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Archive pour le mot-clef ‘Royaume des Cieux’

« Dès lors Jésus se mit à prêcher et à dire : ‘ Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. ‘ » (Mt 4,17)

mardi 13 juillet 2021

Jésus appelle à la conversion. Cet appel est une partie essentielle de l’annonce du Royaume : « Les temps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche ; repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1,15). Dans la prédication de l’Église cet appel s’adresse d’abord à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ et son Évangile. C’est pourquoi le baptême est le lieu principal de la conversion première et fondamentale…

Or, l’appel du Christ à la conversion continue à retentir dans la vie des chrétiens. Cette seconde conversion est une tâche ininterrompue pour toute l’Église qui « enferme des pécheurs dans son propre sein » et qui « est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et qui poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement » (Vatican II LG 8). Cet effort de conversion n’est pas seulement une œuvre humaine. Elle est le mouvement du « cœur contrit » (Ps 50,19) attiré et mû par la grâce à répondre à l’amour miséricordieux de Dieu qui nous a aimés le premier (cf 1Jn 4,10)…

Le cœur de l’homme est lourd et endurci. Il faut que Dieu donne à l’homme un cœur nouveau (Ez 36,26s). La conversion est d’abord une œuvre de la grâce de Dieu qui fait revenir nos cœurs à lui : « Convertis-nous, Seigneur, et nous serons convertis » (Lm 5,21). Dieu nous donne la force de commencer à nouveau. C’est en découvrant la grandeur de l’amour de Dieu que notre cœur est ébranlé par l’horreur et le poids du péché et qu’il commence à craindre d’offenser Dieu par le péché et d’être séparé de lui. Le cœur humain se convertit en « regardant vers Celui que nos péchés ont transpercé » (cf Za 12,10; Jn 19,37).

Catéchisme de l’Église catholique
§ 1427-1432

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« Il est resserré, le chemin qui conduit à la vie. »

mardi 22 juin 2021

Voyons ce que Dieu a dit à Moïse, quelle route il a eu ordre de choisir. (…) Tu croyais peut-être que le chemin que Dieu montre est uni et facile, qu’il ne comporte absolument rien de difficile ou de pénible ; au contraire, c’est une montée, et une montée tortueuse. Car le chemin par où on tend aux vertus ne va pas en descendant, mais en montant, et c’est une montée resserrée et difficile. Écoute le Seigneur encore dire dans l’Évangile : « Combien étroite et resserrée est la voie qui mène à la vie ! » Vois donc combien l’Évangile est en harmonie avec la Loi (…) N’est-il pas vrai que même des aveugles peuvent le voir clairement : un seul Esprit a écrit la Loi et l’Évangile.

Le chemin où on s’avance est donc une montée tortueuse (…) ; les actes et la foi comportent bien des difficultés, bien des peines. Car bien des tentations et bien des obstacles s’opposent à ceux qui veulent agir selon Dieu. Ensuite, dans la foi, on trouve bien des choses tortueuses, beaucoup de points de discussion, bien des objections d’hérétiques. (…) Écoute ce que dit Pharaon en voyant la route que Moïse et les Israélites avaient prise : « Ces gens-là s’égarent » (Ex 14,3). Pour Pharaon, ceux qui suivent Dieu s’égarent. C’est que, on l’a dit, le chemin de la sagesse est tortueux, avec maints tournants, maintes difficultés, nombre de détours. Ainsi, confesser qu’il y a un seul Dieu, et affirmer dans la même confession que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu, combien tortueux, combien difficile, combien inextricable cela paraît-il aux infidèles ! Ajouter ensuite que « le Seigneur de majesté » a été crucifié (1Co 2,8), et qu’il est le Fils de l’homme « qui descendit du ciel » (Jn 3,13), combien cela paraît tortueux et combien difficile ! Qui l’entend sans la foi dit : « Ces gens-là s’égarent ». Mais toi, sois ferme, ne mets pas en doute une telle foi, sachant que Dieu te montre cette route de la foi.

