ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘St Cyrille’

Les apôtres des slaves

vendredi 14 février 2014

cyrille_methode

Je voudrais parler aujourd’hui des saints Cyrille et Méthode, frères de sang et dans la foi, appelés apôtres des slaves. [Ils sont nés] à Thessalonique…, [mais] ont été envoyés en Moravie par l’empereur Michel III, à qui le prince moldave Ratislav avait adressé une requête précise : « Notre peuple, depuis qu’il a rejeté le paganisme, observe la loi chrétienne ; mais nous n’avons pas de maître qui soit en mesure de nous expliquer la foi véritable dans notre langue. » La mission a connu très vite un succès insolite…

Toutefois, cela a suscité l’hostilité du clergé franc, qui était arrivé précédemment en Moravie… Pour se justifier, en 867 les deux frères se sont rendus à Rome. Au cours du voyage, ils se sont arrêtés à Venise, où une discussion animée a eu lieu avec…ceux qui considéraient qu’il n’y avait que trois langues dans lesquelles on pouvait licitement louer Dieu : l’hébreu, le grec et le latin. Bien sûr, les deux frères se sont opposés à cela avec force. À Rome…le pape avait compris la grande importance de leur mission exceptionnelle. À partir du milieu du premier millénaire, en effet, les slaves s’étaient installés en très grand nombre sur ces territoires placés entre les deux parties de l’empire romain, orientale et occidentale, qui étaient déjà en tension entre elles. Le pape a compris que les peuples slaves auraient pu jouer le rôle de pont, contribuant ainsi à maintenir l’union entre les chrétiens de l’une et l’autre partie de l’empire. Il n’a donc pas hésité à approuver la mission des deux frères dans la Grande Moravie, en acceptant l’usage de la langue slave dans la liturgie…

En effet, Cyrille et Méthode constituent un exemple classique de ce que l’on indique aujourd’hui par le terme d’« inculturation » : chaque peuple doit introduire dans sa propre culture le message de la révélation et exprimer la vérité du salut en sa propre langue. Cela suppose un travail de traduction exigeant, car il faut trouver les termes adaptés pour reproposer, sans la trahir, la richesse de la Parole révélée. Les deux saints frères ont laissé de cela un témoignage significatif au plus haut point, vers lequel l’Église se tourne aujourd’hui aussi, pour en tirer son inspiration et son orientation.

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Audience générale du 17/06/2009 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana rev.)

 

 

 

 

« Celui qui est bien formé sera comme son maître. »

vendredi 13 septembre 2013

oeil-zoe-meilleur-autoportrait_10707« Le disciple n’est pas au-dessus de son maître. » Pourquoi juges-tu, alors que le Maître ne juge pas encore ? Car il n’est pas venu juger le monde, mais lui faire grâce (Jn 12,47). Entendue dans ce sens, la parole du Christ devient : « Si je ne juge pas, ne juge pas non plus, toi qui es mon disciple. Il se peut que tu sois coupable de fautes plus graves que celui que tu juges. Quelle ne sera pas ta honte quand tu en prendras conscience ! »

Le Seigneur nous donne le même enseignement dans la parabole où il dit : « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère ? » Il nous convainc par des arguments irréfutables de ne pas vouloir juger les autres, et de scruter plutôt nos cœurs. Ensuite il nous demande de chercher à nous libérer des désirs déréglés qui y sont installés, en demandant cette grâce à Dieu. C’est lui, en effet, qui guérit ceux qui ont le cœur brisé et nous délivre de nos maladies spirituelles. Car si les péchés qui t’accablent sont plus grands et plus graves que ceux des autres, pourquoi leur fais-tu des reproches sans te soucier des tiens ?

Tous ceux qui veulent vivre avec dévotion, et surtout ceux qui ont la charge d’instruire les autres, tireront nécessairement profit de ce précepte. S’ils sont vertueux et sobres, donnant par leurs actions l’exemple de la vie vécue selon l’Évangile, ils reprendront avec douceur ceux qui ne sont pas encore résolus à agir de même.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, 6 ; PG 72, 601 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 402 rev.)

