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Archive pour le mot-clef ‘Ste Catherine de Sienne’

Cent pour un !

mardi 25 mai 2021

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] À Pierre qui lui demandait : « Maître, nous avons tout quitté pour l’amour de vous, et nous vous avons suivi ! Que nous donnerez-vous en retour ? », ma Vérité fit cette réponse : « Je vous donnerai cent pour un et vous posséderez la vie éternelle » (cf. Mc 10, 28-30). – Comme s’il eût dit : Pierre, tu as bien fait de tout quitter ; c’était l’unique moyen de me suivre. En retour, moi, je te donnerai, en cette vie, cent pour un !

Quel est donc, très chère fille, ce centuple, que doit suivre encore la vie éternelle ? Qu’entendait et que voulait dire ma Vérité ? Parlait-elle des biens temporels ? Pas spécialement, bien que je les multiplie parfois au bénéfice de ceux qui se montrent généreux dans leurs aumônes. Et qu’est-ce donc ? ‒ Entends-le bien, celui qui donne sa volonté, me donne « une » chose : sa volonté. Et moi, pour cette unique chose, je lui donne « cent ».

Pourquoi ce nombre de « cent » ? Parce que cent est le nombre parfait, auquel on ne peut rien ajouter, à moins de recommencer à compter par un premier. La charité, elle aussi, est la plus parfaite de toutes les vertus ; l’on ne saurait s’élever à une vertu plus parfaite, et l’on ne peut ajouter à sa perfection qu’en revenant à la connaissance de soi-même pour recommencer une nouvelle centaine de mérites, mais c’est toujours au nombre « cent » que l’on arrive et que l’on s’arrête. Voilà le centuple que j’ai donné à ceux qui m’ont apporté l’un de leur volonté propre, soit par l’obéissance commune soit par l’obéissance particulière.

C’est avec ce centuple, que vous obtenez la vie éternelle (…). Ce centuple c’est le feu de la divine charité. Et parce qu’ils ont reçu de moi ce centuple, ils sont dans une merveilleuse allégresse qui prend tout leur cœur.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« Nous croyons que tu es sorti de Dieu. »

lundi 17 mai 2021

Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance uniquement pour qu’il jouisse de lui dans la vie éternelle. Par la rébellion de l’homme contre Dieu, la voie avait été rompue, et la douce volonté de Dieu qui lui avait fait créer l’homme ne s’accomplissait pas, car il n’a été créé que pour avoir la vie éternelle.

Dieu, pressé par cette charité pure et sans borne qui nous avait fait créer, nous donna, pour accomplir sa volonté en nous, le Verbe son Fils unique ; et le Fils de Dieu, s’oubliant lui-même pour satisfaire cette douce volonté, se fit médiateur entre Dieu et l’homme, et termina cette grande guerre par la paix, parce que l’humilité a triomphé de l’orgueil du monde ; ce qui lui a fait dire : Réjouissez-vous, j’ai vaincu le monde, c’est-à-dire l’orgueil de l’homme. Il n’y a personne de si orgueilleux et de si impatient, qui ne devienne humble et doux en considérant un si grand abaissement, un si grand amour, en voyant Dieu humilié jusqu’à nous.

Aussi les saints et les vrais serviteurs de Dieu, pour s’acquitter envers lui, se sont toujours humiliés. Ils rapportent toute louange et toute gloire à Dieu, et ils reconnaissent que tout ce qu’ils ont vient uniquement de sa bonté ; ils voient leur néant, et ce qu’ils aiment, ils l’aiment en Dieu. Ils sont dans les honneurs quand Dieu le veut ; mais plus ils sont grands, plus ils s’humilient et connaissent leur néant. Celui qui se connaît s’humilie, ne lève pas la tête et ne s’enfle pas d’orgueil ; mais il s’abaisse et reconnaît la bonté de Dieu qui agit en lui.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

Ascension du Seigneur, solennité

jeudi 13 mai 2021

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Lorsque mon Fils unique retourna vers moi, quarante jours après la résurrection, ce pont s’éleva de terre, c’est-à-dire de la société des hommes, et monta au ciel par la vertu de ma nature divine pour s’asseoir à ma droite, à moi, son Père éternel. C’est ce que l’ange, le jour de l’Ascension, dit aux disciples, qui étaient comme morts parce que leurs cœurs avaient quitté la terre pour suivre au ciel la Sagesse de mon Fils : « Ne demeurez plus là, leur dit-il, puisqu’il est assis désormais à la droite du Père » (Ac 1,11). (…)

Tout d’abord, je vous ai fait un pont visible qui est mon Fils, quand je l’envoyai vivre parmi les hommes. Puis, quand ce pont visible s’est levé vers le ciel, il est resté parmi vous le pont et le chemin de la doctrine unie pour toujours, (…) avec ma Puissance, avec la Sagesse de mon Fils et avec la Clémence de l’Esprit Saint. Cette Puissance communique la vertu d’agir à qui suit cette voie, la Sagesse lui donne la lumière pour lui faire connaître la vérité, et l’Esprit Saint lui octroie l’amour qui consume et détruit tout amour sensuel, pour ne laisser dans l’âme que l’amour des vertus.

