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Archive pour le mot-clef ‘Bienheureux John Henry Newman’

« Voyez le figuier ! »

vendredi 29 novembre 2013

monde invisible

La terre que nous voyons ne nous satisfait pas. Ce n’est qu’un commencement ; ce n’est qu’une promesse d’un au-delà ; même dans sa plus grande joie, quand elle se couvre de toutes ses fleurs, et qu’elle montre tous ses trésors cachés de la manière la plus attirante, même alors, cela ne nous suffit pas. Nous savons qu’il y a en elle beaucoup plus de choses que nous n’en voyons. Un monde de saints et d’anges, un monde glorieux, le palais de Dieu, la montagne du Seigneur Sabaoth, la Jérusalem céleste, le trône de Dieu et du Christ : toutes ces merveilles éternelles, très précieuses, mystérieuses et incompréhensibles, se cachent derrière ce que nous voyons. Ce que nous voyons n’est que l’écorce extérieure d’un royaume éternel, et c’est sur ce royaume que nous fixons les yeux de notre foi.

Montre-toi, Seigneur, comme au temps de ta Nativité, où les anges ont visité les bergers ; que ta gloire s’épanouisse comme les fleurs et le feuillage s’épanouissent sur les arbres. Par ta grande puissance, transforme le monde visible en ce monde plus divin que nous ne voyons pas encore. Que ce que nous voyons soit transformé en ce que nous croyons. Si brillants que soient le soleil, le ciel, et les nuages, si verdoyants que soient les feuilles et les champs, si doux que soit le chant des oiseaux, nous savons que tout n’est pas là, et que nous ne voulons pas prendre la partie pour le tout. Ces choses procèdent d’un centre d’amour et de bonté qui est Dieu lui-même, mais elles ne sont pas sa plénitude. Elles parlent du ciel, mais elles ne sont pas le ciel. Elles ne sont en quelque sorte que des rayons égarés, un faible reflet de son image ; elles ne sont que des miettes qui tombent de la table.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
« The Invisible World » PPS, t. 4, n°13 (trad. AELF rev.)

 

 

 

« Voyant les foules, il eut pitié d’elles, parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger. »

mardi 9 juillet 2013

le_bon11Regardez autour de vous, mes frères… : pourquoi y a-t-il tant de changements et de luttes, tant de partis et de sectes, tant de credo ? Parce que les hommes sont insatisfaits et inquiets. Et pourquoi inquiets, chacun avec son psaume, sa doctrine, sa langue, sa révélation, son interprétation ? Ils sont inquiets parce qu’ils n’ont pas trouvé…; tout cela ne les a pas encore amenés à la présence du Christ qui est « la plénitude de la joie et le bonheur éternel » (Ps 15,11).

S’ils avaient été nourris du pain de la vie (Jn 6,35) et goûté au rayon de miel, leurs yeux seraient devenus clairs, comme ceux de Jonathan (1Sm 14,27) et ils auraient reconnu le Sauveur des hommes. Mais n’ayant pas saisi ces choses invisibles, ils doivent encore chercher, et ils sont à la merci des rumeurs au loin…

Spectacle attristant : le peuple du Christ erre sur les collines « comme des brebis sans berger ». Au lieu de le chercher dans les lieux qu’il a toujours fréquentés et dans la demeure qu’il a établie, ils s’affairent en des projets humains, suivent des guides étrangers et se laissent captiver par des opinions nouvelles, deviennent le jouet du hasard ou de l’humeur du moment et la victime de leur volonté propre. Ils sont pleins d’anxiété, de perplexité, de jalousie et d’alarme, « ballottés et emportés par tout vent de la doctrine, par la ruse des hommes et de leur astuce à se fourvoyer dans l’erreur » (Ep 4,14). Tout cela parce qu’ils ne cherchent pas le « Corps unique, l’Esprit unique, l’unique espérance de leur appel, l’unique Seigneur, la foi unique, le baptême unique, le Dieu unique et Père de tous » (Ep 4,5-6) pour y « trouver le repos de leurs âmes » (Mt 11,29).

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Invisible Presence of Christ », Sermons on Subjects of the Day, n°21

 

 

 

 

La sagesse de Dieu

vendredi 14 décembre 2012

Saint Jean Baptiste vivait séparé du monde, il était nazir (Lc 1,15; Nb 6,1), voué à Dieu. Il a quitté le monde et s’y est confronté…, l’appelant au repentir. Tous les habitants de Jérusalem venaient à lui au désert (Mc 3,5), et il les affrontait face à face. Mais en enseignant, il parlait de quelqu’un qui devait venir vers eux et leur parler d’une manière très différente. Quelqu’un qui ne se séparerait pas d’eux, ne se présenterait pas comme un être supérieur, mais comme leur frère, fait de la même chair et des mêmes os, un parmi beaucoup de frères, un parmi la multitude. Et effectivement il était déjà parmi eux : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas » (Jn 1,26)…

