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Archive pour le mot-clef ‘Eglise’

« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. »

jeudi 18 août 2022

Dans ses desseins mystérieux, le Père avait préparé une Épouse pour son Fils unique et il la lui avait présentée sous les images de la prophétie. (…) Moïse a écrit dans son livre que « l’homme quitterait son père et sa mère pour s’attacher à sa femme de sorte que les deux ne fassent réellement plus qu’un » (Gn 2,24). Le prophète Moïse nous a parlé en ces termes de l’homme et de la femme pour annoncer le Christ et son Église. Avec l’œil perçant du prophète, il a contemplé le Christ devenant un avec l’Église grâce au mystère de l’eau : il a vu le Christ attirer à lui l’Église dès le sein virginal, et l’Église attirer à elle le Christ dans l’eau du baptême. L’Époux et l’Épouse ont été ainsi totalement unis d’une manière mystique ; voilà pourquoi Moïse, le visage voilé (Ex 34,33), a contemplé le Christ et l’Église ; il a appelé l’un « homme » et l’autre « femme », pour éviter de montrer aux Hébreux la réalité dans toute sa clarté. (…) Le voile devait encore recouvrir ce mystère pour un temps ; personne ne connaissait la signification de cette grande image ; on ignorait ce qu’elle représentait.

Après la célébration de leurs noces, Paul est venu. Il a vu le voile étendu sur leur splendeur, et l’a soulevé pour révéler le Christ et son Épouse au monde entier. Il a montré que c’était bien eux que Moïse avait décrits dans sa vision prophétique. Exultant d’une joie divine, l’apôtre a proclamé : « Ce mystère est grand » (Ep 5,32). Il a révélé ce que représentait cette image voilée que le prophète appelait l’homme et la femme : « Je le sais, dit-il, c’est le Christ et son Église qui ne sont plus deux mais un seul » (Ep 5,31 ).

Saint Jacques de Saroug (v. 449-521)

 

 

 

« Sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

jeudi 4 août 2022

Pierre devait recevoir les clés de l’Église, plus encore les clés des cieux ; le gouvernement d’un peuple nombreux devait lui être confié… Si Pierre, avec sa tendance à la sévérité, était resté sans péché, comment aurait-il pu faire preuve de miséricorde pour ses disciples ? Or, selon le dessein de la grâce divine, il est tombé dans le péché, si bien qu’après avoir fait lui-même l’expérience de sa misère, il a pu se montrer bon envers les autres.

Réfléchis bien : celui qui a cédé au péché, c’est bien Pierre, le chef des apôtres, le fondement solide, le rocher indestructible, le guide de l’Église, le port imprenable, la tour inébranlable, lui qui avait dit au Christ : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas » (Mt 26,35), lui qui, par une révélation divine, avait confessé la vérité : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »

Or, l’évangile rapporte que, la nuit même où le Christ a été livré…, une jeune fille a dit à Pierre : « Toi aussi, hier, tu étais avec cet homme », et Pierre lui a répondu : « Je ne connais pas cet homme » (Mt 26,69s)… Lui, la colonne, le rempart, se dérobe devant les soupçons d’une femme… Jésus a fixé sur lui son regard…; Pierre a compris, s’est repenti de sa faute et s’est mis à pleurer. Et alors le Seigneur miséricordieux lui a accordé son pardon…

Pierre est tombé dans le péché pour que la conscience de sa faute et du pardon reçu du Seigneur le conduise à pardonner aux autres par amour. Il accomplissait ainsi un dessein providentiel conforme à la manière d’agir de Dieu. Il a fallu que Pierre, lui à qui l’Église devait être confiée, la colonne des Églises (Ga 2,9), le port de la foi, celui qui allait enseigner le monde entier, se montre faible et pécheur. Oui, vraiment, c’était pour qu’il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d’exercer sa bonté envers les autres.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« M’aimes-tu ? »

vendredi 3 juin 2022

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« Aimes-tu ? … M’aimes-tu ? … » Pour toujours, jusqu’à la fin de sa vie, Pierre devait avancer sur le chemin accompagné de cette triple question : « M’aimes-tu ? » Et il mesurait toutes ses activités à la réponse qu’il avait alors donnée. Quand il a été convoqué devant le Sanhédrin. Quand il a été mis en prison à Jérusalem, prison dont il ne devait pas sortir, et dont pourtant il est sorti. Et…à Antioche, puis plus loin encore, d’Antioche à Rome. Et lorsqu’à Rome il avait persévéré jusqu’à la fin de ses jours, il a connu la force des paroles selon lesquelles un Autre le conduisait là où il ne voulait pas. Et il savait aussi que, grâce à la force de ces paroles, l’Eglise « était assidue à l’enseignement des apôtres et à l’union fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » et que « le Seigneur ajoutait chaque jour à la communauté ceux qui seraient sauvés » (Ac 2,42.48)…

