« Avance au large », c’est à dire dans la haute mer des débats. Y a-t-il profondeur comparable à « l’abîme de la richesse, de la sagesse et de la science du Fils de Dieu » (Rm 11,33), à la proclamation de sa filiation divine ? … L’Église est conduite par Pierre dans la haute mer du témoignage, pour contempler le Fils de Dieu ressuscité et l’Esprit Saint répandu.
Quels sont ces filets des apôtres que le Christ ordonne de jeter ? N’est-ce pas l’enchaînement des paroles, les replis du discours, la profondeur des arguments, qui ne laissent pas échapper ceux qu’ils ont pris ? Ces instruments de pêche des apôtres ne font pas périr leur prise, mais la conservent, la retirent des abîmes vers la lumière, conduisent des bas-fonds vers les hauteurs…
« Maître, dit Pierre, nous avons peiné toute une nuit sans rien prendre, mais, sur ta parole, je vais lâcher les filets. » Moi aussi, Seigneur, je sais que pour moi il fait nuit, quand tu ne me commandes pas. Je n’ai encore converti personne par mes paroles, il fait encore nuit. J’ai parlé le jour de l’Épiphanie : j’ai lâché le filet, et je n’ai encore rien pris. J’ai lâché le filet pendant le jour. J’attends que tu me l’ordonnes ; sur ta parole, je le lâcherai encore. La confiance en soi est vaine, mais l’humilité est fructueuse. Eux qui jusque-là n’avaient rien pris, voici que, à la voix du Seigneur, ils capturent une énorme quantité de poissons.
Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, IV,71-76 ; SC 45 (trad. cf SC, p. 180)
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