ACCUEIL

Le feu de la colère

La rancune se distingue de la colère, qui se distingue de l’irritation, qui se distingue encore du trouble. Voici un exemple qui vous fera comprendre. Pour allumer un feu, on n’a d’abord qu’un petit charbon. Celui-ci représente la parole du frère qui t’offense. Ce n’est encore qu’un petit charbon, car qu’est-ce qu’un simple mot de ton frère ? Si tu le supportes, tu éteins le charbon. Si au contraire tu te mets à penser : « Pourquoi m’a-t-il dit cela ? J’ai de quoi lui répondre ! » (…) Comme celui qui allume un feu, tu y jettes des brindilles et tu fais de la fumée, ce qui est le trouble. (…)

En supportant la petite parole de ton frère, tu pouvais éteindre le charbon, avant que n’apparaisse le trouble. Mais même ce trouble, tu peux encore l’apaiser facilement par le silence, par la prière, par un seul mouvement du cœur. Si, au contraire, tu continues à faire de la fumée, c’est-à-dire à exalter et à exciter ton cœur en pensant : « Pourquoi m’a-t-il dit cela ? Moi aussi, je peux lui en dire ! », l’afflux et le choc des pensées, travaillant et échauffant le cœur, provoquent la flamme de l’irritation. (…) Voilà donc venue l’irritation (…).

Si tu veux, tu peux encore l’éteindre, avant qu’elle ne devienne colère. Mais si tu continues à te troubler et à troubler les autres, tu fais comme quelqu’un qui jette du bois dans le foyer et attise le feu : alors on a de belles braises. C’est la colère. (…) Et de même que des braises mises de côté subsistent longtemps, même si on jette de l’eau dessus, la colère qui se prolonge devient de la rancune (…).

Voyez-vous comment d’une seule parole on parvient à un si grand mal ? Si dès le début on avait supporté patiemment la parole de son frère, sans rendre le mal pour le mal (Rm 12,17), on aurait pu échapper à tous ces maux.

Dorothée de Gaza (v. 500-?)

 

 

Mots-clefs : ,

Le commentaires sont fermés.