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Archive pour le mot-clef ‘Ste Catherine de Sienne’

Ô miséricorde, toi qui donnes la vie !

vendredi 7 juillet 2023

Ô éternelle miséricorde, tu couvres les fautes de tes créatures. Je ne suis pas étonnée de t’entendre dire à ceux qui sortent du péché mortel pour revenir à toi : « Je ne me souviendrai jamais plus de tes offenses ».

Ô miséricorde qui procède de ta Divinité, Père éternel, et qui avec ta puissance gouverne le monde entier ! C’est dans ta miséricorde que nous avons été créés et dans ta miséricorde que le sang de ton Fils nous a recréés ; ta miséricorde nous conserve ; ta miséricorde fit lutter ton Fils sur le bois de la croix, la vie luttant contre la mort et la mort contre la vie. Combat où la vie vainquit la mort du péché, mais où la mort du péché arracha la vie corporelle à l’Agneau immaculé. Qui demeura vaincu ? La mort. Quelle en fut la cause ? Ta miséricorde.

Ta miséricorde donne la vie ; elle distribue la lumière qui fait connaître ta clémence pour toute créature, les justes et les pécheurs. Dans les hauteurs des cieux, ta miséricorde éclate sur les saints ; si je regarde la terre, ta miséricorde y abonde ; même dans les ténèbres de l’enfer la miséricorde luit encore, car tu n’infliges pas aux damnés toute la peine qu’ils ont méritée. Ta miséricorde adoucit la justice. Par miséricorde tu nous as lavés dans le sang ; par miséricorde tu as voulu vivre avec tes créatures. (…)

Ô miséricorde, le cœur s’enflamme à penser à toi. De quelque côté que je me tourne, je ne trouve que la miséricorde.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

La Providence ne manque jamais à ceux qui espèrent

samedi 10 juin 2023

L’éternelle Vérité a daigné répondre à la demande de mon ardent désir. Elle me disait : Ma fille, la Providence ne manquera jamais à qui voudra la recevoir, c’est-à-dire à ceux qui espèrent parfaitement en moi. Ceux-là m’appellent en vérité, non seulement par la parole, mais par l’amour et avec la lumière de la très sainte Foi.

Ils ne me goûtent pas dans ma providence, ceux qui me crient seulement : Seigneur, Seigneur ; et s’ils ne me demandent pas d’une manière plus sainte, je ne les reconnaîtrai pas et je ne les regarderai pas dans ma miséricorde, mais dans ma justice. Ainsi, je t’assure que ma providence ne leur manquera pas s’ils espèrent en moi ; mais je veux que tu voies avec quelle patience il faut que je supporte ces créatures, que j’ai créées à mon image et ressemblance avec un si tendre amour.

Et alors, ouvrant l’œil et l’intelligence pour obéir au commandement divin, cette âme vit comment l’éternelle et souveraine Bonté avait créé uniquement par amour, et avait racheté avec le sang de son Fils toutes les créatures raisonnables, et comment aussi c’était le même amour qui leur donnait les épreuves et les consolations.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

« Ils ont reconnu que tout vient de toi. » (Jn 17,7)

mardi 23 mai 2023

Ô Dieu éternel, ô Lumière au-dessus de toute lumière et foyer de toute lumière ! Ô Feu au-dessus de tout autre feu, Feu qui seul brûle sans se consumer ! Feu qui consume dans l’âme tout péché et tout amour-propre, Feu qui ne consume pas l’âme, mais la nourrit d’un amour insatiable, puisqu’en la rassasiant, vous ne la rassasiez pas, elle vous désire toujours ; et plus elle vous désire plus elle vous possède, plus elle vous cherche et plus elle vous trouve, plus elle vous goûte, Ô Feu souverain, Feu éternel, abîme de Charité !

Ô Bien suprême et éternel, qui vous a donc porté, vous le Dieu infini, à m’éclairer de la lumière de votre Vérité, moi votre petite créature ? Nul autre que vous-même, Ô Feu d’amour ! L’Amour, toujours, l’Amour seul, vous a poussé et vous pousse encore à créer à votre image et ressemblance vos créatures raisonnables, et à leur faire miséricorde, en les comblant de grâces infinies et de dons sans mesure.

