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« Judas, s’approchant de Jésus…, l’embrassa. Les autres mirent la main sur lui et l’arrêtèrent. » (Mc 14,45s)

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La paix est un don de la résurrection du Christ. Au seuil de la mort, il n’a pas hésité à donner cette paix au disciple qui le livrait ; il a embrassé le traître comme il embrasse l’ami fidèle. Ne croyez pas que le baiser que le Seigneur a donné à Judas Iscariote ait été inspiré par un autre sentiment que la tendresse. Le Christ savait déjà que Judas le trahirait. Il savait ce qu’était ce signe d’amour, et il ne s’y est pas dérobé. Voilà l’amitié : à celui qui doit mourir, elle ne refuse pas un dernier embrassement ; aux êtres chers, elle ne retire pas cette marque ultime de douceur. Mais Jésus espérait aussi que cet élan bouleverserait Judas et que, étonné par sa bonté, il ne trahirait pas celui qui l’aimait, ne livrerait pas celui qui l’embrassait. Ainsi ce baiser était accordé comme une épreuve : s’il le relevait, il était un lien de paix entre Jésus et son disciple ; si Judas trahissait, ce baiser criminel devenait sa propre accusation.

Le Seigneur lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »  (Lc 22,48) Où est le complot de l’ennemi ? Où se cache sa ruse ? Tout secret est découvert. Le traître se trahit avant de trahir son maître. Tu livres le Fils de l’homme par un baiser ? Avec le sceau de l’amour, tu blesses ? Avec le geste de la tendresse, tu répands le sang ? Avec le signe de la paix, tu apportes la mort ? Dis-moi quel est cet amour ? Tu donnes un baiser et tu menaces ? Mais ces baisers, par où le serviteur trahit son Seigneur, le disciple son maître, l’élu son créateur, ces baisers ne sont pas des baisers, mais du poison.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420), évêque
Sermon 36 ; PL 57, 605 (trad. coll. Ichtus, t. 10, p. 263 rev.)

 

 

 

 

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