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Archive pour le mot-clef ‘Benoît 16’

« Elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

samedi 10 juin 2017

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Combien significatif est l’épisode évangélique de la veuve qui, dans sa misère, jette dans le trésor du Temple « tout ce qu’elle avait pour vivre ». Sa petite monnaie, insignifiante, est devenue un symbole éloquent : cette veuve a donné à Dieu non de son superflu, et non pas ce qu’elle avait, mais ce qu’elle est ; elle-même, tout entière.

Cet épisode émouvant s’insère dans la description des jours qui précèdent immédiatement la Passion et la mort de Jésus, « lui qui, comme le note saint Paul, s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté » (2Co 8,9). Il s’est donné tout entier pour nous… À son école, nous pouvons apprendre à faire de notre vie un don total. En l’imitant, nous réussissons à devenir disposés, non pas tant à donner quelque chose de ce que nous possédons, qu’à nous donner nous-mêmes. L’Évangile tout entier ne se résume-t-il pas dans l’unique commandement de la charité ? La pratique … de l’aumône devient donc un moyen pour approfondir notre vocation chrétienne. Quand il s’offre gratuitement lui-même, le chrétien témoigne que c’est l’amour et non la richesse matérielle qui dicte les lois de l’existence. C’est donc l’amour qui donne sa valeur à l’aumône, lui qui inspire les diverses formes de don, selon les possibilités et les conditions de chacun.

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Message pour le Carême 2008 (trad. Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

Fête de la Visitation de la Vierge Marie

mercredi 31 mai 2017

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En la fête de la Visitation de ce jour, comme dans toutes les pages de l’Évangile, nous voyons Marie docile aux desseins divins et dans une attitude d’amour prévoyant pour ses frères. En effet, l’humble jeune fille de Nazareth, encore surprise de ce que lui a annoncé l’ange Gabriel – c’est-à-dire qu’elle sera la Mère du Messie promis – apprend que sa parente âgée, Élisabeth, attend elle aussi un enfant dans sa vieillesse. Sans hésiter, elle se met en chemin, souligne l’évangéliste (cf. Lc 1, 39), pour arriver « en hâte » à la maison de sa cousine et se mettre à sa disposition dans un moment de nécessité particulière.

Comment ne pas remarquer que, dans la rencontre entre la jeune Marie et Élisabeth, désormais âgée, le protagoniste caché est Jésus ? Marie le porte dans son sein comme dans un tabernacle sacré et l’offre comme le don le plus grand à Zacharie, à son épouse Élisabeth et également à l’enfant qui se développe dans le sein de celle-ci. « Dès l’instant – dit la mère de Jean-Baptiste – où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein » (Lc 1, 44). Là où arrive Marie, Jésus est présent. Celui qui ouvre son cœur à la Mère rencontre et accueille le Fils et il est envahi par sa joie. Jamais la véritable dévotion mariale ne dissimule ni ne diminue la foi et l’amour pour Jésus Christ notre Sauveur, unique médiateur entre Dieu et les hommes. Au contraire, se confier à la Vierge représente une voie privilégiée, vécue par de nombreux saints, pour se placer à la suite du Seigneur de façon plus fidèle. Confions-nous donc à Elle avec un abandon filial !

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Discours du 31/05/2006 devant la grotte de Lourdes dans les Jardins du Vatican (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

Solennité de l’Épiphanie du Seigneur

vendredi 6 janvier 2017

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Chers frères et sœurs !

Nous avons célébré dans la basilique la fête de l’Épiphanie, Épiphanie signifie manifestation de Jésus à tous les peuples, représentés aujourd’hui par les Mages, qui arrivèrent à Bethléem de l’Orient pour rendre hommage au Roi des Juifs dont ils avaient appris la naissance par l’apparition d’une nouvelle étoile dans le ciel (cf. Mt 2, 1-12). En effet, avant l’arrivée des Mages, la connaissance de cet événement avait peu dépassé le cercle familial : outre Marie et Joseph, et probablement d’autres proches, il était connu des pasteurs de Bethléem qui, ayant entendu l’annonce joyeuse, avaient accouru pour voir l’enfant alors qu’il se trouvait encore dans la mangeoire. La venue du Messie, celui qui était attendu par les peuples et que les Prophètes avaient prédit, demeurait ainsi au début caché. Jusqu’à ce que ces mystérieux personnages, les Mages, arrivent précisément à Jérusalem pour demander des nouvelles du «roi des Juifs», né depuis peu. Évidemment, s’agissant d’un roi, ils se rendirent au palais royal où résidait Hérode. Mais celui-ci ne savait rien de cette naissance et, très préoccupé, il convoqua immédiatement les prêtres et les scribes qui, sur la base de la célèbre prophétie de Michée (cf. 5, 1), affirmèrent que le Messie devait naître à Bethléem. Et en effet, repartis dans cette direction, les Mages virent de nouveau l’étoile qui les guida jusqu’au lieu où se trouvait Jésus. Une fois entrés, ils se prosternèrent et l’adorèrent, lui offrant des dons symboliques : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Voilà l’épiphanie, la manifestation : la venue et l’adoration des Mages est le premier signe de l’identité singulière du fils de Dieu qui est aussi l’enfant de la Vierge Marie. Dès lors commença à se diffuser la question qui accompagnera toute la vie du Christ et qui, de diverses manières, traverse les siècles : qui est ce Jésus ?

