
Ces amis qui obtiendront notre salut sont évidemment les pauvres, car, selon la parole du Christ, c’est lui-même, l’auteur de la récompense éternelle, qui recueillera en eux les services que notre charité leur aura procurés. Dès lors, les pauvres nous feront bon accueil, non point en leur propre nom, mais au nom de celui qui, en eux, goûte le fruit rafraîchissant de notre obéissance et de notre foi. Ceux qui accomplissent ce service de l’amour seront reçus dans les demeures éternelles du Royaume des cieux, puisque le Christ dira : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis le commencement du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire » (Mt 25,34)…
Le Seigneur ajoute, finalement : « Et si vous n’avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ? » En effet, rien de ce qui est dans ce monde ne nous appartient vraiment. Car nous qui attendons la récompense future, nous sommes invités à nous conduire ici-bas comme des hôtes et des pèlerins, de façon que nous puissions tous dire au Seigneur avec assurance : « Je suis un étranger, un passant comme tous mes pères » (Ps 38,13).
Mais les biens éternels appartiennent en propre aux croyants. Ils se trouvent au ciel, là où, nous le savons, « sont notre cœur et notre trésor » (Mt 6,21), et où — c’est notre intime conviction — nous habitons dès maintenant par la foi. Car, selon l’enseignement de saint Paul : « Nous sommes citoyens des cieux » (Ph 3,20).
Saint Gaudence de Brescia (?-après 406)
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