ACCUEIL

Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

Épiphanie du Seigneur, Solennité

dimanche 7 janvier 2024

Adoration des rois : les puissants de ce monde baissent leur tête devant l’humble berceau d’un enfant. De l’or, de l’encens, de la myrrhe venus d’Orient ; anxiété dans les cœurs, poussière des chemins parcourus la nuit, guidés par une étoile. « Où est-il, celui qui vient de naître ? »… Vingt siècles sont passés : beaucoup d’âmes parcourent les chemins de la terre comme les mages d’Orient et continuent à demander en passant : « Avez-vous vu celui qu’aime mon âme ? » (Ct 3,3) C’est aussi une étoile de lumière qui, illuminant notre chemin, nous conduit à l’humilité d’une crèche, et nous montre ce qui nous a fait sortir « en dehors des murailles de la ville » (He 13,13; cf Lc 16,27). Elle nous montre un Dieu qui, tout en étant Maître de tout, manque de tout. Le Créateur de la lumière et de la chaleur du soleil souffre du froid ; celui qui vient au monde par amour pour les hommes est oublié des hommes.

Maintenant aussi, comme alors, il y a des âmes qui cherchent Dieu… Par malheur, tous n’arrivent pas à le trouver, ils ne regardent pas tous l’étoile qui est la foi ; ils n’osent pas non plus s’aventurer sur ces chemins qui conduisent à lui, qui sont l’humilité, le renoncement, le sacrifice et presque toujours la croix…

Quand cette nuit, dans le chœur, je me souvenais, sans le vouloir, de mes jours d’enfance, de ma maison, des rois, mon habit monastique me disait autre chose : moi aussi, comme les mages, je suis venu à la recherche d’une crèche. Je ne suis plus un enfant auquel il faut donner des jouets : les rêves sont maintenant plus grands et ils ne sont pas de cette vie. Les rêves du monde, comme les jouets des enfants, font le bonheur quand on les attend, mais ensuite tout n’est que du carton. Les rêves de ciel — rêve qui dure toute la vie et ne déçoit pas après. Comme ils ont dû s’en retourner heureux, les mages, après avoir vu Dieu ! Moi aussi je le verrai, il s’agit seulement d’attendre un peu. Le matin arrivera bientôt, et avec lui la lumière. Quel heureux réveil ce sera !

Saint Raphaël Arnáiz Barón (1911-1938)

 

 

 

Fête des saints Innocents, martyrs

jeudi 28 décembre 2023

Le roi traître Hérode, trompé par les mages, envoie ses sbires à Bethléem et dans tous les environs pour tuer les enfants de moins de deux ans… Mais tu n’as donc rien obtenu, barbare cruel et arrogant : tu peux faire des martyrs, tu ne peux pas trouver le Christ. Ce tyran malheureux croyait que l’avènement du Seigneur notre Sauveur le renverserait de son trône royal. Mais il n’en est pas ainsi. Le Christ n’était pas venu pour usurper la gloire d’autrui, mais pour nous faire don de la sienne. Il n’était pas venu pour s’emparer d’un royaume terrestre, mais pour accorder le Royaume des cieux. Il n’était pas venu pour voler des dignités, mais pour souffrir des injures et des sévices. Il n’était pas venu pour préparer sa tête sacrée à un diadème de pierreries, mais à une couronne d’épines. Il n’était pas venu pour siéger glorieusement au-dessus des sceptres, mais pour être bafoué et crucifié.

À la naissance du Seigneur, « Hérode a été troublé et tout Jérusalem avec lui » (Mt 2,3). Quoi d’étonnant, si l’impiété est troublée par la naissance de la bonté ? Voici qu’un homme en armes s’effraie de celui qui est couché dans une mangeoire, un roi orgueilleux tremble devant l’humble, celui qui est revêtu de pourpre redoute le tout-petit enveloppé de langes… Il feignait de vouloir adorer celui qu’il cherchait à faire périr (Mt 2,8). Mais la Vérité ne craint pas les embûches du mensonge… La traîtrise ne peut pas trouver le Christ, car ce n’est pas par la cruauté mais par la foi que l’on doit chercher Dieu, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.

