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Archive pour le mot-clef ‘Benoît 16’

« Il faut que le Fils de l’homme souffre…, soit rejeté…et tué, et qu’il ressuscite. »

vendredi 25 septembre 2015

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Etre homme signifie : être pour la mort ; être homme signifie : devoir mourir… Vivre, en ce monde, veut dire mourir. « Il s’est fait homme » (Credo) ; cela signifie donc que le Christ aussi est allé vers la mort. La contradiction qui est propre à la mort de l’homme atteint en Jésus son acuité extrême, car en lui, qui est dans une communion d’échange totale avec le Père, l’isolement absolu de la mort est une pure absurdité. D’autre part, en lui la mort a aussi sa nécessité ; en effet, le fait d’être avec le Père est à la source de l’incompréhension que les hommes lui témoignent, à la source de sa solitude au milieu des foules. Sa condamnation est l’acte ultime de la non-compréhension, du rejet de cet Incompris dans une zone de silence.

Du même coup, on peut entrevoir quelque chose de la dimension intérieure de sa mort. Chez l’homme, mourir est toujours à la fois un événement biologique et spirituel. En Jésus la destruction des supports corporels de la communication brise son dialogue avec le Père. Donc ce qui se rompt dans la mort de Jésus Christ est plus important que dans n’importe quelle mort humaine ; ce qui est arraché là, c’est le dialogue qui est l’axe véritable du monde entier.

Mais de même que ce dialogue l’avait rendu solitaire et qu’il était à la base de la monstruosité de cette mort, de même en Christ la Résurrection est déjà fondamentalement présente. Par elle, notre condition d’homme s’insère dans l’échange trinitaire de l’amour éternel. Elle ne peut plus jamais disparaître ; au-delà du seuil de la mort, elle se lève à nouveau et recrée sa plénitude. Seule donc la Résurrection dévoile le caractère ultime, décisif de cet article de notre foi : « Il s’est fait homme »… Le Christ est pleinement homme ; il le reste pour toujours. La condition humaine est entrée par lui dans le propre être de Dieu ; c’est le fruit de sa mort.

Cardinal Joseph Ratzinger [Benoît XVI, pape de 2005 à 2013]
Der Gott Jesu Christi (trad. Fayard 1977, p. 85s)

 

 

Rendre le Christ maître de notre sabbat

dimanche 6 septembre 2015

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L’Eucharistie fait partie du dimanche. Au matin de Pâques, les femmes en premier, puis les disciples, ont eu la grâce de voir le Seigneur. Depuis lors, ils ont su que désormais le premier jour de la semaine, le dimanche, serait son jour à lui, le jour du Christ. Le jour du commencement de la création devenait le jour du renouvellement de la création. Création et rédemption vont ensemble.

C’est pour cela que le dimanche est tellement important. Il est beau qu’aujourd’hui, dans de nombreuses cultures, le dimanche soit un jour libre ou, qu’avec le samedi, il constitue même ce qu’on appelle le « week-end » libre. Ce temps libre, toutefois, demeure vide si Dieu n’y est pas présent.

Chers amis ! Quelquefois, dans un premier temps, il peut s’avérer plutôt mal commode de devoir prévoir aussi la Messe dans le programme du dimanche. Mais si vous en prenez l’engagement, vous constaterez aussi que c’est précisément ce qui donne le juste centre au temps libre. Ne vous laissez pas dissuader de participer à l’Eucharistie du dimanche et aidez aussi les autres à la découvrir. Parce que la joie dont nous avons besoin se dégage d’elle, nous devons assurément apprendre à en comprendre toujours plus la profondeur, nous devons apprendre à l’aimer. Engageons-nous en ce sens, cela en vaut la peine ! Découvrons la profonde richesse de la liturgie de l’Église et sa vraie grandeur : nous ne faisons pas la fête pour nous, mais c’est au contraire le Dieu vivant lui-même qui prépare une fête pour nous.

