ACCUEIL

Troisième Dimanche de l’Avent

Pourquoi, une fois emprisonné, Jean le Baptiste envoie-t-il ses disciples demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? », comme s’il ne connaissait pas celui qu’il avait montré (…) ? Cette question trouve vite sa réponse si l’on examine le temps et l’ordre dans lesquels se sont déroulés les faits. Sur les rives du Jourdain, Jean a affirmé que Jésus était le Rédempteur du monde (Jn 1,29) ; une fois emprisonné, il demande pourtant s’il est bien celui qui doit venir. Ce n’est pas qu’il doute que Jésus soit le Rédempteur du monde, mais il cherche à savoir si celui qui était venu en personne dans le monde va aussi descendre en personne dans les prisons du séjour des morts. Car celui que Jean a déjà annoncé au monde en tant que précurseur, il le précède encore aux enfers par sa mort. C’est comme s’il disait clairement : « De même que tu as daigné naître pour les hommes, fais-nous savoir si tu daigneras aussi mourir pour eux, de sorte que, précurseur de ta naissance, je le devienne aussi de ta mort et que j’annonce au séjour des morts que tu vas venir, comme j’ai déjà annoncé au monde que tu étais venu ».

C’est pour cela que la réponse du Seigneur traite de l’abaissement de sa mort aussitôt après avoir énuméré les miracles opérés par sa puissance : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. Heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi ! » À la vue de tant de signes et de si grands prodiges, personne n’avait sujet de trébucher, mais bien plutôt d’admirer. Il s’éleva cependant une grave occasion de scandale dans l’esprit de ceux qui ne croyaient pas lorsqu’ils le virent mourir, même après tant de miracles. D’où le mot de Paul : « Nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1Co 1,23). (…) Quand donc le Seigneur dit : « Heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi », ne veut-il pas désigner clairement l’abjection et l’abaissement de sa mort ? C’est comme s’il disait ouvertement : « Il est vrai que je fais des choses admirables, mais je ne refuse pas pour autant de souffrir des choses ignominieuses. Puisque je vais suivre Jean le Baptiste en mourant, que les hommes se gardent bien de mépriser en moi la mort, eux qui vénèrent en moi les miracles ».

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

pape et docteur de l’Église

 

 

 

 

Mots-clefs : , ,

Le commentaires sont fermés.