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« J’ai compassion de cette foule… »

Le récit de ce miracle nous donne lieu de constater les opérations distinctes de la divinité et de l’humanité dans la seule et même personne de notre Rédempteur, et par conséquent, de rejeter bien loin du symbole des chrétiens et du sein même du christianisme, l’erreur d’Eutychès, qui osait avancer qu’il n’y avait en Jésus-Christ qu’une seule opération. Qui ne voit en effet que le sentiment de pitié que Notre-Seigneur éprouve pour cette multitude, est un sentiment de compassion propre à la nature humaine ? Mais qui ne voit en même temps que rassasier quatre mille hommes avec sept pains et quelques poissons, est une œuvre de la puissance divine ?

« Et de ce qui restaient de morceaux, ils remportèrent sept corbeilles. » Cette multitude qui vient de manger et de se rassasier n’emporte pas avec elles les restes des pains, mais elle les laisse recueillir par les disciples dans des corbeilles, comme précédemment, et cette circonstance expliquée dans le sens littéral, nous apprend à être contents du nécessaire, et à ne jamais rechercher rien au-delà. L’Évangéliste nous fait ensuite connaître le nombre de ceux qui ont été rassasiés : « Or ceux qui mangeaient étaient environ quatre mille, et il les renvoya. » Considérons ici que Notre-Seigneur Jésus-Christ ne veut renvoyer personne à jeun, car il veut au contraire donner à tous les hommes la nourriture de sa grâce.

Dans le sens figuré, il y a cette différence entre ce second miracle et la première multiplication des cinq pains et des deux poissons, que la première figure la lettre de l’Ancien Testament qui était comme pleine de la grâce spirituelle du nouveau, tandis que la seconde représentait la vérité et la grâce du Nouveau Testament abondamment communiquées aux fidèles. La multitude qui, au témoignage de saint Matthieu, attend trois jours la guérison de ses malades (Mt 15) représente les élus dans la foi de la sainte Trinité qui implorent le pardon de leurs péchés par une prière persévérante, ou ceux qui se convertissent au Seigneur par leurs pensées, leurs paroles et leurs actions.

Saint Bède le Vénérable (v. 673-735)

 

 

 

 

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