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Homélie, Célébration eucharistique, 20ème Journée Mondiale de la Jeunesse, 21/08/05 (trad. DC 2343, p. 909)

 

 

 

 

Fête de saint Barthélémy, apôtre

lundi 24 août 2015

barthelemyL’évangéliste Jean nous rapporte que, lorsque Jésus voit Nathanaël s’approcher, il s’exclame : « Voici un véritable fils d’Israël, un homme qui ne sait pas mentir ». Il s’agit d’un éloge qui rappelle le texte d’un psaume : « Heureux l’homme…dont l’esprit est sans fraude » (Ps 31,2), mais qui suscite la curiosité de Nathanaël ; il réplique avec étonnement : « Comment me connais-tu ? » La réponse de Jésus n’est pas rapidement compréhensible.

Il dit : « Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu ». Nous ne savons pas ce qui s’est passé sous ce figuier. Il est évident qu’il s’agit d’un moment décisif dans la vie de Nathanaël. Il se sent touché au plus profond du cœur par ces paroles de Jésus, il se sent compris et il comprend : cet homme sait tout sur moi, il sait et connaît le chemin de la vie, je peux réellement faire confiance à cet homme. Et ainsi, il répond par une profession de foi limpide et belle en disant : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël ! »

Dans cette confession apparaît un premier pas important dans l’itinéraire d’adhésion à Jésus. Les paroles de Nathanaël mettent en lumière un double aspect complémentaire de l’identité de Jésus : il est reconnu aussi bien dans sa relation spéciale avec Dieu le Père, dont il est le Fils unique, que dans son rapport au peuple d’Israël, dont il est déclaré le roi, un qualificatif propre au Messie attendu. Nous ne devons jamais perdre de vue ni l’une ni l’autre de ces deux composantes, car si nous proclamons seulement la dimension céleste de Jésus, nous risquons d’en faire un être éthéré et évanescent, et si au contraire nous ne reconnaissons que sa situation concrète dans l’histoire, nous finissons par négliger la dimension divine qui précisément le qualifie.

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Audience générale du 04/10/06 (© Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

St Jean-Marie Vianney, curé d’Ars (1786-1859)

mardi 4 août 2015

Cure d'ArsChers frères et sœurs, […]
Jean-Marie Vianney naît dans le petit village de Dardilly le 8 mai 1786, dans une famille de paysans, pauvre en biens matériels, mais riche d’humanité et de foi. Baptisé, comme le voulait le bon usage à l’époque, le jour même de sa naissance, il consacra les années de l’enfance et de l’adolescence aux travaux dans les champs et à paître les animaux, si bien qu’à l’âge de dix-sept ans, il était encore analphabète. Mais il connaissait par cœur les prières que lui avait enseignées sa pieuse mère et il se nourrissait du sentiment religieux que l’on respirait chez lui. Les biographes racontent que, dès sa prime jeunesse, il essaya de se conformer à la divine volonté même dans les tâches les plus humbles.

Il nourrissait dans son âme le désir de devenir prêtre, mais il ne lui fut pas facile de le satisfaire. Il parvint en effet à l’ordination sacerdotale après de nombreuses adversités et incompréhensions, grâce à l’aide de sages prêtres, qui ne s’arrêtèrent pas à considérer ses limites humaines, mais surent regarder au-delà, devinant l’horizon de sainteté qui se profilait chez ce jeune homme véritablement singulier.

Ainsi, le 23 juin 1815, il fut ordonné diacre et le 13 août suivant, prêtre. Enfin, à l’âge de 29 ans, après de nombreuses incertitudes, un certain nombre d’échecs et beaucoup de larmes, il put monter sur l’autel du Seigneur et réaliser le rêve de sa vie.

