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Archive pour le mot-clef ‘bienheureux Charles de Foucauld’

« Je crois ! Viens au secours de mon incroyance. »

lundi 20 mai 2013

La vertu que notre Seigneur récompense, la vertu qu’il loue, c’est presque toujours la foi. Quelquefois, il loue l’amour, comme dans Magdeleine (Lc 7,47) ; quelquefois l’humilité, mais ces exemples sont rares ; c’est presque toujours la foi qui reçoit de lui récompense et louanges. Pourquoi ? Sans doute parce que la foi est la vertu, sinon la plus haute (la charité passe avant), du moins la plus importante, car elle est le fondement de toutes les autres, y compris la charité, et aussi parce qu’elle est la plus rare.

Avoir vraiment la foi, la foi qui inspire toutes les actions, cette foi au surnaturel qui dépouille le monde de son masque et montre Dieu en toutes choses ; qui fait disparaître toute impossibilité ; qui fait que ces mots d’inquiétude, de péril, de crainte, n’ont plus de sens ; qui fait marcher dans la vie avec un calme, une paix, une joie profonde, comme un enfant à la main de sa mère ; qui établit l’âme dans un détachement si absolu de toutes les choses sensibles dont elle voit clairement le néant et la puérilité ; qui donne une telle confiance dans la prière, la confiance de l’enfant demandant une chose juste à son père ; cette foi qui nous montre que, « hors faire ce qui est agréable à Dieu, tout est mensonge » ; cette foi qui fait voir tout sous un autre jour — les hommes comme des images de Dieu, qu’il faut aimer et vénérer comme les portraits de notre Bien-Aimé et à qui il faut faire tout le bien possible ; les autres créatures comme des choses qui doivent, sans exception, nous aider à gagner le ciel, en louant Dieu à leur sujet, en nous en servant ou en nous en privant — cette foi qui, faisant entrevoir la grandeur de Dieu, nous fait voir notre petitesse ; qui fait entreprendre sans hésiter, sans rougir, sans craindre, sans reculer jamais, tout ce qui est agréable à Dieu : oh, que cette foi est rare ! Mon Dieu, donnez-la-moi ! Mon Dieu, je crois, mais augmentez ma foi ! Mon Dieu, faites que je croie et que j’aime.

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), ermite et missionnaire au Sahara
Méditations sur les évangiles (Gigord 1957, p. 38)

 

 

 

« Elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre. »

lundi 26 novembre 2012

Que vous êtes divinement bon, mon Dieu ! Si vous aviez appelé d’abord les riches, les pauvres n’auraient pas osé s’approcher de vous ; ils se seraient crus obligés de rester à l’écart à cause de leur pauvreté ; ils vous auraient regardé de loin, laissant les riches vous entourer. Mais vous avez appelé à vous tout le monde, tout le monde : les pauvres, puisque vous leur montrez par là, jusqu’à la fin des siècles, qu’ils sont les premiers appelés, les favoris, les privilégiés ; les riches, car d’une part, ils ne sont pas timides, de l’autre il dépend d’eux de devenir aussi pauvres que les bergers. En une minute, s’ils veulent, s’ils ont le désir d’être semblables à vous, s’ils craignent que leurs richesses les écartent de vous, ils peuvent devenir parfaitement pauvres.

Que vous êtes bon ! Comme vous avez pris le bon moyen pour appeler d’un seul coup autour de vous tous vos enfants, sans aucune exception ! Et quel baume vous avez mis jusqu’à la fin des siècles au cœur des pauvres, des petits, des dédaignés du monde, en leur montrant dès votre naissance qu’ils sont vos privilégiés, vos favoris, les premiers appelés — les toujours appelés autour de vous qui avez voulu être un des leurs et être dès votre berceau et toute votre vie entouré par eux.