Origène (v. 185-253)

 

 

« Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. »

mercredi 19 mai 2021

Écoutez tous, juifs et gentils (…) ; écoutez, tous les royaumes de la terre ! Je n’empêche pas votre domination sur ce monde, « mon Royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18,36). Ne craignez donc pas de cette crainte insensée qui a saisi Hérode quand on lui a annoncé ma naissance (…) Non, dit le Sauveur, « mon Royaume n’est pas de ce monde ». Venez tous à un Royaume qui n’est pas de ce monde ; venez-y par la foi ; que la crainte ne vous rende pas cruels. Il est vrai que, dans une prophétie, le Fils de Dieu dit en parlant du Père : « Par lui, j’ai été établi roi sur Sion, sur sa montagne sainte » (Ps 2,6). Mais cette Sion et cette montagne ne sont pas de ce monde.

Qu’est-ce en effet que son Royaume ? Ce sont ceux qui croient en lui, ceux à qui il dit : « Vous n’êtes pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde ». Et pourtant, il veut qu’ils soient dans le monde ; il prie son Père : « Je ne te demande pas de les retirer du monde mais de les garder du mal ». Car il n’a pas dit : « Mon Royaume n’est pas dans ce monde » mais bien : « Il n’est pas de ce monde ; s’il était de ce monde, mes serviteurs viendraient combattre pour que je ne sois pas livré » (Jn 18,36).

En effet, son Royaume est vraiment ici sur terre jusqu’à la fin du monde ; jusqu’à la moisson l’ivraie est mêlée au bon grain (Mt 13,24s). (…) Son Royaume n’est pas d’ici car il est comme un voyageur dans ce monde. À ceux sur qui il règne, il dit : « Vous n’êtes pas du monde, car je vous ai choisis du milieu du monde » (Jn 15,19). Ils étaient donc de ce monde, quand ils n’étaient pas encore son Royaume et qu’ils appartenaient au prince de ce monde (Jn 12,31). (…) Tous ceux qui sont engendrés de la race d’Adam pécheur appartiennent à ce monde ; tous ceux qui ont été régénérés en Jésus Christ appartiennent à son Royaume et ne sont plus de ce monde. « Dieu nous a en effet arrachés à la puissance des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé. » (Col 1,13)

Saint Augustin (354-430)

 

 

Le cœur vide de la grâce de Dieu

samedi 13 mars 2021

Vous savez ce que notre Divin Sauveur, qui est la vérité et la bonté même, disait à ses disciples : « Si votre justice n’est pas plus grande que celle des pharisiens, jamais vous n’entrerez dans le Royaume des cieux » (Mt 5,20). Ces mots sont bien du Christ. Lui qui ne voulait pas condamner la femme adultère ; qui daignait s’entretenir avec la Samaritaine et révéler les mystères du ciel à celle qui menait une vie coupable ; lui qui consentait à manger avec les Publicains, socialement disqualifiés comme pécheurs ; qui permettait à Madeleine de lui laver les pieds et de les lui essuyer de ses cheveux ; lui qui était « si doux et si humble de cœur » (Mt 11,29), il accablait publiquement les Pharisiens d’anathèmes : « Hypocrites, malheur à vous, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 23,13). (…)

Rappelez-vous le Pharisien que le Christ nous dépeint montant au temple pour prier. Quelle est sa prière ? « Mon Dieu, je suis un homme tout à fait irréprochable ; j’observe toutes choses très exactement ; je jeûne, je donne la dîme (Lc 18,11-12) ; vous ne sauriez me prendre en défaut sur aucun point, vous devez être fier de moi ». Et, au sens littéral, ce qu’il disait était vrai : il observait tout cela. Cependant, quel jugement porte sur lui le Christ Jésus ? Cet homme sortit du temple justifié, le cœur vide de la grâce de Dieu. Pourquoi cette condamnation ? Parce que le malheureux se glorifiait de ses bonnes actions et qu’il plaçait toute sa perfection dans l’observance purement extérieure, sans se soucier des dispositions intérieures de son cœur. Aussi Notre-Seigneur nous dit-il encore : « Si votre justice n’est pas plus grande que celle des Pharisiens, vous n’aurez point de part au Royaume des cieux ». (…) C’est dans le cœur, en effet, qu’est la perfection ; car l’amour est la loi suprême.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