Chers amis, c’est la question que l’Église veut susciter dans le cœur de tous les hommes : qui est Jésus ? C’est le souci spirituel qui pousse la mission de l’Église : faire connaître Jésus, son Évangile, pour que chaque homme puisse découvrir sur son visage humain le visage de Dieu, et être éclairé par son mystère d’amour. L’Épiphanie préannonce l’ouverture universelle de l’Église, son appel à évangéliser tous les peuples. Mais l’Épiphanie nous dit aussi de quelle manière l’Église réalise cette mission : en reflétant la lumière du Christ et en annonçant sa Parole. Les chrétiens sont appelés à imiter le service que rendit l’étoile aux Mages. Nous devons resplendir comme des enfants de lumière, pour attirer le monde à la beauté du Royaume de Dieu. Et à tous ceux qui cherchent la vérité, nous devons offrir la Parole de Dieu qui conduit à reconnaître Jésus « le Dieu véritable et la Vie éternelle » (1 Jn 5, 20).

Encore une fois, nous ressentons en nous une profonde reconnaissance pour Marie, la Mère de Jésus. Elle est l’image parfaite de l’Église qui donne au monde la lumière du Christ: elle est l’Etoile de l’évangélisation. Respice Stellam, nous dit saint Bernard : Regarde l’Etoile, toi qui cherches la vérité et la paix ; tourne ton regard vers Marie et Elle te montrera Jésus, lumière pour chaque homme et pour tous les peuples.

Bonne fête à tous !

Benoît XVI – Angélus

 

 

 

Des serviteurs quelconques

mardi 8 novembre 2016

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La juste manière de servir rend humble celui qui agit. Il n’assume pas une position de supériorité face à l’autre, même si la situation de ce dernier peut à ce moment-là être misérable. Le Christ a pris la dernière place dans le monde –- la croix –- et, précisément par cette humilité radicale, il nous a rachetés et il nous aide constamment. Celui qui peut aider reconnaît que c’est justement de cette manière qu’il est aidé lui aussi. Le fait de pouvoir aider n’est ni son mérite ni un titre d’orgueil. Cette tâche est une grâce.

Plus une personne œuvre pour les autres, plus elle comprendra et fera sienne la parole du Christ : « Nous sommes des serviteurs quelconques ». En effet, elle reconnaît qu’elle agit non pas en fonction d’une supériorité ou d’une plus grande efficacité personnelle, mais parce que le Seigneur lui en fait don. Parfois, le surcroît des besoins et les limites de sa propre action pourront l’exposer à la tentation du découragement. Mais c’est alors justement que l’aidera le fait de savoir qu’elle n’est, en définitive, qu’un instrument entre les mains du Seigneur ; elle se libérera ainsi de la prétention de devoir réaliser, personnellement et seule, l’amélioration nécessaire du monde. Humblement, elle fera ce qui lui est possible de faire et, humblement, elle confiera le reste au Seigneur.

C’est Dieu qui gouverne le monde et non pas nous. Nous, nous lui offrons uniquement nos services, pour autant que nous le puissions, et tant qu’il nous en donne la force. Faire cependant ce qui nous est possible, avec la force dont nous disposons, telle est la tâche qui maintient le bon serviteur de Jésus Christ toujours en mouvement : « L’amour du Christ nous pousse » (2Co 5,14).

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Encyclique « Deus caritas est », § 35 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

« Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes. »

vendredi 16 septembre 2016

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Nous le savons, parmi ses disciples, Jésus en choisit douze pour être les pères du nouvel Israël, et il les choisit pour qu’ « ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher ». Ce fait est évident, mais, outre les Douze, colonnes de l’Église, pères du nouveau Peuple de Dieu, sont choisies également de nombreuses femmes pour être au nombre des disciples. Je ne peux que brièvement évoquer celles qui se trouvent sur la route de Jésus lui-même, depuis la prophétesse Anne jusqu’à la Samaritaine, à la Syrophénicienne, à la femme qui avait de pertes de sang et à la pécheresse pardonnée. Je n’insisterai pas non plus sur les personnages de quelques paraboles vivantes, par exemple celles de la maîtresse de maison qui cuit le pain, de la ménagère qui perd sa pièce d’argent, de la veuve qui importune le juge. Plus significatives dans notre réflexion aujourd’hui sont ces femmes qui ont joué un rôle actif dans le cadre de la mission de Jésus.

