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Archive pour juin 2022

Sainte Trinité, solennité

dimanche 12 juin 2022

Écoutez ce que déclare la sagesse de Dieu : « Le Seigneur m’a faite pour lui, principe de son action, première de ses œuvres, depuis toujours.
Avant les siècles j’ai été formée, dès le commencement, avant l’apparition de la terre.
Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources jaillissantes.
Avant que les montagnes ne soient fixées, avant les collines, je fus enfantée,
avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace, les éléments primitifs du monde.
Quand il établissait les cieux, j’étais là, quand il traçait l’horizon à la surface de l’abîme,
qu’il amassait les nuages dans les hauteurs et maîtrisait les sources de l’abîme,
quand il imposait à la mer ses limites, si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre, quand il établissait les fondements de la terre.
Et moi, je grandissais à ses côtés. Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment,
jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »

Livre des Proverbes 8,22-31.

 

 

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 10,7-13

samedi 11 juin 2022

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche.
Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »
Ne vous procurez ni or ni argent, ni monnaie de cuivre à mettre dans vos ceintures,
ni sac pour la route, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton. L’ouvrier, en effet, mérite sa nourriture.
Dans chaque ville ou village où vous entrerez, informez-vous pour savoir qui est digne de vous accueillir, et restez là jusqu’à votre départ.
En entrant dans la maison, saluez ceux qui l’habitent.
Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle. Si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne vers vous. »

 

 

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vendredi 10 juin 2022

En union de prière, tous les soirs à 18h35 pour les Stes âmes du Purgatoire, tous les jours pour les neuvaines d’Ardouane, le chapelet et tous les vendredis soir, de 21h30 à 22h00, à la demande de Marie Mère des hommes, aux intentions de ce monde, du Pape, à l’ouverture de la Maison de Marie, aux offenses faites au Père, aux victimes du fanatisme, de la guerre et pour tous ceux partis trop tôt ou malades.

 

 

 

 

Désert spirituel

vendredi 10 juin 2022

Cette épreuve consiste à ne plus s’attacher aux sensations de la prière, et faire l’effort d’aimer le Christ par sa volonté en toute circonstance.

Il peut arriver plusieurs fois dans la vie d’un chrétien que la prière devienne difficile voire qu’elle lui semble inutile. Il n’y a plus d’expérience de joie ou de paix, et prier devient presque un fardeau. Dans ce cas, à quoi bon prier ? Le grand François de Sales reconnaît la difficulté de cette situation. Afin de venir en aide à sa contemporaine Jeanne de Chantal, qui ressentait grandement ce vide intérieur, il lui fit parvenir les mots suivants.
C’est le haut point de la sainte religion de se contenter des actes nus, secs et insensibles, exercés par la seule volonté supérieure, comme ce serait le supérieur degré de l’abstinence de se contenter de ne manger jamais, sinon avec dégoût, à contrecoeur, et non-seulement sans goût ni saveur.
Vous m’avez fort bien exprimé votre souffrance, et n’avez rien à faire pour remède que ce que vous faites, protestant à notre Seigneur, en paroles même vocales, et quelquefois encore chantant, que vous voulez même vivre de la mort, et manger comme si vous étiez morte, sans goût, sans sentiment et connaissance.
Ce conseil n’est pas particulièrement réconfortant au premier abord. Mais il est honnête, affirmant qu’une telle épreuve doit être endurée par la volonté et l’effort tout en gardant confiance dans la grâce de Dieu. François de Sales encourage Jeanne de Chantal à offrir sa souffrance à Dieu.
Enfin ce Sauveur veut que nous soyons si parfaitement siens, que rien ne nous reste, pour nous abandonner entièrement à la merci de sa providence, sans réserve.
Si quelqu’un traverse un désert spirituel, la solution n’est surtout pas d’abandonner. Cette épreuve consiste à ne plus s’attacher aux sensations de la prière, et faire l’effort d’aimer le Christ par sa volonté en toute circonstance. Jésus paraîtra encore plus proche si l’on y parvient. C’est ainsi que les saints traversaient leur désert, en aimant Dieu malgré le manque de joie et de paix dans la prière.