Eusèbe le Gallican (5e siècle)

 

 

 

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste

mercredi 27 décembre 2023

Le Seigneur est venu lui-même, docteur de la charité, rempli de charité. (…) Réfléchissez avec moi, frères, à la nature de ces deux préceptes. Ils doivent vous être très connus, et non seulement vous venir à l’esprit, quand nous les rappelons, mais ne jamais s’effacer de nos cœurs : tel est notre devoir.

Pensez sans cesse qu’il faut aimer Dieu et son prochain. Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même. (…) L’amour de Dieu est le premier dans l’ordre du précepte, mais l’amour du prochain est le premier dans l’ordre de l’exécution. Et en effet, celui qui te commandait cet amour en deux préceptes, ne pouvait te commander d’aimer d’abord ton prochain et Dieu ensuite ; mais Dieu et le prochain.

Seulement, parce que tu ne vois pas encore Dieu, c’est en aimant le prochain que tu mérites de le voir ; en aimant le prochain, tu purifies ton œil pour voir Dieu. C’est pour Jean une évidence : « Si tu n’aimes pas ton frère que tu vois, comment pourra-tu aimer Dieu que tu ne vois pas ? » (1Jn 4,20) On te dit : Aime Dieu. Si tu me dis : Montre-moi celui que je dois aimer ; que répondrai-je, sinon ce que Jean dit lui-même : « Dieu, personne ne l’a jamais vu » (Jn1,18). Et pourtant ne te crois pas tout à fait étranger à la vision de Dieu : « Dieu, dit Jean, est Amour » ; et « quiconque demeure dans l’amour demeure en Dieu » (1Jn 4,16).

Aime donc le prochain ; et considère en toi la source de cet amour du prochain ; là, autant, qu’il est possible, tu verras Dieu. (…) « Alors ta lumière poindra, comme la lumière du matin » (Is 58,8). Ta lumière, c’est ton Dieu, pour toi, lumière du matin, car elle succédera à la nuit de ce siècle : lui, en effet, il ne se lève ni ne se couche, car il demeure éternellement.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Fête de saint Étienne, premier martyr

mardi 26 décembre 2023

Hier nous fêtions la naissance dans le temps de notre roi éternel ; aujourd’hui nous fêtons le combat victorieux de son soldat… Notre roi, lui qui est le Très-Haut, est venu à nous dans l’humilité, mais il ne pouvait pas venir les mains vides : il a apporté à ses soldats la plus grande des grâces. Il ne s’est pas contenté de les couvrir de richesses, il leur a aussi donné une force invincible au combat : il leur a fait le don de la charité, qui conduit les hommes à partager la vie de Dieu…

La charité, cet amour qui a fait descendre le Christ sur la terre, a élevé Étienne de la terre au ciel… Pour obtenir la couronne signifiée par son nom, Étienne avait donc pour armes la charité. Grâce à elle, il était entièrement vainqueur. C’est par amour de Dieu qu’il n’a pas reculé devant ses ennemis et par amour du prochain qu’il a intercédé pour ses bourreaux. Par cette charité, il incitait les égarés à se corriger ; par elle, il priait pour éviter le châtiment à ses meurtriers. Soutenu par cet amour, il a vaincu Saul, qui était rempli de fureur, et celui qu’il avait eu pour persécuteur sur la terre, il a obtenu de l’avoir comme compagnon dans le ciel. Son amour saint et indéfectible désirait gagner à lui par sa prière ceux qu’il n’avait pas pu convertir par ses avertissements… Et c’est pourquoi maintenant Paul partage le bonheur d’Étienne. Avec Étienne il jouit de la gloire du Christ, avec Étienne il exulte, avec Étienne il règne. Là où Étienne est monté le premier, lapidé sous les yeux de Paul, là aussi Paul est monté avec l’aide des prières d’Étienne.

Saint Fulgence de Ruspe (467-532)

 

 

 

Solennité de la Nativité du Seigneur (messe du jour)

lundi 25 décembre 2023

Il faut que je sois enseveli avec le Christ, que je ressuscite avec lui, que j’hérite avec lui du ciel, que je devienne fils de Dieu. Voilà ce qu’est pour nous le grand mystère, voilà ce qu’est pour nous le Dieu incarné, devenu pauvre pour nous.