En premier lieu, on pense naturellement à la Vierge Marie, qui par sa foi et son concours maternel coopéra de façon unique à notre rédemption au point qu’Élisabeth a pu la proclamer « bénie entre toutes les femmes », ajoutant : « Bienheureuse celle qui a cru ». Devenue disciple de son Fils, Marie a manifesté à Cana sa foi totale en lui et l’a suivi jusqu’à la croix, où elle a reçu de lui une mission maternelle envers tous ses disciples de tous temps, représentés par Jean.

Viennent ensuite plusieurs femmes qui, à des titres divers, ont gravité autour de la personne de Jésus dans une fonction de responsabilité. En sont un exemple éloquent celles qui suivaient Jésus pour l’assister de leurs ressources et dont Luc nous transmet quelques noms : Marie de Magdala, Jeanne, Suzanne, et « beaucoup d’autres ». Ensuite, les évangiles nous informent que les femmes, à la différence des Douze, n’ont pas abandonné Jésus à l’heure de la Passion. Parmi elles se détache, en particulier, Marie de Magdala qui, non seulement a assisté à la Passion, mais encore a été la première à témoigner du Ressuscité et à l’annoncer. C’est précisément à elle que saint Thomas d’Aquin réserve la qualification unique de « apôtre des apôtres », y adjoignant ce beau commentaire : « Comme une femme avait annoncé au premier homme des paroles de mort, de même une femme annonça aux apôtres les paroles de vie ».

Benoît XVI

(Références bibliques : Mc 3,14-15 ; Lc 2,36-38 ; Jn 4,1-39 ; Mc 7,24-30 ; Mt 9,20-22 ; Lc 7,36-50 ; Mt 13,33 ; Lc 15,8-10 ; Lc 18,1-18 ; Lc 1,42 ; Lc 1,45 ; Jn 2,25 ; Jn 19,25-27 ; Lc 8,2-3 ; Mt 27,56.61 ; Mc 15,40 ; Jn 20,1.11-18)

Très Sainte Trinité – Solennité

dimanche 22 mai 2016

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Chers frères et sœurs,

Nous célébrons aujourd’hui la solennité de la Très Sainte Trinité. Après le temps pascal, après avoir revécu l’événement de la Pentecôte, qui renouvelle le Baptême de l’Église dans l’Esprit Saint, nous tournons pour ainsi dire le regard vers « les cieux ouverts », pour entrer avec les yeux de la foi dans les profondeurs du mystère de Dieu, Un dans la substance et Trine dans les personnes: le Père, le Fils et l’Esprit Saint. […]

Dans la première Lecture, tirée du Livre des Proverbes, entre en scène la Sagesse, qui se trouve aux côtés de Dieu comme assistante, comme « maître d’œuvre » (8,30). La « vision panoramique » sur l’univers observé à travers ses yeux est merveilleuse. La Sagesse elle-même confesse: « M’ébattant sur la surface de sa terre / et trouvant mes délices parmi les enfants des hommes » (8, 31). C’est au milieu des êtres humains que celle-ci aime demeurer, car elle reconnaît en eux l’image et la ressemblance du Créateur. Cette relation préférentielle de la Sagesse avec les hommes fait penser à un célèbre passage d’un autre livre sapientiel, le Livre de la Sagesse: « La sagesse – peut-on lire – est en effet un effluve de la puissance de Dieu / … Bien qu’étant seule, elle peut tout, demeurant en elle-même, elle renouvelle l’univers / et, d’âge en âge passant en des âmes saintes, / elle en fait des amis de Dieu et des prophètes » (Sg 7, 25-27). Cette dernière expression suggestive invite à considérer la manifestation de la sainteté, multiforme et intarissable, au sein du peuple de Dieu au cours des siècles. La Sagesse de Dieu se manifeste dans l’univers, dans la variété et la beauté de ses éléments, mais ses chefs-d’œuvre, dans lesquels apparaissent beaucoup plus sa beauté et sa grandeur, ce sont les saints.

Dans le passage de la Lettre de l’Apôtre Paul aux Romains, nous trouvons une image semblable: celle de l’amour de Dieu « répandu dans les cœurs des saints », c’est-à-dire des baptisés, « par le Saint Esprit » qui leur a été donné (cf. Rm 5, 5). C’est à travers le Christ que passe le don de l’Esprit, « Personne-amour, Personne-don », comme l’a défini saint Jean-Paul II (Encyc. Dominum et vivificantem, n. 10). A travers le Christ, l’Esprit de Dieu nous parvient comme principe de vie nouvelle, « sainte ». L’Esprit place l’amour de Dieu dans le cœur des croyants sous la forme concrète qui était la sienne dans l’homme Jésus de Nazareth. C’est ainsi que se réalise ce que saint Paul dit dans la Lettre aux Colossiens: « Christ parmi vous! L’espérance de la gloire! » (1, 27). Les « tribulations » ne sont pas en opposition avec cette espérance, elles concourent même à la réaliser, à travers la « constance » et la « vertu éprouvée » (Rm 5, 3-4): c’est le chemin de Jésus, le chemin de la Croix.