Pierre ne peut jamais se détacher de cette question : « M’aimes-tu ? » Il la porte avec lui où qu’il aille. Il la porte à travers les siècles, à travers les générations. Au milieu de nouveaux peuples et de nouvelles nations. Au milieu de langues et de races toujours nouvelles. Il la porte lui seul, et pourtant il n’est plus seul. D’autres la portent avec lui… Il y a eu et il y a bien des hommes et des femmes qui ont su et qui savent encore aujourd’hui que toute leur vie a valeur et sens seulement et exclusivement dans la mesure où elle est une réponse à cette même question : « Aimes-tu ? M’aimes-tu ? » Ils ont donné et ils donnent leur réponse de manière totale et parfaite — une réponse héroïque — ou alors de manière commune, ordinaire. Mais en tout cas ils savent que leur vie, que la vie humaine en général, a valeur et sens dans la mesure où elle est la réponse à cette question : « Aimes-tu ? » C’est seulement grâce à cette question que la vie vaut la peine d’être vécue.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Homélie à Paris 30/05/80 (trad. DC 1788, p. 556 copyright © Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

« Que tous, ils soient un. »

dimanche 29 mai 2022

Il n’y a pas de véritable œcuménisme sans conversion intérieure. En effet, c’est du renouveau de l’esprit (Ep 4,23), du renoncement à soi-même et d’une libre effusion de charité que naissent et mûrissent les désirs de l’unité… Que les tous fidèles se souviennent donc qu’ils feront progresser l’union des chrétiens, bien plus, qu’ils la réaliseront, dans la mesure où ils s’appliqueront à vivre plus purement selon l’Évangile. En effet, plus leur communion avec le Père, le Verbe et l’Esprit Saint sera étroite, plus ils pourront rendre intime et facile le développement de la fraternité mutuelle.

Cette conversion du cœur et cette sainteté de vie, unies aux prières publiques et privées pour l’unité des chrétiens, doivent être regardées comme l’âme de tout le mouvement œcuménique et peuvent être appelées à bon droit œcuménisme spirituel.

C’est déjà un usage pour les catholiques de se réunir souvent pour prier pour l’unité de l’Église, que le Sauveur lui-même, la veille de sa mort, a adressée de façon suppliante à son Père : « Que tous, ils soient un » (Jn 17,21). Dans certaines circonstances particulières, par exemple à l’occasion de réunions de prières prévues « pour l’unité » et lors des réunions œcuméniques il est permis, bien plus, il est souhaitable que les catholiques s’associent avec les frères séparés pour prier. Des prières communes de ce genre sont assurément un moyen très efficace pour demander la grâce de l’unité et constituent une expression authentique des liens par lesquels les catholiques demeurent unis avec les frères séparés : « Là, en effet, où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20).

Concile Vatican II

 

 

 

Nous sommes les ambassadeurs de l’Église

samedi 28 mai 2022

Nous sommes les ambassadeurs de l’Église. Or, quelle est la qualité la plus fondamentale pour un ambassadeur ? d’être habile ? puissant ? de disposer d’une grande fortune ? d’avoir du crédit ? de briller par ses talents personnels ? d’être “persona grata” auprès du souverain auquel il est envoyé ? Tout cela est utile, nécessaire ; toutes ces qualités contribueront sans aucun doute au succès de son action, mais elles seront insuffisantes et stériles, elles dévieront même de la fin poursuivie, si l’ambassadeur ne s’identifie pas d’abord, le plus parfaitement possible, avec les intentions et les sentiments du souverain qui l’envoie, avec les intérêts du pays qu’il représente.