Le saint curé d’Ars manifesta toujours une très haute considération du don reçu. Il affirmait: « Oh! Quelle grande chose que le sacerdoce! On ne le comprendra bien qu’une fois au Ciel… si on le comprenait sur la terre, on mourrait, non d’effroi mais d’amour! » (Abbé Monnin, Esprit du Curé d’Ars, p. 113). En outre, dans son enfance, il avait confié à sa mère: « Si j’étais prêtre, je voudrais conquérir beaucoup d’âmes » (Abbé Monnin, Procès de l’ordinaire, p. 1064). Et il en fut ainsi. Dans le service pastoral, aussi simple qu’extraordinairement fécond, ce curé anonyme d’un village isolé du sud de la France parvint si bien à s’identifier à son ministère, qu’il devint, également de manière visible et universellement reconnaissable, alter Christus, image du Bon Pasteur, qui à la différence du mercenaire, donne la vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 11).

A l’exemple du Bon Pasteur, il a donné la vie au cours des décennies de son service sacerdotal. Son existence fut une catéchèse vivante, qui trouvait une efficacité toute particulière lorsque les personnes le voyaient célébrer la Messe, s’arrêter en adoration devant le tabernacle ou passer de longues heures dans le confessionnal.

Au centre de toute sa vie, il y avait donc l’Eucharistie, qu’il célébrait et adorait avec dévotion et respect. Une autre caractéristique fondamentale de cette extraordinaire figure sacerdotale, était le ministère assidu des confessions. Il reconnaissait dans la pratique du sacrement de la pénitence l’accomplissement logique et naturel de l’apostolat sacerdotal, en obéissance au mandat du Christ : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (cf. Jn 20, 23).

Saint Jean-Marie Vianney se distingua donc comme un confesseur et maître spirituel excellent et inlassable. En passant « d’un même mouvement intérieur, de l’autel au confessionnal », où il passait une grande partie de la journée, il cherchait par tous les moyens, par la prédication et par le conseil persuasif, à faire redécouvrir aux paroissiens la signification et la beauté de la pénitence sacramentelle, en la montrant comme une exigence intime de la Présence eucharistique.

Les méthodes pastorales de Jean-Marie Vianney pourraient apparaître peu adaptées aux conditions sociales et culturelles actuelles. Comment en effet un prêtre d’aujourd’hui pourrait-il l’imiter, dans un monde qui a tant changé? S’il est vrai que les temps changent et que de nombreux charismes sont typiques de la personne, et donc inimitables, il y a toutefois un style de vie et un élan de fond que nous sommes tous appelés à cultiver. A bien y regarder, ce qui a rendu saint le curé d’Ars a été son humble fidélité à la mission à laquelle Dieu l’avait appelé; cela a été son abandon constant, empli de confiance, entre les mains de la Providence divine. Il a réussi à toucher le cœur des personnes non en vertu de ses dons humains, ni en s’appuyant exclusivement sur un effort, même louable, de la volonté, il a conquis les âmes, même les plus réfractaires, en leur communiquant ce qu’il vivait de manière intime, à savoir son amitié avec le Christ. […]

Les Pères du Concile œcuménique Vatican II avaient bien présents à l’esprit cette « soif de vérité » qui brûle dans le cœur de tout homme, lorsqu’ils affirmèrent que c’est aux prêtres, « comme éducateurs de la foi », qu’il revient de former « une authentique communauté chrétienne » capable de « frayer la route à tous les hommes vers le Christ » et d’exercer « une véritable maternité » à leur égard, en indiquant ou en facilitant à celui qui ne croit pas « un chemin vers le Christ et son Église » et « pour réveiller les fidèles, les nourrir, leur donner des forces pour le combat spirituel » (cf. Presbyterorum ordinis, n. 6).

L’enseignement que continue de nous transmettre le saint curé d’Ars à cet égard est que, à la base de cet engagement pastoral, le prêtre doit placer une union personnelle intime avec le Christ, qu’il faut cultiver et accroître jour après jour. C’est seulement s’il est amoureux du Christ que le prêtre pourra enseigner à tous cette union, cette amitié intime avec le divin Maître, qu’il pourra toucher les cœurs des personnes et les ouvrir à l’amour miséricordieux du Seigneur. C’est seulement ainsi, par conséquent, qu’il pourra transmettre enthousiasme et vitalité spirituelle aux communautés que le Seigneur lui confie. Prions pour que, par l’intercession de saint Jean-Marie Vianney, Dieu fasse don à son Église de saints prêtres, et pour que croisse chez les fidèles le désir de soutenir et d’aider leur ministère.