Dans la même perspective, de la sagesse de Dieu incarnée dans le Christ et communiquée par l’Esprit Saint, l’Évangile nous a suggéré que Dieu le Père continue à manifester son dessein d’amour à travers les saints. Ici aussi, se produit ce que nous avons déjà souligné à propos de la Sagesse: l’Esprit de vérité révèle le dessein de Dieu dans la multiplicité des éléments de l’univers – nous sommes reconnaissants pour cette manifestation visuelle de la beauté et de la bonté de Dieu dans les éléments de l’univers -, et il le fait en particulier à travers les hommes et les femmes, de manière particulière à travers les saints et les saintes, où transparaissent avec une grande force sa lumière, sa vérité, son amour. En effet, « l’Image du Dieu invisible » (Col 1, 15) est Jésus Christ et lui seul, « le Saint et le Juste » (Ac 3, 14). Il est la Sagesse incarnée, le Logos créateur qui trouve sa joie en demeurant parmi les fils de l’homme, chez qui il a planté sa tente (cf. Jn 1, 14). En Lui, il a plu à Dieu de faire habiter « toute la Plénitude » (cf. Col 1, 19); ou, comme Il le dit lui-même dans le passage évangélique d’aujourd’hui: « Tout ce qui est au Père est à moi » (Jn 16, 15). Chaque saint participe de la richesse du Christ, reprise par le Père et communiquée au moment opportun. C’est toujours la même sainteté que celle de Jésus, c’est toujours Lui, le « Saint », que l’Esprit façonne dans les « âmes saintes », en formant des amis de Jésus et des témoins de sa sainteté. Et Jésus veut également faire de nous ses amis. Précisément en ce jour, ouvrons notre cœur afin que, dans notre vie également, croisse l’amitié pour Jésus, afin que nous puissions témoigner de sa sainteté, de sa bonté et de sa vérité. […]

Chers frères et sœurs, nous rendons grâce à Dieu pour les merveilles qu’il a accomplies chez les saints, dans lesquels resplendit sa gloire. Laissons-nous attirer par leurs exemples, laissons-nous guider par leurs enseignements, pour que toute notre existence devienne, comme la leur, un cantique de louange à la gloire de la Très Sainte Trinité. Que Marie, la Reine des saints, nous obtienne cette grâce. Amen.

Place Saint-Pierre (Dimanche 3 juin 2007)

Extraits de l’homélie du Pape Benoît XVI

 

 

 

Chaire de saint Pierre, apôtre, fête

lundi 22 février 2016

Chers frères et sœurs !

La liturgie latine célèbre aujourd’hui la fête de la Chaire de Saint-Pierre. Il s’agit d’une tradition très ancienne, attestée à Rome dès le IVe siècle, par laquelle on rend grâce à Dieu pour la mission confiée à l’Apôtre Pierre et à ses successeurs. La « chaire », en latin « cathedra », est littéralement le siège fixe de l’Évêque, placé dans l’église mère d’un diocèse, qui pour cette raison est appelée « cathédrale », et elle est le symbole de l’autorité de l’Évêque et, en particulier, de son « magistère », c’est-à-dire de l’enseignement évangélique que, en tant que Successeur des Apôtres, il est appelé à garder et à transmettre à la communauté chrétienne. Lorsque l’Évêque prend possession de l’Église particulière qui lui a été confiée, il s’assoit sur la chaire en portant la mitre et en tenant la crosse. De ce siège, il guidera, en tant que maître et pasteur, le chemin des fidèles dans la foi, dans l’espérance et dans la charité.

Quelle fut donc la « chaire » de saint Pierre ? Choisi par le Christ comme « roc » sur lequel édifier l’Église (cf. Mt 16, 18), il commença son ministère à Jérusalem, après l’Ascension du Seigneur et la Pentecôte. Le premier « siège » de l’Église fut le Cénacle, et il est probable que dans cette salle, où Marie, la Mère de Jésus, pria elle aussi avec les disciples, une place spéciale ait été réservée à Simon Pierre. Par la suite, le Siège de Pierre devint Antioche, ville située sur le fleuve Oronte, en Syrie, aujourd’hui en Turquie, et à cette époque troisième grande ville de l’empire romain après Rome et Alexandrie d’Égypte. Pierre fut le premier Évêque de cette ville, évangélisée par Barnabé et Paul, où « pour la première fois les disciples reçurent le nom de chrétiens » (Ac 11, 26), où est donc né le nom de chrétiens pour nous, si bien que le Martyrologe romain, avant la réforme du calendrier, prévoyait également une célébration spécifique de la Chaire de Pierre à Antioche. De là, la Providence conduisit Pierre à Rome. Nous avons donc le chemin de Jérusalem, Église naissante, à Antioche, premier centre de l’Église rassemblée par les païens et encore unie également avec l’Église provenant des Juifs. Ensuite, Pierre se rendit à Rome, centre de l’Empire symbole de l’« Orbis » – l’« Urbs » qui exprime l’« Orbis », la terre -, où il conclut par le martyre sa course au service de l’Évangile. C’est pourquoi au siège de Rome, qui avait reçu le plus grand honneur, échut également la tâche confiée par le Christ à Pierre d’être au service de toutes les Églises particulières pour l’édification et l’unité du Peuple de Dieu tout entier.

