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Archive pour le mot-clef ‘St Athanase’

« Il entra et saisit la main de la jeune fille, qui se leva. »

lundi 9 juillet 2018

Le Verbe, la Parole de Dieu, incorporel, incorruptible et immatériel, est arrivé dans notre région, bien qu’il n’en ait pas été loin auparavant. En effet, il n’avait laissé aucune partie de la création privée de sa présence, car il remplissait tout, lui qui demeure auprès de son Père. Mais il s’est rendu présent en s’abaissant à cause de son amour pour nous, et il s’est manifesté à nous… Il a eu pitié de notre race, il a eu compassion de notre faiblesse, il a condescendu à notre condition périssable. Il n’a pas accepté que la mort domine sur nous ; il n’a pas voulu voir périr ce qui avait commencé, ni échouer ce que son Père avait accompli en créant les hommes. Il a donc pris un corps, et un corps qui n’est pas différent du nôtre. Car il ne voulait pas seulement être dans un corps ou seulement se manifester. S’il avait voulu seulement se manifester, il aurait pu réaliser cette théophanie avec plus de puissance. Mais non : c’est bien notre corps qu’il a pris…

Le Verbe a pris un corps capable de mourir afin que ce corps, en participant au Verbe qui est au-dessus de tout…, reste impérissable grâce au Verbe qui y demeure, et afin de délivrer de la dégradation définitive tous les hommes par la grâce de la résurrection. Le Verbe a offert donc à la mort le corps qu’il avait pris, comme un sacrifice et une victime sans aucune tache ; et aussitôt il a anéanti la mort en délivrant de la mort tous les hommes ses semblables par l’offrande de ce corps qui leur ressemble.

Il est juste que le Verbe de Dieu, supérieur à tous, qui offrait son propre temple, son corps, en rançon pour tous, ait payé notre dette par sa mort. Uni à tous les hommes par un corps semblable, il est juste que le Fils incorruptible de Dieu revête tous les hommes d’incorruptibilité, selon la promesse apportée par sa résurrection. Car la corruption elle-même, impliquée dans la mort, n’a plus aucun pouvoir sur les hommes à cause du Verbe qui demeure parmi eux dans un corps unique.

Saint Athanase (295-373), évêque d’Alexandrie, docteur de l’Église
Sur l’Incarnation du Verbe, 8-9 (trad. bréviaire, 2 mai ; cf SC 190, p. 288s)

 

 

« Vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde. »

samedi 5 mai 2018

La mort une fois vaincue par le Sauveur et fixée à la croix, comme à un pilori, tous ceux qui marchent dans le Christ la foulent aux pieds. Rendant témoignage au Christ, ils se moquent de la mort, se jouent d’elle et répètent ce qui est écrit à son sujet : « Mort, où est ta victoire ? Enfer, où est ton aiguillon ? » (1Co 15,55; Os 13,14)… Est-ce une pauvre démonstration de la victoire remportée sur elle par le Sauveur, lorsque les chrétiens, enfants et jeunes filles, méprisent la vie présente et se préparent à mourir plutôt que de renier leur foi ? L’homme craint naturellement la mort et la dissolution de son corps ; mais, chose tout à fait extraordinaire, celui qui a revêtu la foi en la croix méprise ce sentiment naturel et, pour le Christ, il ne craint plus la mort…

Si la mort, autrefois si forte et pour cela si redoutable, est méprisée maintenant après la venue du Sauveur, après sa mort corporelle et sa résurrection, il est évident que c’est par le Christ monté sur la croix que la mort a été anéantie et vaincue. Lorsqu’après la nuit le soleil paraît et illumine toute la surface de la terre, il n’y a absolument pas à douter que le soleil qui répand partout sa lumière est le même qui a chassé les ténèbres et tout illuminé. Ainsi… il est évident que le Sauveur manifesté en son corps est celui-là même qui a détruit la mort et qui chaque jour démontre sa victoire sur elle en ses disciples… Lorsqu’on voit des hommes, des femmes et de jeunes enfants courir et s’élancer à la mort pour la foi au Christ, qui serait assez sot, qui serait assez incrédule, qui aurait l’esprit assez aveugle pour ne pas comprendre et penser que c’est le Christ, auquel ces hommes rendent témoignage, qui procure et donne à chacun la victoire sur la mort en détruisant la puissance de celle-ci en chacun de ceux qui ont foi en lui et portent le signe de sa croix ?

Saint Athanase (295-373), évêque d’Alexandrie, docteur de l’Église
Sur l’Incarnation du Verbe, 27-29 ; PG 25,143 ; SC 199 (trad. Orval rev.)

 

 

 

Le Christ est l’image du Dieu invisible ; par lui nous sommes rachetés et nos péchés pardonnés (Col 1,15.14)

mardi 6 juin 2017

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Puisque les hommes s’étaient rendus déraisonnables et que la tromperie des démons jetait son ombre de tous côtés et cachait la connaissance du vrai Dieu, que devait faire Dieu ? Se taire devant une pareille situation ? Accepter que les hommes soient égarés ainsi et ne connaissent pas Dieu ? … Dieu ne va-t-il pas épargner à ses créatures d’être égarées loin de lui et assujetties au néant, surtout si cet égarement devient pour elles cause de ruine et de perte, alors que les êtres qui ont participé à l’image de Dieu (Gn 1,26) ne doivent pas périr ? Que fallait-il donc que Dieu fasse ? Que faire, sinon renouveler en eux son image, afin que les hommes puissent de nouveau le connaître ?

