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Archive pour le mot-clef ‘Sainte Catherine de Sienne’

Déplacer les montagnes par la sainte Croix

samedi 12 août 2023

Notre doux Sauveur a dit : « Si vous aviez de la foi, gros comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Avance, et elle avancerait » (cf. Mt 17,19).

Oui, mon très cher Père, je crois que c’est la vérité ; car, lorsque l’âme fidèle met toute sa foi et son espérance sur le bois de la très sainte Croix, où nous trouvons l’Agneau consumé par le feu de la divine charité, elle acquiert une foi si grande, qu’il n’y aura pas de montagne, c’est-à-dire de péché, montagne d’orgueil, d’ignorance, ou de négligence, qu’elle ne puisse déplacer par la vertu de la très sainte Croix. Notre volonté fera aller cette montagne du vice à la vertu, de la négligence au zèle, de l’orgueil à la vraie et parfaite humilité. En contemplant Dieu abaissé jusqu’à l’homme, nous soulèverons la montagne de l’ignorance, et nous nous humilierons dans la vraie et parfaite connaissance de nous-mêmes ; nous verrons que nous ne sommes rien, et que nous ne faisons que des œuvres de néant. Alors l’âme trouve en elle les preuves de la bonté de Dieu et de son ardent amour ; elle voit qu’elle en est aimée avant même d’être créée (…).

L’âme prouve ainsi que sa foi est vivante, et non pas morte ; elle montre qu’elle a conformé sa volonté à celle de Dieu. Elle a commandé aux montagnes de se lever, et les montagnes se sont levées ; elle est devenue puissante en se réglant sur la sainte volonté de Dieu.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

Marcher dans le chemin de la vérité et de la vie

vendredi 30 avril 2021

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ; qui passe par moi ne chemine pas dans les ténèbres mais à la lumière » (Jn 14,6 ; 8,12). Et dans un autre endroit, ma Vérité dit encore que nul ne peut venir à Moi sinon par Lui. Et il en est vraiment ainsi.

S’il t’en souvient bien, c’est cela même que je t’ai dit et exposé quand j’ai voulu t’indiquer la voie. Donc s’il dit qu’il est la Voie, c’est la vérité même, et je t’ai montré que cette voie est en forme de pont. Il a dit aussi qu’il est la Vérité : quoi de plus réel, puisqu’il ne fait qu’un avec Moi qui suis la Vérité ? Qui le suit, marche donc dans le chemin de la vérité et de la vie. Qui suit cette Vérité reçoit la vie de la grâce et ne peut périr de faim : car la Vérité devient sa nourriture. Il ne peut non plus tomber dans les ténèbres, parce qu’il est la lumière, pure de tout mensonge. Bien plus, c’est lui qui par la vérité a confondu et détruit le mensonge par lequel le démon séduisit Ève. C’est par ce mensonge que la voie du ciel avait été coupée ; mais cette voie, la Vérité l’a rétablie et cimentée par le Sang.

Ceux qui marchent en cette voie, sont donc les fils de la Vérité, car ils suivent la Vérité, ils passent par la porte de la Vérité, et ils se trouvent enfin unis en moi avec celui qui est la voie et qui est la porte, mon Fils, Vérité éternelle, Océan de Paix.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

jeudi 5 avril 2012

 

« J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de mourir » (Lc 22,15). Me souvenant de ces paroles de notre Sauveur, si vous me demandiez quelle est la Pâque que moi je désire faire avec vous à mon tour, je vous répondrais : il n’est pas d’autre Pâque que celle de l’Agneau immolé, celle même qu’il a faite de lui-même quand il s’est donné à ses doux disciples. Ô doux agneau pascal, préparé par le feu de l’amour de Dieu sur la très sainte croix ! Nourriture divine, source de joie, d’allégresse et de consolation ! Rien ne manque, puisque pour tes serviteurs tu t’es fait toi-même table, nourriture et serviteur… Le Verbe, le Fils unique de Dieu, s’est donné à nous avec un si grand feu d’amour.

Qui nous présente cette Pâque aujourd’hui ? L’Esprit Saint serviteur. A cause de l’amour sans mesure qu’il a pour nous, il ne s’est pas contenté de nous faire servir par d’autres, c’est lui-même qui veut être notre serviteur. C’est à cette table que mon âme désire être…pour manger la Pâque avant de mourir…

Sachez qu’à cette table, il est bon que nous nous présentions à la fois dépouillés et vêtus : dépouillés nous aussi de tout amour propre, de tout attrait pour ce monde, de toute négligence et de toute tristesse… — car une mauvaise tristesse dessèche l’âme — et nous devons nous revêtir de cette charité ardente du Christ… Lorsque l’âme contemple son créateur et cette bonté infinie qu’elle trouve en lui, elle ne peut pas ne pas l’aimer… Aussitôt, elle aime ce que Dieu aime et déteste ce qui lui déplaît, parce que par amour il s’est dépouillé de lui-même… A cause de sa faim de notre salut et de l’honneur de son Père, le Christ s’est humilié et s’est donné lui-même à une mort ignominieuse sur la croix, fou d’amour, ivre et amoureux de nous. Voilà la Pâque que je désire célébrer à mon tour.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), tertiaire dominicaine, docteur de l’Église, copatronne de l’Europe
Lettre 52 (trad. Seuil 1953, p. 750 rev.)

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