Il est venu relever la chair, sauver son image, réparer l’homme. Il est venu nous faire parfaitement un dans le Christ, dans le Christ qui est venu parfaitement et complètement en nous, pour mettre en nous tout ce qu’il est. Il n’y a plus ni juif ni païen, il n’y a plus ni esclave n homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, caractéristiques de la chair : il n’y a plus que la divine image que nous portons tous en nous, selon laquelle nous avons été créés, qu’il faut former et imprimer en nous, si fort qu’elle suffise à nous faire connaître.

Que de fêtes pour moi, en chacun des mystères du Christ ! Leur résumé à tous, c’est ma perfection, ma restauration, mon retour à l’innocence du premier Adam. Célèbre donc la nativité, qui a délié les liens de ta nativité ; honore la petite Bethléem, qui t’a conduit au ciel ; adore la crèche, par laquelle, privé de raison que tu étais, tu as été nourri par le Verbe. Cours avec l’étoile ; avec les mages, offre tes présents : l’or, l’encens, la myrrhe, au roi, au Dieu et à l’homme qui est mort pour toi. Glorifie Dieu avec les pasteurs ; avec les anges, chante des hymnes, et mêle-toi au chœur des archanges.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

 

Marie, femme de foi, d’espérance et d’amour

dimanche 24 décembre 2023

Les saints sont les vrais porteurs de lumière dans l’histoire, parce qu’ils sont des hommes et des femmes de foi, d’espérance et d’amour. Parmi les saints, il y a par excellence Marie, Mère du Seigneur et miroir de toute sainteté. Dans l’évangile de Luc, nous la trouvons engagée dans un service de charité envers sa cousine Élisabeth, auprès de laquelle elle demeure « environ trois mois » (1,56), pour l’assister dans la phase finale de sa grossesse. « Magnificat anima mea Dominum », dit-elle à l’occasion de cette visite : « Mon âme exalte le Seigneur » (1,46).

Elle exprime ainsi tout le programme de sa vie : ne pas se mettre elle-même au centre, mais faire place à Dieu, rencontré tant dans la prière que dans le service du prochain –- alors seulement le monde devient bon. Marie est grande précisément parce qu’elle ne veut pas se rendre elle-même grande, mais elle veut rendre Dieu grand. Elle est humble : elle ne veut être rien d’autre que la servante du Seigneur (Lc 1,38.48). Elle sait qu’elle contribue au salut du monde, non pas en accomplissant son œuvre, mais seulement en se mettant pleinement à la disposition des initiatives de Dieu. Elle est une femme d’espérance : uniquement parce qu’elle croit aux promesses de Dieu et qu’elle attend le salut d’Israël ; l’ange peut venir chez elle et l’appeler au service décisif de ces promesses. C’est une femme de foi : « Heureuse celle qui a cru », lui dit Élisabeth.

Benoît XVI

 

 

 

Dieu, dans Sa miséricorde, s’est préparé un sanctuaire, la Sainte Vierge !

mercredi 20 décembre 2023

Dieu, Tu n’as pas détruit l’homme après sa chute, mais dans Ta miséricorde, Tu lui as pardonné à ta manière divine, c’est-à-dire non seulement Tu lui as remis sa faute, mais encore Tu l’as comblé de toutes les grâces. La miséricorde T’as poussé à daigner descendre jusqu’à nous et à nous tirer de notre misère.

Dieu, le Seigneur au-dessus des Seigneurs, descendra sur la terre, il s’abaissera, lui, l’Immortel. Mais où descendra-Tu Seigneur ; est-ce dans le temple de Salomon ? Ou bien feras-Tu bâtir un nouveau temple où Tu envisages de descendre ? Ô Seigneur, quel sanctuaire Te préparerons-nous, car toute la terre est Ton marchepied ?

Tu T’es préparé, seul, un sanctuaire – la Sainte Vierge. Ses entrailles immaculées te sont une demeure, et l’inconcevable miracle de Ta miséricorde a lieu, ô Seigneur. Le Verbe se fait chair, Dieu a habité parmi nous, le Verbe Divin, la Miséricorde Incarnée. Tu nous as élevés vers Ta Divinité par Ton abaissement ; c’est là l’excès de Ton amour, plus personne maintenant n’a peur de s’approcher de Toi.

Tu es le Dieu de miséricorde, Tu as pitié de la misère, Tu es notre Dieu et nous, Ton peuple. Tu es notre Père et nous, Tes enfants par la grâce. Que Ta miséricorde soit louée parce que Tu as daigné descendre chez nous !