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), ermite et missionnaire au Sahara
Méditations sur les passages des saints évangiles relatifs à quinze vertus, Nazareth 1897-98 ; n°263 (Œuvres Spirituelles, Seuil, 1958, p. 174)

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« Pardonne-lui. »

lundi 12 novembre 2012

L’amour consiste non à sentir qu’on aime, mais à vouloir aimer. Quand on veut aimer, on aime ; quand on veut aimer par-dessus tout, on aime par-dessus tout. S’il arrive qu’on succombe à une tentation, c’est que l’amour est trop faible, ce n’est pas qu’il n’existe pas. Il faut pleurer, comme saint Pierre, se repentir comme saint Pierre…, mais comme lui aussi, dire par trois fois : « Je vous aime, je vous aime, vous savez que malgré mes faiblesses et mes péchés, je vous aime » (Jn 21,15s).

Quant à l’amour que Jésus a pour nous, il nous l’a assez prouvé pour que nous y croyions sans le sentir. Sentir que nous l’aimons et qu’il nous aime, ce serait le ciel ; le ciel n’est, sauf rares moments et rares exceptions, pas pour ici-bas.

Racontons-nous souvent la double histoire des grâces que Dieu nous a faites personnellement depuis notre naissance et celle de nos infidélités ; nous y trouverons…de quoi nous perdre dans une confiance sans bornes en son amour. Il nous aime parce qu’il est bon, non parce que nous sommes bons ; les mères n’aiment-elles pas leurs enfants dévoyés ? Et nous trouverons de quoi nous enfoncer dans l’humilité et la défiance de nous. Cherchons à racheter un peu nos péchés par l’amour du prochain, par le bien fait au prochain. La charité envers le prochain, les efforts pour faire du bien aux autres sont un excellent remède à opposer aux tentations : c’est passer de la simple défense à la contre-attaque.

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), ermite et missionnaire au Sahara
Lettre du 15/07/1916 (Œuvres Spirituelles, Seuil 1958, p. 777)

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« Ta foi t’a sauvée. »

lundi 9 juillet 2012

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La foi, c’est ce qui fait que nous croyons du fond de l’âme…toutes les vérités que la religion nous enseigne, le contenu de la Sainte Écriture par conséquent et tous les enseignements de l’Évangile, tout ce qui nous est proposé par l’Église enfin. Le juste vit vraiment de cette foi (Rm 1,17), car elle remplace pour lui la plupart des sens de la nature. Elle transforme tellement toutes choses qu’à peine les anciens sens peuvent-ils servir à l’âme ; elle ne perçoit par eux que de trompeuses apparences ; la foi lui montre les réalités.
L’œil lui montre un pauvre ; la foi lui montre Jésus (cf Mt 25,40). L’oreille lui fait entendre des injures et des persécutions ; la foi lui chante : « Réjouissez-vous et jubilez de joie » (cf Mt 5,12). Le toucher nous fait sentir des coups de pierre reçus ; la foi nous dit : « Soyez dans une grande joie d’avoir été jugés dignes de souffrir quelque chose pour le nom du Christ » (cf Ac 5,41). Le goût nous fait sentir l’encens ; la foi nous dit que le véritable encens « sont les prières des saints » (Ap 8,4).

Les sens nous séduisent par les beautés créées ; la foi pense à la beauté incréée et prend en pitié toutes les créatures qui sont un néant et une poussière à côté de cette beauté-là. Les sens ont horreur de la douleur ; la foi la bénit comme la couronne de mariage qui l’unit à son Bien-aimé, comme la marche avec son Époux, la main dans sa main divine. Les sens se révoltent contre l’injure ; la foi la bénit : « Bénissez ceux qui vous maudissent » (Lc 6,28)…; elle la trouve douce car c’est partager le sort de Jésus… Les sens sont curieux ; la foi ne veut rien connaître : elle a soif de s’ensevelir et voudrait passer toute sa vie immobile au pied du tabernacle.

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), ermite et missionnaire au Sahara
Retraite faite à Nazareth 1897 (Œuvres, Seuil 1958, p. 521)

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