Pour un approfondissement biographique :
>>> Sanctuaire du Saint Curé d’Ars
>>> Saint Jean-Marie Vianney, Curé D’Ars [PDF]

Extraits de la Catéchèse de Benoît XVI

Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

 

 

 

 

 

 

St Thomas, apôtre (Ier s.)

vendredi 3 juillet 2015

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Thomas était probablement originaire d’une pauvre famille de Galilée. Il était dépourvu de connaissances humaines, mais d’un esprit réfléchi et d’une volonté ferme jusqu’à l’obstination ; d’autre part, il avait du cœur et du dévouement. Ces deux caractères de sa personnalité paraissent en deux paroles que l’Évangile cite de lui.
Peu avant sa Passion, Jésus veut retourner en Judée ; les Apôtres lui rappellent les menaces de ses ennemis. Thomas seul s’écrie : « Eh bien ! Allons et mourons avec lui ! » Voilà le dévouement du cœur de l’Apôtre.
Après sa résurrection, le Sauveur était apparu à plusieurs de ses disciples, en l’absence de Thomas. Quand, à son retour, on lui raconta cette apparition, il fut si étonné d’une telle merveille, qu’il en douta et dit vivement : « Je ne le croirai pas avant d’avoir mis mes doigts dans ses plaies. » Voilà le second caractère de Thomas, esprit trop raisonneur. Mais son premier mouvement d’hésitation, en chose si grave, ne fut pas un crime et le bon Sauveur répondit à son défi. Que fit alors Thomas ? Nous le savons ; un cri du cœur s’échappa de ses lèvres : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Dieu permit l’hésitation de cet Apôtre pour donner aux esprits difficiles une preuve de plus en faveur de la résurrection de Jésus-Christ.

Saint Augustin attribue à saint Thomas, parmi les douze articles du Symbole, celui qui concerna la Résurrection. Quand les Apôtres se partagèrent le monde, les pays des Parthes et des Perses et les Indes furent le vaste lot de son apostolat. La tradition prétend qu’il rencontra les mages, les premiers adorateurs de Jésus parmi les Gentils, qu’il les instruisit, leur donna le Baptême et les associa à son ministère. Partout, sur son passage, l’Apôtre établissait des chrétientés, ordonnait des prêtres, consacrait des évêques.

Quand au XIVe siècle, les Européens s’emparèrent des Indes orientales, ils trouvèrent dans les traditions des peuples de ce vaste pays des souvenirs chrétiens, et en particulier celui de saint Thomas. Un miracle de l’Apôtre, traînant avec un faible lien une poutre énorme que les éléphants n’avaient pu remuer, fut l’occasion d’innombrables conversions. Cependant les prêtres des faux dieux, jaloux de tant de succès, jurèrent la mort de l’Apôtre ; il aurait été percé d’une lance devant une Croix où il priait.

Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>> Thomas
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950 (« Rév. x gpm »).

 

 

 

 

Ste Jeanne d’Arc, Patronne secondaire de la France (1412-1431)

samedi 30 mai 2015

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Sainte Jeanne d’Arc montre une fois de plus, et d’une manière particulièrement éclatante, deux choses : combien Dieu aime la France et comme il est vrai qu’Il se plaît à choisir les plus faibles instruments pour l’accomplissement des plus grandes choses.

Jeanne d’Arc naît à Domrémy, dans la Lorraine actuelle, le 6 janvier 1412 ; ses parents, Jacques d’Arc et Isabelle Romée, étaient des cultivateurs faisant valoir leur petit bien. La première parole que lui apprit sa mère fut le nom de Jésus ; toute sa science se résuma dans le Pater, l’Ave, le Credo et les éléments essentiels de la religion. Elle se confessait et communiait très régulièrement ; tous les témoignages contemporains s’accordent à dire qu’elle était « une bonne fille, aimant et craignant Dieu », priant beaucoup Jésus et Marie. Son curé put dire d’elle : « Je n’ai jamais vu de meilleure chrétienne, et il n’y a pas sa pareille dans toute la paroisse.