Ainsi, de toute manière, par sa présence visible ou par sa doctrine, il est la Voie, la Vérité et la Vie, et cette voie est le pont qui conduit dans les hauteurs du ciel. C’est ce qu’il a voulu faire entendre quand il a dit : « Je suis venu de mon Père et je retourne à mon Père et je reviendrai vers vous » (cf. Jn 16,28 ; Jn 14,28), c’est-à-dire mon Père m’a envoyé vers vous et m’a fait votre pont pour que vous puissiez franchir le fleuve et atteindre la vie.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

Fête de sainte Catherine de Sienne, vierge, docteur de l’Eglise, copatronne de l’Europe

jeudi 29 avril 2021

Toi, éternelle Trinité, tu es comme un océan profond : plus j’y cherche et plus je te trouve ; plus je trouve et plus je te cherche. Tu rassasies insatiablement notre âme car, dans ton abîme, tu rassasies l’âme de telle sorte qu’elle demeure indigente et affamée, parce qu’elle continue à souhaiter et à désirer te voir dans ta lumière (Ps 35,10), ô lumière, éternelle Trinité. (…)

J’ai goûté et j’ai vu avec la lumière de mon intelligence et dans ta lumière, éternelle Trinité, à la fois l’immensité de ton abîme et la beauté de ta créature. Alors, j’ai vu qu’en me revêtant de toi, je deviendrais ton image (Gn 1,27), parce que tu me donnes, Père éternel, quelque chose de ta puissance et de ta sagesse. Cette sagesse est l’attribut de ton Fils unique. Quant au Saint-Esprit, qui procède de toi, Père, et de ton Fils, il m’a donné la volonté qui me rend capable d’aimer. Car toi, éternelle Trinité, tu es le Créateur, et moi la créature ; aussi ai-je connu, éclairée par toi, dans la nouvelle création que tu as faite de moi par le sang de ton Fils unique, que tu as été saisie d’amour pour la beauté de ta créature.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

Le jeudi saint

jeudi 1 avril 2021

Soyez obéissants jusqu’à la mort, à l’exemple de l’Agneau sans tache qui a obéi à son Père jusqu’à la mort honteuse sur la croix. Songez qu’il est le chemin et la règle que vous devez suivre. Tenez-le toujours présent devant les yeux de votre esprit. Voyez combien il est obéissant, ce Verbe, la Parole de Dieu ! Il ne refuse pas de porter le fardeau des peines dont son Père l’a chargé ; au contraire, il s’élance, animé d’un grand désir. N’est-ce pas ce qu’il manifeste lors de la Cène du Jeudi saint quand il dit : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette pâque avec vous avant de mourir » (Lc 22,15) ? Par « manger la pâque », il entend l’accomplissement de la volonté du Père et de son désir. Ne voyant presque plus de temps devant lui (il se voyait déjà à la fin, quand il devait sacrifier son corps pour nous), il exulte, se réjouit et dit avec joie : « J’ai désiré d’un grand désir ». Voilà la pâque dont il parlait, celle qui consistait à se donner lui-même en nourriture, à immoler son propre corps pour obéir au Père.

Jésus avait célébré bien d’autres pâques avec ses disciples, mais jamais celle-ci, ô indicible, douce et brûlante charité ! Tu ne penses ni à tes peines ni à ta mort ignominieuse ; si tu y avais pensé, tu n’aurais pas été si joyeux, tu ne l’aurais pas appelé une pâque. Le Verbe voit que c’est lui-même qui a été choisi, lui-même qui a reçu pour épouse toute notre humanité. On lui a demandé de nous donner son propre sang afin que la volonté de Dieu s’accomplisse en nous, afin que ce soit son sang qui nous sanctifie. Voilà bien la douce pâque qu’accepte cet agneau sans tache (cf Ex 12,5), et c’est avec un grand amour et un grand désir qu’il accomplit la volonté du Père et qu’il observe entièrement son dessein. Quel doux amour indicible ! (…)

