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Archive pour le mot-clef ‘St Matthieu’

« Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11,29)

mercredi 14 octobre 2015

Jesus

Mon enfant, fuis tout ce qui est mal ou ressemble au mal. Ne sois pas emporté : la colère pousse au crime. Ni jaloux, ni querelleur, ni brutal : ces passions sont la cause des meurtres. Mon enfant, ne sois pas sensuel : la sensualité est le chemin de l’adultère. Que ton langage ne soit pas grivois, ni hardi ton regard : cela aussi engendre l’adultère… Garde-toi des incantations, de l’astrologie, des purifications magiques ; refuse et de les voir et de les entendre : ce serait… sombrer dans l’idolâtrie. Mon enfant, ne sois pas menteur, car le mensonge entraîne au vol. Ne te laisse séduire ni par l’argent ni par la vanité, qui eux aussi incitent à voler. Mon enfant, ne grommelle pas : tu en viendrais au blasphème. Ne sois ni insolent ni malveillant, cela aussi porte au blasphème.

Aie de la douceur : « les doux hériteront la terre » (Mt 5,5). Sois patient, miséricordieux, sans malice, empli de paix et de bonté. Tremble sans cesse devant les paroles que tu as entendues (Is 66,2). Tu ne t’élèveras pas toi-même, tu ne livreras pas ton cœur à l’orgueil. Tu ne t’allieras pas avec les superbes, mais tu fréquenteras les justes et les humbles. Tu recevras les événements de la vie comme des bienfaits, sachant que rien ne survient en dehors de Dieu.

La Didachè (entre 60-120), catéchèse judéo-chrétienne
§3 (trad. Quéré, Pères apostoliques, Seuil 1980, p. 94)

 

 

Fête de saint Matthieu, apôtre et évangéliste

lundi 21 septembre 2015

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Il ne peut pas y avoir un plus grand ni un plus petit nombre d’évangiles. En effet, puisqu’il existe quatre régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et puisque d’autre part, l’Église est répandue sur toute la terre et qu’elle a pour « colonne et pour soutien » (1Tm 3,15) l’Évangile et l’Esprit de vie, il est naturel qu’elle ait quatre colonnes qui soufflent l’immortalité de tout côté et rendent la vie aux hommes. Le Verbe, artisan de l’univers, qui siège sur les Chérubins et qui soutient toutes choses (Ps 79,2 ;He 1,3), lorsqu’il s’est manifesté aux hommes, nous a donné un Évangile à quatre formes, maintenu cependant par un unique Esprit. David, implorant sa venue, disait : « Toi qui sièges sur les Chérubins, montre-toi » (Ps 79,2). Car les Chérubins ont quatre figures (Ez 1,6), et leurs figures sont les images de l’activité du Fils de Dieu.

« Le premier de ces vivants, est-il écrit, est semblable à un lion » (Ap 4,7), ce qui caractérise la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu ; « le second est semblable à un jeune taureau », ce qui manifeste sa fonction de sacrificateur et de prêtre ; « le troisième a un visage pareil à celui d’un homme », ce qui évoque clairement sa venue humaine ; « le quatrième est semblable à un aigle qui vole », ce qui indique le don de l’Esprit volant sur l’Église. Les évangiles selon Jean, Luc, Matthieu et Marc seront donc eux aussi en accord avec ces vivants sur lesquels siège le Christ Jésus…

Les mêmes traits se retrouvent aussi dans le Verbe de Dieu lui-même : aux patriarches qui ont existé avant Moïse il parlait selon sa divinité et sa gloire ; aux hommes qui ont vécu sous la Loi il assignait une fonction sacerdotale et ministérielle ; ensuite, pour nous, il s’est fait homme ; enfin, il a envoyé le don de l’Esprit sur toute la terre, nous abritant ainsi sous ses propres ailes (Ps 16,8)… Ils sont donc futiles, ignorants, et présomptueux ceux qui rejettent la forme sous laquelle se présente l’Évangile et qui introduisent soit un plus grand, soit un plus petit nombre de figures d’Évangile que celles que nous avons dites.

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr
Contre les hérésies, III, 11,8-9 (trad. Cerf 1984, p. 314 ; cf SC 210)

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24,42-51.

jeudi 27 août 2015

letter-en ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.
Que dire du serviteur fidèle et sensé à qui le maître a confié la charge des gens de sa maison, pour leur donner la nourriture en temps voulu ?
Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !
Amen, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens.
Mais si ce mauvais serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde”,
et s’il se met à frapper ses compagnons, s’il mange et boit avec les ivrognes,
alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas,
il l’écartera et lui fera partager le sort des hypocrites ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.