Après ces migrations de saint Pierre, le siège de Rome fut ainsi reconnu comme celui du Successeur de Pierre, et la « chaire » de son Évêque représenta celle de l’Apôtre chargé par le Christ de paître tout son troupeau. C’est ce qu’attestent les plus anciens Pères de l’Eglise, comme par exemple saint Irénée, Évêque de Lyon, mais qui était originaire d’Asie mineure, qui dans son traité Contre les hérésies, décrit l’Eglise de Rome comme la « plus grande et la plus ancienne, connue de tous;… fondée et constituée à Rome par les deux très glorieux Apôtres Pierre et Paul »; et il ajoute: « Avec cette Église, en raison de son éminente supériorité, doit s’accorder l’Église universelle, c’est-à-dire les fidèles qui sont partout » (III, 3 2-3). Tertullien, quant à Lui, affirme un peu plus tard : « Que cette Église de Rome est bienheureuse! Ce furent les Apôtres eux-mêmes qui lui donnèrent, en versant leur sang, la doctrine dans sa totalité » (De la prescription des hérétiques, n. 36). La chaire de l’Évêque de Rome représente donc non seulement son service à la communauté romaine, mais aussi sa mission de guide du Peuple de Dieu tout entier.

Célébrer la « Chaire » de Pierre, comme nous le faisons aujourd’hui, signifie donc attribuer à celle-ci une profonde signification spirituelle et y reconnaître un signe privilégié de l’amour de Dieu, Pasteur bon et éternel, qui veut rassembler toute son Église et la guider sur la voie du salut. Parmi les nombreux témoignages des Pères, j’ai plaisir à rapporter celui de saint Jérôme, tiré de l’une de ses lettres, adressée à l’Évêque de Rome, qui est particulièrement intéressante, car elle fait une référence explicite à la « chaire » de Pierre, en la présentant comme havre sûr de vérité et de paix. Jérôme écrit ce qui suit : « J’ai décidé de consulter la Chaire de Pierre, où l’on trouve la foi que la parole d’un Apôtre a exaltée ; je viens à présent demander une nourriture pour mon âme, là où je reçus autrefois le vêtement du Christ. Je ne crois en aucun autre primat que celui du Christ ; c’est pourquoi je me mets en communion avec ta béatitude, c’est-à-dire avec la chaire de Pierre. Je sais que l’Église est édifiée sur cette pierre » (Les lettres I, 15, 1-2).

 

Chers frères et sœurs, dans l’abside de la Basilique Saint-Pierre, comme vous le savez, se trouve le monument de la Chaire de l’Apôtre, œuvre de maturité du Bernin, réalisée sous la forme d’un grand trône de bronze, soutenu par les statues de quatre docteurs de l’Église, deux d’Occident, saint Augustin et saint Ambroise, et deux d’Orient, saint Jean Chrysostome et saint Athanase. Je vous invite à vous arrêter devant cette œuvre suggestive, qu’il est aujourd’hui possible d’admirer décorée par de nombreux cierges, et à prier en particulier pour le ministère que Dieu m’a confié. En levant le regard vers le vitrail d’albâtre qui s’ouvre précisément au-dessus de la Chaire, invoquez l’Esprit Saint, afin qu’il soutienne toujours par sa lumière et par sa force mon service quotidien à toute l’Église. Je vous remercie de tout cœur de cela, ainsi que de votre pieuse attention.

 

BENOÎT XVI

Audience Générale

(22 février 2006)

Site officiel du Vatican – Copyright © Libreria Editrice Vaticana

 

 

Te Deum Laudamus – Action de Grâce

jeudi 31 décembre 2015

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Célébration du « Te Deum » d’action de Grâce
Pour la fin de l’année
Extraits de l’homélie de Benoît XVI
31 décembre 2008

Chers frères et sœurs !

L’année qui se termine et celle qui s’annonce à l’horizon sont placées toutes les deux sous le regard bénissant de la Très Sainte Mère de Dieu. […]

Ce soir, tout nous invite donc à tourner le regard vers Celle qui « reçut le Verbe de Dieu à la fois dans son cœur et dans son corps, et présenta au monde la vie » et qui précisément pour cela – rappelle le Concile Vatican II – « est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu » (Const. Lumen gentium, n. 53). Le Noël du Christ, que nous commémorons en ces jours, est entièrement parcouru par la lumière de Marie et, alors que dans la crèche nous nous arrêtons pour contempler l’Enfant, le regard ne peut que se tourner avec reconnaissance également vers la Mère, qui par son oui a rendu possible le don de la Rédemption. Voilà pourquoi le temps de Noël contient en lui une profonde connotation mariale ; la naissance de Jésus, homme-Dieu et la maternité divine de Marie sont des réalités indissociables entre elles ; le mystère de Marie et le mystère du Fils unique de Dieu qui se fait homme, forment un unique mystère, l’un aidant à mieux comprendre l’autre. […]