Philip Kosloski journaliste
Conseils de saint François de Sales à sainte Jeanne de Chantal
aleteia.org

 

 

 

« Va d’abord te réconcilier avec ton frère ! »

jeudi 9 juin 2022

prière-pour-aimer-mes-frères

Personne ne pourra obtenir quoi que ce soit par la prière s’il ne prie pas avec de bonnes dispositions et une foi droite… Il ne s’agit pas de parler beaucoup… ; il s’agit de ne pas venir à la prière avec une âme troublée par des ressentiments. On n’imagine pas que quelqu’un vienne à l’oraison sans préparer son cœur ; on n’imagine pas non plus que celui qui prie puisse obtenir le pardon de ses péchés s’il n’a pas d’abord pardonné de tout son cœur à son frère qui lui demande pardon…

En premier lieu donc, celui qui se dispose à prier aura grand avantage à adopter une attitude qui l’aide à se mettre en présence de Dieu et qui l’aide à lui parler comme à quelqu’un qui le voit et lui est présent. Certaines images ou certains souvenirs d’événements passés encombrent l’esprit qui se laisse envahir par eux ; ainsi il est utile de se souvenir que Dieu est là et qu’il connaît les mouvements les plus secrets de notre âme. Elle se dispose alors à plaire à celui qui est présent, qui la voit et prévient toutes ses pensées, à celui qui scrute les cœurs et sonde les reins (Ps 7,10)…

Comme le disent les Saintes Écritures, il faut que celui qui prie élève des mains pures, qu’il pardonne à chacun de ceux qui l’ont offensé, rejette tout ce qui trouble son âme et ne s’irrite contre personne… Qui peut douter que cet état d’âme soit le plus favorable ? Paul l’enseigne lorsqu’il dit dans sa première lettre à Timothée : « Je veux que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains pures, sans ressentiment ni contestation » (2,8).

Origène (v. 185-253), prêtre et théologien
Petit traité sur la prière, 8-9 ; PG 11, 442-443 (trad. Orval)

 

 

 

Je suis venu pour accomplir la Loi

mercredi 8 juin 2022

La leçon que nous allons étudier aujourd’hui porte sur un très important passage. Ce passage tire son importance du fait qu’il établit le lien entre l’AT et le NT. Regardons ce passage. Il s’agit de Matthieu 5.17-20. Ici, le Seigneur Jésus fait la déclaration suivante.

Matthieu 5.17. Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.
18 En vérité je vous le dis, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soit arrivé.
19 Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux, mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.
20 Car je vous le dis, si votre justice n’est pas supérieure à celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.

Chagall - Le don des tables de la loi

Le maintien de la loi de Dieu

En écoutant ces paroles de Jésus, nous pouvons facilement constater le point sur lequel notre Seigneur veut insister. Jésus dit ici, ‘N’allez surtout pas croire que je sois venu pour supprimer la loi. Je ne suis pas venu pour abroger ce qui est écrit dans la loi.’ Il est important de se remémorer régulièrement cette déclaration de Jésus car il semble qu’on ait tendance à l’oublier. Chaque génération a eu sa part de croyants qui ont voulu enseigner que la loi n’avait plus sa raison d’être. ‘Nous sommes maintenant dans la dispensation de la grâce,’ disent-ils, ‘et nous n’avons plus à nous préoccuper de la loi.’

Ce courant de pensée a eu un impact négatif sur la vie de l’église. Il y a eu une tendance à négliger et à prendre à la légère la loi de Dieu. L’exhortation à observer et à pratiquer tous les commandements de Dieu perdait ainsi beaucoup de son sens. Chacun pouvait marcher selon sa propre justice et sans la loi, il est difficile de dire à quelqu’un qu’il ne marche pas sur le droit chemin. Ainsi, il y avait un risque constant d’abaisser le niveau moral et spirituel de la vie chrétienne.

Qu’on se le dise, même avec la venue de Jésus et la nouvelle alliance qu’il nous apporta, la loi n’a pas disparu. ‘Je ne suis pas venu pour abolir la loi, mais pour l’accomplir.’ Comprenons bien ces paroles de Jésus. Il nous dit, ‘Ne vous imaginez pas que je sois venu pour réduire les exigences morales de la vie chrétienne. La justice du chrétien doit continuer à caractériser sa marche avec Dieu. N’allez surtout par croire qu’on n’a plus à se soucier du péché sous prétexte que la grâce de Dieu est avec nous. On ne peut pas continuer à marcher impunément dans le péché et s’imaginer qu’on ira au paradis.’

