Ils sont complètement dans l’erreur, ceux qui rejettent le projet de Dieu pour sa création, nient le salut de la chair et méprisent l’idée de sa régénération en déclarant qu’elle est incapable de recevoir une nature impérissable. S’il n’y a pas de salut pour la chair, alors le Seigneur ne nous a pas non plus rachetés par son sang, la coupe de l’eucharistie n’est pas une communion à son sang, et le pain que nous rompons n’est pas une communion à son corps (1Co 10,16). Car…c’est parce qu’il est devenu vraiment homme que le Verbe de Dieu nous a rachetés par son sang…
Parce que nous sommes ses membres (1Co 6,15) et que nous sommes nourris par sa création…, il a déclaré que la coupe, tirée de la création, est son propre sang par lequel notre sang est fortifié ; et il a confirmé que le pain, tiré de la création, est son propre corps par lequel nos corps grandissent.
Donc, si la coupe que nous avons préparée, et le pain que nous avons confectionné reçoivent la parole de Dieu et deviennent l’eucharistie, c’est-à-dire le sang et le corps du Christ, qui fortifient et affermissent la substance de notre chair, comment peut-on prétendre que la chair est incapable de recevoir le don de Dieu, la vie éternelle ? Notre chair est vraiment nourrie par le sang et le corps du Christ, et elle est membre du corps du Christ, comme l’écrit saint Paul : « Nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os » (Ep 5,30; Gn 2,23). Il ne dit pas cela de je ne sais quel homme spirituel et invisible… : il nous parle de l’organisme authentiquement humain, composé de chair, de nerfs et d’os. C’est cet organisme-là qui est nourri de la coupe qui est le sang du Christ, et fortifié par le pain qui est son corps… Et nos corps qui sont nourris par cette eucharistie, après avoir été couchés dans la terre…, ressusciteront en leur temps, lorsque le Verbe, la Parole de Dieu, leur fera le don de la résurrection, « pour la gloire de Dieu le Père » (Ph 2,11).
Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)
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