Ô Bonté au-dessus de toute bonté, vous seul êtes souverainement bon ! Et, cependant, vous nous avez donné le Verbe, votre Fils unique, pour qu’il vécût avec nous, en contact avec notre être de corruption et nos ténèbres ! De ce don quelle fut la cause ? L’amour car vous nous avez aimés avant que nous ne fussions. Ô Grandeur éternelle ! ô ! grandeur de Bonté. Vous vous êtes abaissée, vous vous êtes faite petite, pour faire l’homme grand. De quelque côté que je me tourne, je ne trouve qu’abîme et feu de votre Charité.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

« Personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6)

vendredi 5 mai 2023

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Puisque je t’ai dit que du Verbe mon Fils unique, j’avais fait un pont, et c’est la vérité, je veux que vous sachiez, mes enfants, que la route fut coupée par le péché et la désobéissance d’Adam, de telle sorte que nul ne pouvait plus atteindre à la vie durable. Ainsi les hommes ne me rendaient plus par ce moyen la gloire qu’ils me doivent, puisqu’ils ne participaient plus au bien pour lequel je les avais créés.

Dans ces conditions ma Vérité n’était pas accomplie. Ma Vérité est que j’ai créé l’homme à mon image et ressemblance pour qu’il possède la vie impérissable, pour qu’il partage avec moi et goûte la souveraine et éternelle douceur de ma Bonté. Mais, après que le péché eût fermé le ciel et les portes de la Miséricorde, tout accès lui fut fermé de ce côté. La faute produisit les épines et les tribulations de contrariétés multiples. (…) Dès qu’il eut péché, il fut assailli par un torrent impétueux qui toujours vient le battre de ses eaux ; il lui fallut endurer peines et tourments : tourments du côté de lui-même, tourments du côté du démon, tourments du côté du monde. Tous se noyaient dans ce torrent, et aucun, avec toutes ses justices personnelles, ne pouvait arriver à la vie éternelle.

C’est pourquoi, voulant porter remède à de si grands maux, qui étaient vôtres, je vous ai donné mon Fils comme un pont, sur lequel vous puissiez passer le fleuve sans vous noyer. Ce fleuve, c’est la mer pleine de tempêtes de cette vie ténébreuse. Vois donc quelles obligations la créature a envers moi, et combien elle est ignorante, pour vouloir encore se noyer et ne pas accepter le secours que je lui ai donné.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

Le portier du ciel

dimanche 30 avril 2023

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Il n’est personne qui puisse entrer dans la vie éternelle s’il n’est obéissant. Sans l’obéissance, on reste dehors ; car l’obéissance est la clef, avec laquelle fut ouverte la porte qui avait été fermée par la désobéissance d’Adam.

Poussé par ma bonté infinie et ne pouvant me faire à l’idée que l’homme que j’aimais tant, ne faisait pas retour à moi sa fin dernière, je pris la clef de l’obéissance et je la remis aux mains du doux Verbe d’amour, ma Vérité, que j’établis portier du ciel. C’est lui qui en ouvrit la porte. Sans cette clef et sans ce portier, nul n’y peut avoir accès. C’est ce qu’il vous a appris dans son Évangile, quand il vous a dit que nul ne peut venir à moi, le Père, si ce n’est par lui (cf. Jn 14,6). Quand il quitta la société des hommes pour retourner près de moi en montant au ciel, il vous laissa cette précieuse clef de l ‘obéissance. (…)

Je te l’ai déjà dit, elle est une clef qui ouvre le ciel, et cette clef, il la confiée aux mains de son vicaire. Ce vicaire la remet à chacun de vous, lorsque, dans la réception du baptême, vous vous engagez à renoncer au démon, au monde, à ses pompes, à ses plaisirs. Par cette promesse de soumission, chacun reçoit la clef de l’obéissance, chacun la possède pour son propre usage, et c’est la même clef que celle de mon Verbe. Si l’homme ne se laisse pas conduire par la lumière de la foi et par la main de l’amour, pour ouvrir avec cette clef la porte du ciel, jamais il n’entrera dedans, bien que mon Verbe en ait déjà ouvert la porte.

Je vous ai créés sans vous, mais je ne vous sauverai pas sans vous. Il vous faut donc porter à la main cette clef ; il ne faut pas rester assis, il faut marcher. En avant, par le chemin ouvert par ma Vérité ! Et debout !

