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Archive pour le mot-clef ‘St Bonaventure’

« D’où cela lui vient-il ?… N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? »

mercredi 3 février 2016

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Le Seigneur Jésus, étant revenu du Temple et de Jérusalem à Nazareth avec ses parents, y demeura avec eux jusqu’à sa trentième année « et il leur était soumis » (Lc 2,51). On ne trouve rien dans les Écritures qu’il ait fait pendant tout ce temps, ce qui paraît bien étonnant… Mais sois attentif et alors tu verras clairement que, ne faisant rien, il a fait des merveilles. Chacun de ses gestes révèle, en effet, son mystère. Et comme il agissait avec puissance, ainsi il s’est tu avec puissance, il est demeuré dans la retraite et dans l’obscurité avec puissance. Le Maître souverain, qui va nous enseigner les chemins de la vie, commence dès sa jeunesse à faire des œuvres de puissance, mais d’une manière étonnante, inconnue et inouïe, en paraissant aux yeux des hommes inutile, ignorant, et en vivant dans l’abjection…

Il tenait de plus en plus à cette manière de vivre afin d’être jugé par tous comme un être bas et insignifiant ; cela avait été annoncé par le prophète qui disait en son nom : « Je suis un ver et non un homme » (Ps 21,7). Tu vois donc ce qu’il faisait en ne faisant rien. Il se rendait méprisable… ; crois-tu que ce soit là peu de chose ? Certes, ce n’est pas lui qui avait besoin de cela, mais nous. Je ne connais rien de plus difficile ni de plus grand. Ils me paraissent être parvenus au plus haut degré, ceux qui, de tout cœur et sans feinte, se sont suffisamment possédés pour ne rien chercher d’autre que d’être méprisé, de ne compter pour rien et de vivre dans un abaissement extrême. C’est une plus grande victoire que la prise d’une ville.

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
Méditations sur la vie du Christ ; Opera omnia, t. 12, p. 530s (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 66 rev.)

 

 

 

« Voilà un enseignement nouveau proclamé avec autorité ! »

dimanche 1 février 2015

lecon113« Vous avez un seul maître, le Christ » (Mt 23,10)… Le Christ est en effet « le reflet de la gloire du Père, l’empreinte de sa substance, qui soutient toute chose par sa parole puissante » (He 1,3). C’est lui l’origine de toute sagesse ; le Verbe de Dieu dans les hauteurs est la source de la sagesse. Le Christ est la source de toute connaissance vraie ; il est, en effet, « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14,6)… En tant que voie, le Christ est maître et principe de la connaissance selon la foi… C’est pourquoi Pierre enseigne dans sa deuxième lettre : « Nous tenons pour très certaine la parole prophétique à laquelle vous faites bien de prêter votre attention comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur » (1,19)… Car le Christ est le principe de toute révélation par son avènement dans l’esprit, et l’affermissement de toute autorité par son avènement dans la chair.

Il vient d’abord dans l’esprit comme lumière révélatrice de toute vision prophétique. Selon Daniel : « Il révèle ce qui est profond et caché ; il connaît ce que couvrent les ténèbres, et la lumière est avec lui » (2,22) ; il s’agit de la lumière de la divine sagesse qui est le Christ. Selon Jean, il dit : « Je suis la lumière du monde ; qui me suit ne marche pas dans les ténèbres » (8,12), et « Tant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin de devenir enfants de lumière » (12,36)… Sans cette lumière qui est le Christ, personne ne peut pénétrer les secrets de la foi. Et c’est pourquoi, au livre de la Sagesse, nous lisons : « O Dieu, envoie cette Sagesse de ton saint ciel et du trône de ta majesté, afin qu’elle soit avec moi et travaille à mes côtés. Je saurai ainsi ce qui te plaît… En effet, quel homme peut connaître le dessein de Dieu, et qui peut concevoir la volonté de Dieu ? » (9,10-13) Personne ne peut parvenir à la certitude de foi révélée, sinon par l’avènement du Christ dans l’esprit et dans la chair.

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
Sermon ‘Christus unus omnium magister’ (trad. coll. Maîtres spirituels, Seuil 1963, p. 72)

 

« Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. »

vendredi 21 mars 2014

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« Je suis la vraie vigne, » dit Jésus (Jn 15,1)… On creuse des tranchées autour de cette vigne, c’est-à-dire on creuse des embûches par la ruse. Quand on complote pour faire tomber quelqu’un dans un piège, c’est comme si on creusait une fosse devant lui. C’est pourquoi il s’en lamente en disant : « Ils ont creusé une fosse devant moi » (Ps 56,7)… Voici un exemple de ces pièges : « Ils ont amené une femme adultère » au Seigneur Jésus « en disant : ‘ Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? ’ » (Jn 8,3s)… Et un autre : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? » (Mt 22,17)…

Mais ils ont découvert que ces embûches ne nuisaient pas à la vigne ; au contraire, en creusant ces fosses, ce sont eux-mêmes qui sont tombés dedans (Ps 56,7)… Alors, ils ont encore creusé : non seulement les mains et les pieds (Ps 21,17), mais ils ont percé son côté avec une lance (Jn 19,34) et ont mis à découvert l’intérieur de ce cœur très saint, qui avait déjà été blessé par la lance de l’amour. Dans le cantique de son amour, l’Époux dit : « Tu as blessé mon cœur, ma sœur, mon épouse » (Ct 4,9 Vulg). Seigneur Jésus, ton cœur a été blessé d’amour par ton épouse, ton amie, ta sœur. Pourquoi donc fallait-il que tes ennemis le blessent encore ? Que faites-vous, ennemis ?… Ne saviez-vous pas que ce cœur du Seigneur Jésus, déjà frappé, est déjà mort, déjà ouvert, et ne peut plus être atteint par une autre souffrance ? Le cœur de l’Époux, du Seigneur Jésus, a déjà reçu la blessure de l’amour, la mort de l’amour. Quel autre mort pourrait l’atteindre ?… Les martyrs aussi rient quand on les menace, se réjouissent quand on les frappe, triomphent quand on les tue. Pourquoi ? Parce qu’ils sont déjà morts par amour dans leur cœur, « morts au péché » (Rm 6,2) et au monde…

Le cœur de Jésus donc a été blessé et mis à mort pour nous… ; la mort physique a triomphé un moment, mais pour être vaincue à jamais. Elle a été anéantie quand le Christ est ressuscité des morts, parce que « sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir » (Rm 6,9).

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
La Vigne mystique, ch. 3, § 5-10