C’est pourquoi, mes bien-aimés, je vous prie de ne jamais redouter quoi que ce soit et de mettre toute votre confiance dans le sang du Christ crucifié. (…) Que toute crainte servile soit bannie de votre esprit. Vous direz avec saint Paul : « Par le Christ crucifié, je peux tout, puisqu’il est en moi par désir et par amour, et il me fortifie. » (cf Ph 4,13 ;Ga 2,20). Aimez, aimez, aimez ! Par son sang, le doux agneau a fait de votre âme un rocher inébranlable.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

Vivre l’obéissance du Fils

mercredi 17 mars 2021

Ô obéissance, qui accomplis la traversée sans peine, et arrive sans péril au port du salut ! Tu te conformes au Verbe, mon Fils unique ; tu prends passage sur la barque de la très sainte Croix, prête à tout souffrir plutôt que de t’écarter de l’obéissance du Verbe et d’enfreindre sa doctrine. De la très sainte Croix, tu as fait une table, où tu te nourris des âmes, inébranlable dans l’amour du prochain.

Toute pénétrée d’humilité, tu n’as point de convoitise du bien d’autrui, en dehors de ma volonté. Tu es toute droite, sans aucun détour ; tu fais le cœur loyal, sans feinte aucune, à l’amour généreux, exempt de tout calcul. Tu es une aurore qui annonce la lumière du divin amour ! Tu es un soleil qui échauffe, parce que sans cesse tu es embrasée de la charité ! C’est toi qui fais germer la terre, car par toi tous les organes du corps, toutes les facultés de l’âme produisent des fruits de vie, pour elle-même et pour le prochain. Tu es toute charmante, parce que jamais la colère ne trouble ton visage ; il conserve inaltérable la sérénité de la force, et la grâce que répand l’aimable patience.

Comme ta longue persévérance te fais grande ! Si grande, que tu vas de la terre au ciel, puisque c’est par toi et par toi seule qu’on le peut ouvrir. Tu es une perle cachée, méconnue, piétinée par le monde, et tu es la première à te mépriser toi-même et à te mettre sous les pieds de tous. Si haute pourtant est ta puissance que nul ne te peut commander : tu es affranchie de la mortelle servitude de la sensualité, qui ravalait ta dignité. En tuant cet ennemi par la haine et le mépris de la volonté propre, tu as reconquis ta liberté.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

La loi de crainte et la loi d’amour

mercredi 10 mars 2021

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Vois-tu ceux qui par crainte servile cherchent à se retirer de la fange du péché mortel ! Si leur effort ne s’inspire pas enfin de l’amour de la vertu, la crainte servile ne suffira pas à leur procurer la vie éternelle. Il y faut l’amour uni à la crainte : car la loi est fondée sur l’amour et sur une crainte sainte.

La loi de crainte, c’est la loi ancienne que je donnai à Moïse, et qui n’était établie que sur la crainte. Dans cette loi, toute faute commise était suivie de son châtiment. Mais la loi d’amour est la Loi nouvelle, donnée par le Verbe mon Fils unique, et qui est établie sur l’amour. La loi nouvelle cependant ne détruit pas l’ancienne, elle l’achève au contraire. C’est ce que vous a dit ma Vérité : « Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l’accomplir » (Mt 5,17).

Il a uni la loi de crainte à la loi d’amour, et l’amour a purifié la crainte de son imperfection, qui est la peur du châtiment ; il n’est plus demeuré que la crainte parfaite, la crainte sainte, qui est la seule peur, non de nuire à son propre intérêt, mais de m’offenser moi-même qui suis la souveraine Bonté. Ainsi la loi imparfaite a été amenée à sa perfection par la loi d’amour.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

La vigne de notre âme

vendredi 5 mars 2021

Mon très cher Père et Frère dans le Christ le doux Jésus, moi, Catherine, l’esclave des serviteurs de Dieu, je vous écris dans son précieux Sang, avec le désir de vous voir un bon ouvrier dans la vigne de votre âme, afin que vous rapportiez beaucoup de fruit au temps de la récolte, c’est-à-dire au moment de la mort, où toute faute est punie et toute vertu récompensée.