Le Seigneur Jésus s’est lié d’amitié avec les publicains et les pécheurs. Mais cela ne veut pas dire qu’il approuvait leur manque de valeur morale. Il n’a pas abaissé les normes de la justice divine afin de les rendre plus accessibles aux pécheurs. Bien au contraire. Son intention était de les sauver. Et pour ce faire, il devait les conduire vers une vie dont la justice devait surpasser celle des scribes et des pharisiens.

Définir la loi

En lisant cette déclaration de Jésus, Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes, il s’avère nécessaire de définir correctement ce que notre Seigneur désigne par ‘loi’. Nous allons décrire le sens de ce mot ‘loi’ en utilisant les propres paroles de Jésus. C’est en Matthieu 22.34-40 que Jésus parle à nouveau de ‘la loi et les prophètes.’ Dans ce fameux passage, nous voyons un scribe questionner Jésus dans l’intention de lui tendre un piège. Il lui demanda, Maître, quel est le plus grand commandement de la loi? Et voici la réponse de Jésus.

Matthieu 22.37. Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.
38 C’est le premier et le plus grand commandement.
39 Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
40 De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.

L’esprit de la loi peut se résumer à l’intérieur de ces deux commandements. Il s’agit d’aimer le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, toute ton âme, et toute ta pensée. Et aussi d’aimer ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. C’est ici que nous retrouvons la même expression ‘la loi et les prophètes.’ Je ne suis pas venu pour abolir la loi ou les prophètes. En réponse à ce scribe, Jésus affirme que toute la loi, si on la considère du point de vue de son essence, doit être comprise sur la base de ces deux commandements : aimer Dieu de tout son cœur, âme, et pensée, et aimer son prochain comme soi-même.

Lorsque nous comprenons la loi de cette manière, nous réalisons avec plus de discernement que certes la loi ne peut pas être abolie. Non seulement ne peut-elle pas être supprimée, mais on peut dire aussi que l’esprit de cette loi constitue l’essence même du christianisme. Si vous mettez la loi à la poubelle, c’est tout le christianisme que vous jetez à la poubelle.

Donc la loi signifie que Dieu nous demande de l’aimer de tout notre être et d’aimer notre prochain comme soi-même. Ceci n’a jamais été aboli. En fait, ces deux commandements sont au centre de l’enseignement de Jésus.

Vous voyez que la vie chrétienne suit la loi du tout ou rien. Souvenez-vous du plus grand commandement, tout ton cœur, toute ton âme, toute ta pensée. Toute ta personne. La Bible ne connaît pas de chrétien à temps partiel. C’est tout ou rien. On marche selon la loi de Dieu ou autrement, on oublie la loi au complet. Il y a ici une exigence qui n’accepte aucun compromis. C’est en ces termes que Dieu décrit le niveau d’engagement du croyant. Et si loi exige l’engagement de toute la personne, la venue de Jésus introduit un christianisme qui n’en demande pas moins. ‘Non seulement je ne suis pas venu pour abroger la loi, mais je suis venu pour l’accomplir.’

Accomplir la loi

pratique-loiLa justice qui était contenue dans la loi, parfois de façon sous-entendue, Jésus va maintenant l’accomplir en la révélant explicitement dans toute sa splendeur. Il veut faire ressortir toutes les nuances de la loi que Dieu avait en tête à l’origine. À cet égard, un théologien (Dr. John Stott) a dit que ‘Jésus accomplit la loi en nous montrant l’aspect radical de la justice de Dieu.’ Et à première vue, il y a de quoi en frémir. Elle est si radicale que si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous ne pourrez pas entrer dans le royaume des cieux.

Prenons l’exemple du 7ième Commandement, Tu ne commettras pas d’adultère. Dans la mentalité de l’AT, l’adultère se définissait strictement par des critères physiques. Ainsi on considérait qu’il y a eu adultère seulement s’il y a eu un rapport sexuel, et donc physique, en dehors des liens du mariage. Maintenant, le Seigneur Jésus reprend ce commandement de l’AT et en dégage tout son sens. Ce que Dieu considère comme étant un adultère ne se limite pas à l’acte sexuel. Quiconque regarde une femme au point de nourrir le désir de coucher avec elle a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur (Matthieu 5.28).

