Un chrétien qui fait un saint usage de la prière et des sacrements, est aussi redoutable au démon qu’un dragon monté sur un coursier, les yeux étincelants, armé de sa cuirasse, de son sabre et de ses pistolets, en présence de son ennemi sans armes : sa seule présence le renverse de front et le met en fuite. Mais, qu’il descende de son cheval et qu’il quitte ses armes : de suite son ennemi lui tombe dessus, le foule sous ses pieds et s’en rend maître ; tandis que, muni de ses armes, sa seule présence semblait anéantir cet ennemi. Image sensible d’un chrétien qui est muni des armes de la prière et des sacrements. Non, non, un chrétien qui prie, et qui fréquente les sacrements avec les dispositions nécessaires, est plus redoutable au démon que ce dragon dont je viens de vous parler. (…)
Pourquoi ? C’est que les sacrements nous donnent tant de force pour persévérer dans la grâce de Dieu, que jamais l’on n’a vu un saint s’éloigner des sacrements et persévérer dans l’amitié de Dieu ; et que dans les sacrements, ils ont trouvé toutes les forces pour ne pas se laisser vaincre par le démon : en voici la raison. Quand nous prions, Dieu nous donne des amis, il nous envoie tantôt un saint ou un ange pour nous consoler (…), il nous fait sentir avec plus d’abondance ses grâces pour nous fortifier et nous encourager. Mais dans les sacrements, c’est non un saint ou un ange, c’est lui-même qui vient avec ses foudres pour anéantir notre ennemi. Le démon, le voyant dans notre cœur, se précipite comme un désespéré dans les abîmes ; voilà précisément pourquoi le démon fait tout ce qu’il peut pour nous en éloigner et nous les faire profaner. Oui, mes frères, dès qu’une personne fréquente les sacrements, le démon perd toute sa puissance.
Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)
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