Ce soir, nous voulons placer entre les mains de la Mère céleste de Dieu notre hymne choral d’action de grâces au Seigneur pour les bienfaits qu’au cours des douze mois écoulés il nous a largement accordés. Le premier sentiment, qui naît ce soir spontanément dans notre cœur, est précisément de louange et d’action de grâces à Celui qui nous fait don du temps, précieuse opportunité pour accomplir le bien ; nous y joignons la requête de pardon pour ne pas l’avoir peut-être toujours employé utilement. Je suis content de partager cette action de grâces avec vous, chers frères et sœurs, qui représentez notre communauté diocésaine, à laquelle j’adresse mon salut cordial, en l’étendant à tous les habitants de Rome. J’adresse un salut particulier au cardinal-vicaire et au maire, qui ont tous le deux commencé leurs missions différentes cette année – l’une spirituelle et religieuse, l’autre civile et administrative – au service de notre ville. Mon salut s’étend aux évêques auxiliaires, aux prêtres, aux personnes consacrées et aux nombreux fidèles laïcs ici rassemblés, ainsi qu’aux autorités présentes. En venant au monde, le Verbe éternel du Père nous a révélé la proximité de Dieu et la vérité ultime sur l’homme et sur son destin éternel ; il est venu demeurer avec nous pour être notre soutien irremplaçable, en particulier dans les inévitables difficultés de chaque jour. Et ce soir la Vierge elle-même nous rappelle quel grand don Jésus nous a fait avec sa naissance, quel trésor précieux constitue pour nous son Incarnation. Dans son Noël, Jésus vient offrir sa Parole comme une lampe qui guide nos pas ; il vient s’offrir lui-même et nous devons savoir rendre raison de Lui, notre espérance certaine, dans notre existence quotidienne, conscients que « le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » (Gaudium et spes, n. 22).

Chers frères et sœurs, […]
Même si apparaissent à l’horizon de nombreuses ombres sur notre avenir, nous ne devons pas avoir peur. Notre grande espérance de croyants est la vie éternelle dans la communion du Christ et de toute la famille de Dieu. Cette grande espérance nous donne la force d’affronter et de surmonter les difficultés de la vie dans ce monde. La présence maternelle de Marie nous assure ce soir que Dieu ne nous abandonne jamais, si nous nous confions à Lui et si nous suivons ses enseignements. Nous présentons donc à Marie, avec une affection et une confiance filiales, les attentes et les espérances, ainsi que les peurs et les difficultés qui habitent notre cœur, tandis que nous prenons congé de cette année et que nous nous apprêtons à accueillir la nouvelle année. Que la Vierge Marie nous offre l’enfant couché dans la crèche comme notre espérance certaine. Emplis de confiance, nous pourrons alors chanter en conclusion du >>> Te Deum : « In te, Domine, speravi : non confundar in aeternum – Tu es Seigneur mon espérance, jamais je ne serai déçu ! ». Oui Seigneur, en Toi nous plaçons notre espérance, aujourd’hui et à jamais ; Tu es notre espérance. Amen !
© Copyright 2008 – Libreria Editrice Vaticana

Pour approfondir lire l’homélie complète
>>> Vêpres et Te Deum

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Traduction française du Te Deum
approuvée par le cardinal Ratzinger
(Imprimatur 10 novembre 1990, Rome).

Nous vous louons, ô Dieu !
Nous vous bénissons, Seigneur.
Toute la terre vous adore,
ô Père éternel !

Tous les Anges,
les Cieux et toutes les Puissances.
Les Chérubins et les Séraphins
s’écrient sans cesse devant vous :

Saint, Saint, Saint est le Seigneur,
le Dieu des armées.
Les cieux et la terre,
sont plein de la majesté de votre gloire.

L’illustre chœur des Apôtres,
La vénérable multitude des Prophètes,
L’éclatante armée des Martyrs,
célèbrent vos louanges.

L’Église sainte publie vos grandeurs,
dans toute l’étendue de l’univers,
Ô Père dont la majesté est infinie !
Elle adore également votre Fils unique et véritable ;
Et le Saint-Esprit consolateur.

Ô Christ ! Vous êtes le Roi de gloire.
Vous êtes le Fils éternel du Père.
Pour sauver les hommes et revêtir notre nature,
vous n’avez pas dédaigné le sein d’une Vierge.

Vous avez brisé l’aiguillon de la mort,
vous avez ouvert aux fidèles le royaume des cieux.
Vous êtes assis à la droite de Dieu
dans la gloire du Père.

Nous croyons que vous viendrez juger le monde.
Nous vous supplions donc de secourir vos serviteurs,
rachetés de votre Sang précieux.
Mettez-nous au nombre de vos Saints,
pour jouir avec eux de la gloire éternelle.