La France était alors à la merci des Anglais et des Bourguignons, leurs alliés ; la situation du roi Charles VII était désespérée. Mais Dieu se souvint de son peuple, et afin que l’on vît d’une manière évidente que le salut venait de Lui seul, Il se servit d’une humble fille des champs.

Jeanne avait treize ans quand l’Archange saint Michel lui apparut une première fois, vers midi, dans le jardin de son père, lui donna des conseils pour sa conduite et lui déclara que Dieu voulait sauver la France par elle. Les visions se multiplièrent ; l’Archange protecteur de la France était accompagné de sainte Catherine et de sainte Marguerite, que Dieu donnait à Jeanne comme conseillères et comme soutien.

Jusqu’ici la vie de Jeanne est l’idylle d’une pieuse bergère ; elle va devenir l’épopée d’une guerrière vaillante et inspirée ; elle avait seize ans quand le roi Charles VII, convaincu de sa mission par des signes miraculeux, lui remit la conduite de ses armées. Bientôt Orléans est délivrée, les Anglais tremblent et fuient devant une jeune fille. Quelques mois plus tard, le roi était sacré à Reims.

Dans les vues divines, la vie de Jeanne devait être couronnée par l’apothéose du martyre : elle fut trahie à Compiègne, vendue aux Anglais, et après un long emprisonnement, où elle subit tous les outrages, condamnée et brûlée à Rouen (30 mai 1431). Son âme s’échappa de son corps sous la forme d’une colombe, et son cœur ne fut pas touché par les flammes.

Jeanne d’Arc a été béatifiée le 18 avril 1909, par saint Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914), et proclamée sainte le 16 mai 1920 par le pape Benoît XV (Giacomo della Chiesa, 1914-1922).

Jeanne d’Arc demeure la gloire de la France, sa Protectrice puissante et bien-aimée. Elle a été déclarée sa Patronne secondaire par un Bref du Pape Pie XI, le 2 mars 1922.

Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>> Sainte Jeanne d’Arc
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Sources principales : Abbé L. Jaud (Vie des Saints…) ; vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

 

 

Pentecôte, solennité

dimanche 24 mai 2015

Pentecoste_BChers frères et sœurs!

Le jour de la Pentecôte, l’Esprit Saint descendit avec puissance sur les Apôtres ; ainsi commença la mission de l’Église dans le monde. Jésus avait lui-même préparé les Onze à cette mission en leur apparaissant plusieurs fois après sa résurrection (cf. Ac 1, 3). Avant son ascension au Ciel, il leur donna l’ordre de « ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis » (cf. Ac 1, 4-5) ; il leur demanda en fait de demeurer ensemble pour se préparer à recevoir le don de l’Esprit Saint. Ils se réunirent en prière avec Marie au Cénacle, dans l’attente de l’événement promis (cf. Ac 1, 14).

Demeurer ensemble fut la condition posée par Jésus pour accueillir le don de l’Esprit Saint ; la condition nécessaire pour l’harmonie entre eux fut une prière prolongée. Une formidable leçon pour toute communauté chrétienne est présentée ici. On pense parfois que l’efficacité missionnaire dépend essentiellement d’une programmation attentive, suivie d’une mise en œuvre intelligente à travers un engagement concret. Le Seigneur demande certes notre collaboration, mais avant toute réponse de notre part, son initiative est nécessaire : le vrai protagoniste de l’Église est son Esprit. Les racines de notre être et de notre action se trouvent dans le silence sage et prévoyant de Dieu.