Le Seigneur Jésus est venu accomplir la loi en enseignant l’esprit et la lettre de la loi. Ainsi, en parlant de ce commandement sur l’adultère, il nous dit que le péché ne se manifeste pas toujours sous une forme physique. Il peut exister dans un état qui échappe à la vue et à la connaissance des êtres humains. Mais Dieu peut le voir car son regard pénètre le cœur de l’homme. À partir du moment où vous avez regardé une femme au point de vouloir la retrouver dans votre chambre à coucher, vous avez déjà commis un péché aux yeux de Dieu. Dieu s’attend à ce que notre justice s’exprime tant dans notre comportement qu’au niveau de notre vie intérieure.

Paul et la loi

Les écrits de Paul sur la loi viennent renforcir ce que Jésus a déjà enseigné dans les évangiles. Dans la lettre aux Romains, Paul donne 3 qualificatifs à la loi. Il dit que la loi est sainte (Romains 7.12). La loi est spirituelle (Romains 7.14). Et la loi est bonne (Romains 7.16). Voilà donc trois adjectifs que Paul utilise pour qualifier la loi. La loi est sainte, spirituelle, et bonne. Comment peut-on penser abolir ce que la Bible déclare être sainte, spirituelle, et bonne?

Lorsque Paul affirme que le chrétien n’est plus sous la loi, il faut comprendre qu’il fait allusion à la dispensation de la loi. La dispensation de la loi correspond à l’ancienne alliance. Nous ne sommes plus dans l’ancienne alliance, mais plutôt dans la nouvelle alliance, la dispensation de la grâce. En Romains 6.14, on peut lire, Le péché ne dominera pas sur vous, car vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce. On a ici le contraste de deux dispensations, celle de la loi et celle de la grâce. Donc le fait que le croyant ne soit pas sous la loi ne doit pas nous amener à conclure qu’il ne doit plus tenir compte de la loi. C’est encore Paul qui dit en 1Corinthiens 9.21, …et pourtant je ne suis pas moi-même sans la loi de Dieu, mais sous la loi de Christ… Vous voyez la nuance? Nous ne vivons pas dans la dispensation de la loi, mais nous ne sommes pas non plus sans la loi de Dieu.

Par ailleurs, Paul parle de l’accomplissement de la loi à plusieurs endroits dans ses lettres. Prenons par exemple Romains 13.10 où il écrit (et je cite), …l’amour est donc l’accomplissement de la loi. Il répète la même chose en des termes presque similaires en Galates 5.14. Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Toute la loi trouve son accomplissement dans cette seule parole : aimer. Vous voyez que Paul ne fait que reprendre ce que Jésus a déjà enseigné, à savoir que la loi doit être comprise selon ce qui constitue son essence. Et l’essence de la loi est contenue dans un seul commandement, celui d’aimer. Aimer Dieu et aimer son prochain.

Paul nous demande d’aimer car en obéissant à ce commandement, nous accomplissons la loi. Il n’a jamais dit que la loi n’existait plus. Certes, il affirme que nous ne sommes pas justifiés par les œuvres de la loi. Mais c’est une toute autre question. Bien que notre justification ne provienne pas des œuvres de la loi, nous ne sommes pas sans la loi de Dieu. La loi nous aide à aimer selon la volonté de Dieu.

Le plus petit et le plus grand

Regardez maintenant le v. 19. Matthieu 5.19.

Matthieu 5.19. Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux, mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.

Il y a deux types d’individus qui sont mis en contraste dans ce verset. Il y a d’abord celui qui viole les commandements, plus précisément celui qui défait les ordonnances de Dieu. Le mot grec traduit ici par le verbe ‘violer’ se retrouve en Jean 1.27 où Jean le Baptiste avoue qu’il n’est pas digne de délier la courroie de la sandale de Jésus. Délier, défaire, desserrer, relâcher la pratique des commandements, c’est ce qu’on entend par ‘violer’ l’un de ces plus petits commandements. Celui-là est appelé le plus petit. L’autre type d’individu est celui qui obéit aux préceptes divins en les enseignant et en les mettant en pratique. Celui-là est appelé grand dans le royaume des cieux.

Quelle leçon retire-t-on de ce verset? Nous apprenons par ce passage que dans le royaume des cieux, tous ne sont pas considérés sur le même pied d’égalité. Il existe une différence dans la grandeur spirituelle de chacun. Certains brillent comme le soleil. D’autres dégagent une lumière plutôt faible. Qu’est-ce qui fait la différence? Comment mesure-t-on la qualité d’une personne sur le plan spirituel? Réfléchissez bien à cette question. Vous serez déclarés ‘grands’ ou ‘petits’ dans le royaume des cieux selon votre obéissance aux commandements. Le degré d’observance de la loi de Dieu constitue la mesure de la spiritualité de quelqu’un. Voilà une leçon qui a des conséquences pratiques immédiates.

