce qu’est le Christ aujourd’hui ne doit pas effacer le souvenir de ce qu’il a été pour nous… Ainsi dans la sainte communion nous voyons en même temps la mort et la résurrection du Christ ; nous nous souvenons de l’une, nous nous réjouissons de l’autre. Nous nous offrons nous-mêmes et recevons une bénédiction.

Veiller, c’est donc vivre détaché de ce qui est présent, vivre dans l’invisible, vivre dans la pensée du Christ tel qu’il est venu une première fois et tel qu’il doit venir, désirer son deuxième avènement à partir de notre souvenir aimant et reconnaissant du premier.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Watching », PPS vol. 4, n°22