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Une fois rassasiés de l’eucharistie, remerciez ainsi : « Nous te rendons grâce, Père Saint, pour ton saint nom que tu as fait habiter en nos cœurs, et pour la connaissance, la foi, l’immortalité que tu nous as révélées par Jésus, ton serviteur. Gloire à toi dans les siècles. Amen !… Avant tout, nous te rendons grâce, parce que tu es tout-puissant : Gloire à toi dans les siècles. Amen ! Souviens-toi de ton Église, Seigneur, pour la délivrer de tout mal et la rendre parfaite dans ton amour. Rassemble des quatre vents cette Église sanctifiée, dans ton Royaume que tu lui as préparé. Car à toi sont puissance et gloire dans les siècles. Amen ! Que la grâce vienne et que ce monde passe. Amen ! Si quelqu’un est saint, qu’il s’approche ; s’il ne l’est pas, qu’il fasse pénitence. Marana tha ! Amen » (Ap 22,20)…

Oui, « veillez » sur votre vie ; ne laissez pas « s’éteindre vos lampes » ni « se détendre la ceinture sur vos reins » ; « Soyez prêts, car vous ignorez l’heure où notre Seigneur viendra » (Lc 12,35; Mt 24,42s). Réunissez-vous fréquemment pour chercher ensemble ce qui est utile à vos âmes. Car tout le temps de votre foi ne vous servira de rien si, au dernier moment, vous n’êtes pas devenus parfaits.

La Didachè (entre 60-120), catéchèse judéo-chrétienne
§ 10 et 16

 

L’homme de la onzième heure : « Les derniers seront premiers. »

mercredi 19 août 2015

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Qu’a donc fait le larron, pour recevoir en partage le paradis après la croix ? … Alors que Pierre reniait le Christ, le larron, du haut de la croix lui rendait témoignage. Je ne dis pas cela pour accabler Pierre ; je le dis pour mettre en évidence la grandeur d’âme du larron… Ce larron, alors que toute une populace se tenait autour de lui, grondant, vociférant, les abreuvant de blasphèmes et de sarcasmes, ne tint pas compte d’eux. Il n’a même pas considéré l’état misérable de la crucifixion qui était en évidence devant lui. Il parcourut tout cela d’un regard plein de foi… Il se tourna vers le Maître des cieux et se remettant à lui, il dit : « Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu iras dans ton Royaume » (Lc 23,42). N’éludons pas avec désinvolture l’exemple du larron, et n’ayons pas honte de le prendre pour maître, lui que notre Seigneur n’a pas rougi d’introduire le premier dans le paradis…

Il ne lui a pas dit, comme à Pierre : « Viens, suis-moi, et je ferai de toi un pêcheur d’hommes » (Mt 4,19). Il ne lui a pas dit non plus comme aux Douze : « Vous siégerez sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël » (Mt 19,28). Il ne l’a gratifié d’aucun titre ; il ne lui a montré aucun miracle. Le larron ne l’a pas vu ressusciter un mort, ni chasser des démons ; il n’a pas vu la mer lui obéir. Le Christ ne lui a rien dit du Royaume, ni de la géhenne. Et pourtant il lui a rendu témoignage devant tous, et il a reçu en héritage le Royaume.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie pour le Vendredi saint « La Croix et le larron » (trad. Année en fêtes, Migne 2000, p. 277)

 

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 16,24-28.

vendredi 7 août 2015

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera.
Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ?
Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite.
Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son Règne. »

Padre Pio

 

Pendant ta vie, le Christ ne te demande pas de porter avec lui toute sa lourde croix, mais juste un petit morceau, en acceptant tes souffrances. Tu n’as rien à craindre. Estime-toi au contraire très heureuse d’avoir été jugée digne d’avoir part aux souffrances de l’Homme-Dieu. Il ne s’agit pas, de la part du Seigneur, d’un abandon ni d’une punition ; au contraire, il te témoigne de l’amour, un grand amour. Tu dois en rendre grâce à Dieu et te résigner à boire le calice de Gethsémani.

Parfois le Seigneur te fait sentir le poids de la croix. Ce poids te semble insupportable, et pourtant tu le portes parce que le Seigneur, qui est plein d’amour et de miséricorde, te tend la main et te donne la force nécessaire. Le Seigneur a besoin de personnes qui souffrent avec lui devant le manque de piété des hommes. C’est pour cette raison qu’il me mène sur les voies douloureuses dont tu me parles dans ta lettre. Mais qu’il soit toujours béni, parce que son amour apporte de la douceur au milieu de l’amertume ; il change les souffrances passagères de cette vie en mérites pour l’éternité.