Or, l’Église nous députe auprès du Roi des rois, auprès du trône de Dieu. Nous devons donc nous identifier avec ses vues et ses volontés ; l’Église nous confie ses intérêts, qui sont ceux des âmes, ceux de l’éternité. Ce n’est pas là chose banale ! Prenons donc dans notre cœur tous les besoins, toutes les nécessités de sang, les angoisses des âmes qui sont dans la peine, les périls de celles qui sont en ce moment aux prises avec le démon, les sollicitudes de ceux qui doivent nous diriger ; afin que tous reçoivent le secours de Dieu. (…)

Pensez, en effet, à ce que dit Notre-Seigneur lui-même : « En vérité je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera » (Jn 16,23). Appuyez-vous sur cette promesse, demandez beaucoup, demandez en toute confiance, et le Père, « d’où descend tout don parfait » (cf. Jc 1, 17), ouvrira ses mains pour remplir toute âme de bénédictions. Car ce n’est pas nous qui prions, qui intercédons en ce moment ; c’est l’Église, c’est le Christ, notre chef, le Pontife suprême qui prie en nous, et qui est devant son Père pour plaider la cause des âmes qu’il a rachetées (He 9,24 ; 7,25).

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

« Le messager n’est pas plus grand que celui qui l’envoie. »

jeudi 12 mai 2022

Comme c’est dans la pauvreté et la persécution que le Christ a opéré la rédemption, l’Église elle aussi est appelée à entrer dans cette même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut. Le Christ Jésus, « qui était de condition divine s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave » (Ph 2,6), pour nous « s’est fait pauvre, de riche qu’il était » (2Co 8,9). Ainsi l’Église, qui a cependant besoin pour remplir sa mission de ressources humaines, n’est pas faite pour chercher une gloire terrestre mais pour répandre, par son exemple aussi, l’humilité et l’abnégation. Le Christ a été envoyé par le Père « pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, … guérir les cœurs meurtris » (Lc 4,18), « chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10). De même l’Église enveloppe de son amour ceux que l’infirmité humaine afflige ; bien plus, dans les pauvres et les souffrants, elle reconnaît l’image de son fondateur pauvre et souffrant, elle s’efforce de soulager leur misère et en eux c’est le Christ qu’elle veut servir. (…)

« L’Église avance dans son pèlerinage à travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu » (St Augustin), annonçant la croix et la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne (Cf. 1Co 11,26). La vertu du Seigneur ressuscité est sa force pour lui permettre de vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de révéler fidèlement au milieu du monde le mystère du Seigneur, encore enveloppé d’ombre, jusqu’au jour où, finalement, il éclatera dans la pleine lumière.

Concile Vatican II

 

 

 

« Sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

mardi 22 février 2022

Le collège épiscopal et son chef, le Pape : le Christ, en instituant les Douze, « leur donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux ». « De même que S. Pierre et les autres apôtres constituent de par l’institution du Seigneur un seul collège apostolique, semblablement le Pontife romain, successeur de Pierre, et les évêques, successeurs des apôtres, forment entre eux un tout. »

Le Seigneur a fait du seul Simon, auquel il donna le nom de Pierre, la pierre de son Église. Il lui en a remis les clefs ; il l’a institué pasteur de tout le troupeau (Jn 21,15s). « Mais cette charge de lier et de délier qui a été donnée à Pierre a été aussi donnée, sans aucun doute, au collège des apôtres unis à leur chef. » Cette charge pastorale de Pierre et des autres apôtres appartient aux fondements de l’Église. Elle est continuée par les évêques sous la primauté du Pape.

Le Pape, évêque de Rome et successeur de St. Pierre, « est principe perpétuel et visible et fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles ». « En effet, le Pontife romain a sur l’Église, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours librement exercer. »

« Le collège ou corps épiscopal n’a d’autorité que si on l’entend comme uni au Pontife romain, comme à son chef. » Comme tel, ce collège est « lui aussi le sujet d’un pouvoir suprême et plénier sur toute l’Église, pouvoir cependant qui ne peut s’exercer qu’avec le consentement du Pontife romain ». « Le Collège des évêques exerce le pouvoir sur l’Eglise tout entière de manière solennelle dans le Concile Oecuménique. » « Il n’y a pas de Concile Oecuménique s’il n’est comme tel confirmé ou tout au moins accepté par le successeur de Pierre. » « Par sa composition multiple, ce collège exprime la variété et l’universalité du Peuple de Dieu ; il exprime, par son rassemblement sous un seul chef, l’unité du troupeau du Christ. »

Catéchisme de l’Église catholique

(références : Vatican II : LG 22,23)

 

« Le peuple tout entier était suspendu à ses lèvres. »

vendredi 19 novembre 2021

On prie dans le temple de Dieu quand on prie dans la paix de l’Église, dans l’unité du Corps du Christ, parce que le Corps du Christ est constitué de la multitude des croyants répartis sur toute la terre. (…) Pour être exaucé c’est dans ce temple qu’il faut prier, « en esprit et en vérité » (Jn 4,23), et non dans le Temple matériel de Jérusalem. Celui-ci était « l’ombre de ce qui devait venir » (Col 2,17), c’est pourquoi il est tombé en ruines. (…) Ce temple qui est tombé ne saurait être la maison de prière dont il a été dit : « Ma maison sera appelée maison de prière pour toutes les nations » (Mc 11,17; Is 56,7).