Les images utilisées par saint Luc pour indiquer l’irruption de l’Esprit Saint – le vent et le feu – rappellent le Sinaï, où Dieu s’était révélé au peuple d’Israël et lui avait accordé son alliance (cf. Ex 19, 3sq). La fête du Sinaï, qu’Israël célébrait cinquante jours après Pâques, était la fête du Pacte. En parlant de langues de feu (cf. Ac 2, 3), saint Luc veut représenter la Pentecôte comme un nouveau Sinaï, comme la fête du nouveau Pacte, dans lequel l’Alliance avec Israël est étendue à tous les peuples de la Terre. L’Église est catholique et missionnaire depuis sa naissance. L’universalité du salut est démontrée de manière significative par la liste des nombreuses ethnies auxquelles appartiennent ceux qui écoutent la première annonce des Apôtres (cf. Ac 2, 9-11).

Le Peuple de Dieu, configuré pour la première fois, au Sinaï, est aujourd’hui élargi au point de ne plus connaître aucune frontière de race, de culture, d’espace ou de temps. Contrairement à ce qui s’était produit avec la tour de Babel (cf. Gn 11, 1-9), lorsque les hommes, désireux de construire de leurs mains un chemin vers le ciel, avaient fini par détruire leur capacité même de se comprendre les uns les autres, à la Pentecôte, l’Esprit, à travers le don des langues, montre que sa présence unit et transforme la confusion en communion. L’orgueil et l’égoïsme de l’homme créent toujours des divisions, dressent des murs d’indifférence, de haine et de violence. L’Esprit Saint, en revanche, rend les cœurs capables de comprendre les langues de tous, car il rétablit le pont de la communication authentique entre la Terre et le Ciel. L’Esprit Saint est Amour.

Mais comment entrer dans le mystère de l’Esprit Saint, comment comprendre le secret de l’Amour ? La page de l’Évangile nous conduit aujourd’hui dans le Cénacle où, la dernière Cène étant terminée, un sentiment de désarroi rend les Apôtres tristes. La raison en est que les paroles de Jésus suscitaient en effet des interrogations inquiétantes : Il parle de la haine du monde envers Lui et envers les siens, il parle de son mystérieux départ, et de nombreuses choses restent encore à dire, mais pour le moment les Apôtres ne sont pas en mesure d’en porter le poids (cf. Jn 16, 12). Pour les réconforter, il explique la signification de son départ : il partira, mais reviendra ; en attendant, il ne les abandonnera pas, il ne les laissera pas orphelins. Il enverra le Consolateur, l’Esprit du Père, et ce sera l’Esprit qui fera savoir que une œuvre du Christ est une œuvre d’amour : amour de Celui qui s’est offert, amour du Père qui l’a donné.

Tel est le mystère de la Pentecôte : l’Esprit Saint éclaire l’esprit humain et, en révélant le Christ crucifié et ressuscité, il indique la voie pour devenir davantage semblables à Lui, c’est-à-dire être « expression et instrument de l’amour qui émane de Lui » (Deus caritas est, n. 33). Recueillie avec Marie, comme lors de sa naissance, l’Église prie aujourd’hui : « >>>Veni Creator Spiritus !- Viens, Esprit Saint, remplis les cœurs de tes fidèles et embrase-les du feu de ton amour ! ». Amen.

Homélie du Pape Benoît XVI

Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

 

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 15,12-17.

vendredi 8 mai 2015

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres.

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La mesure de l’humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n’est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine… Le mot latin « con-solatio », consolation, l’exprime de manière très belle, suggérant un être-avec dans la solitude, qui alors n’est plus solitude. La capacité d’accepter la souffrance par amour du bien, de la vérité et de la justice est constitutive de la mesure de l’humanité, parce que si, en définitive, mon bien-être personnel, mon intégrité sont plus importants que la vérité et la justice, alors la domination du plus fort l’emporte ; alors règnent la violence et le mensonge…

Souffrir avec l’autre, pour les autres ; souffrir par amour de la vérité et de la justice, souffrir à cause de l’amour et pour devenir une personne qui aime vraiment — ce sont des éléments fondamentaux d’humanité ; leur abandon détruirait l’homme lui-même. Mais encore une fois surgit la question : en sommes-nous capables ? … À la foi chrétienne, dans l’histoire de l’humanité, revient justement ce mérite d’avoir suscité dans l’homme d’une manière nouvelle et à une profondeur nouvelle la capacité de souffrir de la sorte, qui est décisive pour son humanité. La foi chrétienne nous a montré que vérité, justice, amour ne sont pas simplement des idéaux, mais des réalités de très grande densité. Elle nous a montré en effet que Dieu — la Vérité et l’Amour en personne — a voulu souffrir pour nous et avec nous.

