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« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » (Lc 1,45)

chute

Les hommes de l’ancienne alliance étaient sous le régime des symboles. Pour nous, par la grâce du Christ présent dans la chair, la vérité elle-même s’est mise à resplendir. Et pourtant, par rapport au monde à venir, nous vivons encore d’une certaine manière dans l’ombre de la vérité. L’apôtre Paul écrit : « Partielle est notre connaissance, partielle notre prophétie » (1Co 13,9) et « Non, je n’estime pas avoir déjà saisi » (Ph 3,13). En effet, comment ne pas faire de différence entre celui qui marche par la foi et celui qui se trouve dans la claire vision ? Ainsi « le juste vit de la foi » (Ha 2,4 ;Rm 1,17) — c’est le bienheureux qui exulte dans la vision de la vérité ; maintenant l’homme saint vit encore à l’ombre du Christ… Et elle est bonne, cette ombre de la foi ; elle filtre la lumière aveuglante pour notre regard encore enténébré et prépare notre œil à supporter la lumière. Il est écrit en effet : « Dieu a purifié leurs cœurs par la foi » (Ac 15,9). La foi donc n’a pas pour effet d’éteindre la lumière, mais de la conserver. Tout ce que les anges contemplent à découvert, l’ombre de la foi le garde pour moi ; elle le fait reposer dans son sein pour le révéler au moment voulu. N’est-ce pas une bonne chose qu’elle tienne enveloppé ce que tu ne peux pas encore saisir sans voile ?

D’ailleurs la mère du Seigneur vivait elle aussi dans l’ombre de la foi, puisqu’on lui a dit : « Heureuse es-tu, toi qui as cru » (Lc 1,45). Et du corps du Christ elle a aussi reçu une ombre, selon le message de l’ange : « La puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1,35). Cette ombre n’a donc rien de méprisable puisque c’est la puissance du Très-Haut qui la projette. Oui vraiment, il y avait dans la chair du Christ une force qui couvrait la Vierge de son ombre, afin que l’écran de ce corps vivifiant lui permette de supporter la présence divine, de soutenir l’éclat de la lumière inaccessible, chose impossible à une femme mortelle. Cette puissance a dompté toute force adverse ; la force de cette ombre chasse les démons et protège les hommes. Puissance vraiment vivifiante et ombre vraiment rafraîchissante ! Et nous, c’est bien dans l’ombre du Christ que nous vivons, puisque nous marchons par la foi et que nous recevons la vie en étant nourris de sa chair.

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermon 31 sur le Cantique des Cantiques (trad. Emery rev.)

 

 

 

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