Sainte Faustine Kowalska (1905-1938)

 

 

 

Troisième Dimanche de l’Avent

dimanche 17 décembre 2023

Ô Sagesse, sortie de la bouche du Très-Haut, toi qui embrasses l’univers et qui disposes toutes choses dans la force et la tendresse, viens, Seigneur, nous enseigner les chemins du salut.

Ô Adonaï, guide et Seigneur de la maison d’Israël, toi qui as manifesté ton nom dans la flamme du buisson et qui as donné la loi sur la montagne, viens, Seigneur, nous racheter par la puissance de ton bras.

Ô Rameau de la tige de Jessé, signe dressé pour tous les peuples, devant toi les rois se tiennent en silence et les peuples se prosternent, viens, Seigneur, libère nous, ne tarde plus.

Ô Clef de David et sceptre de la maison d’Israël, toi qui ouvres et nul ne ferme, tu fermes et personne n’ouvrira ; viens, Seigneur, pour délivrer ceux qui habitent les ténèbres.

Ô Soleil levant, splendeur de la lumière éternelle et soleil de justice, viens illuminer les ténèbres de ceux qui sont assis à l’ombre de la mort.

Ô Roi des nations, désiré des peuples et des rois, pierre angulaire, qui des païens et d’Israël fait un seul peuple, viens sauver celui que tu as formé du limon de la terre.

Ô Emmanuel, roi qui portes la loi nouvelle, espérance des nations et Sauveur de tous les peuples, toi notre Dieu, viens, ne tarde plus.

Liturgie latine

 

 

 

Ô Jean Baptiste, toi qui as tracé dans notre existence une voie nouvelle !

dimanche 10 décembre 2023

Avant l’aube je viens vers toi, toi qui dans ta compassion t’es anéanti sans changement en faveur de l’homme déchu et qui, demeurant impassible, t’es incliné jusqu’à la Passion, ô Verbe de Dieu : accorde-moi la paix, Ami de l’homme.

Tu es devenu, ô Bienheureux, temple de la Trinité, et voici que réunis dans ton saint temple avec une foi fervente nous te supplions, Précurseur : « Délivre-nous des tentations et afflictions, toi digne de toute louange. »

Moi qui ai rendu mon esprit étranger à toute vertu, je te supplie maintenant, Bienheureux, qui as tracé dans notre existence une voie toute nouvelle : « Procure-moi la familiarité avec le Dieu de l’univers et fais-moi par d’admirables progrès grandir en vertu. »

Toi qui as plongé dans les courants du Jourdain l’Abîme de la miséricorde, Prophète, taris maintenant, par ton intercession, les sources multiples de mes vices, en m’accordant des ruisseaux de larmes.

Vierge resplendissante dans tes parures divines, tu as enfanté l’Homme de toute beauté : qu’il se laisse donc toujours fléchir par tes prières et nous sauve de la corruption, nous qui te glorifions avec foi et amour.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

 

Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie

vendredi 8 décembre 2023

Le jour de la conception Immaculée de la Sainte Vierge, j’ai résolu de m’abandonner tellement à Dieu, qui est toujours en moi et en qui je suis et je vis, que je ne me mette nullement en peine de ma conduite, non seulement extérieure, mais même intérieure, reposant doucement entre ses bras sans craindre ni tentation, ni illusion, ni prospérité, ni adversité, ni mes mauvaises inclinations, ni mes fautes mêmes, espérant qu’il conduira tout par sa bonté et sa sagesse infinie, de telle sorte que tout réussira à sa gloire ; de ne vouloir ni être aimé, ni être soutenue de personne ; voulant avoir en lui et mon père, et ma mère, et mes frères, et mes amis, et tout ce qui pourrait avoir pour moi quelque sentiment de tendresse.

Il me semble qu’on est bien à son aise en un asile si sûr et si doux, et que je n’y dois craindre ni les hommes, ni les démons, ni moi-même, ni la vie, ni la mort. Pourvu que Dieu m’y souffre, je suis trop heureux. Il me semble qu’en cela j’ai trouvé le secret de vivre content, et que désormais tout ce que je craignais dans la vie spirituelle ne me doit plus faire de peur.

Saint Claude la Colombière (1641-1682)