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Encyclique « Spe salvi », § 38-39 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

 

Samedi Saint

samedi 4 avril 2015

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Triduum pascal : Samedi Saint

Extraits de la Catéchèse du Pape Benoît XVI
(19 mars 2008)

Chers frères et sœurs,
[…] en ces jours uniques, orientons résolument notre vie vers une adhésion généreuse et convaincue aux desseins du Père céleste; renouvelons notre oui à la volonté divine comme l’a fait Jésus avec le sacrifice de la croix. Les rites suggestifs du Jeudi Saint, du Vendredi Saint, le silence riche de prière du Samedi Saint et la Veillée pascale solennelle nous offrent l’opportunité d’approfondir le sens et la valeur de notre vocation chrétienne qui naît du Mystère pascal et de la concrétiser en nous mettant fidèlement à la suite du Christ en toute circonstance, comme Il l’a fait, jusqu’au don généreux de notre vie.

Faire mémoire des mystères du Christ signifie aussi vivre dans une adhésion profonde et solidaire au moment présent de l’histoire, convaincus que ce que nous célébrons est une réalité vivante et actuelle.

Le Samedi Saint est marqué par un profond silence. Les Églises sont dépouillées et aucune liturgie particulière n’est prévue. Attendant le grand événement de la Résurrection, les croyants persévèrent avec Marie dans l’attente, en priant et en méditant. Nous avons en effet besoin d’un jour de silence pour méditer sur la réalité de la vie humaine, sur les forces du mal et sur la grande force du bien issue de la Passion et de la Résurrection du Seigneur. Une grande importance est accordée, en ce jour, à la participation au sacrement de la réconciliation, chemin indispensable pour purifier le cœur et se préparer à célébrer la Pâque, profondément renouvelés. Nous avons besoin, au moins une fois par an, de cette purification intérieure, de ce renouvellement de nous-mêmes.

Ce samedi de silence, de méditation, de pardon, de réconciliation, débouche sur la Veillée pascale, qui introduit dans le dimanche le plus important de l’histoire, le dimanche de la Pâque du Christ. L’Église veille près du feu nouveau, béni, et médite la grande promesse, contenue dans l’Ancien et le Nouveau Testament, de la libération définitive de l’ancien esclavage du péché et de la mort. Au cœur de la nuit, le cierge pascal, symbole du Christ qui ressuscite glorieux, est allumé à partir du feu nouveau.

Le Christ, lumière de l’humanité, dissipe les ténèbres du cœur et de l’esprit et illumine tout homme qui vient dans le monde. Près du cierge pascal résonne dans l’Église la grande annonce pascale: le Christ est vraiment ressuscité, la mort n’a plus aucun pouvoir sur Lui. Par sa mort il a vaincu le mal pour toujours et a donné à tous les hommes la vie même de Dieu. Selon une ancienne tradition, au cours de la Veillée pascale, les catéchumènes reçoivent le baptême, pour souligner la participation des chrétiens au mystère de la mort et de la résurrection du Christ. A partir de la merveilleuse nuit de Pâques, la joie, la lumière et la paix du Christ se répandent dans la vie des fidèles de chaque communauté chrétienne atteignant tous les points de l’espace et du temps. […]