Est-ce que vraiment ceux qui ont voulu en faire « une caverne de bandits » ont été la cause de sa chute ? De même, ceux qui mènent dans l’Église une vie de désordre, ceux qui cherchent à faire de la maison de Dieu une caverne de bandits, autant qu’il est en leur pouvoir, ceux-là non plus ne renversent pas ce temple. Un temps viendra où ils seront chassés dehors sous le fouet de leurs péchés. Cette assemblée de fidèles, temple de Dieu et Corps du Christ, n’a qu’une voix et chante comme un seul homme. (…) Si nous le voulons, cette voix est la nôtre ; si nous le voulons, en l’entendant chanter, nous chantons aussi dans notre cœur.

Saint Augustin (354-430)

 

 

« Laissez les enfants venir à moi … »

dimanche 3 octobre 2021

Les parents, parce qu’ils ont donné la vie à leurs enfants, ont la très grave obligation de les élever, et à ce titre ils doivent être reconnus comme leurs premiers et principaux éducateurs. Le rôle éducatif des parents est d’une telle importance que, en cas de défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C’est aux parents, en effet, de créer une atmosphère familiale, animée par l’amour et le respect envers Dieu et les hommes, telle qu’elle favorise l’éducation totale, personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille est donc la première école des vertus sociales nécessaires à toute société.

Mais c’est surtout dans la famille chrétienne, riche des grâces et des exigences du sacrement de mariage, que dès leur plus jeune âge les enfants doivent, conformément à la foi reçue au baptême, apprendre à découvrir Dieu et à l’honorer ainsi qu’à aimer le prochain ; c’est là qu’ils font la première expérience de l’Église et de l’authentique vie humaine en société ; c’est par la famille qu’ils sont peu à peu introduits dans la communauté des hommes et dans le Peuple de Dieu. Que les parents mesurent donc bien l’importance d’une famille vraiment chrétienne dans la vie et le progrès du Peuple de Dieu lui-même.

Concile Vatican II

 

 

« Celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette. »

vendredi 1 octobre 2021

L’Église est appelée le corps du Christ. Elle est maintenant ce qu’était son corps matériel lorsqu’il était visible sur terre. Elle est l’instrument de sa puissance divine. C’est d’elle que nous devons approcher pour obtenir de lui le bien. Et c’est elle qui, si quelqu’un l’insulte, fait naître sa colère. Mais qu’est-ce que l’Église, à vrai dire, sinon une entité humble qui provoque parfois l’insulte et l’impiété chez les hommes qui ne vivent pas de la foi ? Elle est un « vase d’argile » (2 Co 4,7). (…)

Nous savons que les meilleurs de ses ministres sont imparfaits et faillibles, soumis aux tendances mauvaises comme tous leurs frères. Et pourtant c’est d’eux que le Christ a dit, en ne parlant pas seulement des apôtres mais des soixante-dix disciples (auxquels les ministres chrétiens sont sûrement égaux, quant à leurs charges) : « Celui qui vous écoute m’écoute, et celui qui vous méprise me méprise, et celui qui me méprise méprise Celui qui m’a envoyé ».

En plus, il a fait des pauvres, des faibles et des affligés les témoins et les agents de sa présence. Et là encore, il est naturel que la même tentation nous guette de les négliger et de les traiter avec irrévérence. Ce que le Christ était, ses disciples en ce monde le sont aussi, et de même que sa condition obscure et faible portait les hommes à l’insulter et à le maltraiter, ainsi les mêmes caractéristiques chez les témoins de sa présence portent les hommes à l’insulter maintenant. (…) En tous temps donc le Christ est en ce monde — mais non ostensiblement, pas plus maintenant qu’aux jours de sa vie corporelle.

Saint John Henry Newman (1801-1890)