Mais comment cela se fera-t-il, sinon par la présence de l’image de Dieu elle-même (Col 1,15), notre Sauveur Jésus Christ ? Cela n’était pas réalisable par des hommes, puisqu’ils ne sont pas l’image mais ont été créés selon l’image ; ce n’était pas réalisable par des anges non plus, car même eux ne sont pas images. C’est pourquoi le Verbe de Dieu est venu lui-même, lui qui est l’image du Père, afin d’être en mesure de restaurer l’image au fond de l’être des hommes. Par ailleurs, cela ne pouvait pas se produire si la mort et la dégradation qui la suit n’étaient pas anéanties. C’est pourquoi il a pris un corps mortel, afin de pouvoir anéantir la mort et restaurer les hommes faits selon l’image de Dieu. L’image du Père, donc, son Fils très saint, est venue chez nous pour renouveler l’homme fait à sa ressemblance et pour le retrouver, alors qu’il était perdu, par la remise de ses péchés, comme il le dit lui-même : « Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10).

Saint Athanase (295-373), évêque d’Alexandrie, docteur de l’Église
Sur l’incarnation du Verbe, 13 (trad. cf SC 199, p.311s)

 

 

 

 

« N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? »

mercredi 1 février 2017

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Le Verbe, la Parole éternelle de Dieu, « a pris en charge la descendance d’Abraham ; c’est pourquoi il devait se faire en tous points semblable à ses frères » (He 2,16-17) et prendre un corps pareil au nôtre. C’est pourquoi Marie est vraiment nécessaire pour qu’il prenne ce corps en elle et l’offre en notre faveur comme étant le sien… Gabriel le lui avait annoncé en termes soigneusement choisis. Il n’a pas dit, de façon banale : « Celui qui va naître en toi »… ; il a dit : « Celui qui va naître de toi »…

Tout cela s’est fait ainsi pour que le Verbe, en assumant notre nature et en l’offrant en sacrifice, la fasse totalement sienne. Il a voulu nous revêtir ensuite de sa propre nature divine, ce qui permet à Saint Paul de dire : « Il faut que ce qui est périssable en nous devienne impérissable, que ce qui est mortel revête l’immortalité » (1Co 15,53). Cela ne s’est pas fait de façon simulée comme certains hérétiques l’ont imaginé : jamais de la vie ! Le Sauveur est devenu vraiment homme, et le salut de l’homme tout entier est venu de là… Notre salut n’est pas une apparence, il n’est pas pour le corps seul, mais pour l’homme tout entier, âme et corps, et ce salut est venu du Verbe lui-même.

Ce qui est venu de Marie était donc humain par nature, selon les Écritures, et le corps du Seigneur était un vrai corps ; oui, un vrai corps, puisqu’il était identique au nôtre, car Marie est notre sœur, puisque nous descendons tous d’Adam.

Saint Athanase (295-373), évêque d’Alexandrie, docteur de l’Église
Lettre à Épictète, 5-9 (trad. bréviaire, 1er janvier ; rev.)

 

 

 

« Qui t’a donné cette autorité ? »

samedi 28 mai 2016

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La sagesse personnelle de Dieu, son Fils unique, a créé et réalisé toute chose. En effet, un psaume dit : « Tu as tout fait avec sagesse » (103,24)… De même que notre parole humaine est l’image de cette Parole qui est le Fils de Dieu (cf Jn 1,1), ainsi notre sagesse est, elle aussi, l’image de ce Verbe qui est la Sagesse en personne. Parce que nous possédons en elle la capacité de connaître et de penser, nous devenons capables d’accueillir la Sagesse créatrice, et par elle nous pouvons connaître son Père. « Car celui qui a le Fils a aussi le Père » (1Jn 2,23), et encore : « Celui qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé » (Mt 10,40)…

« Puisque le monde, avec le moyen de la sagesse, n’a pas su reconnaître Dieu à travers les œuvres de la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile » (1Co 1,21). Désormais Dieu ne veut plus, comme dans les temps anciens, être connu par des images et des ombres de la Sagesse : il a voulu que la véritable Sagesse en personne prenne chair, devienne homme, subisse la mort de la croix, afin qu’à l’avenir tous les croyants puissent être sauvés par la foi en cette Sagesse incarnée.

C’est donc elle qui est la Sagesse de Dieu. Auparavant, elle se faisait connaître par son image introduite dans les choses créées…et de cette façon faisait connaître le Père. Par la suite, elle, qui est le Verbe, est devenue chair, comme dit saint Jean (1,14). Après avoir « détruit la mort » (1Co 15,26) et sauvé l’humanité, elle s’est manifestée plus clairement elle-même et, par elle-même, elle a manifesté son Père. Ce qui lui a fait dire : « Donne-leur de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17,3). Toute la terre a donc été remplie de sa connaissance. Car il y a une seule connaissance, du Père par le Fils, et du Fils à partir du Père. Le Père met sa joie en lui, et le Fils se réjouit de la même joie dans le Père, ainsi qu’il le dit : « J’y trouvais ma joie, je me réjouissais jour après jour en sa présence » (Pr 8,30).

