Avec une crainte mêlée d’allégresse, j’estime souhaitable de dire ici quelque chose des souffrances que tu as endurées pour moi, toi le Dieu de tous !
Tu t’es tenu debout au tribunal de ta créature, dans une nature qui était la mienne ;
Tu n’as pas parlé, ô Toi qui donnes la parole ;
Tu n’as pas élevé la voix, toi qui crées la langue ;
Tu n’as pas crié, ô Toi qui ébranles la terre ; (…)
Tu n’as pas livré à la honte celui qui te livrait aux tourments de la mort ;
Tu n’as pas opposé de résistance lorsqu’on Te liait,
et lorsqu’on te souffletait, tu ne t’es pas indigné.
Lorsqu’on crachait sur Toi, Tu n’as pas injurié,
et lorsqu’on te donnait des coups de poing, tu n’as point frémi.
Lorsqu’on se moquait de toi, tu ne t’es pas courroucé,
et lorsqu’on te bafouait, tu n’as pas altéré ton visage (Is 50,7). (…)
Loin de te donner un instant de répit, toi la source de vie,
aussitôt ils t’ont préparé, pour le porter,
l’instrument de la mort.
Tu l’as reçu avec magnanimité,
tu l’as pris avec douceur,
tu l’as soulevé avec patience ;
tu t’es chargé, comme si tu étais un coupable,
du bois des douleurs
Saint Grégoire de Narek (v. 944-v. 1010)
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