Il se peut que cette conclusion vous offusque un peu. J’entends déjà certains dirent, ‘Pourquoi ambitionner pour être le plus grand? Faire partie du royaume des cieux me suffit amplement. Je suis déjà sauvé et je me contente du don gratuit de Dieu.’ C’est ce que j’appelle faire preuve d’une fausse modestie spirituelle. Les Saintes Écritures n’enseignent pas ce genre d’humilité, si on peut appeler cela de l’humilité. Regardez l’intensité de Paul. Paul cherchait avec vigueur à être le plus grand, et non pas le plus petit. En 1Corinthiens 9, il écrit que plusieurs font la course mais qu’un seul gagne le prix. Et Paul était de ceux qui voulaient remporter le prix. Courez de manière à l’obtenir, écrit-il dans sa lettre. On ne peut certainement pas appeler cela de la modestie. Il y a dans cette exhortation une intensité spirituelle qui ne cachait pas ses ambitions. Paul ne pouvait pas se contenter que d’être sauvé. Il était déterminé à courir de manière à gagner la couronne impérissable. Il voulait engager toutes ses énergies pour plaire à Jésus. C’est ainsi que s’exprimait la grandeur spirituelle de cet homme.

Je pense que si on est honnête avec soi-même, on doit reconnaître qu’il y a dans le cœur de chacun un désir implicite à être grand, à être le meilleur. Et il n’y a rien de mal à cela. Par contre, la motivation qui nous pousse à rechercher ce qui est grand peut être soit de nature charnelle ou spirituelle. Savez-vous ce qui motive un croyant à vouloir grandir spirituellement plutôt que de se contenter simplement de faire partie de la famille de Dieu? L’intensité de son amour pour Dieu fait toute la différence. Je veux aimer Dieu de tout mon cœur. Je suis disposé à accomplir tout ce qu’il me demande afin de lui plaire. C’est pourquoi je cherche à obéir aux ordonnances de Dieu.

Je prie le Seigneur qu’à l’intérieur de nos églises, tous et chacun se soucient de viser haut dans le royaume des cieux, offrant rien de moins que le meilleur de soi-même à Dieu.

Les pharisiens

fr-evangile-illustre-2015-06-10Continuons maintenant à regarder les paroles de Jésus dans ce passage. Le Seigneur Jésus déclare que non seulement la grandeur spirituelle d’un disciple est déterminée par une justice qui se conforme à la loi, mais son admission dans le royaume de Dieu ne peut être permise sans une conformité à la loi qui soit supérieure à celle des scribes et des pharisiens. C’est pourquoi Jésus dit au v. 20, …si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. Nous avons dans ce verset une comparaison de la justice dans le royaume des cieux et celle qui caractérise les spécialistes de la loi et les pharisiens.

En parlant des pharisiens, je me vois dans l’obligation d’apporter certaines précisions. On a une tendance spontanée à considérer négativement les pharisiens. Ils sont les méchants de l’histoire biblique. Ils représentent le summum de la malveillance spirituelle. Ils n’ont rien de bon à montrer sur le plan de la piété. Ce sont tous des hypocrites qui prétendent connaître la loi mais au fond, on sait bien qu’ils ne l’appliquent pas pour eux-mêmes. Si je vous demandais de penser à des mots décrivant la personnalité du pharisien, il y a fort à parier qu’on retrouverait des mots comme orgueilleux, hypocrite, légaliste, tatillon, porté à la critique, absence d’autocritique, et ainsi de suite.

Vous savez, plus je réfléchis sur la question des pharisiens, plus je m’étonne de l’importance que la Bible leur accorde quant au nombre de versets qui se rapportent à ces chefs religieux. Et plus j’ai la conviction qu’il y a quelque chose de fondamentalement erronée dans cette façon de percevoir les pharisiens. Il y a des choses que vous devez savoir à propos de ces dirigeants religieux, des choses qu’on semble vouloir garder sous silence. Et si vous me permettez, j’aimerais briser ce silence afin d’équilibrer ce que je perçois comme étant une distorsion de l’image du pharisien. J’espère que par mes commentaires, vous allez vous dégager de cette notion que les pharisiens ne soient qu’une bande d’hypocrites ne méritant que la réprobation de Dieu.

