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Archive pour le mot-clef ‘enfant prodigue’

« Vite, apportez sa première robe ! »

samedi 11 mars 2023

« L’homme, une fois mort, dépouillé et consumé, je le demande, où est-il ? » (Jb 14,10 Vg) Il n’y a pas un homme sans péché ? Un seul, celui qui est venu en ce monde sans naître du péché. Et comme nous sommes tous enchaînés dans le péché, nous mourons tous de la perte même de la justice : du vêtement d’innocence qui nous avait été accordé un jour au paradis nous sommes dépouillés, et par la mort de la chair qui en est la conséquence nous sommes aussi consumés. (…)

C’est cette nudité de son fils pécheur qu’un père a voulu couvrir, en disant le jour de son retour : « Vite, apportez sa première robe. » (cf. Lc 15,22) Oui, la première robe, c’est le vêtement d’innocence que l’homme pour son bonheur a reçue le jour de sa création et que, pour son malheur, séduit par le serpent, il a perdue. Contre cette nudité l’Écriture dit aussi : « Heureux celui qui veille et qui garde ses vêtements pour ne pas aller nu. » (Ap 16,15) Nous gardons nos vêtements quand nous conservons en notre esprit les préceptes de l’innocence : qu’une faute nous fasse aller nu devant le juge, nous revenons à l’innocence perdue, et la pénitence nous rend nos vêtements.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

Le chemin des fils

dimanche 27 mars 2022

Si quelqu’un veut tendre à la perfection, parti du premier degré, qui est celui de la crainte, état proprement servile, (…) il s’élèvera par un progrès continu, jusqu’aux voies supérieures de l’espérance. Celle-ci (…) attend la récompense. (…) Mais elle n’est pas encore parvenue à ce sentiment du fils qui, se confiant en l’indulgence et la libéralité paternelle, ne doute pas que tout ce qui est à son père ne soit également sien.

Le prodigue de l’Évangile n’ose plus même y aspirer, après qu’il a perdu, avec le bien de son père, jusqu’à son nom de fils. Voyez : il a envié les gousses que mangeaient les pourceaux, c’est-à-dire le mets sordide du vice ; et on lui refusait de s’en rassasier. Alors, il est rentré en soi-même. Touché d’une crainte salutaire, il s’est pris d’horreur pour l’immondicité des pourceaux, il a redouté les tourments cruels de la faim. Ces sentiments font de lui en quelque sorte un esclave. Mais, songeant au salaire dont on paye les mercenaires, il convoite leur condition, et il dit : « Que de mercenaires chez mon père ont le pain en abondance ; et moi, je meurs de faim ici. Je retournerai chez mon père, et lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et devant vous ; je ne suis plus digne d’être appelé votre fils ; traitez-moi comme l’un de vos mercenaires. » (Lc 15,17-19) Cependant, le père a bondi a sa rencontre. Cette parole d’humble repentir que dicte la tendresse, il l’accueille avec plus de tendresse encore. Non, il ne veut pas accorder à son enfant des biens d’une moindre valeur ; mais, lui faisant franchir immédiatement les deux degrés inférieurs, il le restitue dans sa dignité de fils.

Et nous aussi, hâtons-nous de monter, par la grâce d’une indissoluble charité, à ce troisième degré des fils, qui regardent comme étant à soi tout ce qui appartient à leur père ; méritons de recevoir en nous l’image et la ressemblance de notre Père des cieux. Alors, à l’imitation du Fils véritable, nous pourrons proclamer : « Tout ce qu’à mon Père est à moi. » (Jn 16,15)

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

« Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris. »

mercredi 7 août 2013

emmaus-repas

Frères et sœurs, ne perdons jamais confiance en la miséricorde patiente de Dieu ! Pensons aux deux disciples d’Emmaüs : le visage triste, une marche vaine, sans espérance. Mais Jésus ne les abandonne pas : il parcourt le chemin avec eux, et pas seulement ! Avec patience, il explique les Écritures qui le concernaient et il reste avec eux pour partager le repas (Lc 24,13s). C’est le style de Dieu : il n’est pas impatient comme nous, nous qui voulons souvent tout et tout de suite, même avec les personnes. Dieu est patient avec nous car il nous aime, et qui aime comprend, espère, fait confiance, n’abandonne pas, ne coupe pas les ponts, sait pardonner. Souvenons-nous de cela dans notre vie de chrétiens : Dieu nous attend toujours, même quand nous nous sommes éloignés. Lui n’est jamais loin, et si nous revenons à lui, il est prêt à nous embrasser.

Relire la parabole du Père miséricordieux (Lc 15,11s) me fait toujours grande impression, cela me fait impression parce qu’elle me donne toujours une grande espérance. Pensez au plus jeune fils qui était dans la maison de son Père, il était aimé, et pourtant…il s’en va… Le père avait-il oublié son fils ? Non, jamais…; il l’attendait chaque jour, chaque moment : il est toujours resté dans son cœur comme un fils, même s’il l’avait abandonné… À peine l’aperçoit-il encore au loin, il court à sa rencontre et l’embrasse avec tendresse, la tendresse de Dieu, sans une parole de reproche : il est revenu ! Et c’est cela la joie du père… Dieu nous attend toujours, il ne se fatigue pas. Jésus nous manifeste cette patience miséricordieuse de Dieu pour que nous retrouvions confiance, espérance, toujours.

Pape François
Homélie du 07/04/2013, Prise de possession de la chaire de l’évêque de Rome (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)