Nous savons que la haine, les divisions, la violence, n’ont jamais le dernier mot dans les événements de l’histoire. Ces jours réaniment en nous la grande espérance: le Christ crucifié est ressuscité et a vaincu le monde. L’amour est plus fort que la haine, il a vaincu et nous devons nous associer à cette victoire de l’amour. Nous devons donc repartir du Christ et travailler en communion avec Lui pour un monde fondé sur la paix, sur la justice et sur l’amour. Dans cet engagement, qui nous concerne tous, laissons-nous guider par Marie qui a accompagné son divin Fils sur le chemin de la passion et de la croix et a participé, avec la force de la foi, à l’accomplissement de son dessein salvifique. Avec ces sentiments, je vous présente d’ores et déjà mes vœux les plus cordiaux de joyeuse et sainte Pâque à vous tous, à ceux qui vous sont chers et à vos communautés.

Pour lire la Catéchèse complète :
>>> Le Triduum pascal

Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

 

Vendredi saint : Célébration de la Passion du Seigneur

vendredi 3 avril 2015

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Triduum pascal : Vendredi Saint

Extraits de la Catéchèse du Pape Benoît XVI
(19 mars 2008)

Chers frères et sœurs,

[…] Au terme de l’itinéraire quadragésimal, nous nous apprêtons nous aussi à entrer dans le climat même dans lequel Jésus a vécu à Jérusalem. Nous voulons réveiller en nous la mémoire vivante des souffrances que le Seigneur a endurées pour nous et nous préparer à célébrer avec joie, dimanche prochain « la vraie Pâque, que le Sang du Christ a couverte de gloire, la Pâque lors de laquelle l’Église célèbre la Fête qui est à l’origine de toutes les fêtes », comme dit la préface pour le jour de Pâques dans le rite de saint Ambroise.

Chers frères et sœurs, en ces jours uniques, orientons résolument notre vie vers une adhésion généreuse et convaincue aux desseins du Père céleste; renouvelons notre “oui” à la volonté divine comme l’a fait Jésus avec le sacrifice de la croix. Les rites suggestifs du Jeudi Saint, du Vendredi Saint, le silence riche de prière du Samedi Saint et la Veillée pascale solennelle nous offrent l’opportunité d’approfondir le sens et la valeur de notre vocation chrétienne qui naît du Mystère pascal et de la concrétiser en nous mettant fidèlement à la suite du Christ en toute circonstance, comme Il l’a fait, jusqu’au don généreux de notre vie.

Vendredi Saint est la journée qui fait mémoire de la passion, de la crucifixion et de la mort de Jésus. Ce jour-là la liturgie de l’Église ne prévoit pas la célébration de la messe, mais l’assemblée chrétienne se recueille pour méditer sur le grand mystère du mal et du péché qui oppriment l’humanité, pour parcourir à nouveau, à la lumière de la Parole de Dieu et avec l’aide de gestes liturgiques émouvants, les souffrances du Seigneur qui expient ce mal. Après avoir écouté le récit de la passion du Christ, la communauté prie pour tous les besoins de l’Église et du monde, adore la Croix et communie, en consommant les hosties conservées lors de la messe in Cena Domini du jour précédent. Comme invitation supplémentaire pour méditer sur la passion et la mort du Rédempteur et pour exprimer l’amour et la participation des fidèles aux souffrances du Christ, la tradition chrétienne a institué diverses manifestations de piété populaire, processions et représentations sacrées, qui visent à imprimer toujours plus profondément dans l’âme des fidèles des sentiments de participation véritable au sacrifice rédempteur du Christ.

Parmi elle figure la Via Crucis, exercice de piété qui, au fil des années, s’est enrichi de multiples expressions spirituelles et artistiques liées à la sensibilité des diverses cultures. Dans de nombreux pays, des sanctuaires portant le nom de Calvaire ont ainsi été fondés, vers lesquels on monte par un chemin escarpé qui rappelle le chemin douloureux de la Passion, pour permettre aux fidèles de participer à l’ascension du Seigneur vers le Mont de la Croix, le Mont de l’Amour poussé jusqu’à l’extrême. […]

Pour lire la Catéchèse complète :
>>> Le Triduum pascal
Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).