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« Désormais ce sont des hommes que tu prendras. »

Je n’ai pas persuadé aujourd’hui mon auditeur, mais peut-être le ferai-je demain, peut-être dans trois ou quatre jours ou dans quelques temps. Le pêcheur qui a jeté inutilement ses filets pendant un jour entier, prend quelquefois sur le soir, au moment de partir, le poisson qu’il n’avait pu prendre pendant le jour. Le laboureur ne laisse pas de cultiver ses terres, quoiqu’il n’ait pas eu de bonne récolte pendant plusieurs années ; et, à la fin, une seule année répare souvent et abondamment toutes les pertes antérieures. Dieu ne nous demande pas de réussir, mais de travailler ; or, notre travail ne sera pas moins récompensé parce qu’on ne nous aura pas écoutés.

Il y a plus : le diable cesse-t-il de tenter chacun des fidèles, parce qu’il prévoit que plusieurs seront sauvés ? Voyez avec quels soins, quelle infernale persévérance, quelle détestable sollicitude il poursuit l’âme jusqu’à ce qu’on ait rendu le dernier soupir : jusque-là il ne désespère pas, et vous croyez, que votre évêque ne fera pas pour sauver votre âme ce le diable fait pour la rendre ? Le Christ savait bien que Judas ne se convertirait pas et pourtant jusqu’à la fin il voulut tenter sa conversion, lui reprochant sa faute dans le termes les plus touchants : « Ami, pourquoi es-tu venu ? » (Mt 26,50) Or, si le Christ, le modèle des pasteurs a travaillé jusqu’à la fin à la conversion d’un homme désespéré, que ne devons-nous pas faire pour ceux à l’égard desquels il nous est donné d’espérer ?

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

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