Enfin Jésus commence à se montrer et à « manifester sa gloire » (Jn 2,11) par des miracles. Mais où ? À un repas de noces. Et comment ? En multipliant le vin… Comparez tout cela à ce qu’il dit de lui-même : «  Jean est venu, ne mangeant pas ni ne buvant. Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : ‘ C’est un ivrogne ‘ ». On a pu haïr Jean, mais on le respectait ; Jésus, lui, était méprisé…

C’était, ô mon Seigneur, parce tu aimes tellement cette nature humaine que tu as créée. Tu ne nous aimes pas simplement comme tes créatures, l’œuvre de tes mains, mais en tant qu’êtres humains. Tu aimes tout, car tu as tout créé, mais tu aimes les hommes par-dessus tout. Comment est-ce possible, Seigneur ? Qu’y a-t-il en l’homme, plus que dans les autres créatures ? « Qu’est-ce que l’homme pour que tu prennes souci de lui ? » (Ps 8,5)… Tu n’as pas pris la nature des anges quand tu t’es manifesté pour notre salut, et tu n’as pas pris une nature humaine ou un rôle ou une charge au-dessus d’une vie humaine ordinaire –- ni nazir, ni prêtre ou lévite, ni moine, ni ermite. Tu es venu précisément et pleinement dans cette nature humaine que tu aimes tant…, cette chair qui a chuté en Adam, avec toutes nos infirmités, nos sentiments et nos affinités, excepté le péché.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Meditations and Devotions, Part III, VII God with us 1

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« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. »

samedi 28 juillet 2012

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Il y a des scandales dans l’Église, des choses blâmables et honteuses ; aucun catholique ne pourra le nier. Elle a toujours encouru le reproche et la honte d’être la mère de fils indignes ; elle a des enfants qui sont bons, elle en a bien d’avantage qui sont mauvais… Dieu aurait pu instituer une Église qui soit pure ; mais il a prédit que l’ivraie semée par l’ennemi demeurerait avec le froment jusqu’à la moisson, à la fin du monde. Il a affirmé que son Église serait semblable à un filet de pêcheur « qui ramasse des poissons de toutes sortes » que l’on ne trie pas avant le soir (Mt 13,47s). Allant plus loin encore, il a déclaré que les mauvais et les imparfaits l’emporteraient de beaucoup sur les bons. « Il y a beaucoup d’appelés, a-t-il dit, mais peu d’élus » (Mt 22,14), et son apôtre dit « qu’il subsiste un reste, élu par grâce » (Rm 11,5). Il y a donc sans cesse, dans l’histoire et dans la vie des catholiques, largement de quoi faire le jeu des contradicteurs…

Mais nous ne baissons pas la tête de honte, pour cacher notre visage entre nos mains : nous levons nos mains et notre visage vers notre Rédempteur. « Comme les yeux des serviteurs vers la main de leur maître…, ainsi nos yeux vers le Seigneur notre Dieu, jusqu’à ce qu’il nous prenne en pitié » (Ps 122,2)… Nous en appelons à toi, juste juge, car c’est toi qui nous regarde. Nous ne faisons aucun cas des hommes, tant que nous t’avons, toi…, tant que nous avons ta présence en nos assemblées, ton témoignage et ton approbation en nos cœurs.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermons Preached on Various Occasions, n°9, 2.6

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« Pour entrer dans le Royaume des cieux…, il faut faire la volonté de mon Père. »

jeudi 1 décembre 2011

Année après année, le temps s’écoule silencieusement ; la venue du Christ se rapproche à chaque instant. Si seulement, comme il se rapproche de la terre, nous pouvions nous rapprocher du ciel ! Ô mes frères, priez-le pour qu’il vous donne le courage de le chercher en toute sincérité. Priez-le pour qu’il vous rende ardents… Priez-le pour qu’il vous donne ce que l’Écriture appelle « un cœur bon et honnête » ou « un cœur parfait » (Lc 8,15; Ps 100,2), et sans attendre, commencez maintenant à lui obéir de votre cœur le meilleur. L’obéissance la plus petite vaut mieux que pas d’obéissance du tout…

Vous devez chercher sa face (Ps 27,8) ; l’obéissance est la seule façon de le chercher. Tous vos devoirs d’état sont obéissance… Faire ce qu’il demande, c’est lui obéir, et lui obéir, c’est s’approcher de lui. Tout acte d’obéissance nous rapproche de lui qui n’est pas loin, malgré les apparences, mais très près derrière ce cadre matériel. La terre et le ciel ne sont qu’un voile entre lui et nous ; le jour viendra où il déchirera ce voile et se montrera à nous. Et alors, selon la façon dont nous l’avons attendu, il nous donnera la récompense. Si nous l’avons oublié, il ne nous reconnaîtra pas ; mais « heureux ces serviteurs que le maître en arrivant trouvera en train de veiller » (Lc 12,37)… Que tel soit la part de chacun d’entre nous ! Il est difficile d’y parvenir, mais il est affligeant d’échouer. La vie est brève, la mort est sûre, et le monde à venir est éternel.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Watching », PPS vol. 4, n°22

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