Saint Athanase (295-373), évêque d’Alexandrie, docteur de l’Église
Discours contre les Ariens, 2, 78-79 (trad. bréviaire 6e mar. rev.)

 

 

 

 

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, Je Suis. »

mardi 24 mars 2015

crux immissaQuelqu’un pourrait demander : si le Christ devait livrer pour tous son corps à la mort, pourquoi ne l’a-t-il pas quitté simplement comme un homme ; pourquoi est-il allé jusqu’à le faire crucifier ? Car on pourrait dire qu’il était plus convenable pour lui de déposer son corps dans la dignité, que de subir l’outrage d’une telle mort. Cette objection est trop humaine : ce qui est arrivé au Sauveur est vraiment divin et digne de sa divinité pour plusieurs raisons.

D’abord parce que la mort qui survient aux hommes leur arrive à cause de la faiblesse de leur nature ; ne pouvant durer longtemps, ils se désagrègent avec le temps. Des maladies leur surviennent et, ayant perdu leurs forces, ils meurent. Mais le Seigneur n’est pas faible ; il est la Puissance de Dieu, il est le Verbe de Dieu et la Vie en soi. S’il avait déposé son corps en privé, dans un lit, à la manière des hommes, on aurait pensé… qu’il n’avait rien de plus que les autres hommes… Il ne convenait pas que le Seigneur soit malade, lui qui guérissait les maladies des autres…

Pourquoi donc n’a-t-il pas écarté la mort comme il a écarté la maladie ? Parce qu’il possédait un corps justement pour cela, et pour ne pas entraver la résurrection… Mais, dira peut-être quelqu’un, il aurait dû esquiver le complot de ses ennemis, pour conserver son corps tout à fait immortel. Qu’il apprenne donc, celui-là, que cela non plus ne convenait pas au Seigneur. De même qu’il n’était pas digne du Verbe de Dieu, étant la Vie, de donner la mort à son corps par sa propre initiative, de même il ne lui convenait pas de fuir la mort donnée par d’autres… Une telle attitude ne signifiait aucunement la faiblesse du Verbe, mais elle le faisait connaître comme Sauveur et Vie… Le Sauveur ne venait pas consommer sa propre mort mais celle des hommes.

Saint Athanase (295-373), évêque d’Alexandrie, docteur de l’Église
Sur l’incarnation du Verbe, 21-22 (trad. SC 199, p. 343s)

 

 

Une guérison le jour du sabbat, symbole de l’achèvement de la création

lundi 9 septembre 2013

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Ce monde est très bon, tel qu’il a été fait et tel que nous le voyons, parce que Dieu le veut ainsi : personne ne pourrait en douter. Si la création était désordonnée, si l’univers évoluait au hasard, on pourrait mettre en doute cette affirmation. Mais puisque le monde a été fait avec sagesse et science, de façon raisonnable et logique, puisqu’il a été orné de toute beauté, il faut que celui qui y préside et qui l’a organisé ne soit autre que la Parole de Dieu, son Verbe, son Logos…

Étant la Parole bonne du Dieu de bonté, c’est ce Verbe qui a disposé l’ordre de toutes choses, qui a réuni les contraires avec les contraires pour en former une seule harmonie. C’est lui, « puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1Co 1,24), qui fait tourner le ciel, qui suspend la terre et qui, sans qu’elle repose sur rien, la maintient par sa propre volonté (cf He 1,3). Le soleil éclaire la terre par la lumière qu’il reçoit de lui, et la lune reçoit sa mesure de sa lumière. Par lui, l’eau est suspendue dans les nuages, les pluies arrosent la terre, la mer garde ses limites, la terre se couvre de plantes de toutes sortes (cf Ps 103)…

La raison pour laquelle cette Parole, le Verbe de Dieu, est venue jusqu’aux créatures est vraiment admirable… La nature des êtres créés est passagère, faible, mortelle ; mais puisque le Dieu de l’univers est par nature bon et excellent, il aime les hommes… Voyant donc que par elle-même toute la nature créée s’écoule et se dissout, pour lui éviter cela et pour que l’univers ne retourne pas au néant…, Dieu ne l’abandonne pas aux fluctuations de sa nature. Dans sa bonté, par son Verbe, il gouverne et maintient toute la création… Elle ne subit donc pas le sort qui serait le sien si le Verbe ne la gardait pas, c’est-à-dire l’anéantissement. « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature, parce que c’est par lui que tout subsiste, les choses visibles et invisibles, et il est aussi la tête de l’Eglise » (Col 1,15-18).

Saint Athanase (295-373), évêque d’Alexandrie, docteur de l’Église
Contre les païens, 40 ; SC 18 (trad. SC p. 190 rev.)