Saint [Padre] Pio de Pietrelcina (1887-1968), capucin
FSP, 119 ; Ep 3,441 ; CE, 21 ; Ep 3,413 (trad. Une pensée, Médiaspaul 1991, p. 32)

 

 

 

 

« Qui vous accueille, m’accueille. »

lundi 13 juillet 2015

Jesus-D-Anne-et-md« Celui qui reçoit l’un de ces petits, c’est moi qu’il reçoit » dit le Seigneur (Lc 10,48). Plus ce frère est petit, plus le Christ est présent. Car lorsqu’on reçoit un grand personnage, on le fait souvent par vaine gloire ; mais celui qui reçoit un petit, le fait avec une intention pure et pour le Christ. « J’étais un étranger, dit-il, et vous m’avez accueilli. » Et encore : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,35.40). Puisqu’il s’agit d’un croyant et d’un frère, serait-ce le plus petit, c’est le Christ qui entre avec lui. Ouvre ta maison, reçois-le.

« Qui reçoit un prophète en sa qualité de prophète, recevra une récompense de prophète. » Donc celui qui reçoit le Christ recevra la récompense de l’hospitalité du Christ. Ne mets pas en doute ses paroles, fais-leur confiance. Lui-même nous l’a dit : « En eux, c’est moi qui me présente. » Et pour que tu n’en doutes pas, il décrète le châtiment pour ceux qui ne le reçoivent pas, les honneurs pour ceux qui le reçoivent (Mt 25,31s). Il ne le ferait pas s’il n’était pas personnellement touché par l’honneur ou le mépris. « Tu m’as reçu, dit-il, dans ta demeure ; je te recevrai dans le Royaume de mon Père. Tu m’as délivré de la faim ; je te délivrerai de tes péchés. Tu m’as vu enchaîné ; je te ferai voir ta libération. Tu m’as vu étranger ; je ferai de toi un citoyen des cieux. Tu m’as donné du pain ; je te donnerai le Royaume comme ton héritage et ta pleine propriété. Tu m’as aidé en secret ; je le proclamerai publiquement et je dirai que tu es mon bienfaiteur et moi ton débiteur. »

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur les Actes des apôtres, n° 45 ; PG 60, 318 (trad. Brésard, 2000 ans A, p.184)

 

 

 

« Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » (Mc 2,7)

jeudi 2 juillet 2015

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« Et voilà qu’on lui apportait un paralysé. » Saint Matthieu dit simplement que ce paralytique a été apporté à Jésus. D’autres évangélistes racontent qu’il a été descendu par une ouverture dans le toit, et présenté au Sauveur sans formuler aucune demande, le laissant juger lui-même de la guérison…

L’Évangile dit « voyant la foi de ceux qui portaient le paralytique », c’est-à-dire de ceux qui l’avaient amené à Jésus. Considérez comment parfois le Christ ne fait aucun cas de la foi du malade : peut-être qu’il n’en est pas capable, étant inconscient ou possédé par un esprit mauvais. Ici cependant ce paralytique avait une grande confiance en Jésus ; autrement est-ce qu’il aurait permis qu’on le descende devant lui ? Le Christ répond à cette confiance par un prodige extraordinaire. Avec le pouvoir de Dieu lui-même, il pardonne les péchés de cet homme. Il montre ainsi qu’il est l’égal du Père, vérité qu’il avait déjà montré quand il a dit au lépreux : « Je le veux, sois guéri » (Mt 8,3)…et quand, par un seul mot, il avait calmé la mer déchaînée (Mt 8,26), ou quand, en tant que Dieu, il avait chassé les démons, qui reconnaissent en lui leur souverain et leur juge (Mt 8,32). Or ici, il montre à ses adversaires, à leur grand étonnement, qu’il est l’égal du Père.

Et le Sauveur montre ici, encore une fois, combien il repousse tout ce qui est spectaculaire ou source de vaine gloire. La foule le presse de tous côtés, mais il ne s’empresse pas d’opérer un miracle visible en guérissant la paralysie extérieure de cet homme… Il commence par un miracle invisible, guérissant l’âme de cet homme. Cette guérison-là est infiniment plus avantageuse pour lui –- et, en apparence, moins glorieuse pour le Christ.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n° 29, 1

 

« Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte et prie ton Père qui est là dans le secret. »

mercredi 17 juin 2015

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Entrer au fond de ta maison, c’est rentrer dans ton cœur. Heureux ceux qui se réjouissent de rentrer dans leur cœur, et qui n’y trouvent rien de mal…