 

 

 

 

« Hosanna ! Béni soit le Règne qui vient ! » (Mc 11,9-10)

dimanche 24 mars 2013

Frères, célébrons aujourd’hui la venue de notre Roi, allons au-devant de lui, car il est aussi notre Dieu… Élevons vers Dieu notre cœur, n’éteignons pas l’esprit, allumons allègrement nos lampes, changeons l’habillement de notre âme. Comme des vainqueurs, prenons en mains des palmes, et comme des gens simples, acclamons-le avec le peuple. Avec les enfants, chantons avec un cœur d’enfant : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »… Aujourd’hui même il entre à Jérusalem, à nouveau la croix se prépare, le billet d’accusation d’Adam est déchiré ; à nouveau le paradis s’ouvre, le larron y est introduit ; à nouveau l’Église est en fête…

Il ne vient pas accompagné par les puissances invisibles du ciel et les légions d’anges ; il n’est pas assis sur un trône sublime et élevé, protégé par les ailes des séraphins, un char de feu et des êtres aux yeux multiples, faisant tout trembler par des prodiges et le son des trompettes. Il vient caché dans la nature humaine. C’est un avènement de bonté, non de justice ; de pardon, non de vengeance. Il apparaît non dans la gloire de son Père, mais dans l’humilité de sa mère. Le prophète Zacharie nous avait annoncé cet avènement autrefois ; il appelait toute la création à la joie… : « Réjouis-toi de toutes tes forces, fille de Sion ! » C’est la même parole que l’ange Gabriel avait annoncé à la Vierge : « Réjouis-toi… », le même message aussi que le Sauveur a annoncé aux saintes femmes après sa résurrection : « Réjouissez-vous »…

« Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi, assis sur un âne, un tout petit  âne »… Qu’est-ce que cela ? Il ne vient pas avec éclat comme tous les autres rois. Il vient dans la condition du serviteur, époux plein de tendresse, agneau très doux, fraîche rosée sur la toison, brebis conduite à l’abattoir, agneau innocent entraîné au sacrifice… Aujourd’hui, les enfants des Hébreux courent au-devant de lui, offrant leurs rameaux d’olivier à celui qui est miséricordieux et, dans la joie, reçoivent avec des palmes le vainqueur de la mort. « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

(Références bibliques : 1Th 5,19; Mt 25,7; Mt 21,15; Col 2,14; Lc 23,43; Ez 1,4s; Ex 19, 16s; Za 9,9; Lc 1,28; Mt 28,9 grec; Ph 2,7; Jn 1,29; Jg 6,36; Jr 11,19; Is 53,7)

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Homélie 13 ; PG 77, 1049 (trad. En Calcat rev.)

 

 

 

 

Le carême : « temps favorable » de la confession et du pardon avant d’approcher de l’autel du Seigneur

samedi 24 mars 2012

C’est actuellement le temps de la confession. Confesse tes fautes de parole et d’action, celles de la nuit et celles du jour. Confesse-les dans ce « temps favorable », et au « jour du salut » (Is 49,8; 2Co 6,2) ; reçois le trésor céleste… Quitte le présent et crois en l’avenir. Tu as parcouru tant d’années sans arrêter tes vains travaux d’ici-bas, et tu ne peux pas arrêter quarante jours pour t’occuper de ta propre fin ? « Arrêtez-vous et sachez que moi je suis Dieu », dit l’Écriture (Ps 45,11). Renonce aux flots de paroles inutiles, ne médis pas, n’écoute pas non plus le médisant, mais sois plutôt prêt à prier. Montre dans l’ascèse la ferveur de ton cœur ; purifie ce réceptacle pour recevoir une grâce plus abondante. Car la rémission des péchés est donnée également à tous, mais la participation à l’Esprit Saint est accordée selon la mesure de la foi de chacun. Si tu te donnes peu de mal, tu recueilles peu ; si tu travailles beaucoup, grande sera ta récompense. C’est toi-même qui es en jeu ; veille à ton intérêt

Si tu as un grief contre quelqu’un, pardonne-lui. Tu viens recevoir le pardon de tes fautes ; il s’impose que toi aussi tu pardonnes au pécheur, car comment diras-tu au Seigneur : « Enlève-moi mes nombreux péchés », si toi-même tu n’as même pas pardonné à ton compagnon de service ses quelques torts à ton égard ? (cf Mt 18,23s)

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350), évêque de Jérusalem et docteur de l’Église
Catéchèse en vue du baptême, n°1, §5 (trad. Soleil levant, p. 46 rev.)