« Le règne de Dieu est survenu pour vous. »

jeudi 11 mars 2021

Nous devons continuer et accomplir en nous les états et mystères de Jésus, et le prier souvent qu’il les consomme et accomplisse en nous et en toute son Église. Car les mystères de Jésus ne sont pas encore dans leur entière perfection et accomplissement. Bien qu’ils soient parfaits et accomplis dans la personne de Jésus, ils ne sont pas néanmoins encore accomplis et parfaits en nous qui sommes ses membres, ni en son Église qui est son corps mystique (Ep 5,30). Car le Fils de Dieu a dessein 5…) de faire comme une extension et continuation de ses mystères en nous et en toute son Église (…) ; il veut les accomplir en nous. C’est pourquoi saint Paul dit que Jésus Christ s’accomplit dans son Église, et que nous concourons tous à sa perfection et à l’âge de sa plénitude (Ep 4,13). (…) Et ailleurs, il dit qu’il accomplit en son corps la Passion de Jésus Christ (Col 1,24). (…)

Le Fils de Dieu a dessein de consommer en nous le mystère de son incarnation, de sa naissance, de sa vie cachée, en se formant en nous et en prenant naissance dans nos âmes, par les saints sacrements du Baptême et de la divine Eucharistie, et en nous faisant vivre d’une vie spirituelle et intérieure qui soit cachée avec lui en Dieu. Il a dessein de perfectionner en nous le mystère de sa Passion, de sa mort et de sa résurrection, en nous faisant souffrir, mourir et ressusciter avec lui et en lui. Il a dessein d’accomplir en nous l’état de vie glorieuse et immortelle qu’il a au ciel, en nous faisant vivre avec lui et en lui, lorsque nous serons au ciel, d’une vie glorieuse et immortelle. (…)

Ainsi les mystères de Jésus ne seront point accomplis jusqu’à la fin du temps qu’il a déterminé pour la consommation de ses mystères en nous et en son Église, c’est-à-dire jusqu’à la fin du monde.

Saint Jean Eudes (1601-1680)

 

 

 

« Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. »

lundi 11 janvier 2021

« Après l’arrestation de Jean Baptiste, Jésus vint en Galilée… » Selon notre interprétation, Jean représente la Loi et Jésus l’Évangile. En effet, Jean dit : « Celui qui est plus fort que moi vient après moi… » (Mc 1,7), et ailleurs : « Il faut que lui grandisse et que moi, je diminue » (Jn 3,30) : c’est ainsi qu’il compare la Loi à l’Évangile. Et ensuite il dit : « Moi — c’est-à-dire la Loi — je vous baptise dans l’eau, mais lui — c’est-à-dire l’Évangile — vous baptisera dans l’Esprit Saint » (Mc 1,8). Jésus vint donc parce que Jean avait été mis en prison. En effet la Loi est close et enfermée, elle n’a plus sa liberté passée ; mais nous sommes passés de la Loi à l’Évangile…

« Jésus vint en Galilée, prêchant l’Évangile, la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu »… Quand je lis la Loi, les prophètes et les psaumes, je n’ai jamais entendu parler du Royaume des cieux : seulement dans l’Évangile. Car c’est seulement quand est venu celui dont il est dit « le Royaume de Dieu est au milieu de vous » (Lc 17,21) que le Royaume de Dieu a été ouvert… En effet, avant la venue du Sauveur et la lumière de l’Évangile, avant que le Christ n’ouvre la porte du paradis avec le larron (Lc 23,43), toutes les âmes des saints descendaient au séjour des morts. Jacob lui-même dit : « Pleurant et gémissant, je descendrai au séjour des morts » (Gn 37,35)… Dans la Loi, Abraham est au séjour des morts ; dans l’Évangile, le larron est au paradis. Nous ne dénigrons pas Abraham, nous désirons tous reposer en son sein (Lc 16,23) ; mais nous préférons le Christ à Abraham, l’Évangile à la Loi.

