ACCUEIL

Archive pour janvier 2021

Épiphanie du Seigneur, Solennité

dimanche 3 janvier 2021

[En la fête de l’Épiphanie], stimulée (…) par l’exemple des bienheureux Mages, Gertrude se leva dans la ferveur de son esprit et se prosterna avec une très humble dévotion aux pieds très saints du Seigneur Jésus, adorant au nom de tout ce qu’il y a au ciel, sur terre et dans les enfers (cf. Ph 2,10).

Et, faute de trouver un présent qu’elle puisse dignement lui offrir, elle se mit à parcourir l’univers entier, dans son désir anxieux, cherchant parmi toutes les créatures si elle pourrait en découvrir quelqu’une digne d’être offerte à son unique aimé. Courant ainsi, brûlante et haletante, dans la soif de son ardente ferveur, elle découvrit des choses méprisables que toute créature aurait sagement rejetées, comme indignes d’être offertes à la louange et à la gloire du Sauveur. Mais elle, s’en emparant avec avidité, s’efforçait de les restituer à Celui que tout le créé devrait servir uniquement.

Elle attira donc dans son cœur, grâce à son fervent désir, toute la peine, la crainte et la douleur et l’angoisse qu’une créature ait jamais supportées, non pas pour la gloire du Créateur, mais par sa propre faute et infirmité. Et elle les offrit au Seigneur comme une myrrhe de choix. En deuxième lieu, elle attira à elle toute la sainteté feinte et la dévotion affectée des hypocrites, des pharisiens, des hérétiques et de leur semblables. Et elle l’offrit de même à Dieu comme un sacrifice d’encens très suave. En troisième lieu, elle s’efforça d’attirer en son cœur toutes les tendresses humaines et l’amour frelaté et impur de toutes les créatures. Et elle l’offrit au Seigneur en guise d’or précieux.

Toutes ces choses se trouvaient donc rassemblées en son cœur. Or l’amoureux désir avec lequel elle s’efforçait d’en faire totalement hommage à son bien-aimé, tel un feu ardent, les débarrassait de toute scorie, de même que l’or s’épure dans la fournaise, et elles apparaissaient comme un noble et merveilleux présent pour le Seigneur. Le désir de lui plaire en toute manière, témoigné par ces offrandes, procura au Seigneur d’inestimables délices, comme s’il se fût agi d’étrennes extrêmement rares.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

« Aplanissez le chemin du Seigneur. »

samedi 2 janvier 2021

« Préparez le chemin du Seigneur. » Frères, même si vous vous êtes beaucoup avancés sur ce chemin, il vous reste toujours à le préparer, afin que, du point où vous êtes parvenus, vous alliez toujours de l’avant, toujours tendus vers ce qui est au-delà. Ainsi, à chaque pas que vous faites, la voie étant préparée pour son avènement, le Seigneur viendra au-devant de vous, toujours nouveau, toujours plus grand. C’est donc avec raison que le juste prie ainsi : « Enseigne-moi le chemin de tes volontés et je le chercherai toujours » (Ps 118,33). Et on appelle cette voie « chemin d’éternité » (Ps 138,24), (…) parce que la bonté de celui vers qui nous nous avançons n’a pas de limite.

C’est pourquoi le voyageur sage et décidé, même arrivé au terme, pensera à commencer ; « oubliant ce qui est derrière lui » (Ph 3,13), il se dira chaque jour : « Maintenant, je commence » (Ps 76,11 Vulg. (…) Nous qui parlons d’avancer sur ce chemin, que Dieu fasse qu’au moins nous nous soyons mis en route ! À mon sens, quiconque s’est mis en route est déjà sur la bonne voie. Il faut toutefois vraiment commencer, trouver « le chemin de la Ville habitée » (Ps 106,4). Car « ils sont peu nombreux ceux qui le trouvent », dit la Vérité (Mt 7,14) ; ils sont nombreux « ceux qui errent dans les solitudes » (Ps 106,4). (…)

Et toi, Seigneur, tu nous as préparé un chemin, si seulement nous consentons à nous y engager. (…) Par ta Loi, tu nous as enseigné le chemin de tes volontés en disant : « Voici le chemin, suivez-le sans vous égarer à droite ou à gauche » (Is 30,21). C’est le chemin que le prophète avait promis : « Il y aura une route droite et les insensés ne s’y égareront pas » (Is 35,8). (…) Je n’ai jamais vu un insensé s’égarer en suivant ton chemin, Seigneur (…) ; mais malheur à vous qui êtes sages à vos propres yeux (Is 5,21), votre sagesse vous a éloignés du chemin du salut et ne vous a pas permis de suivre la folie du Sauveur. (…) Folie désirable, qui sera appelée sagesse au jugement de Dieu, et qui ne nous laisse pas nous égarer hors de son chemin.

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

 

Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu

vendredi 1 janvier 2021

Marie n’est-elle pas la Mère de Dieu ? Elle est donc aussi notre Mère. Un principe est à poser : c’est que Jésus, Verbe fait chair, est en même temps le Sauveur du genre humain. En tant que Dieu-Homme, il a un corps comme les autres hommes; en tant que Rédempteur de notre race, un corps spirituel, ou mystique, qui n’est autre que la société des chrétiens liés à lui par la foi. « Nombreux comme nous sommes, nous faisons un seul corps en Jésus Christ » (Rm 12,5). Or, la Vierge n’a pas seulement conçu le Fils de Dieu afin que, recevant d’elle la nature humaine, il devint homme; mais afin qu’il devint encore, moyennant cette nature reçue d’elle, le Sauveur des hommes. Ce qui explique la parole des anges aux bergers: « Un Sauveur vous est né, qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2,11).

Aussi, dans le chaste sein de la Vierge, où Jésus a pris une chair mortelle, là même il s’est adjoint un corps spirituel formé de tous ceux qui devaient croire en lui: et l’on peut dire que, tenant Jésus dans son sein, Marie y portait encore tous ceux dont la vie du Sauveur renfermait la vie. Nous tous donc, qui, unis au Christ, sommes « les membres de son corps issus de sa chair et de ses os » (Ep 5,30), nous devons nous dire originaires du sein de la Vierge, d’où nous sortîmes un jour à l’instar d’un corps attaché à sa tête.

C’est pour cela que nous sommes appelés, en un sens spirituel et tout mystique, les fils de Marie, et qu’elle est, de son côté, notre Mère à tous. (…) Si donc la bienheureuse Vierge est tout à la fois Mère de Dieu et des hommes, qui peut douter qu’elle ne s’emploie de toutes ses forces, auprès de son Fils, « tête du corps de l’Église » (Col 1,18), afin qu’il répande sur nous qui sommes ses membres les dons de sa grâce, celui notamment de la connaître et de « vivre par lui » (I Jn 4,9) ?

Saint Pie X

 

Bonne et sainte année 2021