« Il y a un temps pour la joie, dit Salomon, et un temps pour la tristesse. » (cf. Qo 3,4) La tristesse est passée, le temps de la joie est arrivé, la vraie joie qui provient de la résurrection du Christ. (…)
Pour toi, il est monté, victorieux des enfers, il a brisé les portes d’airain, il a rompu les barres de fer, il s’est emparé des forteresses de l’enfer, il a écrasé les têtes du dragon. De tes ennemis, il a fait un immense carnage ; il a attaché dans la fosse le prince des enfers. Il a tué la mort et il a mis aux fers l’auteur de la mort. (…) Ensuite, il a retiré les siens des ténèbres et il a rompu leurs liens. Il s’est associé les âmes de tous les justes marchant à la lumière de son visage et exultant en son nom. Elles ont été exaltées dans sa justice, elles qui avaient été humiliées pour leurs injustices.
Dans son passage aux enfers, le Seigneur Jésus fut seul, ainsi que l’a chanté David en sa personne, disant : « Pour moi, je suis seul, tandis que je passe. » (cf. Ps 140,10) Seul à l’entrée, mais nullement seul à la sortie, car il a ramené avec lui d’innombrables milliers de saints. Il est tombé en terre et il est mort, de sorte qu’il a porté beaucoup de fruit (cf. Jn 12,24). Il s’est laissé tomber comme une semence pour récolter en moisson le genre humain. (…) Oui, morts aux péchés en nous-mêmes à la fontaine baptismale, par le bain de la régénération nous renaissons au Christ, afin de vivre à celui qui est mort pour tous. Aussi l’Apôtre dit-il : « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. » (cf. Ga 3,27) D’un seul grain viennent donc des moissons nombreuses. (…)
C’est de lui aussi que l’Apôtre dit : « C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, au ciel, sur terre et dans les enfers. » (Ph 2,9-10) Oui, les enfers fléchissent le genou devant lui par frayeur, la terre par son rachat, les cieux par félicité.
Saint Amédée de Lausanne (1108-1159)