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

Fête de sainte Catherine de Sienne, vierge, docteur de l’Eglise, copatronne de l’Europe

samedi 29 avril 2023

Ô Père, je vous remercie de ce que vous n’avez pas méprisé votre créature. Vous n’avez pas détourné de moi votre visage, et vous n’avez pas repoussé mes désirs. Vous, la Lumière, vous n’avez pas considéré mes ténèbres ; vous, la Vie, vous ne vous êtes pas éloigné de moi, qui suis la mort ; vous, le Médecin suprême, vous avez regardé ma grande infirmité ; vous, l’éternelle Pureté, vous ne vous êtes pas détourné de mes souillures et de mes misères ; vous, l’Infini ; moi, le néant ; vous, la Sagesse ; moi, la folie. Malgré les fautes et les vices innombrables qui sont en moi, vous ne m’avez pas méprisée : oui, vous, la Sagesse, la Bonté, la Clémence ; vous, le Bien suprême et infini. Dans votre lumière j’ai trouvé la lumière ; dans votre sagesse, la vérité ; dans votre clémence, la charité et l’amour du prochain. Qui vous a déterminé ? Ce ne sont pas mes vertus, c’est votre seule charité. L’amour vous a porté à éclairer l’œil de mon intelligence par la lumière de la foi, pour me faire connaître et comprendre votre Vérité qui se manifestait à moi.

Faites, Seigneur, que ma mémoire puisse retenir vos bienfaits ; que ma volonté s’embrase, du feu de votre charité ; que ce feu me fasse répandre tout mon sang, et qu’avec ce sang donné pour l’amour du Sang et avec la clef de l’obéissance, je puisse ouvrir la porte du ciel. Je vous demande du fond de mon cœur cette grâce pour toutes les créatures raisonnables, en général et en particulier, et pour le corps mystique de l’Église. Je confesse et je ne nie pas que vous m’avez aimée avant ma naissance, et que vous m’aimez jusqu’à la folie de l’amour.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

Unissez-vous à l’arbre de la Croix !

mercredi 19 avril 2023

C’est la charité qui a porté Dieu à nous tirer de lui-même, c’est-à-dire de son infinie sagesse, pour que nous soyons heureux, et que nous participions à son bonheur suprême. C’est ce lien qui, lorsque l’homme eut perdu la grâce par son péché, unit et lia Dieu à la nature humaine et le greffa sur nous. Car la vie a été greffée sur la mort ; nous étions morts, et son union nous a donné la vie.

Dès que Dieu fut ainsi greffé sur l’homme, l’Homme-Dieu courut, tout embrasé d’amour, a la mort ignominieuse de la Croix. C’est sur cet arbre que voulut être greffé le Verbe incarné, et il a été attaché sur la Croix par l’amour et non par des clous qui n’auraient pas suffi à retenir l’Homme-Dieu. Le doux Maître est monté sur ce siège pour nous enseigner la doctrine de la vérité ; et l’âme qui la suit ne peut tomber dans les ténèbres. (…)

Ne dormez donc plus, mon Père, car vous êtes une colonne faible par vous-même ; mais unissez-vous à l’arbre de la Croix ; liez-vous par l’amour, par une charité ineffable et sans bornes avec l’Agneau immolé qui verse son sang de toutes les parties de son corps. Que nos cœurs se brisent ; plus de dureté, plus de négligence, car le temps ne dort pas, mais il poursuit son cours. Demeurons avec Dieu par l’amour et le saint désir, et nous n’aurons plus rien à craindre.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

Rendre témoignage à la vérité !

jeudi 23 mars 2023

Très révérend et très cher Père dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l’esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir aimer sincèrement la douce vérité. (…) C’est dans ce sang que nous connaissons la vérité à la lumière de la très sainte Foi, qui éclaire l’œil de l’intelligence. Alors l’âme s’embrase et se nourrit dans l’amour de cette vérité ; et par amour de la vérité, elle préférerait la mort à l’oubli de la vérité.