Sauvez votre peuple, Seigneur,
et versez vos bénédictions sur votre héritage.
Conduisez vos enfants
et élevez-les jusque dans l’éternité bienheureuse.

Chaque jour nous vous bénissons ;
Nous louons votre nom à jamais,
et nous le louerons dans les siècles des siècles.

Daignez, Seigneur, en ce jour,
nous préserver du péché.
Ayez pitié de nous, Seigneur,
ayez pitié de nous.

Que votre miséricorde, Seigneur, se répande sur nous,
selon l’espérance que nous avons mise en vous.
C’est en vous, Seigneur, que j’ai espéré,
je ne serai pas confondu à jamais.
Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

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Premier dimanche de l’Avent

dimanche 29 novembre 2015

Le temps de l’Avent (du latin adventus, « venue, avènement ») s’ouvre le 4e dimanche précédant Noël.

Nativita_di_San_Giovanni_Battista_AXL’Avent dans la Bible

Pendant les messes de l’Avent, les lectures rappellent d’abord la longue attente par les Hébreux du Sauveur annoncé par Dieu : « Un rameau sortira de la souche de Jessé (père de David), un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. Il ne jugera pas d’après les apparences, il ne tranchera pas d’après ce qu’il entend dire. Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays…» (Is 11, 1-4).

Les lectures de l’Avent rappellent également comment fut conçu et attendu l’enfant Jésus : l’ange Gabriel apparaît à Marie et lui annonce qu’elle va « concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus (…) L’esprit Sain viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 26-38)

Jean-Baptiste, fils d’Elizabeth et cousin de Jésus, appelait ses prochains à la conversion et annonçait la venue imminente du Fils de Dieu en ces termes : « Moi, je vous baptise dans l’eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu » (Mc 1,1.8 et Jn 1,19.28)

De même, le temps de l’Avent appelle à la conversion intérieure. Les célébrations rappellent, en permanence et avec force, que les fidèles doivent être mobilisés spirituellement pour que la foi soit un ferment constant de renouvellement personnel et social autant que de confiance dans l’avenir.
 

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Temps de l’Avent

Dans le Calendrier liturgique catholique, le temps de l’Avent est constitué de 4 semaines, commençant chacune par un dimanche dont les noms traditionnels correspondent aux premiers mots de l’Antienne d’ouverture :
ØPremier dimanche de l’Avent : Ad Te levavi… (= Vers Toi, Seigneur, j’élève mon âme)
ØDeuxième dimanche de l’Avent : Populus Sion… (= Peuple de Dieu)
ØTroisième dimanche de l’Avent : Gaudete… (= Soyez dans la joie du Seigneur)
ØQuatrième dimanche de l’Avent : Rorate… (=Cieux, faites venir le Juste comme une rosée).

ANGÉLUS
Place Saint-Pierre
28 novembre 2010
BENOIT XVI

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, premier dimanche de l’Avent, l’Église commence une nouvelle année liturgique, un nouveau chemin de foi, qui, d’une part, fait mémoire de l’événement de Jésus Christ, et de l’autre, s’ouvre à son accomplissement final.

C’est justement de cette double perspective que vit le temps de l’Avent, en regardant vers la première venue du Fils de Dieu, lorsqu’il naît de la Vierge Marie, et vers son retour glorieux, quand il « viendra pour juger les vivants et les morts », comme nous le disons dans le Credo. Je voudrais m’arrêter maintenant brièvement sur ce thème suggestif de « l’attente », parce qu’il s’agit d’un aspect profondément humain, où la foi, pour ainsi dire, ne fait qu’un avec notre chair et notre cœur.

L’attente, le fait d’attendre, est une dimension qui traverse toute notre existence personnelle, familiale et sociale. L’attente est présente dans mille situations, des plus petites et banales, aux plus importantes, qui nous touchent totalement et au plus profond de nous-mêmes. Nous pensons entre autres à l’attente d’un enfant par des époux ; à l’attente d’un parent ou d’un ami qui vient de loin pour nous rendre visite ; nous pensons, pour un jeune, à l’attente du résultat d’un examen décisif, ou d’un entretien d’embauche ; dans les relations affectives, l’attente de la rencontre d’une personne aimée, de la réponse à une lettre, ou de l’accueil d’un pardon… On pourrait dire que l’homme est vivant tant qu’il attend, tant que l’espérance est vivante en son cœur. C’est à ses attentes que l’on reconnaît l’homme : notre «stature» morale et spirituelle peut être mesurée à partir de ce que nous attendons, de ce en quoi nous espérons.