Nous lisons qu’après la résurrection du Christ, beaucoup de saints sont apparus dans la cité sainte (Mt 27,53). Notre Seigneur et notre Sauveur a prêché sur terre et il a prêché aussi aux enfers ; il est mort, il est descendu aux enfers pour libérer les âmes qui y étaient enchaînées (1P 3,18s).

Saint Jérôme (347-420)

 

 

« Maintenant…tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix. »

mardi 29 décembre 2020

« Le Royaume de Dieu est proche » (Lc 21,31). Le Royaume de Dieu, très chers frères, approche désormais. Avec la fin du monde s’annoncent déjà la récompense de la vie, le bonheur du salut éternel, la sécurité perpétuelle et la joie du paradis que nous avons jadis perdue. Et déjà les réalités du ciel succèdent aux réalités humaines, les grandes aux petites, les éternelles aux temporelles. Y a-t-il lieu de s’inquiéter, d’appréhender l’avenir ?…

En effet, il est écrit que « le juste vit de sa foi » (Rm 1,17). Si vous êtes justes, si vous vivez de la foi, si vous croyez vraiment en Jésus Christ, pourquoi ne vous réjouissez-vous pas d’être appelés vers le Christ…, puisque vous êtes forts de la promesse de Dieu et destinés à être avec le Christ ? Prenez l’exemple de Syméon, le juste : il a été vraiment juste et a observé fidèlement les commandements de Dieu. Une inspiration divine lui avait appris qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ, si bien que lorsque le Christ enfant est venu au Temple avec sa mère, il a réalisé, éclairé par l’Esprit Saint, que le Sauveur était né, comme il lui avait été prédit ; et à sa vue, il a compris que sa mort était imminente.

Tout joyeux de cette perspective et sûr désormais d’être prochainement rappelé auprès de Dieu, il a pris l’enfant dans ses bras et s’est exclamé en bénissant le Seigneur : « Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix, car mes yeux ont vu ton salut ». Il prouvait ainsi et il témoignait que la paix de Dieu appartient bien à ses serviteurs, qu’ils jouissent des douceurs de la quiétude et de la liberté lorsque, soustraits aux tourments du monde, ils gagnent le refuge et la sécurité éternels… C’est alors seulement que l’âme trouve la paix véritable, le repos total, la sécurité durable et perpétuelle.

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger.

dimanche 22 novembre 2020

Le Verbe est Roi, Roi du ciel et de la terre. Le Verbe vit et règne, en Dieu. Le Christ ne vit que là où il règne ; il est essentiellement Roi ; il vit en nous dans le degré où il domine tout en nous, où il règne sur nos facultés, où il commande à notre activité.

Quand en nous tout vient de lui, c’est-à-dire quand nous ne pensons plus que comme lui, quand nous ne voulons plus que ce qu’il veut, quand nous n’agissons que selon son bon plaisir, nous soumettons tout nous-même à ses pieds, alors il règne en nous. Tout ce qui est propre, personnel en nous, disparaît pour faire place aux pensées, aux vouloirs du Verbe divin. Il faut que cette domination du Christ en nous soit complète. Cent fois le jour, nous le demandons : « Que votre règne vienne ! » Oh ! Qu’il advienne, Seigneur, ce jour où vous régnerez entièrement en moi ; où aucun mobile propre ne gênera votre pouvoir en moi, où je serai comme vous, entièrement livré au Père, où aucune inspiration propre ne contristera en moi l’action de votre Esprit !