.

.

Fête des saints Cyrille, moine, et Methode, évêque, patrons de l’Europe

mardi 14 février 2012

L’Orient et l’Occident, les deux poumons du corps de l’Église

Depuis le début de l’ère apostolique, qui a semé l’Évangile sur cette terre d’Europe et l’a irriguée par le sang des martyrs, s’est développé ce processus pluri-séculaire, continu et fécond, qui a imprégné l’Europe de la sève chrétienne. Les saints patrons de l’Europe, saint Benoît et les saints Cyrille et Méthode sont, de manière particulière, des témoins de ce processus. Le charisme propre de leur œuvre évangélisatrice consiste dans le fait qu’ils ont posé des germes, qu’ils ont fait naître des formes et des styles d’incarnation de l’Évangile dans le tissu culturel et social et dans l’esprit des peuples européens qui étaient en train de se former… Ces saint patrons…restent aussi un modèle et une inspiration actuels pour nous, parce que l’œuvre d’évangélisation, dans la situation particulière où l’Europe se trouve aujourd’hui, est appelée à proposer une nouvelle synthèse créatrice entre Évangile et vie.

Il faut être conscient de l’importance de greffer l’évangélisation renouvelée sur ces racines communes de l’Europe… Ces racines chrétiennes sont particulièrement riches et inspiratrices, parce qu’elles s’appuient sur la même foi, se réfèrent à la même Église indivise… D’autre part, nous devons aussi considérer que ces racines communes sont doubles. Car elles ont pris la forme de deux courants de traditions chrétiennes théologiques, liturgiques, ascétiques, et de deux modèles de culture, divers, non pas opposés mais au contraire complémentaires et qui s’enrichissent mutuellement. Benoît a imprégné la tradition chrétienne et culturelle de l’Occident de l’esprit de la latinité, plus logique et rationnel ; Cyrille et Méthode sont les représentants de l’antique culture grecque, plus intuitive et mystique, et sont vénérés comme les pères de la tradition des peuples slaves.

Il nous appartient de recueillir l’héritage de cette pensée riche et complémentaire et de trouver les moyens et les méthodes appropriés pour son actualisation et une communication spirituelle plus intense entre l’Orient et l’Occident.

Bienheureux Jean-Paul II
Discours du 11/10/1985 au 6ème symposium des évêques d’Europe (trad. DC 1033)

.

.

 

« Voici l’Agneau de Dieu »

dimanche 15 janvier 2012

« Jean voit Jésus venir vers lui et il dit : ‘ Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ‘ » (Jn 1,29). Ce n’est plus le temps de dire : « Préparez le chemin du Seigneur » (Mt 3,3), puisque celui dont la venue a été préparée se laisse voir : il s’offre désormais aux regards. La nature de l’événement demande un autre discours : il faut faire connaître celui qui est là, expliquer pourquoi il est descendu du ciel et venu jusqu’à nous. C’est pourquoi Jean déclare : « Voici l’Agneau de Dieu ».

Le prophète Isaïe nous l’a annoncé en disant qu’il est « mené à l’abattoir comme une brebis, comme un agneau muet devant ceux qui le tondent » (Is 53,7). La Loi de Moïse l’a préfiguré, mais…elle ne procurait qu’un salut incomplet et sa miséricorde ne s’étendait pas à tous les hommes. Or, aujourd’hui, l’Agneau véritable, représenté jadis par des symboles, la victime sans reproche, est menée à l’abattoir.

C’est pour bannir le péché du monde, renverser l’Exterminateur de la terre, détruire la mort en mourant pour tous, briser la malédiction qui nous frappait et mettre fin à cette parole : « Tu es poussière et à la poussière tu retourneras » (Gn 3,19). Devenu ainsi le second Adam, d’origine céleste et non terrestre (1Co 15,47), il est la source de tout bien pour l’humanité…, la voie qui mène au Royaume des cieux. Car un seul Agneau est mort pour tous, recouvrant pour Dieu le Père tout le troupeau de ceux qui habitent la terre. « Un seul est mort pour tous », afin de les soumettre tous à Dieu ; « un seul est mort pour tous » afin de les gagner tous, afin que tous désormais « n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux » (2Co 5,14-15).

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Jean, 2, Prol. ; PG 73, 192 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 85 rev.)