Chacun de nous peut donc, spécialement en ce Temps qui nous prépare à Noël, se demander : « Moi, qu’est-ce que j’attends? A quoi, en ce moment de ma vie, mon cœur aspire-t-il? ». On peut se poser la même question au niveau familial, communautaire, national. Qu’est-ce que nous attendons, tous ensemble ? Qu’est-ce qui unit nos aspirations, qu’est-ce que nous avons en commun ? Dans le temps qui a précédé la naissance de Jésus, l’attente du Messie était très forte en Israël, l’attente d’un Consacré, descendant du roi David, qui aurait finalement libéré le peuple de tout esclavage moral et politique et instauré le Royaume de Dieu. Mais personne n’aurait jamais imaginé que le Messie puisse naître d’une humble jeune fille comme Marie, promise en mariage au juste Joseph. Elle non plus n’y aurait jamais pensé, et pourtant, dans son cœur, l’attente du Sauveur était si grande, sa foi et son espérance étaient si ardentes, qu’Il a pu trouver en elle une mère digne. Du reste, Dieu lui-même l’avait préparée, avant tous les siècles. Il y a une correspondance mystérieuse entre l’attente de Dieu et celle de Marie, la créature « pleine de grâce », totalement transparente au dessein d’amour du Très Haut. Apprenons d’elle, la Femme de l’Avent, à vivre les gestes quotidiens avec un esprit nouveau, avec le sentiment d’une profonde attente, que seule la venue de Dieu peut combler.

Je souhaite à tous un dimanche serein et un bon chemin de l’Avent.

© Copyright 2010 – Libreria Editrice Vaticana
Sources principales : eglise.catholique.fr ; lachiesa.it ; vatican.va (« Rév. x gpm»).

 

 

 

 

Solennité du Christ, Roi de l’Univers

dimanche 22 novembre 2015

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Chers frères et sœurs,

En ce dernier dimanche de l’Année liturgique, nous célébrons la solennité de Jésus Christ Roi de l’Univers, une fête instituée de façon relativement récente, mais qui a des racines bibliques et théologique profondes. Le titre de roi, appliqué à Jésus, est très important dans les Évangiles et il permet de donner une lecture complète de sa figure et de sa mission de salut. On peut remarquer à ce propos une progression : on part de l’expression roi des Juifs et on arrive à celle de roi universel, Seigneur de l’univers et de l’histoire, donc très au-delà des attentes du peuple juif lui-même.

Au centre de ce parcours de révélation de la royauté de Jésus Christ, il y a encore une fois le mystère de sa mort et de sa résurrection. Lorsque Jésus est mis en croix, les prêtres, les scribes et les anciens le tournent en dérision en disant : « Il est le roi d’Israël ; qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui » (Mt 27, 42).

En réalité, c’est justement parce qu’il est le Fils de Dieu que Jésus s’est remis librement à sa passion, et la croix est le signe paradoxal de sa royauté qui consiste dans la volonté d’amour de Dieu le Père sur la désobéissance du péché. C’est justement en s’offrant lui-même en sacrifice d’expiation que Jésus devient le Roi universel, comme il le déclarera Lui-même en apparaissant aux apôtres après la résurrection : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28, 18).

Mais en quoi consiste le pouvoir de Jésus Christ Roi ? Ce n’est pas celui des rois et des grands de ce monde ; c’est le pouvoir divin de donner la vie éternelle, de libérer du mal, de vaincre le pouvoir de la mort. C’est le pouvoir de l’Amour, qui sait tirer le bien du mal, attendrir un cœur endurci, apporter la paix dans le conflit le plus âpre, allumer l’espérance dans les ténèbres les plus épaisses. Ce règne de la Grâce ne s’impose jamais, et respecte toujours notre liberté.

Le Christ est venu « rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37) – comme il l’a dit devant Pilate -: qui accueille son témoignage se place sous son étendard, selon l’image chère à saint Ignace de Loyola. Un choix – ce oui – est donc nécessaire pour chaque conscience : qui est-ce que je veux suivre ? Dieu ou le malin ? La vérité ou le mensonge ? Choisir le Christ ne garantit pas le succès selon les critères du monde, mais assure cette paix et cette joie que lui seul peut donner. C’est ce que manifeste à chaque époque l’expérience de tant d’hommes et de femmes qui, au nom du Christ, au nom de la vérité et de la justice, ont su s’opposer aux flatteries des pouvoirs terrestres et de leurs différents masques, jusqu’à sceller cette fidélité par le martyre.

Chers frères et sœurs, lorsque l’Ange Gabriel a apporté l’annonce à Marie, il lui a annoncé que son Fils aurait hérité du trône de David, et qu’il aurait régné à jamais (cf. Lc 1, 32-33). Et la Sainte Vierge a cru avant même de l’offrir au monde. Elle a ensuite dû certainement se demander quel nouveau genre de royauté serait celle de Jésus, et elle l’a compris en écoutant ses paroles et surtout en participant intimement au mystère de sa mort sur la croix et de sa résurrection. Demandons à Marie de nous aider nous aussi à suivre Jésus, notre Roi, comme elle l’a fait elle-même, et à lui rendre témoignage par toute notre existence.

Je souhaite à tous un bon dimanche.

© Copyright 2009 – Libreria Editrice Vaticana
Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm»).