Ce jour-là, nous aurons déposé autant qu’il est en nous, nous aurons abaissé de notre mieux notre personnalité propre devant le règne du Christ. Il sera vraiment pour nous tout en toutes choses (cf. 1 Co 15,28). Moralement, nous n’aurons plus rien de propre, tout lui appartiendra, tout lui sera soumis, tout lui sera donné.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

« Le Royaume de Dieu est au milieu de vous et au dedans de vous. »

jeudi 12 novembre 2020

L’action de grâce, la gratitude de celui qui reçoit incite celui qui donne à donner toujours davantage. Mais celui qui ne rend pas grâce pour les plus petites choses ne peut être que menteur et injuste dans les grandes. Celui qui est malade et qui connaît sa maladie peut demander la guérison ; celui qui reconnaît sa souffrance est proche de sa guérison, et il la trouvera facilement…

Souviens-toi de la chute de ceux qui se croyaient forts, et sois humble en tes vertus… Chasse-toi toi-même, et ton ennemi sera chassé loin de toi. Apaise-toi toi-même, et le ciel et la terre te combleront de paix. Efforce-toi d’entrer dans le trésor de ton cœur, et tu verras le trésor du ciel. Car l’un et l’autre sont le même. Entrant dans l’un, tu contemples les deux. L’échelle de ce Royaume est en toi, cachée dans ton âme. Plonge en toi-même pour y découvrir ton péché : c’est là que tu trouveras les degrés par lesquels tu pourras t’élever… : « Le Royaume des cieux est en vous. »

Isaac le Syrien (7e siècle)

 

 

« Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »

lundi 9 novembre 2020

Le Temple juif, visible et matériel, était confiné à un seul endroit. Le monde entier ne pouvait pas y demeurer, même pas toute une nation, mais seulement quelques-uns de la multitude. Mais le temple chrétien est invisible et spirituel, et peut donc être partout (…). Jésus dit à la Samaritaine : « Le temps viendra où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » (Jn 4,23). « En esprit et en vérité » car, à moins d’être invisible, sa présence ne peut pas être réelle. Ce qui est visible n’est pas le réel ; ce qui est matériel se désagrégera ; ce qui est dans un endroit n’est qu’un fragment.

Le temple de Dieu, en régime chrétien, est partout où se trouvent des chrétiens au nom du Christ ; il est aussi complètement présent en chaque endroit que s’il n’était nulle part ailleurs. Et nous pouvons y entrer et nous joindre aux saints qui l’habitent, à la famille céleste de Dieu, aussi réellement que l’adorateur juif entrait dans les parvis visibles du Temple. Nous ne voyons rien de notre temple spirituel, mais c’est la condition requise pour qu’il soit partout. Il ne serait pas partout si nous le voyions quelque part ; nous ne voyons rien, mais nous jouissons de tout.

Ainsi nous le présentent déjà les prophètes de l’Ancien Testament. Isaïe écrit : « Il arrivera dans l’avenir que la montagne du Temple du Seigneur sera placée sur la tête des montagnes et dominera les collines. Toutes les nations afflueront vers elles » (2,2). Le temple chrétien a été dévoilé à Jacob (…) lorsqu’il a vu en songe « une échelle dressée sur la terre et dont le sommet touchait le ciel ; des anges de Dieu y montaient et descendaient » (Gn 28,12), et aussi au serviteur d’Élisée : « Le Seigneur ouvrit les yeux du serviteur, et voici que la montagne était remplie de chevaux et de chars de feu » (2R 6,17). C’étaient là des anticipations de ce qui allait s’établir lorsque Christ est venu et « a ouvert le Royaume de Dieu à tous les croyants ». Ce qui fait dire à Saint Paul : « Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, de milliers d’anges en fête, de l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux » (He 12,22).

Saint John Henry Newman (1801-1890)