Ils sont bien à plaindre, ceux qui, en rentrant chez eux, peuvent craindre d’en être chassés par d’âpres disputes avec les leurs. Mais combien plus malheureux sont ceux qui n’osent pas rentrer dans leur conscience, de peur d’en être chassés par le remords de leurs péchés. Si tu veux rentrer avec plaisir dans ton cœur, purifie-le. « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5,8). Enlève de ton cœur les souillures de la convoitise, les taches de l’avarice, l’ulcère de la superstition ; enlève les sacrilèges, les pensées mauvaises, les haines, je ne dis pas seulement envers tes amis, mais même envers tes ennemis. Enlève tout cela, puis rentre alors dans ton cœur et tu y seras heureux.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
2ème discours sur le Psaume 33, §8 ; PL 36,312

 

 

 

« Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons. »

mardi 16 juin 2015

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Annonce la bonté de Dieu. Car alors que tu es indigne, il te dirige, et alors que tu lui dois tout, il ne te réclame rien. Et pour les petites choses que tu fais, il te donne en retour de grandes choses. N’appelle pas Dieu donc simplement juste. Car ce n’est pas par rapport à ce que tu fais toi qu’il révèle sa justice. Si David le nomme juste et droit (Ps 32,5), son Fils nous a révélé qu’il est bien plutôt bon et doux : « Il est bon pour les méchants et les impies » (Lc 6,35).

Comment peux-tu en rester à la simple justice de Dieu, quand tu lis le chapitre sur le salaire des ouvriers ? « Mon ami, je ne te fais aucun tort, je veux donner à ce dernier venu autant qu’à toi. Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce moi je suis bon ? » (Mt 20,13-15). Comment peut-on dire simplement que Dieu est juste quand on lit le chapitre du fils prodigue qui a dissipé la richesse de son père dans la débauche, comment à la seule componction qu’il a montrée, son père a couru vers lui, s’est jeté à son cou et lui a donné plein pouvoir sur toute sa richesse ? (Lc 15,11s) Ce n’est pas un autre qui nous a dit cela sur Dieu, pour que nous en doutions. C’est son Fils lui-même ; lui-même a donné de Dieu ce témoignage. Où donc est la justice de Dieu ? N’est-ce pas en ce qu’« alors que nous étions pécheurs, le Christ est mort pour nous » ? (Rm 5,8) Si Dieu se montre compatissant ici bas, croyons qu’il l’est depuis toute éternité.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n° 60 (trad. DDB 1981, p. 324 rev.)

 

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5,17-19.

mercredi 10 juin 2015

E-5n ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »

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Voulez-vous savoir comment, loin de détruire la Loi et les prophètes, Jésus Christ vient plutôt les confirmer et les compléter ? Quant aux prophètes, d’abord c’est en confirmant par ses œuvres ce qu’ils avaient annoncé. De là cette expression qui revient constamment chez St Matthieu : « Afin que cette parole du prophète soit accomplie »…

Pour la Loi, il l’a accomplie de trois manières. Premièrement, en n’omettant aucune des prescriptions légales. Il déclare à Jean Baptiste : « C’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice » (Mt 3,15) ; aux juifs, il disait : « Quel est celui d’entre vous qui me convaincra de péché ? » (Jn 8 46)…

Il l’accomplit en second lieu, parce qu’il a voulu s’y soumettre pour notre salut. Ô prodige ! En s’y soumettant, il nous a communiqué la grâce de l’accomplir à notre tour. St Paul nous l’enseigne en ces termes : « La fin de la Loi, c’est le Christ pour la justice de tous ceux qui croient » (Rm 10,4). Il dit aussi que le Sauveur a condamné le péché dans la chair « pour que la justification de la Loi se réalise en nous qui ne marchons pas selon la chair » (Rm 8,4). Il dit aussi : « Est-ce que nous détruisons la Loi par la foi ? A Dieu ne plaise ! Nous confirmons plutôt la Loi » (Rm 3,31). En effet, la Loi tendait à rendre l’homme juste, mais elle n’en avait pas la force ; le Christ est venu alors, lui la fin de la Loi, et il nous a montré le chemin qui conduit à la justice, c’est à dire la foi. Ainsi, il a rempli les intentions de la Loi. La lettre de la Loi ne pouvait pas justifier le pécheur ; la foi en Jésus Christ le justifiera. Voilà pourquoi il peut dire : « Je ne suis pas venu détruire la Loi ».

En y regardant de plus près, on aperçoit un troisième mode d’accomplissement. Quel est ce mode ? Il consiste dans les préceptes même que le Christ devait donner ; loin de renverser ceux de Moïse, ils en sont la juste conséquence et le complément naturel.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur S. Matthieu, n° 16