Aujourd’hui est un jour de sabbat, de ce sabbat que les Juifs honorent maintenant par un repos extérieur, une oisiveté molle et luxurieuse, car ils s’adonnent alors à des bagatelles, et ce sabbat qu’a prescrit le Seigneur, ils le passent à des occupations qu’il a défendues. Le sabbat, pour nous, c’est l’abstention de toute œuvre mauvaise, et pour eux, de toutes bonnes œuvres. Car labourer la terre serait mieux que danser. Pour eux, ils s’abstiennent de toute bonne œuvre, mais non de toute œuvre puérile, Dieu nous a donc prescrit un repos : quel repos ?
Voyez d’abord où est ce repos. Pour plusieurs le repos est dans les membres, tandis que la conscience est dans un trouble tumultueux. Quiconque est méchant ne saurait avoir ce sabbat : car sa conscience n’est en repos nulle part, il vit nécessairement dans l’agitation. La bonne conscience, au contraire, est toujours tranquille, et cette paix est le sabbat du cœur. Il se repose dans les promesses du Seigneur, et s’il éprouve quelque fatigue en cette vie, il s’élève jusqu’à l’espérance de l’avenir, et alors se dissipe tout nuage de tristesse, comme le dit l’Apôtre: « Il jouit par l’espérance ». Or, cette joie pacifique dans l’espérance est notre sabbat.
Voilà ce que chante, ce que préconise notre psaume, il apprend au chrétien à demeurer dans le sabbat de son cœur, c’est-à-dire dans le calme et dans la tranquillité, dans la sérénité d’une conscience sans trouble. De là vient qu’il nous parle de ce qui est communément pour les hommes un sujet de trouble, afin de nous apprendre à célébrer le sabbat dans notre cœur.
Saint Augustin (354-430)
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