Les pharisiens sont apparus à une époque où on voulait remettre en question la loi de Dieu. L’influence grandissante de l’hellénisme, i.e. de la civilisation grecque, mettait en péril le judaïsme. De plus en plus de Juifs se laissaient séduire par les coutumes grecques. Certains Juifs fidèles se sont organisés pour former des partis de résistance afin de contrer cette menace pour la foi juive. Les pharisiens étaient de ceux qui défendaient le plus farouchement l’observation de la loi. D’ailleurs, le mot ‘pharisien’ tire son origine d’un mot hébreu qui signifie ‘séparé’. Les pharisiens se caractérisaient par leur séparation du monde, de la masse humaine. De quelle façon les pharisiens se sont-ils séparés? Par un dévouement entier à la loi de Dieu. Les pharisiens cherchaient résolument à appliquer la loi à tous les détails de la vie quotidienne. Il n’y avait aucun doute que l’obéissance à la loi représentait la plus importante priorité de leur vie.

Les pharisiens formaient un groupe religieux que le peuple respectait au plus haut point et qu’on appréciait à cause de leur droiture. Si on voulait chercher des exemples vivants de droiture, c’était sur les pharisiens qu’on portait les regards. L’historien juif Josèphe écrivait au sujet des pharisiens qu’ils tentaient par tous les moyens de plaire à Dieu. Tout pharisien avait en tête comme priorité l’enseignement de la loi et son application à tous les aspects de la vie des gens afin qu’ils mènent une vie juste en dépit des fortes pressions culturelles et politiques de leur époque.

Cette ardeur religieuse les conduisait souvent à faire plus que ce que la loi demandait. Dans la parabole du pharisien et le publicain, en Luc 18.12, le pharisien disait, Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. Les pharisiens consacraient 2 jours par semaine au jeûne, habituellement le lundi et le jeudi. La loi n’en demandait pas autant. Saviez-vous que la pratique du jeûne n’est pas prescrite dans la loi sauf pour une seule occasion dans l’année, au jour des expiations. En dehors de cette journée très solennelle, il n’y avait rien dans la loi qui commande l’abstention de nourriture. Je donne la dîme de tout ce que je possède. Encore une fois, c’est aller au-delà de ce que la loi demande. Dans l’AT, il y avait certaines exemptions à la dîme. La loi ne demandait pas le paiement de la dîme sur toute chose. Or, certains pharisiens allaient aussi loin que de donner la dîme de tout ce qu’ils possédaient. Remarquez que cela représente plus que de payer 10% de ses revenus.

Si Jésus s’est conduit très durement envers les pharisiens, ce n’est pas parce qu’ils étaient si loin de la vérité. Au contraire, ils étaient très proches de la vérité mais pas tout à fait là encore. Voyez-vous, c’est souvent à ceux qui sont proches de nous que l’on prend la peine de parler ouvertement. Et parfois, cela signifie qu’il faut parler avec une choquante franchise.

L’erreur des pharisiens

Qu’est-ce qui fait donc défaut dans la justice des pharisiens pour inciter Jésus à dire, …si votre justice n’est pas supérieure à celle … des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux? Afin de donner une réponse simple et directe à cette question, je vais tout simplement vous citer un verset. Il s’agit de Matthieu 23.23. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! Parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qu’il y a de plus important dans la loi : le droit, la miséricorde et la fidélité; c’est là ce qu’il fallait pratiquer sans laisser de côté le reste.

Jésus n’a pas accusé les pharisiens de manquer de piété. Il leur a dit que leur justice était hypocrite. Dans ce 23ième chapitre de Matthieu, Jésus répétait constamment qu’ils étaient des hypocrites. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! Et dans le contexte de ce passage, être hypocrite veut dire accorder la priorité aux actes extérieurs de la loi au détriment des dispositions intérieures du cœur. Justice, miséricorde, fidélité, amour.

Il y a une importante leçon à retenir de tout cela. Il est possible d’être tellement préoccupé à appliquer la loi dans les moindres détails, qu’on en arrive à oublier l’esprit de la loi. On perd de vue les principes moraux et spirituels de la loi. L’essence de la loi, on s’en souviendra, trouve sa définition dans l’acte d’aimer. Et vous savez, cette leçon ne regarde pas que les pharisiens. Elle nous concerne aussi en tant que chrétiens.