Elle ne tait pas la vérité quand il est temps de parler, car elle ne craint pas les hommes du monde ; elle ne craint pas de perdre la vie, puisqu’elle est disposée à la donner par amour de la vérité. Elle craint Dieu seul. La vérité reprend hautement, parce que la vérité a pour compagne la sainte justice, qui est une perle précieuse qui doit briller en toute créature raisonnable (…). La vérité se tait quand il est temps de se taire ; et en se taisant, elle crie par la patience, car elle n’ignore pas, mais elle discerne et elle connaît où se trouve plus l’honneur de Dieu et le salut des âmes. Ô très cher Père, passionnez-vous pour cette vérité. (…)

Je vous demande, par amour pour Jésus crucifié et pour ce doux sang répandu avec tant d’ardeur, de devenir l’époux de la vérité, afin d’accomplir la volonté de Dieu en vous et le désir de mon âme, qui souhaite vous voir mourir pour la vérité. Je finis ; demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » (Lc 6, 36)

lundi 6 mars 2023

Ô amour ineffable ! Ô doux amour ! Ô feu éternel ! Tu es ce feu qui toujours brûle. Ô souveraine et éternelle Trinité, tu es la droiture sans défaut, la simplicité sans ombre ; tu es la sincérité sans déguisement possible. Dirige le regard de ta miséricorde sur tes créatures. Je comprends que la miséricorde t’appartient en propre, et de quelque côté que je me tourne, je ne trouve que ta miséricorde. Voilà pourquoi j’accours à toi, je crie devant ta miséricorde : ô Dieu, fais miséricorde au monde.

Tu veux, ô Père éternel, que nous te servions selon ta volonté et tu fixes toi-même les voies de tes serviteurs. C’est nous enseigner que nous ne pouvons d’aucune manière juger l’état intime d’une créature d’après ses œuvres extérieures, mais que nous devons nous en rapporter à ta volonté, surtout pour tes serviteurs unis à cette volonté et transformés en elle. Aussi est-il heureux le chrétien qui regarde dans ta lumière les voies et les œuvres infiniment variées de tes serviteurs : quelques sentiers que ceux-ci prennent, ils courent tous per le chemin de feu de ton amour, sinon ils ne suivraient pas réellement ta vérité. (…)

Ô Déité éternelle ! comme il est vrai que la miséricorde t’appartient en propre ! (…) Par miséricorde, aujourd’hui même, n’as-tu pas voulu me faire connaître à moi méprisable, que nous ne pouvons juger en rien des intentions de la créature raisonnable ? Car variées à l’infini sont les voies que tu leur traces à ton gré, comme tu me l’as montré par mon propre exemple. Grâce te soient rendues, ô mon Dieu !

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

L’arbre de notre âme enraciné dans la vallée de l’humilité

mardi 21 février 2023

Vous devez être comme un arbre profondément enraciné dans la vallée de l’humilité véritable, afin que le vent de l’orgueil ne puisse pas renverser votre âme, qui est un arbre d’amour ; car Dieu l’a créée par amour ; elle vient de l’amour et ne peut vivre que d’amour, du saint amour de Dieu. (…)

Comment donc transplanter cet arbre dans la vallée et la terre de l’humilité ? Le voici. C’est par une vraie connaissance de nous-mêmes, par la haine et le mépris de la sensualité ; nous ne pourrons pas être humbles autrement. Mais alors nous serons entre deux grandes montagnes, entre la vertu de force et la vertu de patience, qui reçoivent les assauts de tous les vents contraires ; et même, plus les vents sont contraires, plus l’âme se fortifie et montre sa force par l’épreuve de sa patience.

Alors les vertus se conservent et se nourrissent par la doctrine et l’édification qu’on donne au prochain. L’âme porte les fleurs odoriférantes de ses saintes pensées en jugeant sainement les choses, en voyant en elle et dans le prochain la volonté de Dieu, qui ne veut que notre bien, et non celle des hommes ; en mortifiant son jugement, en tuant sa volonté, en maintenant et en nourrissant l’arbre de la charité du prochain avec un ardent désir du salut des hommes, et en jouissant de cette nourriture pour l’honneur de Dieu.

Oh ! qu’il est beau, l’arbre de notre âme ! Lorsqu’il est bien planté, il se pare de l’humilité de l’Agneau sans tache qui nous a donné la vie, et il s’éclaire d’un soleil de grâce et de miséricorde ; et cette miséricorde, tous nos mérites n’auraient pu l’obtenir. Mais, parce que Dieu s’est humilié jusqu’à l’homme en nous donnant le doux et tendre Verbe, parce que le Verbe, le Fils de Dieu, s’est abaissé dans sa patience jusqu’à la mort honteuse de la Croix, nos actions et nos vertus acquièrent des mérites par son humilité et par la vertu de son précieux sang répandu avec tant d’amour.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)