Vous savez que la vérité éternelle nous a créés à son image et ressemblance ; Dieu a fait de nous son temple, où il veut habiter par sa grâce, pourvu que l’ouvrier de cette vigne veuille bien la cultiver car si elle n’est pas cultivée, si elle est couverte de ronces et d’épines, il ne pourra pas y habiter. Voyons, très cher Père, quel ouvrier y a placé le Maître. Il y a mis le libre arbitre, auquel est confié tout pouvoir. Personne ne peut ouvrir ou fermer la porte de la volonté, si le libre arbitre ne le veut pas. La lumière de l’intelligence lui est donnée pour connaître les amis et les ennemis qui veulent entrer et passer par la porte ; et à cette porte est placé le chien de la conscience, qui aboie quand il entend venir, s’il est levé et ne dort pas. Cette lumière fait voir et discerner le fruit à l’ouvrier ; il ôte la terre, pour que le fruit soit pur, et il le met dans sa mémoire comme dans un grenier, où s’entasse le souvenir des bienfaits de Dieu. Au milieu de la vigne est placé le vase de son cœur plein du précieux Sang, pour arroser les plantes afin qu’elles ne se dessèchent pas.

C’est ainsi qu’est créée et disposée cette vigne, qui est aussi, nous l’avons dit, le temple où Dieu doit habiter par sa grâce.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

Frappe à la porte de mon Fils par un saint désir !

jeudi 25 février 2021

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Crois-le bien, je ne méprise pas le désir de mes serviteurs. Je donne à quiconque me demande, et je vous invite tous à demander. C’est me déplaire vivement que de ne pas frapper, en vérité, à la porte de la Sagesse de mon Fils unique, en suivant sa doctrine.

Car suivre sa doctrine c’est comme frapper à la porte, en criant vers moi le Père éternel par la voix du saint désir, par d’humbles et continuelles prières. Et c’est moi le Père, qui vous donne le pain de la grâce par la porte de la douce Vérité. Parfois, pour éprouver vos désirs et votre persévérance, je fais semblant de ne pas vous entendre, mais je vous entends bien, et j’accorde à votre esprit ce dont il a besoin. C’est moi qui vous donne la faim et la soif avec laquelle vous criez vers moi, et je ne veux qu’éprouver votre constance, pour combler vos désirs, lorsqu’ils sont bien ordonnés et dirigés vers Moi. C’est à crier de la sorte que vous invite ma Vérité, quand elle dit : « Appelez et l’on vous répondra, frappez et il vous sera ouvert, demandez et l’on vous donnera » (cf. Mt 7,7 ; Lc 11,9).

Et Moi aussi je te dis : Je ne veux pas que tu laisses faiblir ton désir ni que tu cesses d’implorer mon secours ! N’abaisse pas ta voix ! Crie, crie vers moi pour que je fasse miséricorde au monde ! Frappe sans interruption à la porte de ma Vérité, mon Fils, en suivant ses traces.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

Fête de la conversion de saint Paul, apôtre

lundi 25 janvier 2021

Ô Trinité éternelle et unique Déité ! Déité, essence unique en trois personnes ! Pourrai-je te comparer à une vigne à trois rameaux ? Tu fis l’homme à ton image et ressemblance pour qu’il fût marqué à l’empreinte de ta Trinité et de la Déité, par les trois facultés qu’il possède dans l’âme unique. Et par là non seulement il te ressemble, mais encore il s’unit à Toi. (…)

Ô grand saint Paul, tu avais pénétré cette vérité toi qui savais si bien d’où tu venais, où tu allais et par quel chemin. C’est que tu avais connu ton principe et ta fin, comme aussi l’itinéraire à suivre. Par cette considération, les trois facultés de ton âme se sont unies aux trois personnes divines. Ta mémoire adhérait au Père par le souvenir très net qu’il est le principe d’où procèdent toutes choses : non seulement ce qui est mais aussi les divines personnes. Dès lors, tu ne pouvais pas ne pas voir qu’il est ton propre principe. Ton intelligence, unie au Fils, au Verbe, scrutait à fond l’ordre disposé par la sagesse du Verbe, selon lequel les créatures font retour à leur fin, qui s’identifie à leur principe. Ta volonté, tu l’avais unie au Saint Esprit en aimant à plein cœur cet amour, cette clémence, qui, tu le savais, est la cause de toute la création, de toutes les grâces qui furent ton lot, sans aucun mérite préalable de ta part. Tu savais qu’en toutes ses œuvres, la divine clémence n’avait qu’un but : ta béatification.

C’est pourquoi à pareil jour, ramené que tu fus par le Verbe, de l’erreur à la vérité, après avoir reçu la faveur d’un ravissement où tu as contemplé la divine essence en trois personnes, revenu à ton corps, ou mieux, à tes sens, tu ne retins que la vision du Verbe incarné : mais tu en étais tout imprégné.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)