Le pharisien en nous

Laissez-moi vous dire ceci. Il y a beaucoup de pharisiens dans nos églises aujourd’hui. Il y a beaucoup d’hypocrites qui fréquentent nos églises. Vous pensez que je suis trop dur? J’aimerais vous poser les questions suivantes.

1. Pourquoi y a-t-il des gens qui connaissent toutes les bonnes réponses sur le plan théologique mais qui ne semblent pas marcher dans la droiture?
2. Pourquoi avons-nous tant de difficulté à nous débarrasser d’une tradition d’église quand elle semble être devenue un fardeau pour l’application d’un enseignement biblique?
3. Pourquoi y a-t-il de ces gens qui, malgré leur zèle à rechercher la justice, ne peuvent accepter que leur propre justice?
4. Pourquoi y a-t-il des gens qui, prêchant la liberté que nous avons en Christ, ne cessent d’ajouter des règles de conduite à la vie chrétienne?
5. Pourquoi y a-t-il parfois une telle contradiction entre l’image publique du chrétien et sa vie privée?

Vous savez quoi? Vous et moi, jusqu’à une certaine mesure, nous sommes tous des pharisiens. Nous avons tous une tendance au pharisaïsme. Quiconque ne reconnaît pas cela vit sa foi dans l’illusion. Voyez-vous, l’exemple des pharisiens constitue l’un des meilleurs miroirs qui se trouvent dans la Bible pour refléter la véritable condition spirituelle de notre cœur. C’est pourquoi un juste point de vue des pharisiens peut contribuer à notre croissance spirituelle. Cela nous amène constamment à reconnaître notre faillite spirituelle et notre dépendance en Dieu pour améliorer notre sort.

Car en effet, qui peut vraiment surpasser la justice des pharisiens? Qui peut déclarer que sa justice est supérieure à celle des pharisiens? C’est tout simplement impossible. Impossible.
Mais vous connaissez la bonne nouvelle? Est-ce que vous savez ce que Dieu nous annonce dans sa Parole? Fermez vos yeux et écoutez son message pour nous.

Dieu nous dit :  » Je ne t’ai jamais demandé de vivre la vie chrétienne en te fiant sur tes propres forces. Même avec toute la volonté du monde, aucun effort humain ne peut suffire à réformer le cœur de l’homme. Tu peux l’essayer en dépensant toutes tes énergies. Tu essuieras un échec. Tu dois laisser Jésus remplir ton cœur avec le Saint Esprit. Car la vie chrétienne doit être vécue avec la puissance de mon Esprit. Cède le contrôle de ta vie aux mains du Saint Esprit. Cherche à me connaître davantage chaque jour au travers de la souffrance, de mort et de la résurrection de mon Fils bien-aimé. À mesure que tu seras rempli de l’Esprit et que tu t’approcheras de moi, tu sentiras la présence de ma puissance. Elle te transformera d’une manière qui aurait été impossible avec tes propres forces. Puis ta vie brillera d’une justice qui dépassera celle de tous les pharisiens. Et alors, tu seras déclaré grand dans mon royaume. « 

Yves I-Bing Cheng, M.D., M.A.
www.entretienschretiens.com

 

 

Le sel de la terre

mardi 7 juin 2022

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« Vous êtes le sel de la terre » dit le Sauveur ; il leur montre par là combien sont nécessaires tous les préceptes qu’il vient d’énoncer. « Ma parole, leur dit-il, ne sera pas seulement pour votre propre vie, mais elle vous est confiée pour le monde entier. Je ne vous envoie pas à deux villes, à dix ou à vingt, ni à un seul peuple, comme autrefois les prophètes. Je vous envoie à la terre, à la mer, à toute la création (Mc 16,15), partout où abonde le mal. »

En effet, en leur disant : « Vous êtes le sel de la terre », il leur a indiqué que toute la nature humaine est affadie, corrompue par le péché ; c’est par leur ministère que la grâce de l’Esprit Saint régénèrera et conservera le monde. C’est pourquoi il leur enseigne les vertus des Béatitudes, celles qui sont les plus nécessaires, les plus efficaces chez ceux qui ont la charge de la multitude. Celui qui est doux, modeste, miséricordieux, juste ne renferme pas en lui-même les bonnes actions qu’il accomplit ; il a soin que ces belles sources coulent aussi pour le bien des autres. Celui qui a le cœur pur, qui est artisan de paix, qui souffre persécution pour la vérité, voilà la personne qui consacre sa vie au bien de tous.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Sermons sur saint Matthieu, n° 15

 

 

 

« Le Royaume des cieux est à eux. »

lundi 6 juin 2022

« Heureux les pacifiques : ils seront appelés fils de Dieu. » On ne peut pas savoir ce qu’un serviteur de Dieu possède de patience et d’humilité tant que tout va selon ses désirs. Mais quand vient le temps où ceux qui devaient respecter ses volontés se mettent au contraire à les contester, ce qu’il manifeste alors de patience et d’humilité, voilà alors exactement ce qu’il en possède, et rien de plus.

« Heureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté, car le Royaume des cieux leur appartient. » Il y en a beaucoup qui sont épris de prières et d’offices, et qui infligent fréquemment à leur corps des mortifications et des abstinences. Mais pour un mot qui leur semble un affront ou une injustice envers leur cher moi, ou bien pour tel ou tel objet qu’on leur enlève, les voilà qui s’indignent aussitôt et perdent la paix de l’âme. Ceux-là n’ont pas le véritable esprit de pauvreté : car celui qui a le véritable esprit de pauvreté renonce à lui-même, et chérit ceux qui le frappent sur la joue (Mc 8,34; Mt 5,39).

« Heureux les pacifiques : ils seront appelés fils de Dieu. » Sont vraiment pacifiques ceux qui, malgré tout ce qu’ils ont à souffrir en ce monde pour l’amour de notre Seigneur Jésus Christ, gardent la paix de l’âme et du corps.

« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. » Ont vraiment le cœur pur ceux qui méprisent les biens de la terre, cherchent ceux du ciel et, ainsi purifiés de tout attachement de l’âme et du cœur, ne cessent jamais d’adorer et de voir rien d’autre que le Seigneur Dieu vivant et vrai.

Saint François d’Assise (1182-1226)

 

 

 

Pentecôte

dimanche 5 juin 2022

Frères, ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent pas plaire à Dieu.
Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas.
Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes.
Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.
Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais elle n’est pas envers la chair pour devoir vivre selon la chair.
Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez.
En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu.
Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père !
C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.
Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.

Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 8,8-17.

 

 

 

Le Saint-Esprit n’écrit plus d’évangile que dans les cœurs

samedi 4 juin 2022

Dès l’origine du monde, Jésus Christ vit en nous ; il opère en nous tout le temps de notre vie…; il a commencé en soi-même et il continue dans ses saints une vie qui ne finira jamais… Si « le monde entier n’est pas capable de contenir tout ce que l’on pourrait écrire de Jésus », de ce qu’il a fait, ou dit, et de sa vie en lui-même, si l’Évangile ne nous en crayonne que quelques petits traits, si la première heure est si inconnue et si féconde, combien faudrait-il écrire d’évangiles pour faire l’histoire de tous les moments de cette vie mystique de Jésus Christ, qui multiplie les merveilles à l’infini et les multipliera éternellement, puisque tous les temps, à proprement parler, ne sont que l’histoire de l’action divine ? Le Saint-Esprit a fait marquer en caractères infaillibles et incontestables quelques moments de cette vaste durée ; il a ramassé dans les Écritures quelques gouttes de cette mer ; il a fait voir par quelles manières secrètes et inconnues il a fait paraître Jésus Christ au monde…

Le reste de l’histoire de cette divine action qui consiste dans toute la vie mystique que Jésus mène dans les âmes saintes, jusqu’à la fin des siècles, n’est que l’objet de notre foi… Le Saint-Esprit n’écrit plus d’évangile que dans les cœurs ; toutes les actions, tous les moments des saints sont l’évangile du Saint-Esprit ; les âmes saintes sont le papier, leurs souffrances et leurs actions sont l’encre. Le Saint-Esprit, par la plume de son action, écrit un évangile vivant. Et on ne pourra le lire qu’au jour de la gloire où, après être sorti de la presse de cette vie, on le publiera.

Ô la belle histoire ! le beau livre que l’Esprit Saint écrit présentement ! Il est sous la presse, âmes saintes, il n’y a point de jour qu’on n’en arrange les lettres, que l’on n’y applique l’encre, que l’on n’en imprime les feuilles. Mais nous sommes dans la nuit de la foi : le papier est plus noir que l’encre…; c’est une langue de l’autre monde, on n’y comprend rien ; vous ne pouvez lire cet évangile que dans le ciel.

Jean-Pierre de Caussade (1675-1751)